Début 77, Christian monte un groupe punk avec ses potes Jacques et Pierre. Suite à diverses petites annonces, André est recruté et insuffle à la formation son nom : Les Privés. André vient tout juste de quitter le groupe punk parisien Gazoline (avec qui il a enregistré le single Killer man / Radio flic) et d’acheter pour une bouchée de pain une double batterie Ludwig avec un jeu complet de cymbales à... Cerrone !
Tous les membres du groupe viennent de la banlieue Sud Est de Paris, soit les communes de Limeil-Brévannes, Boissy-Saint-Léger et Mandres-les-Roses. La commune de Limeil-Brévannes, a toujours su fournir aux musiciens la salle de répétition indispensable à leur développement par l’intermédiaire de la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) municipale ; ce qu’elle avait déjà fait pour les groupes Virgule et Solitude au début des 70’s.
Hiver 77, Les Privés commencent à répéter dans un vieux bâtiment du stade municipal de la ville, vétuste et isolé au milieu d’un terrain vague à la lisière de la ville, un endroit idéal pour pousser à fond les amplis à lampes. Vu la propension du guitariste-chanteur à collectionner les amplis et les guitares les plus rares et un certain dandysme vestimentaire du bassiste, ce lieu de répétition et de création deviendra également un lieu d’attraction pour la gent féminine et in fine le lieu du tournage de scènes live du film « La Brune et Moi ».
Début 78, les premiers concerts ont lieu à Combs-la-Ville, puis Boissy-Saint-Léger, et ensuite à Limeil-Brévannes où le groupe dépassait déjà en nombre de spectateurs les performances d’un chanteur pop tel Bernard Lavilliers, avec plus de 600 places payantes. A la fin des concerts, en back stage, le bassiste aimait remplir et exhiber sa valise de guitare basse pleine des billets de banque de la recette du jour.
Au cours de l’année 1978, vinrent les salles phares de Paris : Le Gibus (nombreuses dates), La Péniche, les universités de Chatou, puis de Poissy avec Téléphone, Starshooter, Jacques Higelin..., de Vincennes avec Higelin de nouveau... Au Gibus, le groupe joue tellement fort qu’il manque de se faire virer. A Poissy, lors d’un concert de soutien aux usines Pathé Marconi en grève pour restructuration, la batte de grosse caisse traverse et déchire la peau de la grosse caisse dès les premiers riffs de guitare. Devant plus de 5000 spectateurs. Le batteur improvise alors avec la complicité du bassiste un swing dans le style « Stray Cats », uniquement à la caisse claire.
Fin 78, le réalisateur de film Philippe Puicouyoul, rencontré lors d’un concert à Paris, propose à Christian de jouer avec son groupe dans un film sur le mouvement punk en incorporant au chant Anouschka, alors petite amie de Pierre-Jean Cayatte, bassiste de Gazoline, groupe disloqué depuis peu. Les Privés se retrouveront au cœur de « La Brune et Moi » dans lequel joue Pierre Clémenti et apparaissent d’autres groupes emblématiques de l’époque : les Dogs, Edith Nylon, Ici Paris, Marquis de Sade, Taxi Girl, etc.
Début 79, WEA remarque le groupe et lui propose l’enregistrement d’une maquette pour tester son potentiel commercial. Cette maquette de deux titres, Banlieue moderne / Haute sécurité, restera sans suite.
Fin 79, André quitte le groupe et est remplacé par Eric Péron, le batteur de Standing.
Le groupe se sépare définitivement peu de temps après. Durant ces trois années d’existence, une quarantaine de morceaux auront été composés et interprétés sur scène en alternance avec quelques reprises (New York Dolls, J. Kidd, The Clash).