Un Français déchiffre une écriture de plus de 4000 ans

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    Les plus anciens exemples d’écriture connus à ce jour proviennent de Mésopotamie (Irak actuel) et remontent à l’Age du Bronze, vers 3300 ans av. J.-C. : il s’agit des tablettes proto-cunéiformes. Or le déchiffrement de l’élamite linéaire remet en question cette suprématie ! "Nous découvrons en effet que vers 2300 av.J.-C., un système d’écriture parallèle existait en Iran, et que sa version la plus ancienne - appelée l’écriture proto-élamite, (3300 av. J.C- 2900 av. J.C) – remontait aussi loin dans le temps que les premiers textes cunéiformes mésopotamiens ! précise François Desset. Aussi, je peux aujourd’hui affirmer que l’écriture n’est pas d’abord apparue en Mésopotamie puis plus tard en Iran : ces deux systèmes, le proto-cunéiforme mésopotamien et le proto-élamite iranien, ont en fait été contemporains ! Il n’y a pas eu une écriture mère dont le proto-élamite serait la fille, il y a eu deux écritures sœurs. D’autre part, en Iran, il n’y a pas eu non plus deux systèmes d’écritures indépendantes comme les spécialistes le pensaient jusque-là, avec le proto-élamite d’un côté et l’élamite linéaire de l’autre, mais une même écriture qui a été soumise à évolution historique et a été transcrite avec des variations au cours de deux périodes distinctes."

    Ce qui change complètement la perspective sur l’apparition du système d’écriture au Proche Orient puisqu’il est désormais plus exact de dire que l’Iran a développé son propre système d’écriture « en même temps » qu’en Mésopotamie et que le plateau iranien ne devrait plus être ignoré désormais dans les reconstitutions historiques traitant des origines de l’écriture...

    Ainsi, à titre d’exemple, le décryptage d’un magnifique vase en argent découvert dans la région de Marv Dasht dans les années 1960 et conservé à l’heure actuelle au Musée National à Téhéran (Iran), où l’on peut désormais lire : « A la dame de Marapsha [toponyme], Shumar-asu [son nom], j’ai fait ce vase en argent. Dans le temple qui sera célèbre par mon nom, Humshat, je l’ai déposé en offrande pour toi avec bienveillance » . Le résultat d’années de travail acharné. « Je travaille sur ces systèmes d’écriture depuis 2006, explique le chercheur à Sciences et Avenir. Je ne me suis pas levé un matin en me disant que j’avais déchiffré l’élamite linéaire. Cela m’a pris plus de 10 ans et je n’ai jamais été certain que je parviendrais au but. »

    L’écriture élamite linéaire note une langue particulière, l’élamite. Il s’agit d’un isolat linguistique ne pouvant être rattaché à l’heure actuelle à aucune autre famille linguistique connue, à l’exemple du basque. "Jusqu’à ce déchiffrement, tout ce qui concernait les populations occupant le Plateau iranien provenait d’écrits mésopotamiens. Ces nouvelles découvertes vont enfin nous permettre d’accéder au propre point de vue des hommes et femmes occupant un territoire qu’ils désignaient par Hatamti, alors que le terme d’Elam par lequel nous le connaissions jusque-là, ne correspond en fait qu’à un concept géographique externe, formulé par leurs voisins Mésopotamiens".

    Cette percée du déchiffrement à des implications importantes dans trois domaines, a poursuivi François Desset : "sur l’histoire iranienne ; sur le développement de l’écriture en Iran en particulier, et au Proche-Orient en général, avec des considérations sur la continuité entre les systèmes d’écriture proto-élamite et élamite linéaire ; et sur la langue hatamtite (élamite) elle-même, désormais mieux documentée dans sa forme la plus ancienne et rendue désormais accessible pour la première fois par un système d’écriture autre que le cunéiforme mésopotamien.

    Quant à François Desset, il s’est déjà lancé dans le déchiffrement de l’état le plus ancien de l’écriture iranienne, les tablettes proto-élamites, pour lesquelles il considère avoir désormais ouvert une "autoroute".