Les Canaries ont le blues du tourisme de masse
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Avec ses plages bétonnées, ses centres commerciaux avec discothèques en sous-sol, ses villes entières qui n’existent que pour les touristes, l’île de Grande Canarie, en particulier, peut de toute façon difficilement espérer la transformation d’une industrie basée sur le nombre. Car l’archipel accueille normalement seize millions de touristes par an, dont près de 50 % viennent par l’intermédiaire de tour-opérateurs ; lesquels ont même des noms de rues à Maspalomas : « avenida Touroperador Tui », « avenida Touroperador Vingresor », « Ols Wings », « Cosmos », etc.José Maria Mañaricua, le président de la Fédération des entrepreneurs de l’hôtellerie et du tourisme (FEHT), ne croit donc pas lui non plus en un changement de modèle. Au contraire. « L’Union européenne est vieillissante, le tourisme augmente de 2 % par an, de nouveaux pays instaurent des droits sociaux qui permettent à leurs habitants de partir en vacances, et des nations émergentes voient leur classe moyenne grossir, dit-il. Nous sommes un pays de services et les bien-pensants qui parlent de changer de modèle ne se souviennent-ils pas quand, au début du siècle, seuls les riches partaient en vacances ? La grandeur du tourisme de masse est que presque tous les gens peuvent venir aux Canaries, profiter du soleil et de la plage, et nous n’allons pas renoncer à cela. »
Plus modéré, le président du gouvernement régional canarien, le socialiste Angel Victor Torres, convient que « l’Europe doit profiter de la crise pour générer des modèles de développement différents, durables, un tourisme soutenable, éthique, car c’est le bon chemin ». Cependant, à court terme, les Canaries ne peuvent pas se le permettre, laisse-t-il entendre. « Nous devons aider ceux qui n’ont plus de revenus, le taux de chômage a beaucoup augmenté, nous avons dépassé les 30 % et même les 60 % si on ajoute les dispositifs de chômage partiel. »
Alors que la saison d’hiver, traditionnellement la plus haute de l’année, commence, c’est ainsi qu’aux Canaries, ces jours-ci, on attend les touristes comme la pluie dans le désert. A tel point que, pour ne pas risquer de les effrayer, la maire de Mogan, dans le sud de Grande Canarie, a exigé le démantèlement du camp de migrants du port d’Arguineguin, où étaient entassées près de 2 000 personnes arrivées dans des embarcations de fortune. Elle a aussi demandé que les dix-sept hôtels utilisés pour en loger des milliers d’autres récupèrent leur fonction touristique, ce qui n’est pas possible pour l’heure, faute d’autre solution.Si les Canaries ont beau multiplier les campagnes de communication, insister sur le relativement faible taux d’incidence du Covid-19 sur l’archipel et imposer des tests en pensant rassurer les touristes, rien, cependant, ne garantit leur retour à court terme
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