• Les États du Golfe, nouveaux partenaires de l’occupation israélienne
    Jonathan Cook | Mercredi 16 décembre 2020 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/normalisation-israel-etats-golfe-occupation-annexion-colonies-palesti

    (...) Lors d’une visite en Israël, son ministre du Commerce Zayed ben Rachid al-Zayani, a déclaré que Bahreïn était ouvert à l’importation de produits d’Israël, qu’importe leur lieu de fabrication. « Nous n’avons aucun problème avec l’étiquetage ou l’origine », a-t-il assuré.

    Cette remarque suggère que Manama est prêt à devenir une porte d’entrée pour l’exportation de produits issus des colonies israéliennes dans le reste du monde arabe, contribuant à encourager la légitimité et la viabilité économique des colonies.

    La politique commerciale de Bahreïn avec Israël serait alors encore plus laxiste que celle de l’Union européenne, grand partenaire commercial d’Israël. Les pâles lignes directrices de l’UE recommandent l’étiquetage des produits issus des colonies.

    Peu après la médiatisation des remarques de Zayani, l’agence de presse étatique de Bahreïn a publié un communiqué affirmant qu’il avait été « mal compris » et qu’il n’y aurait aucune importation de marchandises issues des colonies.

    Mais il est difficile de ne pas interpréter ces remarques comme une indication selon laquelle, en coulisse, Bahreïn n’est que trop prompt à acquiescer au refus d’Israël de distinguer les produits israéliens et ceux fabriqués dans les colonies.

    Le fait que cela constitue la base commerciale des accords d’Abraham est également souligné par les informations selon lesquelles les EAU font déjà affaire avec les colonies illégales d’Israël.

    Un établissement vinicole israélien, utilisant des raisins cultivés sur le plateau du Golan, (grand plateau du territoire syrien pris par Israël en 1967 et annexé illégalement en 1981), aurait commencé à exporter vers les Émirats arabes unis, qui ont libéralisé sa législation sur l’alcool pour les ressortissants étrangers.
    Miel, huile d’olive et pâte de sésame

    Cette tournure des événements s’avère fructueuse pour les 500 000 colons israéliens en Cisjordanie occupée. Ils n’ont pas perdu de temps pour faire miroiter des affaires.

    La première délégation est arrivée à Dubaï le mois dernier en espérant conquérir de nouveaux marchés dans le monde arabe via les EAU. La semaine dernière, une délégation de colons serait retournée à Dubaï pour signer un accord avec une société émiratie pour l’importation de marchandises issues des colonies, notamment de l’alcool, du miel, de l’huile d’olive et de la pâte de sésame.

    Une nouvelle période difficile s’annonce, marquée par des États arabes toujours plus éloignés de leur position originale selon laquelle Israël est une implantation coloniale dans la région, financée par l’Occident, et qu’il ne peut y avoir aucune normalisation – ou de relations normales – avec celui-ci.

    En 2002, l’Arabie saoudite a lancé l’initiative de paix arabe qui offrait à Israël des relations diplomatiques totales en échange de la fin de l’occupation. Mais non seulement les États du Golfe normalisent leurs relations avec Israël tandis que l’occupation s’intensifie, mais ils normalisent leurs relations avec l’occupation elle-même ainsi qu’avec sa progéniture bâtarde, les colonies. (...)