« Les étudiants sont-ils les derniers de cette putain de cordée ? » : la colère d’Olivier Ertzscheid
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En plus d’avoir du renoncer aussi à leurs stages, à leurs projets, ils et elles ont bien sûr renoncé à toute forme de vie sociale, ils ne voient plus leurs amis autrement qu’en ligne. Ils n’ont pas fêté leur bac avec leurs ami.e.s. Ils n’ont pas fêté leurs partiels avec leurs ami.e.s. Ils ne fêtent souvent même pas leurs anniversaires avec leurs ami.e.s. Pour beaucoup d’entre elles, pour beaucoup d’entre eux, la troisième vague des séquelles psychologiques est déjà là,
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Cette situation est d’autant plus aberrante et révoltante qu’une infime minorité de ces étudiant.e.s continuent d’étudier dans des conditions parfaitement normales : il s’agit des classes préparatoires et des BTS. La raison : les cours ont lieu en lycée. Donc ils s’entassent dans des salles de cours où ils sont souvent plus de quarante, mais comme ils sont « en prépa », et bien… on les prépare. Il paraît même qu’il y en a qui découvrent Bourdieu et la reproduction des élites.
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Les sociabilités étudiantes sont complexes. Il en est de rituelles qui s’inscrivent dans des temps et des lieux dédiés, les soirées et les bars notamment. Mais il en est d’autres, tout aussi essentielles, qui sont des sociabilités courtes, fragmentaires, fractales presque : la sociabilité de l’intercours, la sociabilité du bavardage, la sociabilité du temps de pause entre deux amphis, la sociabilité du regard que l’on échange entre camarades de promo simplement parce que l’on est témoins et acteurs d’un même espace, une sociabilité qui peut-être celle du désir amoureux, celle de la connivence d’une amitié future ou déjà scellée, ce sont toutes ces micro sociabilités qui sont essentielles à la vie étudiante. Ces sociabilités sont « Covid compatibles » : elles peuvent s’exercer dans des groupes restreints, dans des lieux et des espaces réglementés avec toute la panoplie sanitaire nécessaire, elles peuvent également s’exercer masquées.