Débats et reportages

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  • La journaliste Ariane Lavrilleux convoquée pour une possible mise en examen après son enquête sur les “Egypt papers”
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/la-journaliste-ariane-lavrilleux-convoquee-pour-une-possible-mise-en-examen

    Coautrice d’une enquête sur les compromissions de la France avec la dictature égyptienne, la journaliste Ariane Lavrilleux est convoquée au tribunal de Paris, le 17 janvier prochain, en vue d’une possible mise en examen pour “appropriation et divulgation d’un secret de la défense nationale”. Rappel des faits.

    Publié le 03 décembre 2024 à 14h16

    Mis à jour le 03 décembre 2024 à 14h32

    Cet article a été initialement publié le 19 septembre 2023

    C’est une atteinte gravissime à la liberté d’informer. Mardi 19 septembre, à 6 heures du matin, des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), accompagnés d’une juge d’instruction, ont perquisitionné le domicile marseillais de la journaliste indépendante Ariane Lavrilleux. Coautrice de l’enquête Egypt papers (à laquelle Télérama a participé fin 2021), qui révélait, documents classifiés à l’appui, les compromissions des autorités françaises avec la dictature du maréchal al-Sissi, elle a été placée en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour compromission du secret-défense.

    Les faits visés couvrent une période entre janvier 2017 et mars 2022, ce qui ne manque pas d’interpeller l’avocate de Disclose, Virginie Marquet (par ailleurs membre du conseil de surveillance du média). « Je m’interroge sur cette durée car cela semble indiquer que la procédure dépasse la seule publication égyptienne, explique-t-elle au téléphone. En tout cas, nous voyons bien que les autorités passent à la vitesse supérieure. » S’agirait-il d’une manœuvre d’intimidation, afin de faire peser un risque juridique sur l’exploitation éventuelle d’un stock de documents classifiés et de dissuader les limiers trop curieux ? Ce chalutage grossier pourrait aussi servir à incriminer la ou les sources de la journaliste, grâce à l’exploitation de ses appareils informatiques saisis et des données qu’ils renferment. Selon Mediapart, un « ancien personnel de l’armée » a également été placé en garde à vue.

    Cette inquiétante démonstration de force était hélas prévisible. En mai 2019, les cofondateurs de Disclose, Mathias Destal et Geoffrey Livolsi, avaient déjà été convoqués au siège de la DGSI pour le même motif, après avoir démontré l’utilisation d’armes françaises contre des populations civiles dans la guerre qui fait rage au Yémen. Là aussi, leur travail s’appuyait sur des documents confidentiels. Quelques mois plus tard, en janvier 2020, le procureur de la République avait classé l’affaire, mais en l’assortissant d’un étrange avertissement : elle constituerait un « antécédent judiciaire ». Les Egypt papers plaçaient donc Disclose en situation de récidive. Une semaine après la publication des articles, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, avait d’ailleurs annoncé le dépôt d’une plainte contre X. La procédure s’est accélérée en juillet 2022, avec la désignation d’une juge d’instruction, rattachée au pôle des affaires militaires du tribunal de Paris.

    Seize convocations à la DGSI sous Macron

    Sous le double quinquennat d’Emmanuel Macron, la pression sur les journalistes s’est dangereusement accrue, et depuis mai 2017, on recense seize convocations par les services de renseignement pour tenter d’identifier leurs sources dans différentes affaires couvertes par le secret-défense. À ce sinistre décompte, il faut ajouter six convocations par l’Inspection générale de la Police nationale (dont deux plaçant les journalistes comme suspects pour des enquêteurs de Libération et Mediapart) et neuf par la Brigade de répression de la délinquance contre la personne, pour recel du secret de l’instruction et révélation de l’identité d’un fonctionnaire protégé.

    À ce jour, seules deux perquisitions (en plus de celle d’aujourd’hui) sont à dénombrer : elles ont visé Alex Jordanov, auteur en 2019 d’un livre d’enquête sur la DGSI (il a été mis en examen en juin 2022), et Anne-Fleur Lespiaut, soupçonnée d’avoir dissimulé des informations relatives à une enquête en cours alors qu’elle était correspondante au Mali pour TV5 Monde et travaillait sur l’enlèvement du journaliste Olivier Dubois. Voilà un sujet qui mériterait d’être – longuement – évoqué lors des États généraux de l’information annoncés par l’Élysée, qui doivent débuter début octobre.

  • https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/le-systeme-mediatique-a-construit-le-paradigme-de-larabe-entendable

    Deux écrivains au cœur de l’actualité, deux figures littéraires et médiatiques en France, qui depuis plusieurs années, épousent les obsessions de l’extrême droite française sur l’islam et l’immigration. Que disent ces prises de position de l’évolution de ces deux écrivains ? Quelle en est la réception médiatique, en France et en Algérie ? Pourquoi l’évocation de leur parcours politique est-elle si compliquée dans les médias français ? Dans quelle histoire de la littérature algérienne s’inscrivent-ils ? Qu’est-ce que ces deux affaires disent des rapports entre la France et l’Algérie aujourd’hui, 62 ans après son indépendance ?

    Un autre extrait de la vidéo de présentation sur la page de ASI qui montre bien l’#abjection des stratégies pour « mener les guerres culturelles à la française ». Et dire qu’il y en a encore pour s’étonner que la France est persona non grata sur le continent africain.
    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1862958306077122560/pu/vid/avc1/1280x720/0bLk3Jrp4p22lebS.mp4?tag=12

    • communiqués
      Déclaration de Nedjib SIDI MOUSSA
      Auteur de l’article | Date de l’article | 01/12/2024
      https://sinedjib.com/index.php/2024/12/01/declaration-2/#more-25193

      Depuis le dimanche 24 novembre, je fais l’objet d’une campagne de haine orchestrée par l’extrême droite française et ses alliés. Cette opération d’une violence inouïe a été initiée sur les réseaux sociaux puis relayée par l’ensemble des médias conservateurs (télévision, radio, presse…).

      La virulence de l’attaque m’a contraint de suspendre mes comptes et de restreindre les moyens de me contacter, notamment sur mon site personnel. En effet, cette vague de cyberharcèlement s’est accompagnée d’un déferlement d’injures et de menaces quant à mon intégrité physique.

      L’ampleur de ce lynchage illustre de façon dramatique les temps obscurs que nous traversons. Ce nouvel épisode des « guerres culturelles » à la française constitue un test pour les libertés démocratiques ainsi que pour notre capacité à faire société dans un contexte de crises multiples.
      __________ //. _______________

      L’extrême droite française et ses alliés m’ont odieusement calomnié en raison de mon faciès, de mon patronyme, du pays de naissance de mes parents, de la religion de mes ancêtres, de mon parcours universitaire, de mon statut social, de mes convictions politiques, etc.

      Décidément, rien ne m’aura été épargné.

      Mais ne nous y trompons pas. Il ne s’agit pas seulement de ma personne.

      Des pans entiers de la population sont dans le viseur d’une meute hostile à tout ce qui touche à la question algérienne, à la culture musulmane, à l’histoire coloniale, au pluralisme intellectuel, aux valeurs humanistes et aux idéaux révolutionnaires.

      Dans ces circonstances, il n’est pas possible de reculer ou de céder à la peur. Tous les moyens légaux doivent être employés pour contrer cette offensive réactionnaire. L’heure est grave. Chacun doit prendre ses responsabilités. (...)

    • « Kamel Daoud et Boualem Sansal sont promus de manière stratégique pour mener les guerres culturelles à la française »
      Yunnes Abzouz | 27 novembre 2024
      https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/271124/kamel-daoud-et-boualem-sansal-sont-promus-de-maniere-strategique-pour-mene

      Dans un entretien à Mediapart, le politiste Nedjib Sidi Moussa décrypte les raisons de la solidarité française à géométrie variable envers les détenus d’opinion algériens et pointe la tendance lourde du milieu littéraire français à promouvoir les auteurs du Maghreb seulement lorsque ceux-ci réhabilitent le colonialisme français.
      (...)
      Pourtant, ceux à droite et à l’extrême droite qui montent au créneau pour réclamer la libération de Sansal et dénoncer une atteinte à la liberté de pensée, se soucient moins du sort des prisonniers du Hirak algérien, le mouvement de protestation populaire créé en 2019 contre le manque de liberté politique en Algérie.

      Pour avoir rappelé dimanche sur France 5 les liens de Boualem Sansal avec la presse d’extrême droite et exprimé son malaise face à ceux qui l’érigent en héraut des droits humains, le politiste Nedjib Sidi Moussa fait depuis l’objet d’une virulente campagne de dénigrement raciste organisé par la fachosphère et alimentée par la chercheuse affiliée au CNRS Florence Bergeaud-Blackler et le caricaturiste Xavier Gorce.

      Dans un entretien accordé à Mediapart, il décrypte les raisons de la solidarité à géométrie variable pour les détenus d’opinion algériens et dénonce une utilisation tactique d’écrivains algériens par l’extrême droite française pour porter ses combats réactionnaires.

      Mediapart : Boualem Sansal est depuis longtemps un auteur critique du régime algérien. Il n’avait pourtant jamais été inquiété jusqu’alors. Quelle ligne rouge a-t-il franchie aux yeux du pouvoir algérien ?

      Nedjib Sidi Moussa : Avant toute chose, je tiens à répéter que je suis contre toutes les prisons, et contre toutes les dictatures. Expliquer la récupération dont fait l’objet l’arrestation d’un écrivain, ce n’est pas justifier ou donner des arguments à la répression. Que les choses soient claires pour tout le monde.

      Boualem Sansal émerge à la fin de la guerre civile algérienne avec un roman qui va connaître un succès important, Le Serment des barbares, édité en français par Gallimard en 1999. Livre qui sera traduit en arabe par l’universitaire algérien Mohamed Sari. Dès cette époque, Sansal accrédite une théorie qui relève de la falsification historique, à savoir « le retour en scène des seigneurs de la guerre ou de leurs successeurs ».

      Ce faisant, il cherche à établir un lien de continuité entre la « première guerre d’Algérie » et la « seconde », plus précisément entre les maquisards messalistes – Messali Hadj est le père du nationalisme algérien – pendant la lutte de libération nationale et les insurgés islamistes durant la « décennie noire » [la guerre civile qui a eu lieu de 1992 à 2002 – ndlr].

      L’opposition de Boualem Sansal au régime algérien […], c’est celle d’une certaine élite francophone, […] qui regarde de haut le « petit peuple » arabophone et la diaspora.

      C’est une thèse simpliste qui épouse sur ce point la vulgate nationaliste pro-FLN (le parti au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie), dans la mesure où elle participe de la stigmatisation des messalistes et de leurs enfants, accusés d’avoir voulu se venger de leur élimination politique durant la révolution anticoloniale puis de leur marginalisation depuis l’indépendance. Néanmoins, ce récit a le mérite de souligner que les spectres de la lutte de libération nationale hantent toujours la société algérienne, même si l’« ennemi intérieur » évolue avec les générations.

      Son succès littéraire en France repose aussi sur une espèce de posture dissidente en carton-pâte. Sansal, pendant longtemps, et tant qu’il était en liberté, se plaisait à affirmer que ses livres étaient interdits en Algérie, qu’il y était censuré par le régime, etc. En réalité, il a toujours refusé d’être édité en Algérie et il n’a pas voulu rencontrer le public algérien comme il a pu le faire avec ses lecteurs français.

      Ses livres, pourtant, étaient présents dans certaines librairies ou événements culturels. Il n’y avait donc pas de mesures d’interdiction jusqu’à une période récente. Reste à voir si cela va évoluer. Cependant, il faut bien le dire, son séjour controversé en Israël, en 2012, a suscité l’hostilité d’une grande partie du lectorat algérien, tout comme la sympathie de ses lecteurs occidentaux.

      De même, son opposition au régime algérien reposait au fond sur une posture bourgeoise et droitière, c’est celle d’une certaine élite francophone, d’une fraction de la nomenklatura en déclin qui regarde de haut le « petit peuple » arabophone et la diaspora, en appuyant sur le clivage entre les enfants de prolétaires immigrés, « les racailles » ou les « hybrides » comme ils les surnomment parfois, et une immigration « choisie », issue de milieux privilégiés, les « cadres » éduqués et francophones, porteurs de la civilisation et de la culture françaises. (...)

    • A part ça dans Télérama, tu as des adeptes de l’occultisme qui jouent encore à « Esprit des Lumières es-tu là ? » et déplorent que l’affaire fasse l’objet d’un psychodrame franco-français.

      Mais Boualem Sansal est aussi l’otage d’un second règlement de comptes – intérieur celui-là – qui resurgit avec la régularité du métronome dans le paysage médiatique et intellectuel français. Entre les vitupérations pathétiques d’un Pascal Praud accusant Thomas Snégaroff et les invités de son émission C politique (parmi lesquels Benjamin Stora) de s’agenouiller devant Alger, d’un côté, et les contorsions malhabiles du politiste Nedjib Sidi Moussa transformant Boualem Sansal en suppôt d’Éric Zemmour, de l’autre, on a regardé les balles passer tout le week-end, et l’on craignait que le romancier ne prenne une balle perdue.

      Rien ne sert de faire tourner les tables, il vaudrait mieux les renverser. En attendant, mangez bien vos grands morts, les universalistes de chez Télérama ....
      (https://www.telerama.fr/debats-reportages/boualem-sansal-prisonnier-et-otage-de-reglements-de-comptes-diplomatiques-e)

  • Affaire abbé Pierre : comment la société et les médias fabriquent des icônes
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/affaire-abbe-pierre-comment-la-societe-et-les-medias-fabriquent-des-icones-

    L’étrangeté sympathique de ce prêtre sans soutane

    Pendant toutes ces années où il incarnait la charité à la une des journaux, en librairie et sur les écrans, l’abbé Pierre agressait des femmes. Depuis la révélation de vingt-quatre témoignages accusant le prêtre d’agressions sexuelles, l’icône se désagrège et Denis Lefèvre se questionne : pourquoi lui et tant d’autres journalistes n’ont-ils pas sondé davantage les zones d’ombre de l’abbé ? Dans cette mystification collective, la fabrique médiatique si friande de héros populaires porte évidemment une part de responsabilité. Pendant que des cadres d’Emmaüs et des évêques manœuvraient secrètement pour éviter le scandale, des médias édifiaient une figure semblant si bien incarner la bonté qu’il devenait sacrilège d’interroger ses facettes plus obscures.

    L’abbé Pierre était une icône médiatique. La célébrité du capucin élu député s’envole au cœur de l’hiver 1954, quand il lance son appel à la solidarité avec les sans-abri sur Radio Luxembourg. Dès le lendemain, pour la presse et pour tout le pays, il incarne « l’insurrection de la bonté ». La verve rebelle et persuasive, le pseudonyme hérité de la Résistance, la barbe, la cape qu’il ne quittera bientôt plus, l’étrangeté sympathique de ce prêtre sans soutane au service des pauvres : tout est réuni pour en faire le parfait « bon client » d’une presse en quête de voix fortes et de visages identifiés par le grand public.

    https://justpaste.it/anyaz

    #icônes #fabrique_médiatique #marchandisation (de l’information) #société_du_spectacle

  • Coups tordus de la macronie : le dernier en date.

    “Ma retraite Nupes” : la majorité lance un simulateur bancal, LFI l’accuse de désinformation
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/ma-retraite-nupes-la-majorite-lance-un-simulateur-bancal-lfi-l-accuse-de-de

    À trois jours du scrutin, au cours du débat du jeudi 27 juin, Gabriel Attal a attaqué la politique fiscale de la coalition de gauche en promouvant un site Internet censé calculer les pensions. Pour LFI, il s’agit de fake news.

    Pour LFI seulement ? La bonne blague ...

    https://threadreaderapp.com/thread/1806405757887279279.html

    Le tweet de cette misérablerable Aurore Bergé :

    #désinformation

  • “L’écriture inclusive fait diminuer nos stéréotypes discriminatoires”
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/l-ecriture-inclusive-fait-diminuer-nos-stereotypes-discriminatoires-7020981

    Plus de trois cents études effectuées depuis un peu plus de quarante ans, par près de mille chercheurs d’une quinzaine de pays européens et nord-américains, aboutissent à une même conclusion : l’écriture inclusive change de façon efficace nos représentations mentales et fait diminuer nos stéréotypes discriminatoires. Et, chose rare dans le milieu scientifique, il n’existe aucune controverse entre les chercheurs sur les biais causés par les formes grammaticales masculines. Ils sont unanimement reconnus.

    • macron et l’écriture inclusive
      https://www.youtube.com/watch?v=sgkQ_FFFLeg

      repris du RN et re proposée par les réricainspublics : loi visant à protéger la langue française des dérives de l’écriture dite inclusive
      https://www.senat.fr/senateur/gruny_pascale14026u.html
      https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/dossiers/alt/DLR5L15N44968

      https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/amendements/1816/CION-CEDU/AC12

      On lira avec intérêt

      Amendement n°AC12
      Déposé le vendredi 24 novembre 2023
      (Amendement rejeté)

      Un mois après le fiasco d’une proposition de loi similaire par le Rassemblement National, Les Républicains démontrent ici qu’ils continuent de dériver vers l’extrême droite et de s’aligner sur ses propositions.

      Les auteurs et autrices de cette proposition de loi prétendent s’ériger en police du langage. Restreindre l’usage de la langue est une chimère : La langue française est le fruit d’une créolisation réussie, elle appartient à celles et ceux qui la parlent. Comme le soulignait récemment le linguiste Jean Pruvost, « la langue française est issue de la succession de trois langues, le celte, le latin et le germanique ». Elle résulte d’un processus créatif concret, pratiqué au fil du temps par le peuple, et s’est d’ailleurs enrichie de centaines de mots espagnols, arabes, russes, hébreux, sans compter ceux issues de langues régionales.

      La décision du sommet n’est pas absente du langage pour autant : la suprématie du masculin dans notre langue remonte à une décision de l’académie française elle-même, d’ailleurs récente à l’échelle de notre histoire, puisqu’elle ne date que du XVIIe siècle. La suppression de la règle dite de « l’accord de proximité » est même encore plus récente, puisqu’elle ne date que de 1975. C’est ce type de modification verticale de la langue française que l’on retrouve dans cette proposition de loi. Elle n’aurait pour effet que l’appauvrissement de la richesse et de la diversité du français.

      Par ailleurs, la langue française est parlée par plus de 321 millions de locuteurs et de locutrices, et 29 pays dans le monde l’ont pour langue officielle. Il n’appartient pas au législateur français de la contrôler.

      Par-dessus tout, cette proposition de loi témoigne du peu d’intérêt que ses auteurs et autrices ont pour la lutte pour l’égalité femmes/hommes.
      De nombreuses études ont montré de façon répétée que même si la grammaire autorise une interprétation générique du masculin, cette règle engendre dans notre cerveau des représentations mentales majoritairement masculines. L’écriture inclusive, composée de multiples outils de grammaire et de vocabulaire, est une méthode pour lutter contre ces représentations sexistes freinant le progrès social. Certains de ses formes se sont d’ailleurs largement imposées dans l’usage, comme la double flexion. Des études plus récentes ont permis d’analyser les effets engendrés par différentes formes d’écritures inclusives : Il a été démontré que les graphies permettant de mettre en avant les deux genres (la double flexion et le point médian entre autres) sont plus efficaces pour lutter contre les biais sexistes inconscients qu’une graphie neutre, avec des mots épicènes par exemple. Leur utilisation dans un appel à candidature permet par exemple d’augmenter le taux de réponse des femmes, et de lutter contre leur sous-représentation dans certains corps de métiers, ou à des postes à responsabilité.

      Cette proposition de loi constituerait donc concrètement un frein dans la lutte pour l’égalité de genre.

      Pour toutes ces raisons, nous proposons la suppression de cet article.

      Amendement rejeté, oh tiens, c’est étonnant.

  • Les contenus pornographiques désormais autorisés sur le réseau X, qui commence à bien porter son nom
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/les-contenus-pornographiques-desormais-autorises-sur-le-reseau-x-qui-commen

    Les contenus pornographiques désormais autorisés sur le réseau X, qui commence à bien porter son nom
    Inès Zarrouk
    5–6 minutes
    Elon Musk n’en finit pas d’enterrer Twitter. Le réseau social, renommé X par son richissime propriétaire, accueille désormais les contenus pornographiques. Que chacun peut “liker” dans l’anonymat le plus total.
    Le réseau social vient de mettre à jour sa politique relative aux posts autorisés sur la plateforme.

    Le réseau social vient de mettre à jour sa politique relative aux posts autorisés sur la plateforme.
    Publié le 18 juin 2024 à 10h24

    Vive la liberté d’expression, à bas l’autocensure. La décision de confidentialiser les likes sur X (ex-Twitter), déjà fonctionnelle pour les abonnés Premium, a été étendue à tous mercredi 12 juin. Pour Elon Musk, qui a racheté la plateforme en octobre 2022, la question de la liberté de parole sur Internet est décidément primordiale. L’homme d’affaires, souvent raillé par le passé pour avoir « liké » des théories complotistes et des publications haineuses, ou à connotation sexuelle, entend ainsi répondre à l’autocensure que s’imposeraient certains utilisateurs. « Il est important de permettre aux gens de liker des posts sans subir d’attaques pour l’avoir fait ! » a-t-il réagi à un article du site américain The Verge, qui avait révélé cette décision du milliardaire. Une vision aussi partagée par Haofei Wang, directeur de l’ingénierie du réseau social, qui avait déjà déclaré que « beaucoup de gens hésitent à aimer du contenu “controversé” par crainte de représailles ».

    Controversé… C’est-à-dire ? Haofei Wang n’a pas été plus précis. Ce qui est clair en revanche, c’est que le moment choisi par Elon Musk pour confidentialiser les likes ne doit rien au hasard. La semaine dernière, en effet, X a mis à jour sa politique relative aux posts autorisés sur la plateforme. Désormais, les publications érotiques et ouvertement pornographiques sont franchement les bienvenues. « Vous pouvez partager des contenus comportant de la nudité destinée aux adultes et des actes sexuels, produits et diffusés avec le consentement des personnes représentées, à condition qu’ils soient correctement marqués et ne soient pas placés dans des zones très visibles », peut-on lire dans les nouvelles conditions générales d’utilisation de X.
    Gare à l’inadvertance

    Une seule stipulation, donc : que les personnes partageant ce type de vidéos et d’images les étiquettent clairement, afin d’éviter que celles qui ne veulent pas y être exposées « ne les croisent par inadvertance ». Une politique plutôt légère quand on sait que les contenus proposés dépendent de l’algorithme et des interactions recensées en fonction des posts consultés. Étant donné les lacunes largement documentées de la modération sur X depuis qu’Elon Musk est aux commandes, on peut raisonnablement s’attendre à des défaillances.

    Dans cette dynamique, le milliardaire pourrait-il aller jusqu’à supprimer les retweets ? En privilégiant l’exposition à l’interaction, X deviendrait de plus en plus un média, et de moins en moins un réseau social. « Il a à peu près détruit tout ce qu’il y avait de communautaire au départ sur Twitter », résume Dominique Boullier. Professeur de sociologie à Sciences Po et auteur de l’ouvrage Propagations. Un nouveau paradigme pour les sciences sociales (éd. Armand Colin), il estime que la vision libertarienne de Musk assèche dangereusement le débat public, sans « plus aucune stimulation intéressante entre les internautes ». En cherchant à supprimer toute inhibition des utilisateurs, cette méthode favorise la multiplication des discours de haine et d’autres contenus menaçants. Une décision « suicidaire », selon le sociologue, qui mène inévitablement à la banalisation d’un espace incontrôlable et à un effondrement de la qualité des publications sur X.

    #Elon_Musk

  • EN DIRECT – Nouvelle-Calédonie : le Premier ministre annonce l’interdiction du réseau social Tik Tok et le déploiement de l’armée pour sécuriser les ports et l’aéroport
    https://www.liberation.fr/societe/en-direct-nouvelle-caledonie-une-situation-insurrectionnelle-au-moins-deu

    Le Premier ministre annonce l’interdiction de Tik Tok en Nouvelle-Calédonie. Gabriel Attal a annoncé le déploiement de l’armée pour sécuriser les ports et les aéroports de l’île. Le Premier ministre a également annoncé l’interdiction du réseau social Tik Tok. « Des militaires des forces armées sont déployés pour sécuriser les ports et l’aéroport de Nouvelle-Calédonie », a indiqué le Premier ministre en ouverture d’une cellule interministérielle de crise au ministère de l’Intérieur. Le haut-commissaire sur ce territoire, Louis Le Franc, qui avait demandé le renfort de l’armée pour protéger l’aéroport de Nouméa, a pour sa part « annoncé un couvre feu et interdit TikTok », a précisé Gabriel Attal. Il n’existe aucun précédent en France concernant l’interdiction du réseau social Tik Tok, malgré les tentations au moment des émeutes de 2023, si ce n’est l’application Wish bannie en France sur demande du ministère de l’Economie pour une durée d’un an.

    • Couper Tiktok est le nouveau symbole du coup-de-menton des abrutis de droite.

      Je ne trouve aucun article qui dise comment, en pratique, ils « interdisent » Tiktok. DNS trompeur chez les fournisseurs d’accès locaux ?

    • Sinon, notre prepotent bien aimé propose une visio

      Après l’entrée en vigueur de l’état d’urgence, la situation sur le territoire du Pacifique reste « extrêmement grave », selon le représentant de l’Etat jeudi 16 mai. Emmanuel Macron propose une visioconférence au élus calédoniens.

      #bien_joué_manu

      la situation dans le territoire du Pacifique reste « extrêmement grave », avec une « agglomération du Grand Nouméa meurtrie ». Le représentant de l’Etat sur le « Caillou » a chiffré à environ 5 000 émeutiers qui s’en sont pris aux forces de gendarmeries déployées en dehors de Nouméa, et entre 3 000 et 4 000 au sein de la capitale calédonienne.

      https://www.liberation.fr/societe/en-direct-nouvelle-caledonie-une-nuit-sous-etat-durgence-un-tout-petit-pe

    • Pierre Beyssac:
      https://twitter.com/pbeyssac/status/1791007304596242692

      Le blocage de Tiktok en Nouvelle Calédonie a tout de la mesure 100 % bidon pour détourner l’attention de l’impuissance politique du gouvernement. Mesure simple et très visible, aucun impact mais permet de montrer les muscles à coût 0, ce qui satisfait les nombreux autoritaristes.

      Bonus, cela permet de plaider « l’ingérence étrangère » pour dédouaner le gouvernement, ingérence absolument pas avérée via Tiktok, mais le complotisme n’a jamais besoin d’aucune preuve pour être satisfait.

      Internet étant dans tous les circuits de notre vie, il est facile à accuser de tout. En bloquer des morceaux en appuyant sur quelques boutons permet de revaloriser à bon compte l’action publique auprès des naïfs en leur jetant de la poudre aux yeux.

      L’incompétence peut se réfugier dans la paranoïa pour se faciliter le déni.

    • 5 (mauvaises) raisons d’interdire TikTok en Nouvelle-Calédonie - Olivier Ertzscheid
      https://affordance.framasoft.org/2024/05/5-raisons-interdire-tiktok

      A titre personnel mais aussi en tant que chercheur qui travaille ces questions depuis plus de 20 ans, aucune de ces raisons n’est valable et je peux vous annoncer qu’elles ne seront d’aucune efficacité.

      Si je devais jouer l’avocat du diable et choisir de défendre une seule de ces mesures stupides et liberticides, ce serait à la rigueur la première, et je dis bien à la rigueur, car les enjeux d’ingérence étrangère peuvent aussi s’observer, se mesurer et se contrer. Ils peuvent même être utiles, lorsqu’ils sont établis et documentés, dans une stratégie diplomatique entre états.

      Les trois suivantes (risque de propagation virale, visibilité du conflit et ciblage de la jeunesse) sont toutes plus stupides les unes que les autres. D’abord parce que la visibilité globale du conflit est avant tout assurée et garantie par les médias d’opinion (dont certains se font les alliés objectifs du pouvoir, et d’autres se contentent d’un journalisme de préfecture). Quant à la complexité du sujet de la propagation virale, elle n’est solvable que pas un black-out total de l’ensemble des moyens de communication ; mais prétendre la résoudre en ciblant une seule plateforme, quelle que soit son audience et sa dynamique virale intrinsèque, revient à essayer de résoudre une inondation en distribuant des bouteilles vides aux habitants qui en sont victimes.

    • @nileane sur le mammouth

      https://nileane.fr/@nileane/112449967867485302

      The French government has banned TikTok in New Caledonia following pro-independence protests.

      When asked about the legality of the measure, it basically replied that since the territory is not subject to the EU’s jurisdiction, it’s perfectly allowed to ban social platforms however it likes.

      What in the colonial crap is this bullshit. For fuck’s sake.

    • selon le procureur de Nouméa,

      TikTok, offre « des possibilités de diffuser de l’information qui n’est pas forcément fiable. En l’état, la diffusion d’informations non fiables ne peut que développer des risques de trouble et d’émeutes ».

      https://www.numerama.com/politique/1744576-emeutes-en-nouvelle-caledonie-tiktok-est-source-de-manipulation-et
      soit mais alors CNews, BFM, Franc Tireur etc qui ne cessent de diffuser des fakenews pourquoi on ne les ferme pas ?
      #censure

    • TikTok a-t-il été vraiment bloqué en Nouvelle-Calédonie ? - entretien avec Pierre Beyssac
      https://atlantico.fr/article/decryptage/tiktok-a-t-il-ete-vraiment-bloque-en-nouvelle-caledonie-pierre-beyssac

      En tout état de cause, ce cas de blocage d’un réseau social dans son ensemble est sans aucun équivalent dans un pays démocratique. La Nouvelle Calédonie sert donc en quelque sorte de ballon d’essai à ce genre de mesure.

      L’idée a de fortes chances d’être reprise dans le futur par des parlementaires sous forme de propositions de lois, qui à leur tour ne manqueront pas d’être retoquées par l’UE comme l’a été la loi SREN.

    • La Quadrature du Net attaque en justice le blocage de TikTok en Nouvelle-Calédonie
      https://www.laquadrature.net/2024/05/17/la-quadrature-du-net-attaque-en-justice-le-blocage-de-tiktok-en-nouvel

      Personne n’est dupe : en réalité, le blocage de TikTok n’est absolument pas justifié par une quelconque présence sur la plateforme de contenus terroristes, mais bien par le fait qu’il s’agit d’une plateforme centrale dans l’expression en ligne des personnes qui en viennent aujourd’hui à se révolter. Cette décision de s’en prendre aux moyens de communication lors de moments de contestation violente – une première dans l’Union européenne et qui paraît digne des régimes russe ou turc, régulièrement condamnés par la CEDH pour atteintes à la liberté d’expression1 – a déjà été éprouvée l’année dernière, après la mort de Nahel Merzouk.

      À l’été 2023, Emmanuel Macron avait exprimé son souhait de pouvoir bloquer les réseaux sociaux lors de moments de crise. Le président de la République s’était alors lancé dans une véritable course à l’échalote autoritaire contre les plateformes en ligne, blâmant les jeux vidéos, puis les réseaux sociaux qu’il voulait alors pouvoir bloquer et sur lesquels il voulait accentuer la fin généralisée de l’anonymat en ligne (déjà bien amoché en pratique). À ce moment-là, les plateformes avaient répondu présentes pour censurer les contenus relatifs aux évènements et aux violences dans les banlieues. Nous avions alors dénoncé cette collaboration entre plateformes privées et pouvoirs publics, unis pour brimer la liberté d’expression au nom du « retour de l’ordre » (voir notre analyse). Aujourd’hui le gouvernement persiste et signe dans sa volonté de mettre au pas les moyens de communications, cette fois-ci en choisissant la voie explicitement autoritaire : le blocage total.

      La décision de bloquer TikTok en Nouvelle-Calédonie constitue pour le gouvernement une première mise en pratique du programme macroniste de censure en ligne annoncé l’été dernier. L’occasion paraît idéale pour le pouvoir : d’une part du fait du relatif désintérêt des médias français pour l’archipel (il aura fallu attendre plusieurs jours, et notamment un premier mort parmi les habitant·es, pour que la presse en métropole commence à traiter de l’actualité calédonienne) et d’autre part parce que ce territoire dispose de règles juridiques différentes, notamment vis-à-vis du droit de l’Union européenne. De cette manière, le gouvernement croit pouvoir éteindre la révolte sans répondre aux griefs de manifestants, en refusant d’aborder la question du rôle de la réforme constitutionnelle sur les élections calédoniennes dans le malaise de la population kanak.

      L’objectif de cette décision de censure consiste avant tout à étouffer l’expression d’une révolte. Elle constitue aussi un ballon d’essai avant une possible généralisation de ce type de mesure. De ce point de vue, le contexte politique semble favorable. Dans un récent rapport faisant suite aux révoltes urbaines de 2023, la commission des Lois du Sénat ne demandait rien d’autre que ce qui est en train d’être appliqué en Nouvelle-Calédonie : le blocage des réseaux sociaux et des sanctions plus dures contre les personnes les ayant utilisés lors des révoltes d’une partie de la jeunesse des quartiers populaires l’an dernier.

    • Pourquoi le blocage de TikTok en Nouvelle-Calédonie soulève de sérieuses questions concernant les libertés publiques
      https://www.telerama.fr/debats-reportages/pourquoi-le-blocage-de-tiktok-en-nouvelle-caledonie-souleve-de-serieuses-qu

      « Je me demande si le blocage de TikTok ne va pas être contre-productif en contribuant à alimenter le narratif de ceux qui cherchent à nous nuire en désignant l’État français comme liberticide », s’inquiète sur X le député Renaissance Éric Bothorel, très mobilisé sur ces questions et souvent à rebours de la majorité. « Ils iront sur d’autres plateformes si elles leur sont utiles à déclencher ou amplifier des opérations. » Déjà soulevé au moment de l’interdiction de RT et de Sputnik dans l’Union européenne après l’invasion de l’Ukraine en février 2022, le dilemme moral n’a probablement pas fini de revenir sur la table : acculée, une démocratie peut-elle utiliser des armes antidémocratiques ?

  • “Djihadisme d’atmosphère” : Gilles Kepel, un expert de l’islam controversé
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/djihadisme-d-atmosphere-gilles-kepel-un-expert-de-l-islam-controverse-70199

    Hum, les pâtisseries safranées, ça fait envie ! Personne n’aurait vu passer ça sur justpast.it ?

    Gilles Kepel est intarissable sur son animal totem : le sanglier, que chassaient ses aïeux paternels de la Bohême tchèque. Désormais, à l’écouter, la bête traquée, c’est lui, le politologue médiatique, spécialiste tout-terrain de l’islam radical depuis plus de trente ans. « Mais la mise à mort tant espérée n’est pas encore arrivée », met-il en garde en offrant d’appétissantes pâtisseries safranées.

  • Judith Godrèche et Édouard Durand, un même combat contre les violences sexuelles et l’impunité
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/judith-godreche-et-edouard-durand-un-meme-combat-contre-les-violences-sexue

    Judith Godrèche et Édouard Durand, un même combat contre les violences sexuelles et l’impunité
    Elle est actrice. Lui, juge des enfants, ex-coprésident de la Ciivise. Ils se rejoignent dans la lutte contre les violences sexuelles. Pour eux, libérer la parole ne suffit pas. Face à l’impunité, il faut des actes. Entretien à deux voix pour “Télérama”.

    https://justpaste.it/erszy

    #CIVIISE #Judith_Godrèche #Édouard_Durand #Cinéma #pédophilie

    Le discours de Judith Godrèche à la cérémonie des Césars 2024 :
    https://justpaste.it/3w1hy
    https://www.youtube.com/watch?v=Pm9h5ntR9Ks

  • Bolloré veut faire taire le rédacteur en chef d’Off Investigation
    https://reporterre.net/Bollore-veut-faire-taire-le-redacteur-en-chef-d-Off-Investigation

    Le journaliste Jean-Baptiste Rivoire, fondateur du site Off Investigation, a annoncé jeudi 28 février que le tribunal prudhommal l’avait condamné à rembourser 151 000 euros à Canal+, propriété depuis 2015 du milliardaire Vincent Bolloré. Le journaliste a annoncé qu’il faisait appel de cette décision.

    Jean-Baptiste Rivoire est entré à Canal+ en 2000, où il est devenu rédacteur en chef adjoint de l’émission d’enquêtes « Spécial Investigation ». La chaîne de télévision a été achetée par le groupe Bolloré en 2015, et en 2016, l’émission a été supprimée. M. Rivoire a alors été laissé sans occupation véritable, situation intenable qui l’a conduit à quitter le groupe en 2021 lors d’un plan social. Mais la direction de la chaîne a assorti ce départ d’une clause transactionnelle, à raison de 140 000 euros d’indemnités, lui interdisant à vie toute remarque sur M. Bolloré. En septembre 2021, il a été interviewé par Reporters sans frontières dans le cadre d’un documentaire, « Le système B. L’information selon Vincent Bolloré », disant du milliardaire : « C’est quelqu’un qui gère par la terreur. » Canal+ l’a alors conduit au conseil des prudhommes, qui vient donc de le condamner.

    Le groupe de M. Bolloré est coutumier de ces clauses « de silence », qu’il aurait fait signer à de nombreux journalistes chassés des médias qu’il a rachetés (LCI, Canal+, Le Journal du dimanche). Tous les journalistes qui ont quitté Le Journal du dimanche lors du rachat par M. Bolloré ont ainsi dû signer une telle clause en septembre 2023, dit l’un d’entre eux à Reporterre. Peut-on condamner un salarié au silence à vie ? C’est ce que le tribunal d’appel aura à juger, d’ici à un à deux ans.

    Jean-Baptiste Rivoire a lancé en 2021 un site d’enquêtes vidéo, Off Investigation, qui a mené de fortes enquêtes sur les conflits d’intérêts de M. Macron et de son entourage. Il a coproduit avec Reporterre deux documentaires : « Mégabassines. Histoire secrète d’un mensonge d’État », en ligne, et « Sainte-Soline. Autopsie d’un carnage », que les deux médias diffuseront en accès libre le 21 mars prochain

  • On Aaron Bushnell’s action in solidarity with Gaza
    https://fr.crimethinc.com/2024/02/26/this-is-what-our-ruling-class-has-decided-will-be-normal-on-aaron-bus

    “This is what our ruling class has decided will be normal.” These words of Aaron’s haunt us. He is right. We are rapidly entering an era in which human life is treated as worthless. Let’s admit that the kind of protest activity that has taken place thus far in the United States has not served to compel the US government to compel a halt to the genocide in Gaza. It is an open question what could accomplish that. Aaron’s action challenges us to answer this question. Source: Crimethinc

  • « Macron et le RN sont muets sur le fait que les résistants communistes étrangers aient compté parmi les plus éminents patriotes de France »
    https://qg.media/2024/02/19/macron-et-le-rn-sont-muets-sur-le-fait-que-les-resistants-communistes-etranger

    À quelques jours de la panthéonisation des époux Manouchian, ce mercredi 21 février, dont le souvenir imprègne la tristement célèbre « Affiche rouge », l’hommage national emmené par Emmanuel Macron laisse présager un accent mis sur leur origine arménienne plus que sur leur engagement communiste, et une instrumentalisation de leurs actes de bravoure. S’engageant à contre-courant des historiographies dominantes, Annie Lacroix-Riz revient pour QG sur le récit méconnu des ces ardents militants communistes d’origine immigrée, qui défendirent la France au péril de leurs vies, avec une bravoure que beaucoup de « bons Français » n’eurent jamais.

    • L’extrême droite veut profaner la mémoire du résistant Missak Manouchian
      https://contre-attaque.net/2024/02/20/lextreme-droite-veut-profaner-la-memoire-du-resistant-missak-manouch


      Dans cette période de confusion générale, tous les repères sont méthodiquement démolis. L’été dernier, le gouvernement a proclamé un nouvel « arc républicain » qui allait de l’extrême droite au Parti Socialiste, excluant la gauche, et considérant ainsi que toute valeur résolument écologiste, anti-raciste ou anticapitaliste étaient « anti-républicaine ». Ainsi, le « front républicain » qui s’opposait jadis à l’extrême droite se transformait en barrage contre la gauche.

      En novembre, nous avons vu une fausse « marche contre l’antisémitisme » réunir les pires politiciens racistes, notamment Le Pen et Zemmour, les héritiers historique du pétainisme et de la collaboration en guise d’invités d’honneur, pendant que la gauche était huée et diffamée en continu dans la rue et les médias.

      Voici à présent la cheffe de file du Rassemblement National qui annonce sa participation à la cérémonie de panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian. Cet événement aura lieu mercredi 21 février, à l’initiative de Macron.

      Au mois de juin 2023, Emmanuel Macron annonçait l’entrée de Missak Manouchian et sa compagne Mélinée au Panthéon, le temple des personnalités qui ont marqué l’histoire de France. Manouchian était un résistant arménien qui a pratiqué la lutte armée et la guérilla urbaine contre les nazis. Il est mort assassinés en 1944, avec d’autres membres de son réseau, les Francs Tireurs Partisans. Les nazis les avaient décrits comme « l’armée du crime » sur l’Affiche rouge, insistant sur le fait qu’ils étaient juifs et étrangers. Les FTP-MOI étaient composés de prolétaires immigrés luttant contre l’extrême droite. Ils représentaient absolument tout ce que le RN et le reste de la droite cherche encore aujourd’hui à éliminer.

      Autrement dit, l’héritière d’un parti fondé par des nazis et des collabos compte profaner par sa présence la mémoire d’un résistant communiste qui combattu jusqu’à la mort contre le fascisme. La dissonance cognitive de l’époque est à son paroxysme.

      Cette « panthéonisation » en elle même est un scandale. C’est le même Emmanuel Macron qui déclarait en novembre 2018 que « Pétain était un grand soldat » et qui a dissout des collectifs antifascistes quelques années plus tard. C’est le même qui criminalise les héritiers de Manouchian, qui enferme les militant-es antifascistes et couvre l’extrême droite, jusqu’au sein de sa police.

      Quant au parti de Marine Le Pen, redisons-le : il a littéralement été fondé par les assassins de Manouchian et ses camarades ! Marine Le Pen est une millionnaire, héritière, raciste. Manouchian était un prolétaire immigré antifasciste. Tout les oppose.

      « Que Marine Le Pen ait l’outrecuidance d’être présente, je ne peux pas le supporter », a déclaré Georges Duffau-Epstein, fils de Joseph Epstein, chef des Francs-tireurs partisans pour la région parisienne. « Elle n’est pas la bienvenue, compte tenu de sa filiation, de la personnalité des fondateurs du Front National, des blagues délirantes de son père sur “Durafour-crématoire” et autres », explique-t-il à Libération.

      Reste à savoir si la présence obscène de fascistes le jour d’une commémoration en mémoire d’un couple d’antifascistes, véritable profanation mémorielle, se déroulera dans le calme. Ce qui serait une honte historique.

    • « Rappelons que si inviter Le Pen ne dérange pas Macron, ce dernier a fait le choix de ne pas inviter Léon Landini résistant FTP MOI et président de l’amical des résistants des bataillons Carmagnole Liberté »
      https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/video-leon-landini-resistant-ftp-moi-evince-de-lentree-au-pant
      https://www.youtube.com/watch?v=ep5ZT7XJALo

      Tout un symbole. D’un coté Léon Landini, résistant FTP MOI, président de l’amicale des résistants des bataillons FTP MOI Carmagnole Liberté, évincé par l’Elysée de l’entrée au Panthéon de Manouchian, ses camarades, compagnons d’arme. De l’autre Marine Le Pen, fille de Jean Marie Le Pen fondateur du RN au coté de waffen SS, invité officiellement par Emmanuel Macron. Les préférences politiques et sympathies du régime Macron sont on ne peut plus claires. Léon Landini, dans une vidéo réalisée ce 17 février 2024 revient sur les raisons très politiques de son éviction, des raisons qui ont tout à voir avec l’effacement systématique de celui de la résistance communiste, et en particulier celle des FTP MOI, et de leur combat antifasciste pour une France libre, souveraine, la France des travailleurs.

      Honorer Manouchian et les FTP-MOI c’est rendre enfin justice à la résistance communiste, cesser de criminaliser le communisme en poussant à la fascisation, mettre fin à la dissolution de la France dans l’UE atlantique. https://www.initiative-communiste.fr/articles/luttes/honorer-manouchian-et-les-ftp-moi-cest-rendre-enfin-justice-a-

      Missak Manouchian au Panthéon : dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, les FTP-MOI dénoncent leur éviction de la cérémonie et ses raisons. https://www.initiative-communiste.fr/articles/luttes/missak-manouchian-au-pantheon-dans-une-lettre-ouverte-a-emmanu

      Sous la couverture de la reconnaissance officielle des combats menés pour la libération de la France par les immigrés lors de la Deuxième guerre mondiale, l’ostracisme continue. Léon Landini (98 ANS), dernier officier vivant des FTP-MOI (Franc-tireur et Partisan de la Main d’Oeuvre Immigrée) n’a pas été invité ce 21 février au Panthéon malgré ses demandes répétées à l’Elysée. Refus méprisant : « on reviendra vers vous si votre demande est acceptée ». Pourquoi ce refus ? Mais pour la même raison honteuse que les FTP-MOI ont été massacrés par les fascistes : parce qu’il est encore et toujours un indomptable communiste luttant contre le fascisme et défendant à la fois l’internationalisme prolétarien et la liberté, l’indépendance et la souveraineté de la France.

      Un rappel historique ; le groupe Manouchian s’appelait les FTP-MOI :
      Franc-Tireurs Partisans - Main d’Oeuvre Immigrée !

    • Panthéonisation de Manouchian : opération détournement de mémoire pour Macron et le RN
      https://www.revolutionpermanente.fr/Pantheonisation-de-Manouchian-operation-detournement-de-memoire

      La panthéonisation de Manouchian et les hommages hypocrites de la classe politique, du président de la République au Rassemblement national, s’inscrivent dans le détournement de la mémoire d’un communiste et internationaliste, aux antipodes de la xénophobie ambiante.

      Avant de salir Manouchian, Le Pen déjeunait avec l’AfD qui appelle à la « remigration »
      https://www.revolutionpermanente.fr/Avant-de-salir-Manouchian-Le-Pen-dejeunait-avec-l-AfD-qui-appel

      La veille de la cérémonie d’hommage à Manouchian, immigré résistant, le RN a partagé un déjeuner avec la présidente de l’AfD, le parti d’extrême droite allemand qui a organisé fin 2023 une rencontre visant à expulser plusieurs millions d’Allemands d’origine étrangère du territoire !

    • Feu ! Chatterton sauve la cérémonie de panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian
      https://www.telerama.fr/debats-reportages/feu-chatterton-sauve-la-ceremonie-de-pantheonisation-de-missak-et-melinee-m
      https://www.dailymotion.com/video/x8t3bnq

      L’entrée au Panthéon des résistants communistes a donc été célébrée ce mercredi, sous la pluie, et souillée par la présence du RN et un contexte politique révoltant. Seul le texte d’Aragon, sublimé par Arthur Teboul, leur a rendu un hommage digne, émouvant.

      Presque un mois après la promulgation de la loi immigration, loi scélérate qui introduit notamment le concept de préférence nationale, et dix jours après l’annonce par Gérald Darmanin de la fin du droit du sol à Mayotte, voilà que Missak Manouchian et ses compagnons d’armes allaient subir le dernier outrage à l’heure de leur héroïsation : la présence à la cérémonie de Marine Le Pen, présidente d’un parti fondé par des collaborateurs et d’anciens SS. La souillure et la honte.

      Et puis, et puis… La nuit frissonnante, le vent par rafales, la pluie telle une froide caresse, et la voix d’Arthur Teboul s’élevant comme un poème entre les colonnes du Panthéon. « Adieu la peine et le plaisir, adieu les roses/Adieu la vie, adieu la lumière et le vent. » Le chanteur de Feu ! Chatterton interprète L’Affiche rouge, écrit par Louis Aragon, longtemps chanté par Léo Ferré, et c’est une splendeur. Un moment suspendu où sensibilité, sobriété et intelligence convergent pour faire céder toutes les digues et déferler l’émotion. Rendre enfin aux « 20 et 3 étrangers et nos frères pourtant » les honneurs qui leur sont dus.

      Merci FeuChatterton !

  • Extrait d’un encart de Télérama (n° 3865 du 10 au 16 février 2024)

    PÉDOCRIMINALITÉ, DES MOTS SUR LES MAUX

    On savait qu’Édouard Durand (photo) n’en resterait pas là. L’ancien coprésident de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), évincé en décembre dernier, publie un très court essai, intitulé 160 000 Enfants. Violences sexuelles et déni social (éd. Gallimard, coll. Tracts, 3,90 €). Trente pages de démonstration implacable et brute concernant un système de violences dont les enfants — précisément 160
    000 chaque année — sont victimes. Trente pages d’une intelligibilité rarement atteinte sur le sujet. Les faits apparaissent ici limpides. Ils l’ont toujours été pour qui veut bien voir ou entendre. Mais « entendre les mots qui décrivent la violence sexuelle, c’est faire surgir les représentations que ces mots suscitent, et c’est insupportable. Il est plus commode de se dire que ça n’existe pas ».
    Édouard Durand décrit, avec une précision très graphique, mais sans outrance, ce que sont les violences sexuelles faites aux mineurs. Un crime où l’arme est un sexe d’adulte, un doigt, une main, une langue. Un crime où la victime n’est qu’un enfant. Il rappelle que les conséquences sur la santé et la vie des victimes sont presque infinies. L’injonction à « tourner la page » ne vaut rien quand on fait face au « présent perpétuel de la souffrance ». Le juge montre que l’insupportable devrait inévitablement déclencher un soutien incontestable, pour ceux qui dénoncent, qui parlent, qui osent s’affranchir de la honte et du dégoût. Or il n’en est rien. « On les soupçonne de mentir, d’exagérer, ou on accuse leur mère, et tout autre adulte protecteur, de mentir, de manipuler. » L’injonction à « sortir du silence » ne vaut rien quand « ce n’est jamais le bon moment, jamais la bonne manière. C’est trop tôt, trop tard, trop vague, trop précis, trop chuchoté, trop public ». Le texte déploie un raisonnement imparable. « Le déni collectif et l’impunité des agresseurs marchent main dans la main, tranquillement, avec assurance, sans inquiétude. » Comment se satisfaire d’une telle violence ? Comment ne pas en être écœuré ? À la lecture de ce texte, on mesure l’ampleur du gâchis. Celui de ne pas avoir reconduit Édouard Durand à la tête de la Ciivise, celui de n’avoir toujours pas donné de suite précise à cette commission.
    -- Julia Vergely

    Et hier, tu apprends que « La légiste et experte judiciaire, Caroline Rey-Salmon, (vice_présidente de la Civiise) est visée par une plainte pour agression sexuelle lors d’un examen gynécologique. »
    https://www.sudouest.fr/societe/violences-faites-aux-femmes/la-nouvelle-vice-presidente-de-la-ciivise-accusee-d-agression-sexuelle-1846

    #CIVIISE #pédocriminalité #Édouard_Durand

    Voir aussi : https://seenthis.net/messages/1040428

  • “Refusés” de la #carte_de_presse : trois #journalistes lauréats du prix #Albert-Londres témoignent
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/refuses-de-la-carte-de-presse-trois-journalistes-laureats-du-prix-albert-lo

    haque refus est une blessure », dit Hélène Lam Trong, lauréate du 39ᵉ #prix_Albert-Londres, catégorie audiovisuel, décerné en novembre 2023. À la suite de la parution d’une #tribune sur notre site dénonçant les conditions d’attribution de la carte de presse par la CCIPJ (Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels), trois signataires témoignent des difficultés qu’ils rencontrent à faire valoir la réalité d’une profession qu’ils exercent pleinement : le journalisme.

    Sur le terrain, sans carte de #presse officielle (avec bandeau bleu blanc rouge et numéro), certains reporters sont en danger dans les pays où informer et enquêter dérange. Particulièrement vulnérables, les #reporters_indépendants qui partent sans le soutien d’une rédaction. Et pourtant, ces mêmes professionnels peuvent être honorés par la plus prestigieuse récompense du #journalisme_francophone : le prix Albert-Londres. Témoignages.

  • Territoires palestiniens - Frappe sur l’Institut français de Gaza (03.11.23) - Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères
    https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/israel-territoires-palestiniens/actualites-et-evenements/2023/article/territoires-palestiniens-frappe-sur-l-institut-francais-de-gaza-03-1

    Nous avons été informés par les autorités israéliennes que l’Institut français de Gaza avait été visé par une frappe israélienne.

    Nous avons demandé aux autorités israéliennes de nous communiquer sans délai par les moyens appropriés les éléments tangibles ayant motivé cette décision. Aucun agent de l’Institut, ni aucun ressortissant français ne se trouvait dans l’enceinte de l’Institut.

    #France_Diplo. #soutien_inconditionnel

    • Emmanuel Macron affirme (https://twitter.com/BFMTV/status/1718960210902237424) qu’en langue française, “le #masculin fait le #neutre, on n’a pas besoin d’ajouter des points au milieu des mots, ou des tirets, ou des choses pour la rendre lisible”. Pour le CNRS, en français, “pour le cerveau, le neutre n’est pas neutre”.

      Il est désormais bien établi que l’utilisation du #masculin_générique engendre des #représentations_mentales déséquilibrées en faveur du masculin. Pour autant, toutes les formes d’écriture inclusive sont-elles aussi efficaces pour contrer ce biais ? Dans une étude récente parue dans la revue Frontiers in Psychology, une équipe de scientifiques a démontré que les #formulations_neutres, sans marque de #genre_grammatical, ne permettent pas d’éliminer complètement le #biais vers le masculin, au contraire des formes doubles qui mentionnent à la fois le masculin et le féminin (https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2023.1256779/full).

      Pour éclairer le débat, lire Spinelli E., Chevrot J-P., Varnet L. 2023, Neutral is not fair enough : testing the efficiency of different language gender-fair strategies, Frontiers in Psychology ou son compte rendu sur la lettre du CNRS.

      #écriture_inclusive #Macron #Emmanuel_Macron #CNRS #langue #français #langue_française

    • Le rêve d’un abruti sur tout les fronts, ça me rappelle les Ceaucescus qui se targuaient de savoir et de science faux diplômes à l’appui mais n’avaient que la securitate pour s’imposer.

      les misérables à l’œuvre partout s’épaulent pour leurs crimes, du simple langage aux meurtres des enfants

      Bien dit :
      « A travers les mains de ceux qui la bite »

      PS
      Il ne dit pas ’des choses pour la rendre lisible’ mais ’des choses pour la rendre illisible’ et là il est tellement content qu’il boit un verre de vodka pendant que son auditoire de vieux chnocks et chnokesses, jackLang au premier rang applaudit.

      EDIT
      D’ailleurs quelques jours après, en relisant le post, il doit quand même être morveux de sortir une énormité pareille puisqu’il bafouille et noie ensuite ses mots dans son verre de vodka·eau. De fait, c’est comique puisqu’il bafouille « illisible » qui devient dans les médias « lisible » preuve qu’il est inaudible, et est incapable de parler distinctement le français !

    • #Interdiction de l’écriture inclusive : les ressorts d’un procès politique

      Pour une fois, les hommes et les femmes de la chambre haute se sont pressées pour proposer une loi visant à interdire l’écriture inclusive. Mais l’application de cette #prohibition, purement idéologique, ne serait pas sans lourdes conséquences administratives.

      Lundi 30 octobre 2023, les sénateurs et sénatrices françaises (double flexion inclusive avec accord de proximité certifié de tradition française multiséculaire) ont adopté à 221 voix pour et 82 contre une #proposition_de_loi de droite particulièrement intrusive et extensive visant à « protéger la langue française des #dérives de l’écriture dite inclusive » et interdisant, sous peine de nullité, l’usage de certains traits d’inclusivité – le point médian, perçu comme un comédon typographique, est évidemment ciblé – dans les actes juridiques, les modes d’emploi, les contrats de travail ou les règlements intérieurs d’entreprise.

      Le président de la République, Emmanuel Macron, s’est fort opportunément coordonné avec les débats et le vote depuis Villers-Cotterêts, où il inaugurait la Cité internationale de la langue française. S’évertuant à remplir les amples chausses de François Ier, il a tenu à faire part de sa « pensée complexe » en la matière. Il a appelé – leçon de girouette politique – à ne pas « céder aux airs du temps » et rappelé doctement, avec un sens admirable de la précision, que dans la langue française, dont la perfection, l’état d’achèvement ne sont plus à démontrer, « le masculin fait le neutre » et qu’« on n’a pas besoin d’ajouter des points au milieu des mots, ou des tirets, ou des choses pour la rendre lisible ».

      On eût aimé que les un·es et les autres, dans leurs « travaux » et gloses diverses sur cette langue divinisée que le monde entier nous envie, se renseignassent un minimum auprès des linguistes et des philologues, des praticien·nes et historien·nes de « la langue », avant de proférer, en l’occasion, les énormités qui constituent la récolte ordinaire du marronnier régulièrement secoué par Le Figaro.

      Mais qu’attendre, en vérité, d’un personnel politique de droite, d’extrême droite et d’extrême centre qui, à l’oral comme à l’écrit, passe sa vie, dans les hémicycles, sur les réseaux sociaux, sur les plateaux de télévision ou dans les studios de radio, à écorcher, appauvrir, atrophier et faire rancir le sacro-saint français ; qui nous bassine avec ses néologismes publicitaires à forte valeur non ajoutée (« start-up nation ») ou ses interdicteurs de pensée et de débat (« islamogauchisme », « wokisme ») ?

      Nous serons assez charitables pour rappeler au président de la République que l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) ne se réduit pas à l’image d’Épinal du bon père de la Nation qui généralise l’emploi du français, déjà bien présent depuis le Moyen Âge dans les actes notariés dans tout son nuancier dialectal, à l’ensemble des actes administratifs.

      D’abord, de portée très limitée (si on la compare au projet de loi sénatorial), elle ne s’appliquait qu’aux documents de justice ; ensuite, dans un pays fait de plusieurs « nations » (au sens de l’Ancien Régime), dont certaines d’arrimage récent (Bretagne), le français n’était qu’un « langage maternel » parmi d’autres, et ces autres se sont pour une bonne part maintenus, en s’appuyant sur ladite ordonnance, la promotion du « langage maternel françoys » étant entendue comme celle du « langage maternel ou françoys ». L’essentiel était alors que les actes de justice, rédigés en langue vernaculaire, fussent compréhensibles par les habitant·es de la province et non par les seuls hommes de l’art, francophones ou pas.

      Nous signalerons tout aussi charitablement aux sénatrices et sénateurs que le vieux ressort argumentatif rouillé d’une inclusivité non inclusive à l’endroit des personnes dyslexiques et dysorthographiques rendrait un autre son si étaient exigées dans la foulée l’abolition des mots composés et des abréviations, ainsi que la simplification réelle et la mise en cohérence effective de l’orthographie française. Mais telle n’est pas leur ambition. En revanche, l’emploi du mot « dérives » et la distance sanitaire signifiée par l’expression « écriture dite inclusive » nous disent très bien leur présupposé. L’inclusivité elle-même est en sursis probatoire.

      La proposition de loi sénatoriale, si elle était définitivement adoptée, pourrait entraîner des bouleversements considérables, qui plus est rétroactifs, sachant que l’administration n’a pas attendu les « airs du temps » pour pratiquer l’inclusivité. Elle utilise depuis des lustres le banal trait d’union à la place du point médian et la double flexion (elle tolérée par le Palais du Luxembourg).

      Nos arbitres des élégances typographiques se souviennent-ils seulement des bouleversements considérables occasionnés par la dernière « grosse » réforme de modernisation de l’orthographie à avoir été réellement mise en œuvre, en 1835 ? Guizot, alors à la tête du ministère de l’instruction publique, voulait traduire en actes les préconisations de la sixième édition du Dictionnaire de l’Académie française. Les trois principales mesures de cette réforme, déjà poussées en son temps par Voltaire, étaient celles-ci :

      – on passe de [oi] à [ai] là où on prononçait déjà le son \ɛ\, la graphie [oi] étant réservée au son \wa\ (typiquement françois/français, mais sont aussi touchées une bonne partie des formes verbales) ;

      – les mots se terminant jusque-là par [-nt] au singulier et faisant [-ns] au pluriel, comme parent/parens, se finissent désormais en [-nts] ;

      – l’esperluette [&] est remplacée par [et] (un petit mot de rien mais surabondant).

      Point de cris d’orfraie, à l’époque, dans les rangs des assemblées, pourtant encore bien réactionnaires, contre cet « air du temps » là. Adoptée sans opposition notable, cette (petite) révolution en différé, initiée – une fois n’est pas coutume – par l’Académie elle-même, obligea à réimprimer une bonne partie de la littérature du temps et des temps passés (un Armageddon paperassier régulièrement brandi par les contempteurs et contemptrices de l’écriture inclusive). Trois mesurettes, dont la première en forme de rattrapage phonétique, mais conséquences maousses.

      Vu l’accroissement considérable du volume depuis l’époque de Guizot, la proposition de loi du Sénat ressemble fort à une usine à gaz chronophage et dévoreuse de ressources, plus susceptible de mettre le zbeul que de mettre bon ordre à une orthographie officielle qui, nonobstant plusieurs propositions réformatrices de savants et de ministres, a globalement peu bougé depuis 1835, soit près de deux siècles – c’est dire la vigueur des attaques qu’elle a subies.
      Force de frappe idéologique

      À défaut de protéger « la langue », quintessence à jamais inaccessible et assurément fumeuse, la droite sénatoriale et son caudataire présidentiel montrent surtout l’étendue et de leur ignorance et de leurs préjugés. Objectivement, ce n’est pas tant l’inclusivité qui les gêne, celle-ci étant pratiquée diversement en français depuis le Moyen Âge, ainsi que le pôle Correction de Mediapart le rappelait dans ce billet, et même en partie entérinée par l’Académie française elle-même pour les noms de métier.

      Non, ce qui les gêne, c’est que certains milieux militants, notamment féministes mais pas que, s’en soient emparés dès les années 1970, en jouent, continuent de la faire vivre, lui donnent une force de frappe idéologique perceptible, à l’heure des grandes régressions sociales et sociétales, sans réclamer nécessairement, du reste – ce qui serait contradictoire avec la plasticité recherchée – son institutionnalisation, sa normalisation, sa glaciation.

      Pendant qu’on ergote et chicane sans fin sur les effets de graphie, dont la plupart des écrivain·es, des éditeurs et éditrices se sont soucié·es pendant des siècles comme de leur première chemise, y compris aux époques (eh oui, c’est cyclique, mesdames messieurs les déclinistes) du rayonnement international de la lingua franca, on ne travaille pas sur les effets de lexique et de sens (l’inclusivité se loge aussi là), autrement délicats, où se nouent, pour l’essentiel, les rapports de force politiques, voire géopolitiques, de sexe, de classe ou de race, où les discriminations s’expriment et se résolvent parfois.

      Les progrès de l’inclusivité sont encore, au plan éditorial, largement marginaux, nul ne songeant à l’imposer à coups de règle, comme du reste la dernière réformette orthographique de 1990, ce qui rend l’alarme sénatoriale et présidentielle d’autant plus pathétique, pour ne pas dire risible. À la fin des fins, la pratique ordinaire tranchera. Une large partie de l’expression langagière, par nature dérivante (non au plan moral mais au plan linguistique), échappe, hors contexte totalitaire, aux tentatives d’arraisonnement et d’encagement, et ce depuis que notre langue est langue. Mais cela, les intelligences artificielles de certain·es de nos représentant·es et dirigeant·es ont du mal à le concevoir.

      https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/021123/interdiction-de-l-ecriture-inclusive-les-ressorts-d-un-proces-politique

    • Communiqué de presse : « Le masculin fait le neutre… » ou pas

      Dans son discours d’inauguration de la Cité internationale de la langue française prononcé le lundi 30 octobre 2023 à Villers-Cotterêts, le Président de la République a pris position contre « l’écriture inclusive », en affirmant : « le masculin fait le neutre, on n’a pas besoin d’y rajouter des points au milieu des mots, ou des tirets, ou des choses pour la rendre illisible ».

      La position surplombante du président donne l’impression de vouloir édicter une règle une fois pour toutes qu’il imposerait, par sa seule parole, à des millions de francophones, en France et hors de France, à rebours du symbole que représente la Cité inaugurée ce jour-là.

      Nous rappelons, en tant que scientifiques spécialistes du langage et des langues – et de la langue française en particulier – que les règles se forment au fil du temps par les pratiques des locuteurs et locutrices, et que c’est l’usage qui finit par s’imposer, et non la volonté d’une autorité, fût-elle académique, ministérielle ou présidentielle. Si les questions d’enseignement et d’orthographe nécessitent des décisions politiques, elles ne sauraient être tranchées par une seule personne, aussi puissante soit-elle.

      Emmanuel Macron semble se positionner contre le point médian et d’autres formes abrégées. Beaucoup, comme lui, feignent de réduire l’écriture inclusive à un seul procédé, au milieu de nombreuses autres possibilités (accord de proximité, mots épicènes…). D’ailleurs, il utilise lui-même des procédés inclusifs dans le discours du 30 octobre comme dans ses autres prises de parole. Les doublets complets (« Françaises, Français… ») existent depuis longtemps, et la littérature classique regorge de rois et reines, de princes et princesses plutôt que rois ou princes quand il s’agit de personnes des deux sexes : ils ressortissent du langage inclusif. En outre, certaines formes abrégées présentes depuis des décennies sur les documents officiels de la République française (dont la carte d’identité ou des formulaires administratifs : « né(e) le… », « domicilié(e) à… ») ne posent aucun problème. Les doublets complets ou abrégés se déploient aujourd’hui sur de nombreux supports (privés, publics, papier, numériques, sites, presse, cartels de musées…) sans être l’apanage d’une poignée de militants ou de militantes, contrairement à l’idée fausse qui est véhiculée. Il ne s’agit pas d’un système d’écriture figé ni imposé, mais d’une série de pratiques dont l’un des objectifs premiers est de préciser la composition de groupes humains.

      La formule « le masculin fait le neutre » est contredite par de nombreux travaux scientifiques qui montrent, à partir de données et d’expérimentations, que le sens premier du masculin, pour les humains, est de désigner des hommes, et que l’emploi dit générique est source d’ambigüité. Moins de femmes répondent aux offres d’emploi rédigées au masculin par exemple. Tout ceci est documenté.

      Le jour de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française, il eût été important de ne pas oublier ces choses élémentaires, de faire davantage appel aux travaux scientifiques, et sans doute encore plus opportun d’évoquer l’un des sujets majeurs pour l’avenir du français et des francophones, à savoir l’orthographe à enseigner : celle de 1990, comme en Belgique et en Suisse ? Ou celle de 1878, comme c’est trop souvent le cas ? Si le Président se soucie de la lisibilité du français, qu’il joigne sa voix aux nombreuses autres, dont des fédérations de professeurs de français et des linguistes (voir Le Monde du 16 octobre dernier), qui demandent une nouvelle réforme de l’orthographe.

      Le collectif des Linguistes atterrées, le 31 octobre 2023

      https://www.tract-linguistes.org/communique-de-presse-communique-le-masculin-fait-le-neutre-ou-pas

    • Écriture inclusive : “Le président ne peut pas faire la loi sur la langue que parlent les Français”

      Le débat sur l’écriture inclusive, relancé lundi par Emmanuel Macron, ainsi que par le Sénat, pose la question de l’action politique sur la langue. Entretien avec le linguiste Michel Launey.

      « Dans cette langue, le masculin fait le neutre. On n’a pas besoin d’y ajouter des points au milieu des mots, ou des tirets ou des choses pour la rendre lisible. » Le discours d’Emmanuel Macron, le 30 octobre, lors de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, et tandis que le Sénat votait une proposition de loi visant à « protéger la langue française des dérives de l’écriture dite inclusive », a relancé le débat autour de celle-ci. Michel Launey, linguiste et auteur de La République et les langues 1, rappelle la dimension politique d’une telle prise de parole. Membre du collectif des Linguistes atterrées, il met en lumière l’importance d’une rationalisation de la langue, venant du peuple et pas de l’État.

      Quand Emmanuel Macron dit qu’il ne faut pas « céder aux airs du temps », que cela signifie-t-il ?
      Les changements linguistiques sont généralement des phénomènes lents, inconscients et collectifs. S’il parle d’une mode passagère, c’est mal poser le problème car la langue est dans son temps : on verra bien si les innovations et les changements restent ou pas. Ce n’est pas le président de la République ou le Sénat qui le décideront, ce sont les jeunes, les vieux, tous les locuteurs. Cela revient à mélanger le phénomène d’innovation linguistique et le phénomène de mode – qui, par ailleurs, n’est ni bon ni mauvais par essence.

      L’écriture inclusive est-elle une mode ?
      Je suis prudent sur le sujet, mais c’est un phénomène intéressant car il s’agit, pour une fois, d’une action consciente d’une partie de la population, alors que généralement les évolutions de la langue ne sont pas concertées. D’ailleurs, quand on parle d’écriture inclusive, on mélange ses trois branches. La première, la féminisation des noms de métiers, est plutôt passée dans le langage courant, c’est un premier combat gagné. Les deux autres concernent l’accord de proximité [accorder avec le nom situé au plus proche, par exemple « les marcheurs et marcheuses sont contentes », ndlr] et le point médian [par exemple un·e écrivain·e, ndlr].

      Pourquoi cette crispation autour du point médian ?
      Une objection au point médian est que les formules ne sont pas facilement lisibles à l’oral. Ceci dit, il peut y avoir une convention qui définirait comment lire « les étudiant·e·s », tout comme on sait prononcer le mot « deux », quand on lit « 2 », c’est le même mécanisme. On est habitués à la différence entre ce qu’on lit et ce qu’on prononce, notamment en mathématiques. Par ailleurs, une partie de la communication écrite n’a pas pour fonction d’être lue à l’oral, donc ce n’est pas choquant tant que c’est compris. L’intérêt de l’écriture inclusive est d’ailleurs relevé par le Haut Conseil à l’égalité : les femmes ont par exemple tendance à moins postuler à une offre d’emploi écrite au masculin, plutôt qu’en écriture inclusive.

      Est-ce à un président ou à l’État de dicter l’usage de la langue française ?
      C’est peut-être le rêve de certains, mais ce n’est pas dans les compétences du président. Il ne peut pas faire la loi sur la langue que parlent l’ensemble des Français et Françaises. On a, en France, le plus grand mal à penser une langue qui présente des variations, qui n’est pas unique. La doxa veut que la langue française, comme la République, soit une, et que tout ce qui s’écarte des standards ne soit plus du français. Or pour moi, c’est très grave. Par exemple dire d’un jeune de banlieue que ce qu’il parle n’est pas du français, alors qu’il ne parle pas une autre langue, revient à l’exclure de la communauté des francophones. On organise une déchéance de langue, une apatridie linguistique.

      Que symbolise la volonté d’un « bon usage » du français ?
      C’est une volonté politique, assurément. Si on prend le français à la création de l’Académie française, en 1634, il était une évolution du bas latin qui avait beaucoup changé en un millénaire. On lui avait retiré les déclinaisons, ajouté des articles, etc. Quand ces changements se sont produits, personne ne les a refusés sous prétexte que leurs ancêtres parlaient différemment. Et, de toute façon, ceux qui ont engendré ces modifications étaient les membres de la communauté linguistique tout entière – le peuple, des gens majoritairement non instruits et illettrés. Il ne s’agissait pas d’une affaire de loi, ni de noblesse, clergé ou bourgeoisie. Le début de la légifération de la langue est arrivé avec la création de l’Académie française.

      Est-il utile de vouloir légiférer sur la langue ?
      Le texte de loi voté au Sénat hier est, selon moi, une stupidité politique. S’il passait l’Assemblée nationale, il serait sans doute bloqué par le Conseil constitutionnel car il ne relève pas de la compétence de l’État. Et même s’il était validé, on ne peut pas mettre en place une police linguistique pour vérifier le non-usage de l’écriture inclusive dans le cadre privé.

      Cela ne veut pas dire que la langue ne doit pas évoluer – surtout son orthographe. Il n’y a pas eu de vrai changement orthographique depuis 1835, il est temps d’une rationalisation, car le français contient beaucoup d’illogismes qui vampirisent le temps d’apprentissage. Il y a une multitude d’exemples, comme le mot « nénuphar » qui n’a aucune raison de s’écrire avec « ph » et pas un « f », aucune racine grecque. Si changement il y a, je crois qu’il n’aura pas lieu à l’Académie française ; il faudrait plutôt un rassemblement international de francophones avec des linguistes, des écrivains, des éditeurs pour réfléchir ensemble, tranquillement à ces sujets.

      https://www.telerama.fr/debats-reportages/ecriture-inclusive-le-president-ne-peut-pas-faire-la-loi-sur-la-langue-que-

    • Pourquoi utiliser l’écriture inclusive ?

      Parce que la langue façonne notre perception du monde, #Marie_Barbier, corédactrice en chef de la revue féministe La Déferlante, défend l’usage de l’écriture inclusive, comme un outil pour ne laisser de côté ni les femmes ni les minorités de genre.

      Pour nous, à La Déferlante, il était évident de ne pas utiliser une langue où le masculin l’emporte sur le féminin. Dès qu’on a commencé à travailler sur la revue, un an avant la publication de notre premier numéro (en mars 2021), c’était certain que la revue des révolutions féministes serait écrite en écriture inclusive.

      Nous avons travaillé avec deux correctrices, Sophie Hofnung et Aurélie Charrier, qui ont réalisé une charte d’écriture inclusive – qui est désormais actualisée par Mélanie Tanous. C’est une charte vivante, on la fait évoluer au fur et à mesure du temps.

      Tout, tout le temps, doit être lisible et compréhensible par nos lectrices et lecteurs, y compris par des personnes qui ne pratiquent pas l’écriture inclusive. Il faut qu’elles ne soient pas rebutées par ça quand elles ouvrent la revue. On tient aussi à respecter les propos des personnes interrogées, donc toujours demander si elles sont d’accord pour que leurs propos soient transposés en écriture inclusive. Pour résumer, on tient à respecter au maximum la parole donnée, tout en étant au clair avec la ligne éditoriale de la revue.

      Depuis notre création, jamais personne ne nous a dit que c’était illisible. On n’a pas du tout ce genre de retours. Ça veut dire qu’en France, il y a des gens capables de lire 144 pages de revue en écriture inclusive de A à Z sans que ce soit un problème de lecture. Les correctrices, Sophie Hofnung, Mélanie Tanous et Sara Roumette, font extrêmement attention à cela.

      Par exemple, dans notre dernière newsletter sur la Palestine (envoyée le vendredi 10 novembre), je pensais écrire « juif·ves », mais la correctrice m’a repris en disant qu’on essayait de ne pas écrire de choses imprononçables. Donc, ici, on a mis le doublé : « juifs et juives ».
      La langue française révèle les discriminations

      Dans les débats récents sur la proposition de loi au Sénat, les sénateurs et sénatrices sont d’une mauvaise foi crasse. Évidemment que la langue française révèle les discriminations qu’il y a dans la société. Ça peut paraître anecdotique, mais ça ne l’est absolument pas.

      C’est très important de redonner la place au féminin dans la langue française. « Le masculin l’emporte sur le féminin », c’est l’apothéose du patriarcat : ce n’est pas possible, nulle part. Que ce soit dans la société, dans la langue, dans tous les domaines possibles, le masculin ne doit pas l’emporter sur le féminin.

      D’autant que l’on peut retracer cette habitude au 17e siècle, lorsqu’on a instauré des normes qui disaient, en substance, que le masculin était plus noble que le féminin. C’est donc une construction de la langue. Comme beaucoup de choses contre lesquelles on se bat, c’est une construction sociale. À un moment donné, les dominants se sont emparés de l’outil qui est la langue pour asseoir leur domination. Ce n’est pas envisageable de ne pas le questionner, au moins.
      Il n’y a pas qu’une écriture inclusive

      Ce n’est pas vrai qu’un point d’ortho-typo peut gêner la lecture. C’est utilisé dans plein d’autres choses. C’est ce que dit aussi la tribune de 130 féministes, dont la grammairienne Éliane Viennot, en réponse à Emmanuel Macron. Par exemple, on utilise le « né(e) le » dans des documents administratifs. Et quel symbole de mettre entre parenthèses le féminin ! Ça dit quelque chose. On ne le met pas entre parenthèses, le féminin est l’égal du masculin dans la langue, et on l’assoit de la manière la plus lisible possible.

      Les conservateurs et les conservatrices sont arcbouté·es sur une vision passéiste de la langue. Ils et elles sont dans une logique de domination, où la langue reflète une domination et une vision de la société, qui fait peu de cas de la place des femmes et des minorités sexuelles.

      Le « Citoyens, citoyennes » utilisé par Macron, c’est le doublé, c’est de l’écriture inclusive. C’est le fait d’intégrer le féminin et de le mettre à égalité avec le masculin. Donc la présidence française utilise l’écriture inclusive. Il y a plein de moyens d’utiliser l’écriture inclusive. À chaque numéro, on fait un petit marque-page avec des techniques d’écriture inclusive, et les gens adorent, ils le scotchent au-dessus de leur bureau.

      On explique par exemple qu’on peut utiliser les mots épicènes, dont la forme ne varie pas selon le genre. Il y a plein de techniques simples qui permettent de reformuler, ça demande juste un petit peu de temps.
      Appliquer l’égalité des genres

      Nous sommes une revue engagée, nous défendons le féminisme, mais au-delà de ça, on est une revue créée par des professionnelles de l’information. Donc, ça nous tient extrêmement à cœur que l’égalité des genres soit retranscrite dans la revue jusque dans son écriture. Il ne s’agit pas d’une lutte anecdotique, contrairement à ce que peuvent dire les gens de droite – qui, soit dit en passant, mettent une énergie démesurée à se battre contre. Non, ce n’est pas anecdotique, parce que la langue qu’on utilise est très révélatrice. Nous, elle nous permet d’appliquer l’égalité des genres jusqu’au bout.

      Ce n’est pas juste une question pour les gens de gauche. Moi, ça m’énerve que l’école ne l’utilise pas, ça m’énerve que Jean-Michel Blanquer (ancien ministre de l’Éducation nationale) s’y soit opposé. J’apprends à mes enfants le point médian, et il n’y a aucun problème avec ça. Ils l’utilisent, et ils savent le faire. C’est tout à fait possible. Les enfants ne sont pas perturbés par ça.

      Au contraire, ça permet de questionner la binarité de genre, de dire que si tu ne te sens pas fille ou garçon, qu’on peut utiliser le point médian et que c’est OK. Ça va au-delà de la question du masculin qui l’emporte sur le féminin, parce que dans la langue française, il y a une binarité très marquée. Le point médian comme le pronom « iel » permettent d’aller au-delà de cette binarité. C’est un des avantages : ça ouvre à des personnes qui ne se reconnaissent pas dans la binarité de genre d’être incluses dans la langue française.

      L’écriture inclusive devrait être utilisée par tout le monde. Ce n’est pas vrai que c’est compliqué, c’est simple et ça permet d’inclure le plus grand nombre et de ne pas rejeter des personnes de la langue française. Ça permet d’inclure les femmes, les personnes non binaires, les personnes trans, tout le monde. Je ne comprends pas pourquoi le fait d’inclure des gens dans la langue et de la rendre plus égalitaire est un problème.

      https://basta.media/pourquoi-utiliser-ecriture-inclusive-Senat

  • En direct. Guerre Israël-Hamas : l’Egypte autorise l’entrée à Gaza de camions d’aide humanitaire
    https://www.ledauphine.com/defense-guerre-conflit/2023/10/19/guerre-israel-hamas-l-egypte-autorise-l-entree-a-gaza-de-camions-d-aide-

    Guerre Israël-Hamas : l’Egypte autorise l’entrée à Gaza de camions d’aide humanitaire

    Vous avez bien lu, c’est l’Egypte qui ENFIN autorise l’entrée de l’aide humanitaire.

    J’y ajoute cet éclairage qu’apporte un entretien avec François Dubuisson publié dans Télérama :
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/israel-palestine-la-guerre-des-mots-decryptee-par-un-prof-de-droit-internat

    Crimes de guerre

    « Ils peuvent être commis même sans guerre entre deux États, dans le cadre de conflits entre un État et des groupes non étatiques comme le Hamas. L’attaque de ce dernier contre des civils israéliens a déclenché l’application du droit relatif à la conduite des hostilités, qui comprend le droit international humanitaire. Toutes ses violations ne constituent pas des crimes de guerre, seulement les plus graves : les massacres de civils, les prises d’otage… Affamer délibérément une population en la privant des biens nécessaires à sa survie est aussi un crime de guerre, même si proclamer et établir un siège n’est pas, en soi, illégal. Si un convoi humanitaire parvient à franchir la frontière égyptienne, Israël pourra arguer du fait que le blocus n’a pas été total…"

    #arabes_fourbes

  • De Space X aux Chinois, la guéguerre des étoiles
    https://www.telerama.fr/debats-reportages/de-space-x-aux-chinois-la-gueguerre-des-etoiles-7008119.php

    epuis trente ans, le politologue Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), à Paris, décrypte les activités humaines dans l’espace selon une approche non seulement géopolitique mais aussi anthropologique. Ce qui fait de lui un interlocuteur rare.

    Rebutés par la dimension technico-scientifique du sujet, les chercheurs en sciences humaines et sociales n’ont en effet, jusqu’à présent, guère investi ce champ. Il est pourtant riche d’enseignements, et pas seulement pour la FRS, experte en relations internationales et centrée sur les questions de sécurité, voire de défense, mais pour toute notre société, assure Xavier Pasco.

    L’espace, dans lequel on peut désormais envoyer des « touristes », fonctionne comme un miroir de nos ressorts et fonctionnements humains – de nos représentations, aspirations, évolutions… Ne jamais le mettre en perspective ni l’interroger fait gravement défaut à la pensée, savante ou citoyenne.

    Xavier Pasco appelle ainsi à plus de partage sur le sujet. Réflexion collective, débats… : il est temps que les sociétés civiles s’en emparent, puisque, bien qu’elles l’ignorent encore, elles sont bel et bien concernées.

    Le champ des activités humaines dans l’espace n’a jamais connu autant de mutations qu’aujourd’hui, écriviez-vous déjà en 2017 dans Le Nouvel Âge spatial. Et le rythme de ces évolutions n’a cessé de s’accélérer depuis…
    Nous sommes en train de vivre le « New Space », comme on appelle communément ce nouvel âge spatial, dont les débuts remontent en réalité à une vingtaine d’années. Il a non seulement reconfiguré la réalité de l’espace, mais aussi notre relation à lui… même si nous ne commençons que maintenant à prendre la mesure de ces transformations. À ce titre, le New Space constitue un tournant radical, un nouveau chapitre de l’histoire de l’homme dans l’espace.

    Son premier épisode, ou sa genèse, avait été entièrement impulsé et structuré par la guerre froide qui opposa les deux blocs, occidental et communiste, entre les années 1950 et 1980. Aussi émaillée d’exploits qu’elle ait été (avec le premier engin spatial placé en orbite, le premier humain envoyé dans l’espace, les premiers pas de l’homme sur la Lune…), cette épopée mythique s’était soudain retrouvée en panne d’inspiration, une fois la guerre froide terminée.

    Quelle suite inventer, après toutes ces démonstrations de puissance symboliques ? C’est l’arrivée surprise sur la scène de l’espace (qui se révèle être un véritable théâtre où l’espèce humaine projette ses rouages et ses fantasmes) de personnages d’un nouveau genre, au début des années 2000, qui est venue renouveler ce grand récit à l’arrêt. Et en a clairement changé la tonalité.

    Qui sont ces personnages ?
    Des entrepreneurs milliardaires ne manquant ni de moyens financiers ni de visions : en premier lieu Jeff Bezos, le patron d’Amazon, créateur de la société Blue Origin en 2000, et Elon Musk, l’homme le plus riche de la planète, fondateur de Space X en 2002. En faisant développer par leurs sociétés respectives des technologies d’accès à l’espace moins coûteuses, ils ont volé la vedette aux politiques – qui, secondés par leurs agences spatiales gouvernementales, avaient jusque-là la main sur l’espace. Le retour de l’homme sur la Lune, programmé pour 2024 par la Nasa, c’est à ces nouveaux acteurs qu’on le doit !

    s Only Lovers Left Alive
    Dans ce milieu spatial fondamentalement régalien, ils ont importé leurs valeurs : celles du libéralisme, voire du libertarianisme, avec leur individualisme maladif. Soit un tout autre langage, qui s’est mixé avec l’ancien. Car l’intérêt étatique pour l’espace n’a évidemment pas disparu pour autant, s’appuyant même sur ce nouvel essor économique pour en faire un ressort narratif.

    Cette nouvelle donne fait-elle de l’espace un nouveau Far West, comme le disent certains ?
    On peut le dire, d’autant qu’en parallèle le nombre d’États voulant investir l’espace a fait un bond considérable. Au-delà des États-Unis et de la Russie (ainsi bien sûr que de l’Europe, dont l’agence spatiale, l’ESA, fut créée dès 1975), l’Inde, l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Brésil, l’Argentine, le Vietnam… sont à leur tour entrés en scène. Aujourd’hui, on compte quelque quatre-vingts pays ayant au moins un satellite dans l’espace !

    Parmi eux, la Chine s’affirme un acteur de tout premier plan et travaille à la construction de sa propre station spatiale… Les éléments sont en place pour une transposition dans l’espace d’une nouvelle guerre froide, à l’image de celle, larvée, qui oppose sur Terre la Chine et les États-Unis.

    Mais avec une intrigue qui risque fort de se complexifier, car la Russie ne cache pas son désir de coopération stratégique avec l’empire du Milieu… Et ce au moment où la course est désormais ouverte à l’exploitation des ressources spatiales, en particulier les minerais, présentes sur la Lune, impulsée par les entrepreneurs libéraux du New Space.

    Jérémie Clayes pour Télérama
    L’espace serait-il condamné à n’être qu’un lieu de tensions ?
    Jamais la densité de la présence humaine autour de la Terre n’a été aussi forte. Comme si l’enveloppe terrestre avait gagné en épaisseur et que l’espace était devenu une annexe, une banlieue de la Terre. Songez qu’avec cette multiplication des acteurs spatiaux la planète est aujourd’hui cernée par plusieurs milliers de satellites !

    Forcément, cette promiscuité, et l’hyper-présence d’engins tournant en orbite à la vitesse de 28 000 km/h, est en soi explosive : au-delà des risques d’espionnage (certains de ces satellites ont un usage militaire), il suffit que l’un d’entre eux entre en collision avec un autre pour qu’aussitôt les débris générés menacent tous les engins placés sur l’orbite concernée ! On a aussi bien vu la panique qu’a suscitée, le 15 novembre dernier, la destruction par la Russie de l’un de ses satellites usagés 1.

    N’y a-t-il aucune règle du jeu ?
    C’est tout le problème : il n’existe pas de lois dans l’espace. Il y a bien quelques traités internationaux, dont le principal, établi en 1967 (le Traité sur les usages de l’espace extra-atmosphérique), posait les grands principes d’une non-appropriation de l’espace et de son usage pacifique. Mais ces textes ont été rédigés de façon suffisamment floue pour être sujets à interprétation.

    Or, dans un espace à la fois saturé et livré à l’entreprenariat privé, il va bien falloir se décider à entrer dans le détail et légiférer. Ce que s’efforcent de faire les diplomates de l’ONU, depuis des années, mais sans parvenir à se mettre d’accord, car l’espace n’appartient à personne – même si la règle qui y règne désormais est : premier arrivé, premier servi.

    Pour autant, les États n’y font pas non plus n’importe quoi. Leurs moindres décisions les engagent profondément, et ils le savent. D’où ce haut lieu diplomatique qu’est devenu l’espace : on s’observe, on se toise, on s’intimide… mais chacun sait qu’il est condamné à composer avec les autres, dans un milieu fondamentalement hostile à l’homme.

    Quel rôle joue l’Europe dans cette tragi-comédie du New Space ? N’incarne-t-elle pas, a contrario, l’idée de coopération ?
    L’Europe en effet fait entendre une tout autre tonalité : celle de la coopération et de l’intérêt scientifique. À ce titre, elle fait un peu figure de « gardienne de l’espace ». De la Terre, aussi, puisqu’elle a été la première à lancer des programmes d’observation et de suivi de l’environnement terrestre. L’Agence spatiale européenne, l’ESA, est parvenue à tenir cette ligne de conduite progressiste jusqu’à aujourd’hui.

    Elle ne s’en voit pas moins brutalement « challengée » elle aussi par le New Space et ses projets exploratoires pharaoniques. Comment, lorsque l’on dispose d’un budget de fonctionnement de 6,5 milliards d’euros par an, rester compétitif face à une Nasa qui, depuis des décennies, bénéficie d’une somme trois fois plus élevée – et que l’arrivée des acteurs du New Space est venue encore renforcer ? L’Europe n’a cependant pas dit son dernier mot. Elle veut elle aussi participer à l’aventure du retour sur la Lune.

    Le New Space a-t-il définitivement réduit l’espace en un lieu de consommation et de profit ?
    Avec le « tourisme spatial », c’est bien notre société de consommation et notre besoin de divertissement que nous étendons jusque dans l’espace. Jusqu’à la caricature. Ce faisant, ce sont aussi nos modèles sociétaux inégalitaires et notre égoïsme que nous projetons dans l’atmosphère : seuls les ultra-fortunés peuvent aujourd’hui s’offrir une petite virée en apesanteur, ultra carbonée, dans les capsules de Blue Origin. Des dizaines de milliardaires sont déjà sur liste d’attente.

    Face aux inondations, France 2 promeut l’étalement urbain et le tourisme spatial
    Pour autant, cette dernière trouvaille devrait demeurer marginale. Ce qui pourrait en revanche se développer, c’est la création de stations de séjour habitées, en orbite autour de la Terre. Tout comme des stations de ravitaillement en carburant trouveront à coup sûr leur place à la périphérie de la Lune quand une activité industrielle s’y sera développée, des « hôtels » spatiaux vont probablement mailler les pourtours de la Terre dans un futur pas si éloigné. La science-fiction, qui jusqu’à présent a finalement le mieux « pensé » l’espace, sera rejointe par la réalité.

    Peut-être les sciences humaines et sociales s’empareront-elles alors du sujet ?
    Et l’ensemble de nos sociétés. Le New Space rend soudain l’espace accessible, presque « palpable », et les sociétés civiles commencent à s’y projeter – sous l’effet aussi de la conscientisation des bouleversements climatiques sur Terre, que les satellites permettent d’observer.

    On comprend peu à peu que l’espace a une réelle utilité pour notre vie de tous les jours, et c’est bien pour cette raison que des États tels que l’Inde ou le Brésil ont voulu y jouer leur propre partie : leurs satellites leur permettent d’améliorer l’aménagement de leur territoire ou leurs prévisions météorologiques, donc les conditions de vie de leur population.

    Les citoyens eux-mêmes doivent à présent s’emparer de ces questions, dont certaines mériteraient débat. Aux États-Unis, des associations traduisent en justice Elon Musk pour son projet Starlink d’installation de dizaines de milliers de nano-satellites de communication, afin de connecter intégralement la Terre à Internet. Leur motif : l’espace est un bien commun, il relève du patrimoine de l’humanité.

    1 La Russie a détruit, sans prévenir, son vieux satellite Cosmos-1408 par un tir de missile délibéré… ce qui a provoqué la dispersion de centaines de débris, dont certains auraient pu percuter la Station spatiale internationale. Face au risque
    de collision, l’équipage de l’ISS a dû se tenir prêt à quitter la station en catastrophe, jusqu’à ce que le danger soit écarté.

    Xavier Pasco en quatre dates
    1964 Naissance à Nantes
    1994 Thèse sur la décision publique et les programmes spatiaux aux États-Unis (sciences politiques, Paris 1).
    1994 Chercheur associé à l’Université George Washington (Space Policy Institute), États-Unis.
    2016 Directeur de la Fondation pour la recherche stratégique.

    À lire
    Le Nouvel Âge spatial. De la guerre froide au New Space, CNRS éd., 2017, 192 p., 20 €.

    #Espace #Communs

  • Faire face aux attaques réactionnaires contre ceux qui défendent les droits du peuple palestinien
    https://tendanceclaire.org/article.php?id=1897

    La condamnation des crimes de guerre du Hamas ne doit pas faire taire la condamnation des crimes de guerre et du terrorisme d’État israéliens

    Depuis samedi, un clivage s’est artificiellement instauré au sein du champ politique entre d’un côté la condamnation absolue des terroristes du Hamas et de l’autre la défense de la résistance palestinienne face à l’oppression coloniale israélienne. La possibilité même d’un discours complexe semble absolument remise en cause : on n’aurait plus le droit de distinguer le soutien de principe à la lutte du peuple palestinien et les méthodes concrètement mises en œuvre par le Hamas au cours de son attaque, ou encore d’articuler une condamnation des crimes perpétrés à l’encontre de la population civile et le rappel du contexte d’oppression dans lequel l’attaque du week-end dernier s’inscrit. Il n’y aurait plus de place que pour deux attitudes :

    1- La condamnation de l’attaque terroriste du Hamas, à laquelle devrait finalement se réduire tout discours sur les événements récents. Aller plus loin serait au mieux esquiver le seul sujet légitime, au pire être déjà complice des crimes de guerre commis (rafles et massacres de civils, etc.). Dans le meilleur des cas, une telle posture conduit à se taire ou à regretter abstraitement, comme si c’était secondaire, la répression féroce et meurtrière qui commence déjà à s’abattre sur les Palestinien-ne-s ; dans le pire, à justifier par extension l’écrasement de Gaza, l’une des dernières poches de résistance à la colonisation israélienne. C’est la posture de l’ensemble de l’extrême droite, de la droite et du camp macroniste, mais aussi, de façon plus inquiétante encore, de toute une partie de la NUPES.

    2- La défense du droit de résistance des Palestinien-ne-s qui, même formulée en des termes timides, se trouve aussitôt assimilée à une apologie du Hamas. Toutes les tentatives de mise en perspective des événements avec le contexte colonial de la Palestine, les droits du peuple palestinien à se défendre en tant que peuple opprimé, etc., tendent à être criminalisées. Le NPA, pour avoir exprimé un soutien de principe à la résistance, y compris par des moyens violents, d’un peuple lui-même soumis par des moyens violents à l’oppression coloniale, est attaqué pour apologie du terrorisme – quand bien même, dans un communiqué, il dénonce à juste titre « les tueries de civils menées par le Hamas » et rappelle que « le projet politique et idéologique, la stratégie et les moyens de lutte du Hamas ne sont pas ceux du NPA ». La FI, qui n’a même jamais soutenu la lutte armée mais qui appelle au contraire, de façon abstraite, à ce que toutes les violences cessent immédiatement de part et d’autre, est elle-même accusée de soutenir le terrorisme islamiste pour avoir seulement refusé de s’en tenir à un discours de condamnation et avoir rappelé que les violences devaient nécessairement être rapportées à la situation coloniale.

    De jours en jours, la structuration de « l’arc républicain »

    Le véritable clivage passe donc en dernière instance entre le soutien indéfectible à Israël d’une part et le soutien à la cause palestinienne d’autre part. Et ce dernier, même dans ses versions les plus modérées ou pacifistes, devient coupable, dans la mesure où l’horreur des exactions commises sur des civils nécessite une condamnation, non seulement de ses exactions elles-mêmes, mais de toute défense armée contre le colonialisme israélien. La seule condamnation s’impose comme le terme phare pour voir qui est du bon côté, c’est-à-dire qui est dans l’arc républicain étendu actuellement du Rassemblement National jusqu’au Parti Communiste Français. Qui cherche à distinguer entre condamnation des méthodes du Hamas et condamnation de la défense palestinienne contre l’armée israélienne, est forcément complice. À l’inverse, qui condamne (dans l’absolu) est forcément du côté des justes. Il devient dès lors possible, par exemple, d’exprimer sa solidarité avec Israël dans la rue, alors que les rassemblements de soutien au peuple palestinien et à Gaza (et non pas des manifestations de soutien au Hamas) sont interdits. Est-ce alors vraiment la condamnation des crimes de guerre du Hamas que l’on attend, ou le soutien à l’État d’Israël, qui pourtant n’a cessé de commettre des crimes de guerre depuis sa fondation ? D’ailleurs, les députés du RN sont désormais acceptés aux rassemblements du CRIF, comme celui qui a eu lieu lundi soir (où se sont retrouvés les cadres de la majorité mais aussi Nicolas Sarkozy, Manuel Valls ou encore Éric Zemmour), alors qu’en 2018 encore ils avaient été sifflés : le soutien à Israël vaut semble-t-il inscription dans « l’arc républicain ». Ainsi le député de LR intime de Netanyahou, Meyer Habib, considère-t-il maintenant que « le RN […], à la différence de certains, est rentré dans le camp républicain »[1].

    Comme c’est en expulsant qu’il se construit, le champ médiatico-politique identifie les ennemis de l’intérieur en les sommant de s’expliquer, de se justifier, puis de condamner. Lorsque l’ennemi ne cède pas, on peut donc le cibler, le calomnier puis l’exclure. Par exemple, la journaliste politique Nathalie Saint-Cricq fait dire à Jean-Luc Mélenchon que les Israéliens « l’ont bien cherché »[2]. L’éditorial du Monde, en posant la question de ce que cherche Jean-Luc Mélenchon, se demande s’il cherche « à encourager l’antisémitisme ? à cautionner le terrorisme islamiste ? »[3]. Caroline Fourest, qui a une plume et un micro dans à peu près toutes les rédactions de France, considère que « Révolution Permanente déclare sa flamme au Hamas, jouissant du spectacle d’enfants tués, de femmes violées, d’humains assassinés en raison de leur religion. »[4]. Enfin, Aziz Skalli, élu à la mairie de Bordeaux et dirigeant du parti présidentiel en Gironde « connaît le nom du porte parole du Hamas en France, Monsieur Philippe Poutou ! »[5].

    À l’Assemblée, Borne et d’autres considèrent, sans nommer explicitement la FI mais sans laisser de doute, qu’il y a comme une « complaisance aveugle » et une « ambiguïté coupable » avec le Hamas. Marine Le Pen déclare que « ceux qui soutiennent l’insoutenable, l’excuse ou le relativisent, et dont certains siègent sur ces bancs, attentent aux valeurs humaines »[6]. La boucle est bouclée. Ce qui permet au sénateur LR Stéphane Le Rudulier de demander la dissolution de la France Insoumise et du NPA (qu’il considère comme « la cinquième colonne antisémite »), ce dernier étant aussi visé par une plainte pour « apologie du terrorisme »[7].

    Mettre fin à la NUPES, resserrer les rangs

    Les menaces en dissolution, quand elles sont adressées à un parti de quelques centaines de militant-e-s comme le NPA, sont graves et inquiétantes ; mais la dérive autoritaire de la France apparaît encore d’une autre nature, proprement alarmante, quand le camp réactionnaire n’hésite plus à envisager la dissolution d’un parti comme la FI. Objectivement, quoique cela se fasse sur des bases réformistes, la France Insoumise est la première opposition à Macron, celle avec la base et la force de frappe la plus forte. Cible de toutes les attaques depuis son arrivée en masse dans l’hémicycle, la FI incarne l’opposition de gauche à Macron mais aussi au discours dominant sur presque tous les sujets. Tous les moyens sont bons pour discréditer l’organisation et en particulier ses éléments les plus combatifs, c’est-à-dire Mélenchon, Panot, Bompart, Obono ou encore Boyard. La pression immense exercée sur elles et eux porte parfois ses fruits (comme lorsque Bompart prend ses distances avec le communiqué du groupe parlementaire) et permet à rebours de mettre en avant l’aile de moins en moins radicale de l’organisation, c’est-à-dire Ruffin, Autain ou encore Corbière. L’objectif, pour la macronie et la droite en général, est de cliver d’une part la NUPES en en détachant la droite (le PS, EELV et le PCF), mais aussi de cliver au sein de la FI elle-même pour l’affaiblir autant que possible.

    Pourtant, comme le souligne Libération, « malgré ces vives tensions, les élu-e-s de gauche ne semblent pas encore vouloir enterrer la NUPES ». Évidemment, aucun des apparatchiks électoralement sauvés par la NUPES ne veut porter le poids de la division. Ils savent pertinemment que, sans la NUPES, ils ne sont rien, et seront inexistants en 2027. En bons parasites, ils s’accrochent tant qu’ils le peuvent à la carcasse, n’hésitent pas à se nourrir de son sang et à y injecter du fiel, mais refusent de partir d’eux-mêmes. Ils attendent que la FI prenne elle-même la responsabilité d’une telle décision.

    Or la direction de la FI ne souhaite pas non plus prendre cette initiative : les volontés « d’union de la gauche » sont trop ancrées, trop fortes de symboles pour que ses dirigeant-e-s soit prêt-e-s à endosser le costume du traître. Il y a quelques semaines encore, Mélenchon lui-même continuait d’appeler à l’union, tout comme les jeunes de la NUPES. Mais les illusions ne vont pas pouvoir durer longtemps : sur la quasi-totalité des sujets, les différentes composantes de la NPUES sont en désaccord. Cela ne cesse de s’approfondir à mesure de l’affermissement de l’autoritarisme macroniste, de la structuration de l’arc républicain et enfin des crises internationales successives. La FI doit être capable de se dégager du boulet que représentent les parasites qu’elle a sauvés alors qu’elle aurait dû les laisser disparaître. L’organisation doit changer de nature, prendre la forme d’un vrai parti politique, acceptant les différentes sensibilités mais regroupé dans le combat et porteur d’un signal clair de rupture (fût-ce, malheureusement, sur un mode réformiste), pour attirer des branches significatives de la jeunesse et du monde du travail. C’est dans cette configuration qu’elle pourra réellement faire face aux pressions et aux attaques exercées contre elle, en particulier par la droite et l’extrême droite.

    Dans ce contexte, nous apportons notre soutien à la France Insoumise au cœur de la tempête, de même que nous faisons cause commune avec les organisations visées par l’ensemble des représentants de « l’arc républicain » : le NPA, Révolution Permanente, le Parti des Indigènes de la République, la Jeune Garde. Toutes les tentatives de criminalisation des discours oppositionnels doivent être combattues sans la moindre réserve. Nous appelons les directions syndicales, en particulier celles des organisations progressistes, à se mobiliser contre les intimidations et les menaces à l’encontre de ces organisations politiques. L’histoire nous montre que, quand des partis d’opposition sont supprimés, le tour des syndicats est proche. La situation exige de faire front, de refuser le chantage et de se battre pour la pluralité politique.

    L’instrumentalisation des crimes de guerre effectivement commis par le Hamas, et qui doivent être dénoncés comme tels, ne doit pas nous faire perdre de vue l’essentiel : nous soutenons la résistance du peuple palestinien et son droit à disposer de lui-même. Nous dénonçons le blocus et le bombardement de Gaza, où près de deux millions de personnes (hommes, femmes et enfants) sont privées d’eau, d’électricité, d’aide alimentaire et bientôt de soins de première nécessité : il s’agit là aussi de crimes de guerre, dont l’ampleur dépasse déjà ceux du Hamas. Nous redoutons les suites bien pires encore que le gouvernement Netanyahou annonce vouloir donner à l’attaque du Hamas, dont tou-te-s les Palestinien-ne-s seront victimes. Nous combattons l’escalade meurtrière : il faut une grande mobilisation contre le terrorisme d’État israélien.

    Jusqu’au bout, nous affirmerons : Palestine vivra, Palestine vaincra !