• Contre la politique de maintien de l’ordre en ligne
    https://www.laquadrature.net/2020/12/21/contre-la-politique-de-maintien-de-lordre-en-ligne

    La censure, première arme de maintien de l’ordre sur internet

    Depuis la création d’Internet, il semble que nos gouvernants n’aient eu de cesse de le présenter comme un « espace de non-droit » qu’il faudrait au plus vite « re-civiliser », y rétablir l’ordre. Si l’année 2000 a d’abord vu apparaître un statut européen protecteur des hébergeurs, préservant ces derniers de toute obligation de contrôle actif des contenus publiés sur leurs infrastructures sauf à « retirer promptement un contenu manifestement illicite qui leur aurait été désigné », différentes lois se sont enchaînées depuis pour renforcer la censure d’État.

    La police est ainsi la première entité à bénéficier d’un très fort pouvoir de censure au prétexte de lutter contre le « terrorisme ». Lorsque la police demande à ce qu’un contenu soit censuré, elle s’adresse directement à l’hébergeur. Aucun juge n’intervient alors à ce stade et la police est la seule à décider de la nature d’un contenu qu’elle veut faire censurer, sur la base d’une notion de « terrorisme » particulièrement large, floue et sujette à l’arbitraire. Le seul recours offert est la contestation devant les tribunaux de la demande de censure mais cette possibilité est dérisoire : le juge arrive après la demande de la police, des mois voire des années plus tard. Ce mécanisme, dans lequel le juge n’intervient qu’en cas de contestation, prive les hébergeurs de toute marge de manœuvre quant à ces demandes, et les place dans une position de faiblesse. De l’autre coté, ce système offre à la police de vastes capacités d’abus et de censures politiques.