• Jean-Marie Le Pen dissout ses micropartis
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/12/24/jean-marie-le-pen-dissout-ses-micropartis_6064404_823448.html

    Jean-Marie Le Pen a engagé la dissolution de Cotelec et Promelec, deux micropartis qui ont servi au financement des campagnes électorales de l’extrême droite pendant près de trente ans. Le signe d’un retrait des affaires politiques, mais également du durcissement des règles de financement électoral.

    Depuis sa création, en 1991, Cotelec (pour « cotisation électorale ») était au cœur du financement des campagnes du Front national. Fin 2013, Jean-Marie Le Pen y a associé une seconde association, Promelec. Ces deux micropartis fonctionnaient comme des banques pour les campagnes du FN : ils prêtaient de l’argent aux candidats RN, souvent à des taux importants (entre 5,5 % et 6,5 %). Pour se financer, Cotelec et Promelec empruntaient de l’argent à des sympathisants, voire au FN lui-même, mais à des taux moins importants (3 %).

    Les candidats frontistes, qui dépassent presque toujours le seuil de 5 % des voix, étaient quasi certains d’être remboursés par l’Etat. Cotelec gardait donc près de 3 % de marge sur chaque prêt. Un mécanisme rentable, qui a permis à Cotelec de survivre depuis 1991. Et à Jean-Marie Le Pen de garder la main sur le financement des campagnes, même après avoir été exclu du Front national, son microparti étant indépendant.

    Mais le mécanisme s’est progressivement grippé. Certains candidats n’ont pas remboursé Cotelec qui, fin 2018, traînait des dettes de dix ans. Le Rassemblement national (RN) lui-même a longtemps été dans l’incapacité de rembourser 4,3 millions d’euros accordés par Cotelec pour la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2017. Pour obtenir satisfaction, Jean-Marie Le Pen a dû demander sa créance directement auprès du ministère de l’intérieur, en la prélevant sur les 5,2 millions de financement public annuel que touche le RN. Une fois ce versement effectué au printemps, Cotelec a pu rembourser ses multiples créanciers, avant le 30 juin.

    Car, pour prêter, Cotelec empruntait beaucoup : fin 2018, il y avait pour plus de 5 millions d’euros d’emprunts. Près de la moitié de la somme (2,3 millions) était répartie entre 448 personnes physiques, qui prêtaient à 3 % d’intérêt autant par militantisme que par « confiance en Jean-Marie Le Pen et en sa signature », selon l’entourage de l’ancien leader du Front.

    Changement de réglementation
    Mais 2 millions d’euros provenaient d’un emprunt de 2014 auprès d’une société chypriote, Vernonsia Holdings Ltd, obtenu grâce à un oligarque russe, Konstantin Malofeev. Fin 2018, Cotelec devait également 79 000 euros à des fédérations départementales du RN et 600 000 euros à la SCI Clergerie Hugo, une société civile immobilière détenue à 90 % par le RN, qui possédait l’argent de la vente du siège du FN.
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