Sur cuicui encore, un point de vue critique par une personne concernée : homme, blanc, ouvrier, anticapitaliste, révolutionnaire... et pas mal vénère par l’article lui aussi : il revient en particulier sur tout le taf de convergence et massification qu’a fait le collectif la vérité pour Adama :
▻https://twitter.com/GaetanGracia/status/1346864633311875072 + libéré-archivé : ▻https://archive.vn/HtrfV
Je me permets de réagir à l’article de Beaud et Noiriel, problématique à plus d’un titre, sur la soi-disant « impasse des politiques identitaires »
Je ne suis ni chercheur, ni sociologue.
Ni un « intellectuel » (même si je suis pour combattre la division travail manuel/intellectuel).
Mais un homme, blanc, ouvrier dans l’industrie (et selon les auteurs, je serais un peu invisibilisé par tous ces antiracistes mdr...)
J’ai pas creusé tous les débats qui existent avec eux (j’ai vu quelques réactions ici ou là), mais je donne ma vision notamment sur le problème de stratégie que pose ce texte
Avant de parler stratégie, je trouve que même dans l’analyse, c’est n’importe quoi. Je rejoins Norman Ajari quand il dit que, sur la question antiraciste, ces gens se croient permis de dire n’importe quoi...
(cf sa réponse ici : ►https://blogs.mediapart.fr/norman-ajari/blog/040121/impasses-du-reductionnisme-de-classe-sur-un-texte-de-beaud-et-noirie )
Par exemple, sur les réseaux sociaux, ils expliquent que les RS empêchent « l’analyse raisonnée des problèmes sociaux » (qui forcément mènerait à une analyse de classe), et nous poussent plutôt à « réagir instantanément et instinctivement » (ce qui ... favoriserait la mise en avant de la question raciale).
Car voyez-vous le racisme serait un sujet plus apte à « mobiliser les émotions »...
Pourtant, les RS ont en un sens « permis » l’émergence et l’expression d’un mouvement comme les GJ, qui a mis à l’ordre du jour la question sociale.
(Sur le rapport entre GJ et RS, un chapitre très intéressant dans ce texte de Kouvelakis : ▻https://contretemps.eu/gilets-jaunes-urgence-acte-kouvelakis )
Sur la question stratégique mnt.
Déjà, il faut voir de quoi on parle. Je revendique une stratégie révolutionnaire contre le capitalisme. Je parle de ce point de vue là.
Je revendique une « centralité de la classe ouvrière », qui pourtant n’a absolument rien à voir avec ce texte
On vise à une convergence des luttes, une politique d’alliances dans la lutte, et qui ne soit pas que la somme des mouvements les uns à côté des autres, mais articulés autour d’une perspective de classe, contre le capitalisme, contre la division des mouvements sociaux.
Pour penser l’alliance stratégique classe/race, il faudrait d’abord « combattre l’enfermement identitaire » disent N&B
Déjà, il me semble que tout 1er pas dans une lutte nécessite de se reconnaitre en tant qu’opprimés, et que le mouvement antiraciste qui émerge est donc un ... grand pas en avant, pour les racisés, mais pour la lutte de classe dans son ensemble.
2) Le facteur le + retardataire pour une alliance entre mouvement ouvrier et antiracisme a été de loin le mouvement ouvrier lui-même.
Les directions syndicales et politiques de gauche ont quand même des années de cécité et/ou trahison à leur actif (un exemple parmi d’autres :
2005 —> ▻https://revolutionpermanente.fr/L-explosion-a-venir-Dix-ans-apres-la-revolte-des-banlieues)
Le rôle des révolutionnaires doit être de combattre durement dans la classe ouvrière tous les préjugés racistes, de faire sentir ... aux prolos blancs ce qu’est l’oppression raciste.
Dans ce contexte, en France en 2021, on a BEAUCOUP de chance d’avoir le mouvement antiraciste qu’on a !
Franchement, les auteurs ne pouvaient pas choisir pire moment pour leur thèse qu’aujourd’hui !
Ils parlent du ... mouvement antiraciste après la mort de Georges Floyd pour se plaindre de « l’enfermement identitaire » et du manque d’alliance.
Hum, le moment est mal choisi 1) Le comité @laveritepradama
a été le fer de lance de grandes mobilisations suite à ce meurtre, dont une de + de 100.000 personnes place de la République.
Manifs où, comme aux US, une des particularités était de rassembler bcp de jeunes, racisés ET non-racisés !
2) Le comité Adama, qui est devenu un acteur absolument central du mouvement antiraciste fr., se bat depuis 4 ans pour une stratégie d’alliance (cf son rôle dans les GJ par exemple, où on a défendu ensemble le « pôle Saint-Lazare », militants de quartiers et ouvriers convergeant avec les manifs GJ).
@Youbrak passe son temps, dans différents débats, à défendre cette ligne, je pense qu’il faut être aveugle pour ne pas le voir... C’est pour ça que je dis qu’on a de la chance, vu la situation politique dont la jeune génération de révolutionnaire a hérité, d’avoir un tel antiracisme, qui n’a aucune leçon a recevoir d’universitaires qui ne prennent même pas la peine de creuser un peu...
J’ai déjà fait archi-long, mais je vous mets ici comment Trotsky abordait la « question noire », expliquant que les ouvriers blancs doivent défendre les droits des noirs, y compris à avoir un Etat séparé si c’est leur revendication : ▻https://www.revolutionpermanente.fr/La-question-noire-aux-US-Relire-Trotsky-a-l-ere-du-Covid
Si j’avais le temps, j’essaierai de creuser un peu dans un article, mais je l’ai pas là :/