Dans la tourmente de la « Bande à Bonnot » - Ép. 2/2 - Rirette Maîtrejean, l’insoumise
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Si le refus du salariat pousse les anarchistes individualistes à inventer d’autres modes de consommation, l’argent reste un problème : chapardage, vol à la tire, cambriolage et faux-monnayage, ils sont nombreux les camarades de Rirette Maîtrejean à prendre le chemin de l’illégalisme. Une voie que Rirette désapprouve et qui prendra une tournure dramatique avec l’arrivée de Jules Bonnot dans sa communauté.
La série de hold-up sanglants perpétués par Jules Bonnot, dès fin 1911, provoquera l’éclatement du milieu anarchiste individualiste : 1 500 personnes seront perquisitionnées, Rirette et Victor Serge seront arrêtés pour complicité et emprisonnés dès mars 1912. Le procès des « survivants de la bande à Bonnot » aura lieu en février 1913 : Rirette en ressortira libre, contrairement à Victor Serge dont la vie va devenir une longue suite d’épreuves, entre emprisonnements et exils.
Jusque là, les anarchistes étaient souvent des petits chapardeurs, même des petits cambrioleurs, surtout des faux monnayeurs. Pas tous, mais il y en avait quelques uns. Tout à coup, ces garçons, qui étaient tous des très jeunes gens et qui étaient tous plein de vie, plein d’allant, se sont embarqués pour des choses beaucoup plus graves mais insensiblement. Et puis, il est arrivé de Lyon, Bonnot, qui était, si j’ose dire, le seul vrai bandit authentique de la bande et qui les a entrainés parce qu’il avait quelque chose que personne n’avait à ce moment-là dans notre milieu, qui était tout à fait rare : c’est qu’il savait conduire une automobile.
Rirette Maitrejean
Rirette, quant à elle, publiera ses mémoires en août 1913 ; le ton acerbe de ses écrits la mettra au ban du milieu anarchiste individualiste. Elle se fera alors plus discrète et continuera à travailler dans la presse comme correctrice. Devenue totalement aveugle à la fin de ses jours, elle s’éteindra dans une maison de repos entourée des siens, fidèle à ses convictions libertaires jusqu’à son dernier souffle.