“Si notre cerveau jubile quand le nombre de contaminés augmente, c’est tout à fait normal !”

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  • “Si notre cerveau jubile quand le nombre de contaminés augmente, c’est tout à fait normal !”
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    Déni face au danger, obsession d’être informé, achats alimentaires compulsifs… Et si notre cerveau nous jouait des tours en ces temps d’épidémie ? Docteur en neurosciences, Sébastien Bohler, 49 ans, pointe dans son livre Le Bug humain, sorti l’an passé, les limites de nos cerveaux : dopés par une soif du plaisir et du « toujours plus », ils nous pousseraient à détruire la planète. Mais en décryptant nos réactions dans le nouveau contexte de la maladie et de l’enfermement, Sébastien Bohler ouvre aussi une autre perspective : il montre que si nous choisissons de muscler une partie spécifique de notre cerveau (celle qui permet de restreindre la seule satisfaction de nos envies), la situation actuelle pourrait offrir une occasion inédite de changer notre rapport au monde.
    En quoi les neurosciences aident-elles à saisir la situation actuelle ?
    Comprendre la façon dont notre cerveau est constitué est fondamental. Celui-ci est toujours loué comme un organe fantastique, et il l’est ! Mais il a aussi de grands défauts, ambigus, car ils ont permis d’immenses progrès, tout en nous plongeant dans l’impasse actuelle. Ils se logent dans une partie du cerveau appelée le striatum, qui s’est développée il y a des millions d’années. Cette structure nerveuse libère de la dopamine, une molécule du plaisir, pour nous récompenser lorsque nous satisfaisons cinq besoins fondamentaux : la nourriture, le sexe, le statut social, l’information et l’économie d’effort. La particularité d’Homo sapiens tient aussi au développement très poussé d’une autre partie, le cortex, qui, lui, est le siège des connaissances, de la capacité d’abstraction et de la coopération. Au fil du temps, ce cortex est parvenu à des réalisations extrêmement sophistiquées pour satisfaire nos besoins originels (guidés par le striatum) : l’agriculture industrielle, par exemple, afin de prévenir les pénuries alimentaires, ou les sites pornographiques, pour satisfaire nos appétits sexuels. En nous récompensant par du plaisir, le striatum est une formidable machine à survie… mais qui nous pousse à en vouloir toujours davantage car il s’est forgé au cours de la préhistoire, dans un environnement de rareté, et n’est pas programmé pour connaître la notion de limite. Des dizaines de milliers d’années ont beau avoir passé, il nous réclame toujours les mêmes choses, motivant notre surconsommation et notre destruction de l’environnement. Or l’actuelle épidémie montre que les flux mondialisés se retournent contre nous, car il suffit désormais d’un grain de sable pour enrayer la machine.

    #Dopamine #Neurosciences #Striatum