0-, 1- complotisme : mise en scène et montage de la peur | AOC media

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  • 0-, 1- complotisme : mise en scène et montage de la peur | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/opinion/2020/12/16/0-1-complotisme-mise-en-scene-et-montage-de-la-peur

    Par Pierre Cassou-Noguès
    PHILOSOPHE, ÉCRIVAIN

    La lutte contre le Covid-19, tout comme celle contre le terrorisme, ont été présentées, au plus haut sommet de l’ État, comme une guerre contre un « ennemi invisible ». Réassigner l’angoisse de ce qui échappe à notre contrôle à une existence malveillante, que l’on peut pointer mais que l’on ne peut jamais saisir, cela s’apparente à du 0-complotisme : un complotisme dont l’objet est vide. À cela répond un complotisme au sens propre, le 1- complotisme, qui identifie l’ennemi, lequel ne peut être qu’un leurre. Le 0- et le 1-complotisme se répondent alors indéfiniment, sans jamais sortir de la peur.

    • Je veux retrouver la phrase exacte. Je me souviens que Jean Castex, dans son intervention au journal télévisé, parlait d’ennemi invisible à propos du terrorisme. L’expression m’a frappé, parce que le président Macron l’employait aussi au printemps dernier pour qualifier le coronavirus qui nous frappe : « Nous sommes en guerre – disait-il – contre un ennemi invisible … ce virus ». Il marquait un temps d’arrêt, hésitant sur la nature de l’ennemi invisible, comme si celle-ci restait toujours à spécifier et n’importait pas beaucoup.

      Six mois ont passé, un peu plus. La pandémie a connu un pic, puis s’est ralentie, puis a repris de la force, c’est la deuxième vague que nous attendions, nous sommes toujours en guerre, en guerre contre un ennemi invisible, qui n’est plus, ou plus seulement, le virus. Quel sens donner à cette métamorphose ou ce dédoublement ? Comment opère l’ennemi invisible qui pénètre ainsi dans notre monde familier ?

      Chacun se souvient du plan de Psychose, le film d’Alfred Hitchcock, quand Janet Leigh est assassinée dans sa douche. La caméra entre dans la salle de bain, prenant le point de vue de l’assassin puis, lorsque le rideau de douche est tiré, se fixe sur le visage de la femme, qui voit ce que nous ne voyons pas : elle crie. L’assassin nous reste invisible. Certes, c’est une mise en scène destinée à nous faire peur. Hitchcock ... [biiiip]