Des types qui pensent que le problème relève de « l’édifice intellectuel et institutionnel que la pensée des Lumières nous a légué » ne peuvent guère produire, en guise de solution, que des considérations moralisantes qui ne valant guère plus que des bullshits.
Il n’y a donc pas à s’étonner que, pour ces types, la solution ne puisse relever (sans rire) que :
– de concepts dimensionnés et adaptés où « les assemblages anciens montrent leurs limites et les assemblages nouveaux n’existent qu’en puissance »,
– d’une nouvelle « interprétation philosophique pour penser notre conjoncture », pour « penser le monde vivant comme ce qu’il est vraiment », pour « repenser autrement nos relations au monde vivant », voire pour « repenser leur nature même »
– de la nominalisation de nouvelles « relations avec les milieux vivants, les animaux, les végétaux », de nouvelles manières discursives d’« accommoder dans notre vocabulaire conceptuel d’autres façons de faire monde » (« C’est pourquoi, par exemple, je plaide pour remplacer « société » par « collectif » : la blague du jour)
– de « structures institutionnelles – territoires alternatifs, mobilisations contre l’accaparement des terres et de l’eau, luttes contre des projets écocidaires – sur lesquelles appuyer un projet local de faire monde »
– d’un « programme de relocalisation de nos attachements au vivant et d’aiguisement de notre attention à ce qu’il porte de joie et de plénitude »
– de blablabla...
C’est le langage du nouveau réformisme, nouvel avatar du vieille idéalisme. Tout aussi inutile et insupportable que l’ancien, mais sans doute plus adapté aux enjeux contemporains.
Donc pas un mot, naturellement, pour expliquer que :
– pour obtenir une agriculture qui « laisse respirer et prospérer la terre, agricole et sauvage, contre sa bétonisation outrancière »,
– pour rendre possible un "tissage de solidarités entre des agents humains et autres qu’humains", où les humains pourront « entretenir avec l’espace qui les accueille une relation d’équité »
... il faudra libérer l’humanité entière de la jungle capitaliste.
Pas un mot pour expliquer que, pour cela, il faudra bien plus que des « territoires alternatifs, des mobilisations contre l’accaparement des terres et de l’eau, des luttes contre des projets écocidaires », mais que les travailleurs (les producteurs de tout en ce monde) soient au pouvoir, et organisent la société en fonction de leurs intérêts de classe, et, partant, de ceux la majorité de la population.
Les travailleurs produisent toutes les richesses de façon collective et sociale et n’ont rien à gagner au maintien de la propriété privée des moyens de production, à commencer par les travailleurs du secteur agroalimentaire.
Pour « sauver la planète », comme l’exige avec raison la jeunesse qui se mobilise, il n’y a pas d’autre solution que de placer les industriels sous le contrôle direct des travailleurs et de la population. Il faut supprimer le secret des affaires et le secret industriel. Chaque travailleur, quel que soit son poste ou ses responsabilités, doit pouvoir rendre public, sans risquer son emploi, tous les agissements dangereux dont il a connaissance. Cela ne peut être qu’une première étape avant de collectiviser l’ensemble des groupes capitalistes pour les soumettre à un plan commun de production répondant aux besoins de la population sans détruire la planète et, en économisant au maximum les ressources.
Oui, il y a urgence à enrayer la catastrophe écologique tout comme il y a urgence à arrêter la catastrophe sociale. Les deux ne s’opposent pas. Les deux sont liées et les deux nécessitent la même intervention consciente des travailleurs, qui produisent tout.
La catastrophe écologique et ceux qui s’en servent
►https://mensuel.lutte-ouvriere.org/2021/10/24/la-catastrophe-ecologique-et-ceux-qui-sen-servent_183740.htm