Au Québec, les étudiants français se préparent à un hiver difficile

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  • Au Québec, les étudiants français se préparent à un hiver difficile
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    Du point de vue pédagogique, depuis l’expérience du printemps dernier où les professeurs avaient improvisé en catastrophe le basculement de leur apprentissage sur des plates-formes numériques, la situation s’est pourtant améliorée. « Les profs ont adapté leurs formats de cours et leur évaluation à ces nouveaux outils », témoigne Ilyès. Souvent, ils commencent leurs sessions par un « Vous allez bien ? » adressé aux élèves, qui n’a rien d’une formule de politesse mais tout d’une vraie sollicitude. « Il y a pourtant des moments où je lâche l’affaire », concède Salomé, étudiante en commerce électronique. « Entre les cours synchrones et asynchrones, ceux qui se terminent à 22 heures et les devoirs à rendre, j’ai totalement perdu la notion du temps, et je ne parviens plus ni à anticiper ni à m’organiser », regrette-t-elle, reconnaissant avoir « sous-estimé la dureté » de cette rentrée.Les uns soignent leur blues en passant plus de temps que raisonnable sur des jeux vidéo en ligne. D’autres avouent profiter des bienfaits déstressants du cannabis, en vente libre au Québec. Certains bravent les consignes pour se retrouver en petits groupes sur les campus désertés des universités. Mais l’annonce du suicide d’un étudiant français à Montréal cet automne a fait pour tous l’effet d’une onde de choc, en venant souligner leur vulnérabilité. Les établissements ont saisi l’urgence qu’il y avait à communiquer sur leurs dispositifs d’aide et d’écoute, en particulier auprès des étudiants étrangers.« Nous avons recruté des psychologues et multiplié les activités à distance, comme les ateliers de yoga ou de gestion de l’anxiété, afin de briser l’isolement ressenti par certains de nos élèves », explique Geneviève O’Meara, porte-parole de l’université de Montréal. A l’université Laval à Québec, la rectrice, Sophie D’Amours, a mis en place le programme « Comment ça va ? » pour appeler un à un les étudiants internationaux, plus esseulés que les autres, et s’est employée à pallier une autre source d’angoisse : la précarité financière aggravée par la pandémie. « Grâce à une levée de fonds de 1,8 million de dollars, nous distribuons des bons d’achat, payons des factures de logement pour tous ceux qui sont exclus des aides canadiennes », précise-t-elle. (...) L’université de Sherbrooke est la seule au Québec à avoir choisi de conserver le maximum de cours en présentiel, en organisant des classes en extérieur jusqu’à la fin octobre ou en louant des sous-sols d’église, pour respecter les distances sanitaires. « L’essentiel pour nous, explique Pascale Lafrance, vice-rectrice chargée des relations internationales, était que les étudiants tissent des liens entre eux et avec les enseignants dès le début, afin qu’ils soient prêts à affronter le reste de l’année. » Le parcours du combattant imposé par les services d’immigration du Québec et du gouvernement canadien aux étudiants internationaux a été une autre source de stress. Géraldine Forestier, de l’association Union française, qui seconde les expatriés, a reçu nombre d’appels de la part de jeunes Français « démunis ou en colère face au flou artistique dans lequel ils étaient maintenus ».Pour ceux qui étaient déjà au Québec l’année dernière, disposaient déjà d’un permis d’études et d’une adresse de résidence, le passage de la frontière était « normalement » permis, sauf à tomber sur des douaniers trop pointilleux, ce qui a parfois été le cas. En revanche, ceux qui entamaient leur cursus ont dû patienter de longs mois avant de recevoir le précieux sésame. Le 21 octobre, un assouplissement des règles au niveau fédéral a enfin permis aux nouveaux étudiants de franchir la frontière. Arrivé sur le sol canadien début novembre, Ala Dine a dû vivre sa quatorzaine obligatoire confiné dans son appartement montréalais ; il poursuit désormais ses cours en ligne comme il avait commencé à le faire de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne). Mais qu’importe, s’enthousiasme l’étudiant en première année de sciences politiques, « quand tout reviendra à la normale, je serai là, au bon endroit, à Montréal, mon rêve ! ».

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