• Livreurs à vélo : « On ne va pas se féliciter qu’un employeur respecte le code du travail »
    https://www.liberation.fr/france/2021/01/31/livreurs-a-velo-on-ne-va-pas-se-feliciter-qu-un-employeur-respecte-le-cod

    Just Eat France, filiale du géant mondial Takeaway.com, a annoncé dimanche le lancement de sa flotte parisienne de coursiers en CDI. Une annonce qui ne convainc pas totalement Ludovic Rioux, syndicat CGT. Effet d’annonce ou réel signal positif pour le secteur très précaire des livreurs à vélo ? Dans le Journal du dimanche, Just Eat France, filiale du leader mondial de la restauration livrée Takeaway.com, officialise le lancement de son équipe de livreurs à Paris. Inédit dans le secteur, et pourtant (...)

    #JustEat #GigEconomy #travail #CGT

  • Mais pourquoi donc faut-il sauver le soldat Blanquer ?
    Par Christian Lehmann, médecin et écrivain
    https://www.liberation.fr/france/2021/01/31/mais-pourquoi-faut-il-sauver-le-soldat-blanquer_1818888

    Le coût social et psychique du confinement est énorme, nous dit-on. Ces explications pourraient être entendues si le gouvernement et son administration faisaient tout pour éviter d’en arriver là. Mais un an après le démarrage de cette pandémie, nous sommes toujours à la traîne : les tests salivaires ne sont pas autorisés en France, le traçage est réduit à sa plus simple expression, les informations sur l’aérosolisation sont à peine évoquées. Et rien n’est fait dans le secteur scolaire pour sécuriser les établissements : ni autotests ni information claire aux familles ni consignes d’aération cohérente ni protocole adapté. Il a fallu ferrailler pendant des mois pour obtenir de masquer les élèves pour les protéger ainsi que les personnels, mais Jean-Michel Blanquer s’entête à inventer un monde merveilleux dans lequel son protocole sanitaire de Schrödinger, qui empile des mesures floues à mettre en place « dans la mesure du possible », règle le problème. Arc-bouté sur des sociétés savantes de pédiatrie incapables de se dédire, le ministre laisse flamber l’épidémie et feint de croire que ceux qui alertent sont des ayatollahs inhumains inconscients du risque éducatif pour les enfants.

    On ne reconfinera pas tout de suite, mais Emmanuel Macron choisira probablement la fin de la semaine, qui correspond, oh quel hasard, au début des vacances scolaires. Manière de continuer à prétendre que les établissements scolaires ne participent en rien à la diffusion de l’épidémie. J’en viens à me demander quelles vidéos compromettantes possède le ministre, et pourquoi il est si important de sauver le Soldat Blanquer et la réalité alternative dans laquelle il semble vivre.

    Une semaine après une nouvelle journée de grève des personnels, Ariane Deboise, 47 ans, professeure des écoles à Ivry-sur-Seine et représentante syndicale, a voulu témoigner de ce qui se passe en milieu scolaire :

    « C’est écrit noir sur blanc dans le protocole sanitaire : les enfants à l’école primaire ne sont jamais considérés comme cas contacts. Une amie reçoit un mot dans le carnet de liaison de sa fille. " Il nous a été signalé un cas confirmé de Covid-19 au sein de la classe. Votre enfant n’est pas identifié, à ce stade, comme contact à risque." "C’est une blague ?, me demande-t-elle. Ma fille est en moyenne section, ils ne portent pas de masques, ils passent leur temps à léchouiller des trucs et à se léchouiller les uns les autres, malgré tous les efforts de la maîtresse. Comment peut-elle ne pas être cas contact ? C’est une blague ? " »

    « Non, ce n’est pas une blague. Le Haut Conseil de Santé publique estime "qu’il n’y a pas lieu de considérer comme contact à risque un enfant de moins de 11 ans ayant eu un contact avec un adulte testé positivement Covid-19 qui porte un masque grand public de catégorie 1 (comme ceux fournis par le ministère de l’Éducation nationale, ndlr), ni un autre enfant de moins de 11 ans testé positivement Covid-19, bien qu’il ne porte pas de masque ». Le HCSP souligne en effet dans cet avis que "les enfants jeunes sont peu à risque de forme grave et peu actifs dans la chaîne de transmission du Sars-CoV-2". Circulez, il n’y a rien à voir. "En conséquence, dans le premier degré […] l’apparition d’un cas confirmé parmi les élèves n’implique pas que les autres élèves de la classe soient identifiés comme contacts à risque."

    « Cette mauvaise blague a été réitérée à l’envi dans la plupart des écoles de France, et ce courrier reçu est une déclinaison d’un courrier type proposé par notre hiérarchie. J’explique à mon amie les alertes que nos syndicats lancent depuis des mois maintenant. Mais la priorité c’est de laisser les écoles ouvertes, à n’importe quel prix, alors que parfois la moitié d’une équipe d’encadrants est positive. Les parents se débrouillent comme ils peuvent, en prenant une journée, ou en faisant garder leurs enfants, pour ne pas surcharger les classes qui restent ouvertes, sans aucun justificatif pour s’absenter de leur emploi, puisque l’établissement reste ouvert et prétendument en capacité d’accueillir.
    « Découragés »

    « L’absence de traçage dans les écoles n’est pas le fait d’une absence de moyens, mais bien d’une décision politique. Dans l’école où je travaille, nous nous étions organisés depuis la rentrée de septembre : les enfants mangeaient à la même table, les animateurs notaient les tablées quand il y avait des modifications, nous faisions respecter la distance en sport, et, en gros, nous aurions pu tracer les contacts des enfants, avec une petite marge d’erreur peut-être, mais disons de manière globalement satisfaisante. Travail important, contraignant pour les enfants comme pour les adultes qui les encadrent. Arrive le premier cas positif… pas de traçage. Le deuxième ? Pas de traçage non plus. Les suivants ? Idem. Nous nous sommes découragés. A quoi bon ? Après tout, peut-être avaient-ils raison, les enfants étaient peut-être très peu contaminants, c’est le discours martelé par les pédiatres après tout, pourquoi être plus royalistes que le roi… Et pourtant nous étions nombreux à être mal à l’aise vis-à-vis des familles. C’est l’étrange méthode Coué de Blanquer : répéter comme un mantra que l’école n’est pas un lieu de contamination, quitte à tordre les chiffres dans tous les sens, et à évacuer ceux qui gênent, ne nous convainquait guère.

    « La blague était déjà mauvaise, elle devient sinistre. La présence des variants anglais et sud-africains sur notre territoire et les déclarations d’Alain Fischer, le monsieur Vaccin du gouvernement, sur la nécessité de vacciner les enfants, n’ont rien fait bouger du côté du ministère. Plus de sport en intérieur, certaines règles optionnelles pour la restauration devenues obligatoires, soit. Mais le traçage ? Rien n’a changé. Même pas a minima une information claire envers les familles.
    A vomir

    « Mon amie a une oreille attentive, alors je raconte. Je raconte les appels affolés lors de nos permanences syndicales, la colère des collègues, le surnom donné à l’un de nos permanents syndicaux, Clusterboy, je lui lis ce message, reçu dans la journée : "Je suis positive depuis jeudi dernier. Ma directrice a appelé l’inspectrice qui lui a dit que j’étais irresponsable. Pourtant je me dévoue corps et âme à mon métier, nous avons une maîtresse absente depuis fin décembre, nous récupérons ses élèves et nous montons parfois à 40 dans ma classe. Un des élèves répartis dans ma classe était positif au Covid. Depuis vendredi, trois enseignantes sont positives ou cas contact. Le directeur du centre de loisir est positif, ainsi que trois animateurs et deux ATSEM. Le maire souhaite fermer l’école, mais l’inspectrice toujours pas. Le mot d’ordre, c’est se taire, ne pas fermer les écoles pour ne pas faire exploser les chiffres. La santé, ils s’en foutent. C’est à vomir. " »

    « Je raconte aussi le cas de cette enseignante, qui reçoit un SMS de l’assurance maladie lui demandant de s’isoler, mais qui ne s’isole pas et assure la classe, parce que du point de vue du médecin de l’éducation nationale et de notre inspecteur, le risque de contamination, sur son lieu de travail, n’est pas avéré. Ce n’est pas, me confirme mon inspecteur en audience syndicale, à la caisse nationale d’assurance maladie de déterminer qui est cas contact dans les écoles : nous dépendons de la cellule dédiée à l’inspection académique. Dommage que le virus ne soit pas au courant.
    Deux règles

    « Et comme nous travaillons avec des personnels municipaux ou des intervenants extérieurs, deux règles, la règle commune et celle de notre administration, se heurtent parfois. Cette administration est, en quelque sorte, juge et partie. Comment lui faire confiance ? En pratique, les enseignants vont se faire tester, même lorsqu’on leur dit qu’ils ne sont pas cas contacts. Ils savent bien que dans la plupart des écoles, nous mangeons ensemble… à distance, certes, mais pas toujours, et pas toujours dans des pièces aérées. De nouvelles consignes sont tombées récemment : elles nous enjoignent à manger en quinconce, à plus de deux mètres d’écart, et en moins de 15 minutes, fenêtres ouvertes – ou, à défaut, dans nos classes. Je ne les remets pas en cause, elles sont sans doute justifiées. Reste à espérer que par la magie de l’effet performatif de la note de service, elles ne permettent pas d’évacuer tout bonnement la question des cas contacts entre enseignants – puisque nous ne sommes pas supposés, par définition, les enfreindre.

    « Comme le signale le SNUIPP-FSU, le syndicat majoritaire dans le premier degré, dans un courrier au ministre de la Santé : "A l’heure actuelle, l’éviction et l’isolement des personnels qui ont été en contact avec un cas positif reposent sur les instructions des autorités locales de l’éducation qui ont aussi à charge d’assurer la continuité du service. Cela peut se traduire parfois par des refus de placement à l’isolement, ce qui est en totale contradiction avec la stratégie nationale relative à la rupture des chaînes de contamination… Les règles de cas contacts au sein de l’Éducation nationale doivent être les mêmes que dans le reste de la société. "

    « Alors oui, tracer les enfants, cela signifierait fermer la classe pour une semaine dans une école maternelle. Personne ne le souhaite. Mieux tracer les cas contacts entre adultes, en prenant en compte la réalité de la vie des personnels, par une autorité de santé indépendante, ferait fermer des classes. Beaucoup, sans doute, et cela pèserait sur l’ensemble de la société. Mais à Noël, dans ma chambre, en tête à tête avec ma part de bûche et le résultat positif de mon test, face à la pile de livres dont, positive asymptomatique, j’allais profiter pendant une semaine de paresse forcée, je me suis demandée jusqu’où ce virus invisible, qui avait transité par moi à mon insu, sans doute depuis l’école, avait diffusé parmi ces gens que je vois tous les jours dans le quartier, qui il allait heurter de plein fouet, et quels deuils il allait peut-être engendrer. »

    Christian Lehmann médecin et écrivain

    • @marielle —> l’article complet si jamais.

      Confinement repoussé : l’histoire secrète de la décision surprise de Macron

      Malgré la forte menace de rebond épidémique, le chef de l’État espère encore pouvoir éviter de mettre à nouveau le pays sous cloche.

      Ça va faire juste. Il est déjà 19 h 30 vendredi soir lorsque le Conseil de défense s’achève. Il faut prévenir les Français. Leur expliquer ce que le président de la République a décidé au terme d’une semaine de suspense sur l’instauration d’un troisième confinement. La menace d’un rebond de l’épidémie de Covid-19 est forte, surtout depuis l’apparition de mutants du virus, plus contagieux, peut-être même plus dangereux. Le pays s’attend au pire.

      Jean Castex n’a que très peu de temps pour rédiger sa déclaration. Surtout s’il veut avoir une chance « d’accrocher les 20 heures » - selon l’expression consacrée pour les journaux télévisés du soir -, et capter l’intérêt des Français avant le week-end. Le premier ministre et son directeur de cabinet, Nicolas Revel, ne prennent même pas le temps de sortir du salon Murat où s’est déroulé le Conseil de défense sanitaire. Sur la table autour de laquelle s’est tenue la réunion confidentielle d’une heure et demie, les deux hommes prennent la plume. Ils ont moins d’une heure pour rédiger l’allocution que le chef du gouvernement va prononcer dans le Salon d’hiver de l’Élysée. L’exercice est toujours risqué. Il faut trouver les bons mots, ceux qui ne laissent planer aucune ambiguïté. Jean Castex reste hanté par sa prestation ratée du 11 septembre dernier, lorsqu’il avait convoqué une caméra dans la cour de Matignon… pour ne rien annoncer.

      Alors cette fois, il prend son temps. Il hésite, il rature, il réécrit. L’heure tourne, et le texte n’avance pas beaucoup. Ça n’est pas encore la panique, mais ça pourrait finir par y ressembler. Soudain, cinq renforts inespérés viennent lui prêter main-forte. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, ainsi que ses collègues Bruno Le Maire (Économie) Gérald Darmanin (Intérieur), Élisabeth Borne (Travail), et Gabriel Attal (porte-parole), apparaissent au-dessus de ses épaules. Ensemble, le petit commando s’attelle à l’élaboration d’une déclaration lapidaire, qui durera moins de 5 minutes montre en main. Le message essentiel tient en quelques mots : « La question d’un confinement se pose légitimement […], (mais) nous pouvons encore nous donner une chance de l’éviter . »

      En une phrase, Jean Castex lève le suspense qui hantait l’esprit des Français depuis près d’une semaine. Non, le pays ne sera pas remis sous cloche ni à l’arrêt, comme tout semblait pourtant porter à le croire. Le premier ministre lui-même avait d’ailleurs fini par s’en convaincre.

      Devant les présidents de groupes parlementaires, jeudi, l’ex-haut fonctionnaire passé par le ministère de la Santé dépeint une situation apocalyptique. D’où son étonnement lorsque, avant le Conseil de défense, durant son entretien en tête-à-tête avec Emmanuel Macron, ce dernier lui indique qu’il a tranché en faveur d’un couvre-feu renforcé. « Le président avait bien décortiqué le dossier : si le variant flambe au Royaume-Uni, c’est que le pays n’avait pas adopté les mêmes restrictions que nous cet automne. Jean Castex a été surpris, certes. Mais avant d’aller devant les caméras, une chose est sûre, il était convaincu » , jure un proche du premier ministre. « Tout le monde est aligné derrière cette décision, il n’y a pas de voix dissonantes » , promet un membre du gouvernement.

      Dans le huis clos du Conseil de défense, pourtant, le ministre de la Santé, Olivier Véran, et le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, plaident pour un reconfinement. Le chef de l’État tente de rassurer les tenants d’une ligne ferme sur le sanitaire. « Soyons très clairs : je ne prendrai jamais le risque que les hôpitaux trient leurs patients. » Il tient bon. Comme à l’époque du déconfinement. Contre l’avis de Jérôme Salomon et de son premier ministre de l’époque, Édouard Philippe, le président avait bataillé pour rouvrir les écoles dès le 11 mai. « Il reste marqué par cet événement » , fait savoir un proche.

      Toute la semaine, Emmanuel Macron a hésité. Malgré la pression entretenue par les milieux médicaux, malgré les exemples étrangers, malgré l’alarmisme du gouvernement, le président de la République ne sent pas ce troisième confinement. Trop tôt. Et puis il y a quelque chose qui cloche.

      Depuis quelques jours, le taux d’incidence reste presque plat. On lui avait expliqué qu’il devait monter. Il y a les variants aussi. Comme prévu, ils augmentent. Mais pas aussi fort que redouté. Et dans les analyses des eaux usées, il n’y a pas autant de traces de Covid que prévu.

      Dans le bureau d’angle où il travaille, Emmanuel Macron lit et relit les données, discute encore et encore avec ses proches conseillers, appelle encore et encore son premier ministre et son ministre de la Santé, sonde le monde médical, des spécialistes de la jeunesse, des psychologues, des médecins de terrain français et étrangers, le monde économique, des préfets, des élus locaux. Il hésite. « Le confinement n’est une option qu’à partir du moment où il n’en reste aucune autre », résume un proche du chef de l’État.

      Dans son entourage, les membres les plus politiques de sa garde rapprochée - François Bayrou, Christophe Castaner, Stéphane Séjourné - le mettent en garde : un reconfinement à titre « préventif » sera très difficile à expliquer, et donc à faire accepter. « Je suis inquiet du risque de désobéissance civile, de la résistance de certaines professions » , confie Castaner, en petit comité. « Si on peut éviter de mettre un pays sous cloche, alors il faut l’éviter » , approuve son allié François Bayrou, président du MoDem et maire de Pau, qui plaidait mardi sur France Inter pour la « recherche d’équilibre » . Et puis il est possible de renforcer d’autres outils, comme les contrôles sur la voie publique, dans les restaurants qui accueillent des clients clandestinement, aux frontières.

      En Conseil de défense mercredi dernier, Emmanuel Macron demande des données complémentaires sur les variants, la stratégie vaccinale en Israël… Le confinement n’est pas inéluctable, il reste un trou de souris pour l’éviter. « Personne ne veut revivre le printemps dernier », résume un participant. Alors Emmanuel Macron tranche. Ce ne sera pas pour cette fois. « Une décision de courage et d’intérêt général », vante un proche du président, qui a été associé à l’ensemble des réflexions sur le sujet. « J’ai confiance en nous. Les heures que nous vivons sont cruciales. Faisons tout pour freiner l’épidémie ensemble », a, quant à lui, sobrement commenté Emmanuel Macron sur son compte Twitter samedi.

      Convaincu que son arbitrage, dont il revendique lui-même « l’audace », peut se révéler payant, le chef de l’État mise désormais sur la responsabilité de chacun. Selon lui, seuls les efforts de tous pourront permettre de gagner la bataille contre le virus. Après tout, les Français ont célébré les fêtes de fin d’année raisonnablement, faisant mentir les pronostics sur une flambée tant redoutée. « C’est notre dernière cartouche. Il y a une forme de soulagement général à pouvoir se la donner » , reconnaît un conseiller du pouvoir. « Si on y arrive, on aura réussi à sauver l’exception française. Celle du pays qui n’aura pas été obligé de se reconfiner, à l’heure où tous ses voisins étaient contraints de le faire », veut croire, enthousiaste, un membre du premier cercle élyséen. Avant de tempérer cette envolée lyrique par un rappel de la situation : dégradation des indicateurs sanitaires, saturation hospitalière, et progression des variants britannique et sud-africain sur le territoire. Après tout, les scénarios catastrophe prédits par les experts évoquent la mi-mars pour le prochain pic, ce qui laisse encore du temps.

      « Si l’épidémie devient hors de contrôle, on est bien sûr prêt à prendre des mesures d’urgence très rapidement », fait savoir un conseiller du Palais. Ce qu’a confirmé en d’autres termes le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans Le Journal du dimanche : « L’idée, c’est de gagner du temps, de limiter la casse. Mais si l’incidence repartait à la hausse, nous n’hésiterions pas. Nous n’avons jamais dit que nous ne reconfinerions pas dans les quinze jours à venir si c’était nécessaire ! »

      Pour l’heure, le Conseil scientifique n’a pas réagi aux nouvelles mesures décidées par le chef de l’État. Les déclarations alarmistes puis plus rassurantes de Jean-François Delfraissy, la semaine dernière, ont agacé en haut lieu. « Les scientifiques sont là pour éclairer, et non pas pour décider. La cohérence du discours sanitaire reste tout à fait suggestive », tance un fidèle du président. Les oppositions semblent elles aussi prises de court. « Ils se tenaient prêts à pilonner l’exécutif sur le reconfinement, s’amuse-t-on de même source. Là, on ne les entend pas. »

      Désormais, toute la macronie croise les doigts pour que ça marche. « Si ça fonctionne, qu’on n’a pas besoin de confiner, ce sera un joli coup politique, et on reconnaîtra que le président a eu raison d’aller à contre-courant », se met à rêver un proche historique du chef de l’État. Et à l’inverse, « si ça s’emballe et qu’on doit reconfiner dans quelques jours, on sera contents d’avoir envoyé Castex et non pas Macron à la télé … », convient un ministre. Car malgré le soulagement ressenti dans le pays après l’annonce de Jean Castex, le confinement reste toujours une option. La dernière.

  • Dimanche on va tous mourir.
    Lundi on a tous mourir.
    Mardi : on n’est pas aux pièces.

    Fuites, contre-fuites, contre-contre-fuites. Éléments de langage diffusés le dimanche, discutés le lundi, réfutés le mardi, et le mercredi on décide sous Secret défense.

    Troisième confinement : Macron ne parlera pas avant le 30 janvier, cacophonie au sommet de l’Etat - midilibre.fr
    https://www.midilibre.fr/2021/01/26/troisieme-confinement-cacophonie-au-sommet-9333276.php

    Certains conseillers de Jean Castex assuraient, en off, à quelques journalistes que le confinement était imminent et que les écoles seraient vraisemblablement fermées. Alors que le lendemain, à l’Élysée, les conseillers d’Emmanuel Macron invitaient la presse à la prudence : « Rien n’est décidé, Emmanuel Macron peut aussi prendre la parole pour annoncer un statu quo », nous assurait un conseiller.

    […]

    « Tout dépendra des données que nous recevrons mardi, nous verrons alors qu’elle sera la part du variant britannique dans les nouveaux tests », assure l’entourage du chef de l’État, qui nous assurait, lundi soir, qu’aucune prise de parole n’était prévue avant le 30 janvier, car Emmanuel Macron souhaite laisser passer quinze jours après la mise en place du couvre-feu afin d’en mesurer les effets.

  • L’administration pénitentiaire vole dans les plumes de « l’Envolée »
    https://www.liberation.fr/france/2021/01/21/l-administration-penitentiaire-vole-dans-les-plumes-de-l-envolee_1818128

    Fait rare, le numéro du mois d’octobre de cette revue de sensibilité libertaire et anticarcérale a été interdit en détention. Selon nos informations, l’administration a également porté plainte pour diffamation et injure publique. En ligne de mire : un dossier rédigé notamment par des détenus et dénonçant, avec virulence, des violences carcérales.

    L’administration pénitentiaire vole dans les plumes de « l’Envolée »
    Depuis près de vingt ans, une « bande de copains » de sensibilité libertaire et farouchement anticarcéraux, héritiers du Groupe d’information sur les prisons (GIP) et du Comité d’action des prisonniers (CAP) des années 70, publie un journal artisanal fait de témoignages de détenus et de leurs proches, d’histoires de taule et de dénonciation des conditions de détention. « L’Envolée, c’est une remise en cause radicale du traitement de la parole des prisonniers par le reste du monde. C’est prendre le contre-pied soit de l’absence de discours soit de la censure, expliquait en mai à Libération Pierre (qui souhaite rester anonyme), 40 ans, l’un des plus anciens du collectif. Sauf que, « pour la première fois depuis très longtemps », le dernier numéro du trimestriel, imprimé à « quelques centaines » d’exemplaires, ne passera pas les murs des prisons. Il a en effet été interdit par l’administration pénitentiaire (AP).

    #prison #AP #presse_militante #détenus #censure #répression

  • FIP : derrière les célébrations, une onde au tableau
    https://www.liberation.fr/france/2021/01/20/fip-derriere-les-celebrations-une-onde-au-tableau_1817960

    Sur Internet, l’influence de #FIP est globale. En décembre, elle était la quatrième webradio française la plus écoutée dans le monde, avec 9 millions d’heures d’écoute selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias. En France, elle compte 742 000 auditeurs par jour en FM selon Médiamétrie. Un chiffre en constante progression depuis quinze ans.

    Sauf qu’en interne, l’heure n’est pas à la fête. Loin de là. (…) Burn-out et arrêts maladie à répétition, demandes de reclassement vers d’autres antennes… Les signes de malaise semblent récurrents dans une station qui ne compte pourtant qu’une quarantaine de salariés.

    Les personnes interrogées se disent surtout affectées par la direction que prend la station musicale, particulièrement touchée par le dernier plan d’économies de 60 millions d’euros lancé par Radio France à l’automne 2019. « FIP prend cher », admettait à l’époque à Libération un dirigeant de la maison ronde. Ça s’est vérifié tout au long de l’année 2020, avec des coups de rabot de tous les côtés.

    (…) La suppression des flashs info, présents depuis la création de la station, a surpris nombre de fidèles attachés à ce bulletin original de deux minutes qui rythmait l’antenne à moins dix de chaque heure. Un choix défendu par Bérénice Ravache, qui souhaite faire de FIP un « refuge loin du vacarme ». « C’était aussi une décision réfléchie au niveau de Radio France. L’information, on la trouve partout sur les autres antennes », ajoute-t-elle. La CGT prévoit de contester la décision, arguant qu’il est inscrit dans le cahier des missions et des charges de la radio publique que toute antenne nationale se doit d’avoir son bulletin d’information.

    Initialement prévue fin août, la fin des flashs info a eu lieu, dans les faits, après le début du premier confinement mi-mars. Par la suite, les journalistes n’ont pas été rappelés, en raison des conditions sanitaires, puis à cause des disponibilités des uns et des autres, affirme la direction. Reclassés à la rentrée, les concernés font, eux, état d’un certain flou entretenu autour de leur situation, et se sentent « victimes d’une décision ultra brutale, avec l’impression d’une négation du travail qu’on avait fait jusqu’à présent », comme le regrette un journaliste. Enfin, de l’avis des équipes, une dernière décision à l’échelle du groupe viendrait affaiblir FIP : la réduction du nombre de réalisateurs. Sur cinq postes de ces « metteurs en ondes » qui veillent à la qualité de l’antenne, il n’en resterait à terme plus que deux.

    (…) A l’automne 2019, [Bérénice Ravache, nommée directrice de FIP par Matthieu Gallet en 2017] a aussi été chargée par l’actuelle PDG, Sibyle Veil, de superviser la réorganisation des antennes. Cette casquette l’aurait tenue éloignée de FIP, laissant le contrôle au directeur adjoint, Hervé Riesen, nommé au même moment. Les méthodes directives de ce dernier, « recasé » là selon certains après avoir été adjoint à la direction des antennes, ont rajouté de la tension à la tension, notamment avec les programmateurs. Le service communication de Radio France ayant refusé toute autre interview après avoir appris le sujet de notre article, Hervé Riesen n’a pas pu répondre à nos questions.

    Jusqu’ici, les dissensions ne s’entendent pas à l’antenne. Mais les équipes de FIP redoutent une aseptisation de l’identité de la station. Selon certains programmateurs, les premiers signes sont déjà là, avec une supervision plus poussée de leur travail par Riesen, qui remettrait en cause leurs choix sur des critères de moins en moins musicaux : pas de morceaux qui parlent de drogues, moins de hip-hop ou d’electro, plus de standards… Des directives qui participent à un même mouvement général : faire de la station un cocon musical, avec comme concurrentes les plateformes de streaming Spotify ou Deezer, voire l’ériger en antenne « bien-être » de Radio France. (…)

    Destruction organisée du #service_public #audiovisuel, #radio #Radio_France, #FIP.

  • Passeport vaccinal : qui est pour ou contre ? - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2021/01/18/passeport-vaccinal-qui-est-pour-ou-contre_1817885
    https://medias.liberation.fr/photo/1373469-france-begins-vaccinating-on-a-larger-scale-by-opening-mor

    Instaurer un passeport vaccinal pour pouvoir voyager ou aller au restaurant ? L’idée fait doucement débat, à l’heure où les campagnes de vaccination anti-Covid-19 s’accélèrent à travers le monde. L’association internationale du transport aérien (Iata), est l’une des premières à avoir évoqué le sujet, pour tenter de relancer le secteur de l’aéronautique très touché par la pandémie. A quoi pourrait servir ce laissez-passer sanitaire ? Qui pourrait en bénéficier ? Qu’en pensent les Français ? Les autorités françaises et étrangères l’envisagent-elles ? Explications.
    Qu’est-ce que le passeport vaccinal ?Il s’agit d’un document qui serait délivré aux personnes vaccinées contre le Covid-19. Il permettrait de voyager librement et d’avoir accès aux restaurants, bars et lieux culturels. Ce passeport serait similaire au « carnet jaune ». Ce document qui atteste qu’une personne est vaccinée contre la fièvre jaune, indispensable pour se rendre dans certains pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Il répertorie aussi d’autres vaccins obligatoires comme celui contre la rage ou la rougeole.
    La France est-elle favorable à son instauration ?La plupart des Français souhaitent la création de ce passeport, selon un sondage de l’Ifop publié samedi. D’après l’enquête, 62% des personnes interrogées sont favorables à sa mise en place pour voyager à l’étranger et 52% afin d’utiliser les autres transports en commun. Près de 60% le sont pour visiter les plus fragiles en Ehpad et à l’hôpital. Cependant, seuls 45% des Français souhaiteraient que le vaccin soit obligatoire pour accéder aux commerces, et 50% aux collèges et lycées. Pour le moment, le gouvernement est réticent quant à l’idée de mettre sur place ce passeport sur son sol. C’est ce qu’a indiqué Clément Beaune, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, invité sur Franceinfo, dimanche. « Ce n’est pas notre conception de la protection et de l’accès aux vaccins […]. C’est une idée sur laquelle la France considère qu’on ne doit pas ouvrir le débat maintenant. Quand l’accès au vaccin sera généralisé, ce sera un sujet différent. »
    #Covid-19#migrant#migration#sante#passeportvaccinal#france#ue#circulation

    France assos santé s’y oppose

    France assos santé, une organisation qui représente les patients et défend les usagers du système de santé, est contre l’instauration de ce passeport vaccinal. « Le gouvernement a choisi de ne pas rendre la vaccination obligatoire. Or un passeport vaccinal reviendrait à rendre la vaccination obligatoire », a expliqué Catherine Simonin, membre du conseil d’administration de l’association et de la commission transparence de la Haute Autorité de santé, au journal la Dépêche.
    Qu’en pense-t-on à l’étranger ?

    L’Union européenne est divisée sur la question. Le chef du gouvernement grec, Kyriákos Mitsotákis, a appelé mardi les Vingt-Sept à adopter un certificat « standardisé » de vaccination pour donner un coup de pouce au secteur du tourisme. La Grèce a déjà créé son propre certificat sanitaire destiné à prouver que l’on a été vacciné. Certains Etats européens sont rigoureusement opposés à ce passeport comme les Pays-Bas ou la France. Pour Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, le passeport vaccinal est un « impératif médical ». Un avis que partage Israël qui s’apprête à créer un « passeport vert » pour les vaccinés, afin de leur permettre d’accéder aux restaurants et lieux publics dans le pays. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est, quant à elle, opposée à la mise en place d’un tel document à l’échelle planétaire. Sa circulation pourrait créer des inégalités entre les pays. D’après Amnesty International, dans les pays pauvres, seulement une personne sur dix aura accès à la vaccination en 2021.

  • Donner des cours à distance, une visio d’horreur
    https://www.liberation.fr/france/2021/01/14/donner-des-cours-a-distance-une-visio-d-horreur_1817337

    Lorsque les étudiants se retrouvent seuls dans leur chambre à suivre la captation vidéo d’un cours, c’est l’absence de lien social qui constitue le principal obstacle à l’apprentissage. « Il existe dans le cerveau un circuit de la récompense associé à l’interaction sociale spontanée, explique Guillaume Dumas, professeur en psychiatrie computationnelle à la faculté de médecine à l’université de Montréal. En classe, c’est le rire en réaction à une phrase du prof qui rend l’expérience sociale. Et c’est cela que l’on perd à distance. »

    • Comment devenir un sujet libre, émancipé quand on est un étudiant ou un enseignant assigné à résidence et soumis à l’enfer numérique ? C’est ça la question centrale, de mon point de vue. Je ne pense pas que l’on puisse être un sujet libre et émancipé sans relation sociale, sans se voir, se rencontrer, sans faire des cours avec des corps et des voix vivantes. Un cours, c’est une incarnation, une voix, un corps donc, ce n’est pas le renvoi spéculaire de son image face à une caméra et devant des noms. Je refuse de faire cours à des étudiants anonymes. Aujourd’hui, j’ai donné rendez-vous à quelques étudiants de l’atelier de création poétique de l’université de Strasbourg. On se verra physiquement dans une grande salle, en respectant toutes les règles sanitaires. J’apporterai des masques FFP2 pour chacune et chacun des étudiants.
      Pascal Maillard

      « Frédérique Vidal devrait remettre sa démission » – Entretien avec Pascal Maillard
      L’hebdo du club de Médiapart
      https://seenthis.net/messages/896479#message896538

    • « Universités : le grand n’importe quoi des annonces gouvernementales transposées sur le terrain, quand rien n’a été préparé ni anticipé… Les mots manquent pour qualifier le degré de foutage de gueule de ces pseudo-mesures… »
      L’excellence en temps de pandémie : chronique du naufrage des Universités
      https://blogs.mediapart.fr/une-universitaire-parmi-dautres/blog/220121/l-excellence-en-temps-de-pandemie-chronique-du-naufrage-des-universi

    • Je ne compte plus les études qui disent que ça ne marche que pour certains types d’étudiants, un peu comme les mooc et les cours du soir, à des moments précis de leur vie et que de généraliser ce modèle est une ineptie pédagogique...
      Perso, j’ai décidé d’arrêter. On va faire moins, autrement.

  • Une enquête ouverte contre Nicolas Sarkozy pour « trafic d’influence » dans le cadre d’activités de conseil pour un groupe russe
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/01/15/une-enquete-ouverte-contre-nicolas-sarkozy-pour-trafic-d-influence-dans-le-c

    Le Parquet national financier a confirmé l’ouverture d’une enquête préliminaire visant l’ex-président de la République, après un contrat de 3 millions d’euros passé avec le groupe Reso-Garaantia.

    Le Parquet national financier a confirmé, vendredi 15 janvier, avoir ouvert une enquête préliminaire visant l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy pour des chefs de « trafic d’influence » et de « blanchiment de crime ou de délit ».

    Selon Mediapart, qui a révélé l’affaire, la justice anticorruption suit ce dossier depuis l’été 2020. Le Parquet national financier s’est lancé dans ces investigations après un signalement du service de renseignement financier Tracfin, sur les raisons pour lesquelles M. Sarkozy a été rémunéré par une société d’assurances russe, Reso-Garantia. Selon Mediapart, Nicolas Sarkozy a reçu début 2020 un paiement de 500 000 euros, dans le cadre d’un contrat de conseil s’élevant à 3 millions d’euros. Sollicitée par Le Monde, l’attachée de presse de Nicolas Sarkozy, Véronique Waché, n’a pas réagi.

    Le groupe d’assurances Reso-Garantia est détenu par deux frères russo-arméniens, les milliardaires Sergey et Nikolay Sarkisov, qui ont confirmé à Mediapart avoir embauché M. Sarkozy en tant que « conseiller spécial » et « président du comité de conseil stratégique auprès du conseil d’administration ». La justice n’a pas précisé les soupçons pesant sur les frères Sarkisov ou le groupe Reso-Garantia.

    Plus d’informations à venir dans quelques instants sur LeMonde.fr

  • #Génération_identitaire mouillé dans le procès du groupe d’ultradroite Zouaves Paris - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2021/01/13/generation-identitaire-mouille-dans-le-proces-du-groupe-d-ultradroite-zou

    Une attaque encore une fois revendiquée sur le chaîne Telegram « Ouest Casual », entre deux visuels glorifiant l’imagerie nazie, dont certains administrateurs seraient des membres du groupuscule responsable des faits : les #Zouaves_Paris.

    #extrême_droite

    • J’étais pas au courrant et j’avais meme jamais entendu le nom de cet artiste. Là je découvre que cet artiste qui allais jusqu’a utiliser des reference à sa pédosexualité dans ses oeuvre etait le représentant du pays à la biennal de venise ... que les institutions le lessaient faire des interventions en ecole primaire et qu’il etait logé à l’hotel dans une seule chambre à lit double quand il se déplacait pour ses expos... Encore un exemple de violophilie institutionnel. Il y a eu des signalement, des plaintes et rien, pas d’enquète mais il est invité et rémunéré à nos frais...

    • La vague #MeToo atteint l’art contemporain. Plusieurs personnes ont, ces derniers mois, confié à Mediapart des accusations de violences sexuelles sur mineurs visant l’artiste Claude Lévêque. Le sculpteur Laurent Faulon en fait partie. Il a, en mars 2019 à Bobigny, puis en juin 2019 à Nevers, déposé plainte contre le célèbre plasticien français pour des faits de « viols sur mineurs de 15 ans et agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans », comme l’a révélé Le Monde dimanche 10 janvier.

      Dans sa plainte de dix pages, que Mediapart a pu consulter, Laurent Faulon évoque, outre sa personne, huit autres mineurs, dont ses deux frères, sur quatre décennies, et jusqu’à une période récente, qui auraient eux aussi subi les agissements présumés de Claude Lévêque (voir notre Boîte noire). Il livre aussi les coordonnées de nombreux témoins potentiels, avec des indications précises de lieux et de dates.

      À la suite de sa plainte, une enquête préliminaire a été ouverte en mai 2019 par le parquet de Bobigny, et confiée à la brigade des mineurs de la Sûreté départementale de Seine-Saint-Denis.

      Sollicité à plusieurs reprises par Mediapart, Claude Lévêque, qui est présumé innocent, n’a pas donné suite. Selon plusieurs sources interrogées par Mediapart, il a indiqué avoir eu une histoire « d’amour » avec Laurent Faulon, à rebours de l’époque actuelle « nauséabonde où tout est amalgamé, où l’amour devient méchant et sale ».

      Son avocat, Emmanuel Pierrat, a diffusé un communiqué dimanche 10 janvier en fin de soirée, dans lequel il annonce avoir déposé deux plaintes contre X dès la fin 2020 pour des faits de « diffamation », ainsi que de « dénonciation calomnieuse et chantage ». En 2015, Claude Lévêque avait déjà été la cible de dénonciations anonymes pour des faits similaires, expose son avocat. « La propagation publique de rumeurs, particulièrement graves, à l’encontre d’homme et de femme accablés a des conséquences irréversibles telles que le suicide », avertit enfin Me Pierrat (on peut lire l’intégralité de son communiqué sous l’onglet Prolonger). Sollicité par Mediapart, l’avocat n’a pas donné suite.

      Né en 1953 à Nevers, dans un milieu modeste, Claude Lévêque est devenu une référence de l’art contemporain français. En 2009, il conçoit le pavillon français de la Biennale de Venise. Il est soutenu par d’importants collectionneurs, en particulier français – à l’instar d’Agnès b., qui expose en ce moment trois de ses photographies dans sa fondation inaugurée en février 2020. Il est représenté par des galeries parisiennes influentes – dont celle de Kamel Mennour, depuis 2007. Celui-ci a annoncé, mardi 12 janvier, dans un communiqué, que « Claude Lévêque a décidé de suspendre sa collaboration avec la galerie Kamel Mennour, qui en prend acte ».

      Ses grandes installations ont été exposées dans la plupart des musées et centres d’art contemporain de France, du Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1982 au Frac de Marseille en 2018, mais aussi à l’étranger (New York, Moscou, Tokyo…). Il a bénéficié en France de nombreuses commandes publiques – ainsi récemment les monumentaux pneus dorés ornant l’escalier du palais Garnier (2019), ou la pluie de fleurs ornant le transept de l’église Saint-Joseph du Havre, intitulée La Tendresse des loups (2020).

      Claude Lévêque à la Biennale de Venise, où il représentait la France, le 4 juin 2009. © Alberto Pizzoli/AFP Claude Lévêque à la Biennale de Venise, où il représentait la France, le 4 juin 2009. © Alberto Pizzoli/AFP
      Mediapart a eu accès à la plainte de Laurent Faulon ainsi qu’à son PV d’audition par les services de police. Le sculpteur nous a également confié son histoire. Depuis février 2020, Mediapart a par ailleurs recueilli plusieurs témoignages détaillés qui font écho au sien.

      Le long récit fait par Laurent Faulon auprès de la justice et de la police est glaçant. Il décrit méthodiquement des mécanismes de séduction et d’emprise qu’aurait mis en œuvre Claude Lévêque sur de jeunes adolescents, dont lui-même, pour obtenir de leur part des relations sexuelles, depuis la fin des années 1970. Laurent Faulon est aujourd’hui âgé de 51ans, et Claude Lévêque de 67 ans.

      Laurent Faulon explique que Claude Lévêque, alors étudiant aux Beaux-Arts de Bourges, et animateur de centre aéré à Varennes-Vauzelles, près de Nevers, se lie d’amitié avec ses parents en 1973. L’apprenti artiste invite souvent chez lui Laurent et ses deux frères. Il passe aussi du temps avec la famille Faulon au complet, comme en attestent des photos d’époque que Mediapart a consultées.

      Premier souvenir marquant, pendant l’hiver 1978-1979, Laurent Faulon, alors âgé de 9 ans, dit avoir assisté chez Claude Lévêque à la projection d’un film, où, selon lui, l’on voyait un garçon de 10 à 12 ans qui se serait masturbé et aurait écarté ses fesses.

      En août 1979, le jour de son dixième anniversaire, alors que ses parents sont au travail, Laurent Faulon est invité chez Lévêque, qui lui aurait alors imposé des caresses sur les cuisses et le ventre, et des baisers dans le cou.

      À l’âge de 13 ans, raconte-t-il, pendant l’hiver 1982-1983, il passe une semaine de vacances dans le nouvel appartement parisien de Claude Lévêque, et aurait subi des attouchements sexuels. À partir des vacances de Pâques 1983, assure le plaignant, il aurait commencé à subir des pénétrations anales.

      De 1983 à 1986, de ses 13 ans à ses 17 ans, Laurent Faulon dit passer la plupart des vacances scolaires chez Lévêque, soit à Paris, soit dans la Nièvre, l’accompagner dans plusieurs expositions à travers la France, et dit avoir subi des pénétrations.

      « Je me suis laissé faire car j’étais tétanisé, sans pouvoir avoir de réaction », explique Laurent Faulon, lors de son audition par un policier de la brigade des mineurs de Seine-Saint-Denis, le 16 janvier 2020. Il dit avoir eu un « sentiment de honte », mais se sentait aussi « flatté » d’avoir été choisi, « d’avoir accédé à une élection ».

      Quant aux rapports sexuels qui auraient suivi pendant plusieurs années, Laurent Faulon a expliqué au policier : « Je n’ai pas exprimé mon refus, je ne me sentais pas autorisé à le faire. Je ne pouvais pas dire non à Lévêque, j’aurais eu le sentiment d’être bête, ringard. J’avais peur qu’il ne s’intéresse pas à moi si je ne me laissais pas faire. »

      Lors de plusieurs expositions, Lévêque le faisait passer pour son assistant, et demandait systématiquement aux organisateurs une chambre d’hôtel et non deux, précise Laurent Faulon lors de son audition. « C’était une autre époque. »

      « Des gens venaient lui rendre visite dans sa maison de campagne, dit Laurent Faulon sur procès-verbal. Il me présentait comme étant le fils d’amis. De mon point de vue, j’avais le sentiment d’être sa petite femme et que tout le monde savait, que ça ne gênait personne. Les gens avaient l’habitude de voir Lévêque entouré de jeunes garçons. »

      À 17 ans, Laurent Faulon a mis un terme à cette relation, explique-t-il. Mais évoluant lui-même dans le milieu de l’art contemporain, il a continué à croiser Claude Lévêque régulièrement.

      Laurent Faulon. © Delphine Reist Laurent Faulon. © Delphine Reist
      Durant de longues années, expose-t-il sur procès-verbal, le sculpteur s’est refusé à mettre des mots sur ce qu’il avait vécu.

      « Pendant longtemps, j’ai pensé que c’était une chance d’avoir rencontré ce type, d’avoir pu changer de classe sociale. Il s’était attaqué à une famille prolétaire, il arrivait avec une promesse de culture, d’évasion […]. À l’époque, je me disais que j’aurais eu une vie de merde si je ne l’avais pas rencontré. »

      C’est progressivement, par étapes, après la mort d’un de ses frères, puis au dixième anniversaire de son fils – âge auquel il assure avoir lui-même été agressé –, et enfin après une dépression, que Laurent Faulon a revisité son passé. Une époque où Claude Lévêque lui faisait lire les textes de Gabriel Matzneff et Tony Duvert.

      « Le processus pour réaliser ce qui m’était arrivé pendant mon enfance a été très long. J’ai pensé m’en sortir pendant longtemps avec la prise de médicaments, avec le fait que l’art était un exutoire », explique-t-il lors de son audition.

      Dans ce qui est devenu son combat depuis deux ans, Laurent Faulon bénéficie de soutiens familiaux. Il est épaulé par sa compagne Delphine Reist, artiste comme lui, par plusieurs personnalités du milieu de l’art contemporain, et par des proches. Dans une attestation destinée aux services de police, dont Mediapart a pris connaissance, sa mère, âgée de 86 ans, exprime ainsi ses remords et son désarroi.

      « Les révélations de Laurent m’ont complètement anéantie. À la suite de cela ma culpabilité est devenue incommensurable. Des mots ont été mis sur mes soupçons, et des mots insupportables à entendre », écrit-elle. « Comment ai-je pu passer à côté de tout cela ? »

      Jusque-là, elle n’avait eu que des doutes sur l’attitude de Claude Lévêque vis-à-vis de ses trois fils. « J’ai eu de nombreuses explications avec lui dès que quelque chose me semblait louche. Toujours il avait de bonnes explications qui balayaient mes doutes et peut-être que dans le fond je voulais peut-être le croire et avoir confiance en lui car j’avais beaucoup d’amitié pour lui », écrit la vieille dame.

      L’un des frères de Laurent Faulon est mort en 1998, à 33 ans, après plusieurs tentatives de suicide. Son autre frère n’a pas donné suite à nos sollicitations.
      Adolescents, Jean et François ont aussi rencontré Claude Lévêque

      Mediapart a pu retrouver la trace de certains des mineurs évoqués dans sa plainte par Laurent Faulon. Parmi eux, Jean et François.

      Jean*, aujourd’hui père de famille, est l’ami d’enfance de Laurent Faulon. « Très vite, c’était en 6e ou en 5e, je crois, Laurent m’a parlé de sa relation avec Claude Lévêque. Je ne connaissais rien au sexe, mais je trouvais ça malsain, raconte-t-il à Mediapart. Laurent n’avait pas l’air d’en souffrir à ce moment-là. Il avait l’air privilégié, Claude Lévêque lui ouvrait un monde merveilleux, la vie d’artiste. Au collège, je me souviens que Laurent faisait des choses bizarres, comme des photos, nu avec Claude Lévêque. »

      Jean affirme aussi qu’il aurait recueilli les confidences verbales du célèbre plasticien quand il l’a, à son tour, rencontré personnellement. « Claude Lévêque se vantait d’avoir réussi à tripoter Laurent presque sous les yeux de ses parents. »

      Jean, qui n’a pas été entendu par les policiers à ce jour, prétend avoir lui-même subi des violences sexuelles de la part de Lévêque, qu’il a rencontré lorsqu’il avait 15 ans. « J’ai été violé par lui plusieurs fois à 17 ans. Je dis viol aujourd’hui, mais à l’époque je me suis laissé faire », poursuit-il. Avec le temps, le regard de Jean sur ces années-là a changé. « J’ai mis 20 ans à me défaire de l’emprise de Lévêque, et plus de 30 ans avant d’en parler », confie-t-il.

      « Claude Lévêque a commencé par me flatter, me complimenter. Si je faisais un petit bricolage, il me disait : “Tu es un artiste, tu es meilleur que moi”, raconte Jean. Il me considérait, il m’écoutait. Lui avait déjà une certaine aura, il commençait à être connu, il avait 30 ans et nous 15. »

      Pour les deux adolescents qu’étaient Laurent et Jean, le morne Nevers des années 1980 est soudain devenu festif. « C’était l’époque du punk, de la provocation. Avec Claude Lévêque, on avait l’impression d’entrer dans un monde privilégié, merveilleux. Il y avait la culture, la musique, les vêtements, il tirait des feux d’artifice la nuit en forêt. J’ai pensé qu’il fallait payer de ma personne, dit Jean. Si on n’était pas comme lui, on était soit facho, soit ringard, soit inculte. Il fallait être à la hauteur. »

      François* explique, quant à lui, sa relation avec Claude Lévêque dans un texte du 25 décembre 2020 remis à Laurent Faulon, et dont Mediapart a pris connaissance. Ce père de famille, qui a lui aussi expressément demandé à rester anonyme, nous en a confirmé le contenu.

      « De l’âge de 15 à 20 ans j’ai été une sorte de faire-valoir de Claude Lévêque.
15 ans c’est l’âge à partir duquel on considère que l’on est capable d’assumer ses choix en matière de sexe. Je ne suis pas homosexuel et je le savais très bien depuis toujours, même si je me suis pris au jeu de le faire croire. Mon histoire est donc difficile à expliquer », écrit François, qui précise que « plusieurs épisodes de cette période ont été complètement effacés de [sa] mémoire ».

      Il y livre sa vision de la personnalité de Claude Lévêque : « Il vous enveloppe dans une chaleur émotionnelle qui, au final, vous emprisonne. À 15 ans, alors que je tentais d’échapper à l’emprise oppressante de ma famille, je suis très facilement tombé sous la sienne. »

      François s’interroge encore aujourd’hui sur sa relation à Claude Lévêque : « Je me suis souvent demandé si je lui en voulais. […]. Je concluais généralement que j’étais l’unique responsable de ma relation avec lui. Je refusais de me voir même comme une demi-victime. Ma souffrance apparente se résume à cette amnésie et au fait que je ne peux parler sereinement de cette période à ma famille. Comment expliquer ma relation pendant cinq ans avec un homme, alors que je ne suis pas homosexuel, et que cet homme était un pédophile… C’est assez difficile à comprendre. […] Cela constitue une sorte de trou noir dans ma vie. »

      En décembre 2018, apprenant que Laurent Faulon se retirait d’une exposition pour ne pas le croiser, Claude Lévêque lui a adressé le courriel suivant, dont Mediapart a pris connaissance : « Ça me désole qu’on soit parvenu à ce point de non retour, tant de temps après une aventure forte à une certaine époque, inavouable aujourd’hui. Les plaisirs se sont transformés en douleur et tristesse. » Puis : « Est-ce un accident de s’être croisé ? D’avoir partagé des moments particuliers et uniques, révélés à ce point haïssables aujourd’hui ? »

      mailclaude
      L’artiste plasticien Jonathan Loppin connaît Claude Lévêque depuis 2004. « C’était un ami proche, et je suis également un ami proche de Laurent Faulon », raconte-t-il à Mediapart. « Début 2019, quand j’ai appris que Laurent avait déposé plainte contre Claude, ça a été un énorme choc. J’ai reconstitué ce à quoi j’avais assisté pendant des années de la part de Claude Lévêque et que je n’avais pas voulu voir. »

      Loppin évoque par exemple un souvenir datant de 2006, lors d’une expo à Château-Thierry, où Lévêque « était tout le temps avec un adolescent de 15 ans qu’il présentait comme son assistant ». Il s’interroge aussi sur l’étrange omerta qui a longtemps prévalu dans le milieu de l’art, à propos de Faulon. « C’est un petit milieu, tout le monde se connaît. Les gens disaient : “Laurent était l’amant de Claude.” Mais personne ne réfléchissait à l’âge qu’avait Laurent Faulon à l’époque ! Il était adolescent. »

      Le 12 mai 2019, Loppin décide de téléphoner à Claude Lévêque, « pour qu’il s’explique ». La conversation aurait duré trois heures. « Claude, visiblement surpris et pris de court, a craqué et s’est mis à sangloter. Il m’a dit que c’était une autre époque, qu’il avait vécu une vraie histoire d’amour avec Laurent, et demandait pourquoi Laurent voulait détruire une si belle histoire. Il m’a dit que si cette “affaire” devait l’empêcher de travailler, il ne lui resterait qu’à en finir. »

      Jonathan Loppin, qui n’a pas non plus été auditionné par les policiers, affirme aussi que Lévêque trouvait « horrible » que Faulon porte plainte, et « détrui[se] une histoire comme ça ». Pendant la conversation, le plasticien a cependant demandé à son ami de « lui proposer une solution pour “réparer” le mal qu’il avait fait ». « Je lui ai dit : “Raconte tout avant que les autres le fassent à ta place. Ne sois pas lâche. Et ça fera du bien à Laurent” », affirme Loppin.

      Les deux hommes échangent ensuite des messages via Facebook, des mails et des SMS que Mediapart a pu consulter. Dans l’un d’eux, via Facebook, Lévêque écrit : « Il y a l’actualité, les retournements, ce que ça déclenche dans les têtes, il y a l’histoire de Laurent, notre histoire, sa version, ce qu’il t’a relaté de l’époque où nous nous étions aimés. Maintenant c’est une autre époque nauséabonde où tout est amalgamé, ou l’amour devient méchant et sale. […] Aide-nous, au lieu d’alimenter tous les prétendants au lynchage qui aboieront anonymement sans rien n’y comprendre du tout. Bien entendu que les merveilleux échanges en un temps peut-être trop idéalisés, transformés ainsi me tueront. »

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      Jonathan Loppin a reçu cet autre message de Lévêque : « Je n’ai jamais agressé personne, j’ai aimé avec mes sentiments, ma tendresse parfois invasive, aussi parce que mes compagnons m’aimaient comme ça. »

      Jonathan Loppin assure par ailleurs avoir prévenu dès le mois de mai 2020 le galeriste Kamel Mennour de la plainte visant Claude Lévêque. Sollicité par Mediapart, Kamel Mennour n’a pas donné suite.

      David*, acteur du milieu de l’art, a rencontré Claude Lévêque dans les années 2000. « Lors d’une de nos premières rencontres, j’avais 19 ans, il m’a dit sur le ton de la blague : “Tu as de la chance, moi qui aime les jeunes, tu as des poils donc tu ne m’intéresses pas.” » Jean nous a tenu des propos similaires : « À 17 ans, les garçons ne l’intéressaient plus. J’étais l’exception. »

      David affirme aussi que Lévêque lui a dit « qu’il avait été très amoureux de Laurent Faulon. Je ne savais pas que Laurent Faulon était adolescent à l’époque ».

      Il indique également qu’il le voyait « souvent avec un pré-ado de 13 ans lors des vernissages ». Là encore, Claude Lévêque l’aurait présenté « comme son collaborateur ». Avant de confier qu’ils avaient eu « des rapports sexuels ». « Pour lui, c’était un trophée, le fantasme absolu. […] Quand le garçon a mis fin à leur relation, à peu près à l’époque de la Biennale de Venise [en 2009 – ndlr], Claude a fait une dépression, ça l’a anéanti », rapporte David. Contacté, ce jeune homme n’a pas donné suite.

      Julie Faitot, directrice d’un centre d’art et compagne de Jonathan Loppin, se remémore un autre épisode troublant, qu’elle a signalé à la justice.

      « Nous avons invité Claude Lévêque dans notre maison le 31 décembre 2013, il devait dormir chez nous, explique la jeune femme à Mediapart. La veille il a appelé en demandant s’il pouvait venir avec son filleul. Il est venu accompagné d’un adolescent qui devait avoir 12 ou 13 ans, il n’avait pas encore mué, et n’avait ni moustache ni barbe. On voulait préparer deux chambres, mais Claude Lévêque a répondu : “De toute façon il a peur, il va dormir avec moi.” Le gamin n’a rien dit. On a mis un matelas d’appoint dans la chambre, où il y avait un grand lit. Je ne sais pas s’ils ont dormi dans le même lit ou pas. »

      Interrogée par Mediapart, une voisine, venue pour le dîner, se souvient avoir trouvé la relation « bizarre ». Julie Faitot : « Le temps a passé, on n’y a plus pensé. »

      C’est cinq ans plus tard, au début de l’année 2019, que l’épisode lui revient quand elle est alertée par la compagne de Laurent Faulon. « Notre fils avait 8 ans. On s’est mis à réaliser. » Le 24 février, Julie Faitot écrit au parquet de Bobigny et au parquet de Nevers – un « signalement de mineur en situation préoccupante » pour lequel elle n’a jamais eu de réponse, et que Mediapart a consulté.

      Elle y décrit la soirée du 31 décembre 2013, et prétend que « Claude Lévêque avait continué à fréquenter cet adolescent pendant plusieurs années, qu’il passait régulièrement ses vacances scolaires chez lui à Montreuil [Seine-Saint-Denis] et dans la Nièvre ».
      Que savait le milieu de l’art ?

      D’autres figures du milieu de l’art nous ont aussi fait part de leurs souvenirs. Certains n’ont rien remarqué, disent-ils. Ainsi le galeriste Éric Fabre, qui expose Lévêque dans les années 1980. Dans un mail du 2 décembre 2020 à Laurent Faulon, dont Mediapart a pris connaissance et dont il nous a confirmé le contenu, le galeriste se remémore cette période : « Claude te présentait à moi, son galeriste. Tu m’avais alors dit que tu faisais avec tes jouets des sculptures. […] Il m’était impossible d’imaginer le drame du viol continu que tu subissais. »

      D’autres proches de Claude Lévêque que nous avons contactés évoquent, quant à eux, une supposée « pédophilie », mais qui n’était alors pas perçue comme « un fait monstrueux ».

      Laure , artiste, raconte : « J’ai connu Claude Lévêque au début des années 1980 dans le milieu de l’art, j’avais une vingtaine d’années. Sa pédophilie était sue mais on ne la considérait pas comme un fait monstrueux, on ne soupçonnait pas de maltraitance. Il n’y avait pas d’obscénité ou de geste de tendresse entre Claude et Laurent, dont je ne connaissais pas l’âge exact, on ne savait pas s’il y avait des rapports sexuels. Claude apparaissait comme un parrain qui lui facilitait sa vie professionnelle. Je comprends aujourd’hui le mal, je ne le voyais pas à l’époque. »

      Claude Lévêque en voyage avec son filleul, à Los Angeles en 2015. © Facebook Claude Lévêque en voyage avec son filleul, à Los Angeles en 2015. © Facebook
      Marie
      a fait la connaissance de Claude Lévêque aux Beaux-Arts de Bourges en 1972 : « Une petite bande d’amis d’environ 10-12 personnes s’est alors formée. Nous sommes restés les uns les autres plus ou moins proches jusqu’à la fin des années 1980. Je connaissais les relations amoureuses successives de Claude, surtout dans les années 1980, avec de grands adolescents, 14-17 ans environ et plus. […] Je ne me suis jamais mêlée de la vie intime de mes amis, même proches. Et aujourd’hui, je suis horrifiée. » Elle se souvient d’avoir vu Laurent Faulon et ses frères, alors adolescents, avec Claude Lévêque.

      Stagiaire au Magasin, centre d’art de Grenoble, en 1997, Romain *, commissaire d’exposition, y a croisé Claude Lévêque, invité pour une résidence. Soulignant la possibilité d’« une complicité institutionnelle », il se remémore : « Il est venu avec un jeune garçon, de 15 ans maximum, un hypothétique assistant. Il n’y avait qu’une seule chambre et un lit pour les deux. Plusieurs personnes ont été choquées mais on a laissé faire. »

      À l’instar de plusieurs personnes qui revisitent leur passé, plusieurs acteurs de la culture s’interrogent désormais sur le sens de certaines œuvres du plasticien et sur la « disparition » des premières, aussi.

      Sur le site internet de l’artiste, la première œuvre répertoriée est une peinture aux accents orientalistes de 1976, montrant un jeune homme nu s’offrant au regard d’un homme en turban. Puis plus rien jusqu’en 1982. À cette période, Claude Lévêque réalisait des courts métrages. C’est l’un d’entre eux que mentionne Laurent Faulon dans sa plainte.

      Peu d’entre eux sont aujourd’hui visibles. L’œuvre la plus récente, Le Marronnier de la garde, a été tournée en 2007 et montre sur un fond musical mêlant rock et ballades d’Adamo et Françoise Hardy, un montage d’images de paysages ruraux, photos de famille et prises de vue d’un jeune garçon, âgé de 13 ans, se léchant le doigt, torse nu ou fumant la pipe.

      Les jeunes modèles, garçons de 10 à 15 ans, peuplent les œuvres des débuts. Ainsi de l’installation Grand Hôtel (1982), souvent présentée comme son œuvre séminale. Présentée à Créteil en 1982, elle a été peu vue depuis. Selon le commissaire d’exposition Éric Troncy, qui connaît Lévêque depuis son enfance, il « la gardait jalousement, un temps, il avait même prétendu l’avoir égarée », écrit-il dans le catalogue de la Biennale de Venise, en 2009. Sollicité par Mediapart, Éric Troncy n’a pas donné suite.

      À gauche, Laurent Faulon dans « Grand Hôte », une œuvre de Claude Lévêque. © DR À gauche, Laurent Faulon dans « Grand Hôte », une œuvre de Claude Lévêque. © DR
      Sur l’un des cadres posés, sur une table recouverte d’un tissu sombre, on peut reconnaître Laurent Faulon, photographié avec un autre adolescent au buste dénudé et le visage peint d’or. D’autres images montrent des « corps nus d’adolescents », selon un article du critique d’art Michel Nuridsany.

      Celui-ci analyse, dans un texte de 1985 paru dans Artpress, une autre œuvre de Claude Lévêque, Anniversaire III (1984), dont l’image a été retirée du site de l’artiste, mais dont subsiste l’URL et que l’on retrouve sur Pinterest. Cette sculpture ornée d’ampoules montre, vraisemblablement d’après une photographie, un garçon nu, le sexe légèrement dressé, devant un château de sable.

      Au fil du temps, son art se fait moins figuratif. Rares sont les enfants qui apparaissent ensuite dans ses œuvres. Seuls exemples : dans Anniversaire (1983), Lévêque ne retient que quatre noms, écrits au néon, surmontant des masses informes, sortes de paysages miniatures : Claude, Laurent, Régis, David.

      L’installation La Nuit, en 1984, montre les bustes auréolés d’enfants nus entourés de tipis. Sur une photo de 1996, on voit un adolescent de 14 ans, le corps recouvert de confiture (Agnès b. en avait alors fait un sac – interrogée par Mediapart, elle n’a pas donné suite). En 2006, il fait intervenir un garçon de 12 ans, dans une performance à Château-Thierry, pour l’exposition « Friandises intérieures ».

      En 2012, à Paris, dans une école élémentaire, il élabore une installation avec des enfants de 6 à 11 ans, et fait notamment poser deux d’entre eux dans l’appartement de fonction du directeur inoccupé, mis à sa disposition et dont il obscurcit les fenêtres. Il y reçoit des enfants par groupes de cinq et va visiter leurs chambres, chez eux. L’un d’eux écrit les mots « J’ai peur », qui seront transposés en néon rouge accroché au-dessus de la porte d’entrée de l’école.

      Petit à petit, dans la « collaboration » de Claude Lévêque avec des enfants, les écritures et dessins transférés de la page au néon vont remplacer leur image, notamment avec des mots qui, si on les associe aux faits supposés dénoncés, glacent le sang : « Je suis venu ici pour me cacher », « J’ris pas, j’pleure pas, j’dis rien », « Je ne regrette rien ».

      Pour Jonathan Loppin, « les écritures qu’utilise Claude Lévêque sont comme des récompenses pour les enfants, dont les gribouillages finissent en œuvres d’art ». La créativité des enfants alimente ainsi non seulement sa production artistique, mais aussi sa renommée et sa cote sur le marché de l’art – sans que l’on sache si les enfants sont rémunérés.

      Une quarantaine d’écritures ont ainsi été réalisées de 2012 à 2020 par un adolescent, entre ses 11 et 19 ans. Dernier en date : le mot Illumination, sur 12 mètres de largeur, a orné le beffroi de Montrouge cet automne.

      Entretenant le mélange entre réel et fiction, Claude Lévêque a ainsi, pour certains, semé des alertes dans son travail plastique : en plus des œuvres des débuts déjà citées, on retient le motif de l’enfermement et de l’emprise dans les cages qu’il a conçues, mobilier ou jouets d’enfants malmenés.

      L’ours Gros Bleu sur la page Facebook de Claude Lévêque. © Facebook L’ours Gros Bleu sur la page Facebook de Claude Lévêque. © Facebook
      Dans certaines œuvres, il montre des peluches qu’il emportait souvent avec lui. « À propos d’elles, il nous racontait : “On s’était échangé des objets’’, comme s’il avait le même âge que les enfants », selon l’artiste Jonathan Loppin.

      Ainsi le hérisson « Boulette », et surtout l’ours « Gros Bleu », qui ont tous deux appartenu à Laurent Faulon. Gros Bleu apparaît dans plusieurs œuvres, comme l’affiche J’ai rien à perdre, je suis déjà mort (1993), mais aussi sur Facebook, dans des posts où Claude Lévêque le montre l’accompagnant lors de ses nombreux voyages. En juin dernier, il a renvoyé les deux peluches à Laurent Faulon, à sa demande. Le colis est arrivé sans un mot.

      Une fois la plainte déposée, la justice a tardé à réagir. Est-ce parce que les faits concernant Laurent Faulon datent de plus de trente ans et seraient a priori prescrits ? Parce qu’il n’avait pas d’avocat à l’époque de son dépôt de plainte ?

      Les auditions de témoins et de victimes potentielles n’ont démarré qu’au compte-gouttes en septembre 2020. Des délais qui s’expliquent par « la charge très importante de la Sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis, les urgences qu’elle doit traiter, et un certain nombre d’investigations nécessaires avant de procéder aux auditions », explique à Mediapart la procureure de la République de Bobigny.

      Le ministère de la culture, alerté par la direction de l’École supérieure d’art d’Annecy, où enseigne Laurent Faulon, a quant à lui réagi en novembre 2020, par un signalement écrit au parquet de Bobigny, au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale. Le ministère de la culture et le parquet de Bobigny le confirment à Mediapart.

      L’avocate Laure Heinich, qui défend Laurent Faulon depuis juin 2020, estime que sa plainte « est la démonstration de la difficulté de survivre aux agressions sexuelles ». « Il lui aura fallu des années pour déposer une plainte qui est aussi une plainte citoyenne pour protéger d’éventuelles autres victimes. Il fait ce que les pouvoirs publics demandent aux citoyens. Comment expliquer dès lors la quasi-absence d’investigations depuis ? Le parquet s’interroge-t-il sur le message transmis à la société qu’il représente ? », demande Me Heinich.

      Laurent Faulon, quant à lui, milite désormais pour que la notion de consentement soit complètement revisitée – notamment l’idée d’un seuil d’âge pour les mineurs en dessous duquel toute relation sexuelle avec une personne plus âgée serait considérée comme un viol. Il plaide aussi pour l’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/130121/pedocriminalite-plusieurs-temoins-accablent-l-artiste-claude-leveque?ongle

    • Affaire très similaire à celle de #madzneff
      Un pédo-prédateur sexuel qui agit au grand jour et dont l’oeuvre est construite autour de la sexualisation des mineurs et qui reçoit des aides de l’état. On apprend qu’en 2012 il est invité en résidence 4 mois dans l’école primaire de la goute d’or et qu’il est logé dans l’école et que les gosses pouvaient venir « spontanément » lui rendre visite...

    • CLAUDE LEVÊQUE : MÊME PAS PEUR !
      https://inferno-magazine.com/2012/05/07/claude-leveque-meme-pas-peur

      Claude Lévêque « Seasons in the Abyss » / Du 7 mai au 3 juillet 2012 / Ecole Pierre Budin, Paris XVIIIe.

      Claude Lévêque a été invité en résidence à l’école Pierre Budin dans le quartier de la Goutte d’Or, à Paris. Il a développé, en collaboration avec des enfants âgés de 6 à 11 ans, une installation in situ. Une expérience inédite en France dans une école élémentaire.

      L’appartement de fonction du directeur, actuellement inoccupé, a été mis à la disposition de Claude Lévêque pour qu’il y réalise une exposition qui implique l’ensemble des élèves de l’école. Pierre Perrin, le directeur de l’établissement, est aussi le commissaire de cette exposition. Pour la réaliser, l’artiste a mis en place les conditions d’un dialogue avec les enfants pour l’élaboration du projet, et pour sa réalisation. Les traces lumineuses produites par les phares des voitures au plafond, le soir au moment de s’endormir, Une projection inversée de ce qui se passe en temps réel dans la cour de récréation, sont quelques unes des idées émises qui ont donné à l’exposition sa tonalité. Celle-ci explore l’au-delà du mobilier utilitaire de l’école, en le confrontant à des objets « précieux » prêtés par les enfants ou, plus rarement, choisis par eux dans les dépôts d’Emmaüs où ils se sont rendus avec l’artiste. Des jeux de double et de surfaces réfléchissantes démultiplient ces éléments. L’exposition est intitulée Seasons in the Abyss d’après une chanson des Slayer, un groupe américain de trash métal dont la poésie tourmentée, et les sons puissants, s’écoutent à plein volume. Cette évocation des profondeurs abyssales renvoie aussi à des lieux obscurs dans lesquels les repères spatiaux se brouillent. La bande son de l’exposition, en revanche, ajoute un élément céleste, avec des piaillements superposés d’oiseaux stridents et convulsifs .

      Dans l’appartement aménagé de pupitres et de chaises d’écoliers récupérés à la Mairie de Paris, Claude Lévêque a reçu successivement des petits groupes de cinq enfants, lors de séances préparatoires . Il a simultanément mis en place des ateliers d’écriture pour la réalisation de néons, invitant les enfants à écrire de la « main contraire », soit gauche pour les droitiers, et vice et versa. Durant les quatre mois de sa résidence, il a participé à certains repas collectifs à la cantine, pour le plus grand plaisir des enfants qui pouvaient, par ailleurs, lui rendre visite spontanément à l’appartement, selon des horaires définis avec les enseignants . Pour s’imprégner encore davantage de leurs univers, il a visité des chambres d’enfants . Bien que la Goutte d’Or abrite aussi des personnes particulièrement défavorisées, le quartier est classé Zone Urbaine Sensible (ZUS), ce sont les familles les plus aisées qui l’ont reçu. Par contre, les enfants se sont investis dans le projet indifféremment de leurs conditions sociales. Certains d’entre eux manifestant une aptitude particulière à appréhender le travail de Claude Lévêque, qui leur avait été présenté à la galerie Kamel Mennour, lors de l’exposition Basse Tension, et à travers des DVD, et des catalogues. Ils ont également visité le Musée du Louvre avec l’artiste.

      Le parcours qui résulte de ce processus commence déjà dans la rue Pierre Budin. Les mots J’ai peur , en lettres de néon rouge placés sur la partie supérieure vitrée de la porte d’entrée du bâtiment, accueillent le visiteur. Cette écriture manuscrite d’Amine, un élève de CE2, évoque les punitions scolaires (d’autrefois), une violence ordinaire toujours actuelle, tout en rappelant que les enfants aiment aussi les histoires qui font un peu peur. Elle opère aussi comme une clefs d’entrée à l’espace fictif de l’exposition, en conférant un aspect cinématographique à la rue. Cette porte franchie, un couloir étroit aux murs jaunis conduit à la cours de récréation délimitée par les bâtiments scolaires et plongée, ce jour-là, dans un silence provisoire. Sur la gauche, un escalier mène au 1er étage où se trouve l’appartement traversant du directeur. Il est composé de trois chambres côté rue, d’un salon côté cour, d’un réduit et d’une cuisine (non investie), soit six pièces articulées autour d’un couloir. Dotées d’un plafond haut, de parquet en bois, et de fenêtres barbouillées de traces de peinture noire et mate qui filtrent la lumière du jour, elles sont plongées dans une semi-obscurité. Dans le réduit, un château fort miniature posé au sol, baigne sous un puits de lumière naturelle. Dans le salon attenant, une ampoule suspendue par un long fil électrique éclaire les vestiges d’un jouet en plastique de couleur pastel,un château-nuage Barbie caractéristique de ceux réservés aux filles. Les surfaces nacrées forment, en s’entrelaçant, un cercle qui brillent sous la lumière artificielle comme un nid de serpents, ou de guimauves géantes. La présence des enfants, jusque-là suggérée par des traces discrètes, se manifeste plus ouvertement dans les trois chambres côté rue où des pupitres, des bancs et des chaises sont empilés de manière chaotique, à la limite du déséquilibre.

      Des boules à facettes, placées par paires à la hauteur des yeux des adultes, et à celle des enfants, projettent sur les murs, en tournant sur elles-mêmes, des particules de lumière. Des miroirs sans teint réfléchissent, en les démultipliant, d’innombrables petits objets du quotidien confronté au matériel scolaire anonyme. Une étoile de Noël éteinte au sol, un petit piano noir, des coupes de vainqueur, un doudou vert, l’image d’un clown dans un cadre, une voiture jaune posée sur un pied de table jaune, deux wagons de train miniatures, une mappemonde, une minuscule chaise rose à côté d’une grande lampe de chevet, un nounours à la mer, une voiture clignotante… Nichés dans chaque recoin, comme dispersés suite à une douce tempête , ces objets forment des micro fictions, pareilles à celles que l’on trouve dans les chambres d’enfant. Des espaces sensibles et sophistiqués, dans lesquels le vocabulaire enfantin qui fusionne avec celui de Claude Lévêque, aurait pu inspirer à Charles Baudelaire cette phrase : « Le génie, c’est l’enfance retrouvée à volonté »

      Josiane Guilloud-Cavat

      Seasons in the Abyss / Du 7 mai au 3 juillet 2012 / Ecole Pierre Budin 5, rue Pierre Budin 75018 Paris / M° Château Rouge – ligne 4 ou Marcadet Poissonniers

  • Vaccins : le gouvernement en mode auto-défense perpétuelle - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2021/01/02/vaccins-le-gouvernement-en-mode-auto-defense-perpetuelle_1810195

    A la date de mercredi, avant le jour de l’an, seulement 332 Français s’étaient fait vacciner contre 130 000 Allemands dans le même intervalle.
    En Belgique, 700 personnes ont été vaccinées depuis lundi, se concentrant symboliquement sur trois établissements recevant des personnes âgées. La France en compte près de 7 000.