La droite maréchaliste et Gramsci

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    • Mme Maréchal-Le Pen aime à dire qu’elle s’inspire du célèbre premier secrétaire du Parti Communiste Italien, Antonio Gramsci qui a passé bonne partie de sa vie dans les geôles de Mussolini. Cela n’est guère surprenant, dans la mesure où depuis quelques années des politiciens des plus variés font de même par un effet de mode focalisé sur quelques termes –effectivement très parlant aujourd’hui- extraits du vocabulaire de Gramsci (“bataille culturelle” et “hégémonie” surtout).

      Néanmoins, s’agissant de Mme Maréchal-Le Pen le cas est un petit peu plus intéressant car elle reproduit une rhétorique parfaitement identifiable, provenant du monde militaire, que Gabriel Périès a nommé la “stratégie de la fausse citation” ...

      ...On peut tout de même remarquer que les Français fascisants qui s’ approprient Gramsci, avec les méthodes intellectuellement précaires que nous avons vu, le font avec plus de trente ans de retard sur leurs homologues argentins. Par exemple, l’un des chefs des soulèvements militaires des années 80, puis fondateur d’un parti d’extrême-droite dans les années 90, Aldo Rico expliquait, le rejet populaire des militaires (sorte de “tout le monde déteste la soldatesque” principalement motivé par leurs crimes durant la dernière dictature de 1976-1983), en 1989 ainsi : “Les subversifs ont échoué avec la guerre armée, alors ils ont fait un pas en arrière et ont modifié leur stratégie. En suivant Gramsci, ils sont allés changer ce qu’ils appellent la superstructure. [...ils se sont dit] Faisons penser tout le monde comme des marxistes et le pouvoir nous reviendra de fait. Laissons la voie armée, allons sur la voie culturelle.”

      Quoiqu’il en soit, entre le maréchalisme traditionnel, pour lequel moral et propagande n’avaient aucun secret, et le grand-père, compagnon de route des soldats de la guerre psychologique, Mme Maréchal-Le Pen avait largement où puiser des sources d’inspiration parmi les siens. Mais, il est vrai, quand la droite maréchaliste en vient à se croire résistante, le fake n’est plus une news, il en devient une forme de penser.