Du libéralisme autoritaire, Carl Schmitt, Hermann Heller, Traduction de l’allemand, présentation et notes de Grégoire Chamayou
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La stratégie fondamentale du libéralisme autoritaire se résume ainsi : procéder à une « désétatisation de l’économie » et à un « retrait de l’État […] hors de la politique sociale » par le biais d’une « étatisation dictatoriale » du champ politique
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Le changement de cap ne s’effectua qu’à l’été 1932, quand le chancelier Papen prit une série de mesures économiques conformes aux vœux des néolibéraux. Outre un programme limité d’investissement public, notamment dans l’infrastructure routière, le « plan Papen » comprenait, dans le droit-fil des recommandations de Hanns-Joachim Rüstow, un dispositif de « bons fiscaux » [Steuergutscheine] pour les entreprises et de réduction des salaires pour les nouveaux embauchés. Ce fut, indiquait Röpke, « la première grande tentative d’administrer une “impulsion initiale” à grande échelle – ceci dans le but avoué d’une expansion plutôt que d’une restriction » du crédit.
Or, ce nouveau programme économique, Papen l’annonçait en même temps qu’il martelait un impératif de discipline sociale et glorifiait un État « fort » et « autoritaire ». C’est là un point capital : la politique de relance que ne voulait pas enclencher Brüning de peur d’attiser la combativité ouvrière, les néolibéraux pensaient qu’elle pouvait être mise en œuvre à la condition de cadenasser le champ de la conflictualité sociale et politique. Dans cette perspective, on ne peut rouvrir les vannes de la dépense publique et du crédit qu’à la condition d’écraser la lutte des classes sous un talon de fer.
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