• La Mauritanie frappée par une deuxième vague de Covid-19
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/12/14/la-mauritanie-frappee-par-une-deuxieme-vague-de-covid-19_6063331_3212.html

    Dans un communiqué, la présidence a expliqué que ce couvre-feu entrait en vigueur en raison d’un « accroissement inquiétant des cas de contamination au coronavirus et des décès qu’il a causés, et en renforcement des mesures barrières qui sont actuellement les meilleures armes dont nous disposions ». Des mesures sociales d’accompagnement destinées aux couches les plus pauvres doivent être envisagées. La soudaineté de ces décisions a surpris tout le monde. Début décembre pourtant, une première série de restrictions, allant de la fermeture des écoles et des universités à la réduction de la fréquence du conseil des ministres, avait déjà été décrétée. « Mais instaurer un couvre-feu pour le soir même, on n’aurait jamais pu l’imaginer, estime Ciré Kane, sociologue. Cette précipitation prouve l’échec de notre politique sanitaire. » Dès l’annonce officielle, les Nouakchottois se sont organisés pour rentrer chez eux avant l’heure fatidique. A la hâte, les coups d’envoi des matchs de football ont été avancés pour finir à temps et, vers 17 heures, les files d’attente se sont allongées devant les milliers d’épiceries que compte la capitale. Au dernier moment, il fallait acheter quelques sandwichs pour le dîner, des paquets de gâteaux et évidemment du thé. « Ce couvre-feu, c’est vraiment n’importe quoi, s’emportait Ahmed, un épicier de Tevragh Zeïna, le quartier de la capitale le plus touché par la pandémie. Les gens n’ont même pas eu le temps de s’organiser pour faire leurs courses. » La soudaineté de l’annonce alimente aussi les théories complotistes.
    Mais les chiffres officiels ne laissent aucune place au doute : depuis une quinzaine de jours, la Mauritanie, comme d’autres pays africains, est frappée de plein fouet par une deuxième vague de Covid-19. D’une trentaine de cas quotidiens fin novembre dans un pays qui compte quelque 4,4 millions d’habitants, le nombre de contaminations a bondi à une centaine début décembre pour atteindre le niveau historique de 279 cas pour 7 morts samedi 12 décembre, battant au passage le record de 227 cas établi le 24 juin. Au total, 10 780 personnes ont été touchées par le Covid-19 en Mauritanie et 222 en sont mortes.Le directeur de la santé publique Sidi Ould Zehave a déclaré samedi que les centres hospitaliers « s’approchaient de la saturation ». « La deuxième vague est bien là, explique au Monde Afrique le docteur Mohamed Mahmoud Ely Mahmoud, directeur de l’information stratégique et de la surveillance épidémiologique (Disse). Son apparition est très certainement liée au rafraîchissement des températures, mais aussi au relâchement de la population qui, après la première vague, s’est regroupée lors de cérémonies ou d’évènements sportifs. Les différents protocoles mis en place, comme le port du masque et la distanciation sociale, n’ont pas toujours été respectés. » D’autres restrictions sont-elles à prévoir dans les prochains jours ? Nul ne peut le dire, « mais je pense que la fermeture de l’espace aérien et les interdictions de déplacements entre les villes, qui avaient fortement affaibli notre économie en juin, ne sont pas à envisager », indique le directeur de la Disse.

    #Covid-19#migration#migrant#mauritanie#couvrefeu#sante#restrictionsanitaire#deplacement#frontiere#deuxiemevague

  • L’Afrique du Sud se prépare aux effets dévastateurs des « coronavacances »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/12/14/l-afrique-du-sud-se-prepare-aux-effets-devastateurs-des-coronavacances_60632

    A mi-chemin entre « rage » et « rave », proche des « spring breaks » dionysiaques sur les plages de Floride aux Etats-Unis, c’est à la base une série de concerts et de fêtes multiples dans des endroits fermés aux personnes non inscrites, tout cela au bord de l’océan Indien. Il y a désormais plusieurs Rage, en divers points d’Afrique du Sud, qui font un peu la tournée des plages et comptaient même investir Johannesburg cette année, s’étalant entre novembre et février, ce qui correspond au sens le plus large à la période des fêtes de fin d’année dans le pays.Le premier Rage de l’année 2020, organisé dans la station balnéaire de Ballito, près de Durban, dans le Kwazulu-Natal, avait à peine commencé, le 27 novembre, que les images en circulaient et suscitaient quelques interrogations. En ce mois de novembre, l’Afrique du Sud regardait déjà anxieusement remonter les courbes du nombre de personnes infectées à travers le pays (on approche du million de cas), et ce qui se découvrait sur les comptes Instagram, TikTok, Twitter ou encore Snapchat ne ressemblait pas à des mesures de précautions élémentaires.
    Or, cet événement a une puissance évocatrice considérable. Se rendre à un Rage n’est pas donné. C’est un sacrifice, parfois. Il est cependant possible de payer les frais d’entrée et les logements en plusieurs fois (les prix varient selon le mode de déplacement, la catégorie de logement, etc., mais peut atteindre facilement plusieurs centaines d’euros), premier endettement notable de la vie d’adulte dans un pays enclin au surendettement.
    L’Afrique du Sud, confrontée à un rebond du nombre de cas d’infection au coronavirus, se trouve toujours placée dans une série de règles limitant les contacts dans les lieux publics ou les réunions, ainsi qu’à un couvre-feu. Une série de semi-orgies, qui ne sont pas toutes musicales sur les plages, a inévitablement fait sourciller. Puis il a fallu se rendre à l’évidence : la contagion y avait battu, elle aussi, son plein. Officiellement, l’événement du Ballito Rage a été déclaré, dimanche 6 décembre, par le ministre de la santé « super-diffuseur » du Covid-19, et ce dernier a demandé que les participants se mettent en quarantaine.Même si le nombre de personnes officiellement infectées au cours des quelques jours d’excès est réduit, il semble acquis que la jeunesse exposée est repartie chez elle avec un risque de transmission du SARS-CoV-2 susceptible de contribuer à l’envolée du nombre de cas à l’échelle nationale.
    Alors que le pays avait passé le pic de la première vague de pandémie pendant son hiver, au cours du mois d’août, les chiffres inquiètent de nouveau, alors que c’est cette fois l’été, en raison du début des vacances. Que de fois, dans des magasins, des restaurants, les propriétaires annonçaient ne pas juger utile que leurs clients, comme eux, portent des masques. A Swellendam, George et Oudtshoorn, on entendait le même refrain : « Ici, on n’a pas besoin de cette chose », « cette chose », en l’occurrence, étant un masque. A Knysna, sur la côte, la pandémie semblait ne plus être qu’un vague souvenir lointain. En dehors de son côté agréable, coincé entre l’océan Indien et les montagnes couvertes de forêts magnifiques, Knysna est aussi un lieu où des individus aisés vont prendre leur retraite, pour profiter de la douceur du climat.Quelques semaines plus tard, George, Knysna et une grande partie de la « Garden Route » devenaient des points où se multipliaient les cas. Sans doute en raison de voyageurs faisant la navette entre ces zones de villégiature et le reste du pays. Dans ce petit paradis en bord de mer, l’explosion des cas préfigurait ce qui attendait le reste du pays dès le début de la saison des fêtes, dont le signal de départ est donné, symboliquement, par la série des Rage. Les organisateurs de l’événement ont dû suspendre ces derniers, en attendant de voir si l’Afrique du Sud se dirige vers un nouveau pic de « coronavirus vacancier », au risque de se trouver, comme en Europe, confinés de nouveau. Est-ce inéluctable ? Faute d’une réponse, le phénomène a au moins un nom : les « vacarona » (« coronavacances »), contraction de « vacation » (« vacances ») et de « coronavirus »

    #Covid-19#migration#migrant#afriquedusud#deplacement#vacance#sante#supercontaminateur#contamination#deuxiemevague