Erreur 404

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  • Joe Biden face à une première crise à la frontière avec le Mexique
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/22/joe-biden-face-a-une-premiere-crise-a-la-frontiere-avec-le-mexique_6073993_3

    En un mois, plus de 10 000 enfants et adolescents sans papiers ont déjà été recensés, un niveau inédit depuis les arrivées massives de 2014. Les grandes tentes blanches disposées géométriquement sont entourées d’un grillage doublé d’une bâche textile qui les dissimule aux regards. Lorsque l’on s’approche, un gardien tire précipitamment la barrière mobile qui en commande l’entrée avant d’inviter à passer son chemin. Le camp de Donna, dans le sud-est du Texas, fonctionne depuis plus d’un mois et il est devenu un symbole de la nouvelle poussée migratoire à laquelle est brusquement confrontée l’administration de Joe Biden, un peu plus de soixante jours après son arrivée à la Maison Blanche.La frontière avec le Mexique n’est distante que d’une dizaine de kilomètres, plus au sud, au bout d’une vaste plaine agricole. Elle est annoncée par des tronçons discontinus du mur voulu par Donald Trump, mais encore inachevé.
    Comme le confirme Roderick Kise, du service des douanes et de la protection des frontières, les tentes de Donna, climatisées, accueillent depuis un mois de nouveaux candidats à l’immigration dont il se garde cependant de préciser le nombre. Il s’agit de mineurs isolés que la nouvelle administration refuse désormais de renvoyer côté mexicain pour des raisons humanitaires, comme elle le fait au contraire pour les adultes ou la majorité des familles venues pour l’essentiel d’Amérique centrale.Depuis ce changement de politique, les chiffres s’envolent. En un mois, plus de 10 000 enfants et adolescents sans papiers ont déjà été recensés, un niveau inédit depuis les arrivées massives de 2014. Environ la moitié se trouvaient dans un de ces centres du service des frontières au 21 mars. La loi impose que le séjour de ces mineurs n’y excède pas soixante-douze heures, un délai devenu très difficile à tenir. Ils doivent ensuite être remis aux services relevant du département de la santé, ou bien placés dans des familles d’accueil. L’afflux actuel place les services fédéraux d’autant plus sous tension qu’ils sont tenus de respecter les nouvelles contraintes de distance physique imposées par l’épidémie de Covid-19. Un centre de convention de Dallas a été réquisitionné pour héberger ces mineurs. La Federal Emergency Management Agency (FEMA) – l’organisme gouvernemental qui intervient lors des catastrophes naturelles – a été également appelée à la rescousse. Les enfants retenus dans ces centres ont reçu la visite d’avocats. Une délégation d’élus du Congrès s’est également rendue sur place pour évaluer leurs conditions d’hébergement, souvent spartiates. La presse a été gardée à distance. Depuis des jours, l’administration de Joe Biden refuse d’utiliser le terme de « crise » pour dépeindre la situation à la frontière, préférant celui de « défi », plus neutre. (...) l’épidémie impose de nouvelles procédures. Ces migrants, arrêtés par la police des frontières après le franchissement clandestin du Rio Grande ou bien sans le moindre visa, doivent passer par d’autres tentes, installées non loin du centre, pour y subir un dépistage du virus. C’est seulement ensuite qu’ils sont autorisés à se rendre dans le bâtiment d’un ancien night-club reconverti en foyer d’accueil, pour s’y reposer ou s’y laver, avant de repartir vers des familles d’accueil dans l’attente d’un jugement sur leur sort.(...)
    Dénonçant une politique migratoire « ravagée », qui a entraîné l’entassement de migrants côté mexicain à la frontière avec les Etats-Unis, ce dernier a immédiatement promis depuis une refonte complète et ambitieuse, y compris en évoquant une aide massive pour les sociétés civiles des pays de départ. Dans l’intervalle, la frontière reste officiellement fermée. Les responsables de l’administration Biden ne cessent depuis de marteler ce message, y compris en espagnol, sans effet notable pour l’instant sur la détermination des candidats à l’immigration. Le changement de ton à la Maison Blanche a-t-il créé un appel d’air ? « Il n’y a rien de vraiment nouveau dans le fait que des gens veuillent venir » aux Etats-Unis, estime sœur Norma Pimentel, du haut de son expérience de la frontière, « mais il est vrai que le discours compassionnel du nouveau président a pu avoir un effet ».Norma Herrera, une avocate de la vallée du Rio Grande, relativise. « Les gens qui quittent leur pays, leurs familles et leurs amis se déterminent toujours bien plus en fonction de ce qui se passe chez eux que de ce qui peut se dire ici. S’ils décident d’affronter tous les dangers que comporte le voyage vers cette frontière, c’est en premier lieu pour fuir une situation devenue insupportable », suggère-t-elle, énumérant le poids des violences liées aux gangs ou bien les effets des ouragans qui se sont abattus sur l’Amérique centrale à l’automne 2020. (...) Avant lui (Trump), des responsables républicains ont estimé que la situation faisait peser des risques pour la sécurité des Etats-Unis. Kevin McCarthy, le chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, a évoqué des migrants venus du Yémen et d’Iran alors que le gouverneur républicain du Texas a dénoncé l’afflux de porteurs potentiels du virus. Après avoir suivi à la lettre le programme qu’elle s’était fixé depuis le 20 janvier, la nouvelle administration démocrate est désormais confrontée à sa première crise. Si elle perdure, elle pourrait parasiter les premiers résultats qu’elle revendique : le passage d’un gigantesque plan de soutien à l’économie, très populaire dans l’opinion américaine, et l’efficacité de la campagne de vaccination contre le Covid-19 qui permet d’espérer un début de retour à la normale. Après avoir vanté son plan de soutien en Pennsylvanie, Joe Biden a prévu de se rendre cette semaine dans l’Ohio, pour en faire de même. Il n’a cependant pas exclu, dimanche, de se rendre à la frontière « le moment venu ».

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#ameriquelatine#sante#vaccination#politiquemigratoire#stigmatisation#virus#MNA#securite

  • La Norvège engage une vaste réforme de dépénalisation des drogues
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/18/la-norvege-engage-une-vaste-reforme-de-depenalisation-des-drogues-douces-et-

    La Norvège pourrait bientôt disposer d’une des législations sur les stupéfiants les plus libérales d’Europe, et même du monde. Si le projet de loi, élaboré par le gouvernement de centre droit et examiné par les députés depuis le 16 mars, est adopté, l’achat, la possession et l’usage d’une dizaine de drogues – dont le cannabis, la cocaïne et l’héroïne – seront dépénalisés. En petite quantité, certes. Mais suffisamment pour que la réforme, présentée comme « la plus radicale socialement depuis des décennies », suscite un débat de société. Intitulé « De la punition à l’aide », le projet de loi plaide en faveur d’un changement de paradigme : privilégier le dialogue à la sanction. — (...)

    #politiquedrogues #société

  • L’Espagne légalise l’euthanasie, devenant le sixième pays au monde le faire
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/18/l-espagne-devient-le-quatrieme-pays-europeen-a-legaliser-l-euthanasie_607359

    La nouvelle législation espagnole, qui doit entrer en vigueur en juin, autorise aussi bien l’#euthanasie – c’est-à-dire lorsque le soignant provoque la #mort du patient – que le #suicide_médicalement_assisté – lorsque le patient prend lui-même la dose prescrite. Ils seront réservés aux personnes ayant « une maladie grave et incurable » ou des douleurs « chroniques [les] plaçant dans une situation d’#incapacité ». Les patients seront en droit de demander l’aide du corps médical pour mourir et s’éviter ainsi « une #souffrance_intolérable ».

  • Covid-19 : la Commission européenne mise sur un certificat sanitaire pour « faciliter la liberté de mouvement »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/17/covid-19-la-commission-europeenne-mise-sur-un-certificat-sanitaire-pour-faci

    Covid-19 : la Commission européenne mise sur un certificat sanitaire pour « faciliter la liberté de mouvement ». Ce passeport vaccinal permettrait de fluidifier la circulation au sein de l’UE. Mais le débat sur les informations qu’il comportera et les droits qu’il ouvrira s’annonce difficile.L’objectif est clair – faire en sorte que cet été, la liberté de circulation au sein de l’Union européenne (UE) ne soit pas un vain postulat – ; mais la manière de l’atteindre reste semée d’embûches. Mercredi 17 mars, la Commission européenne a présenté le principal instrument à sa disposition pour y parvenir, en attendant que les vaccins contre le Covid-19 produisent leur effet et assurent une immunité collective : le « certificat digital vert », appelé ainsi en référence aux « voies vertes » mises en place il y a un peu moins d’un an pour assurer un passage aux transporteurs routiers quand, face à la propagation du virus, les frontières fermaient les unes après les autres.
    Ce visa sanitaire, s’il devait voir le jour d’ici à juin comme l’exécutif communautaire le souhaite, n’est, en théorie, qu’un outil mis à la disposition des Vingt-Sept. A chacun d’entre eux ensuite, assure la Commission, de décider, des droits qu’il ouvre – par exemple celui de séjourner sur son sol sans avoir à subir de quarantaine pour un non ressortissant – même si l’objectif assumé est bel et bien « de faciliter la liberté de mouvement », comme on peut le lire dans le projet de législation. « Ils seront obligés de fournir le “certificat vert” aux citoyens qui y ont droit mais ils décideront de l’usage qu’ils veulent en faire », explique ainsi un haut fonctionnaire européen.
    En réalité, la Commission marche sur des œufs tant la question des frontières, qui relève des compétences nationales, est sensible. Elle sait aussi que sa proposition fera l’objet de négociations difficiles entre, d’un côté, le Parlement européen et, de l’autre, les Vingt-Sept, qui devront l’adopter à la majorité qualifiée.« Le Parlement européen va vouloir la rendre plus contraignante pour les Etats membres, et les contraindre à associer à ce certificat vert une liberté de circulation », commente un diplomate. Avant de poursuivre : « Du côté des Etats membres, certains, au Nord, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, craignent que cela se transforme en une tentative d’harmonisation des règles aux frontières. D’autres, au Sud, qui veulent sauver leur saison estivale, ont peur que ce ne soit pas prêt à temps. » Athènes, Madrid ou Lisbonne, dont les économies sont très dépendantes du tourisme, comptent sur ce « certificat vert » pour ouvrir les portes de leurs hôtels et restaurants à tous ceux qui souhaiteraient venir en vacances chez eux.Bruxelles sait que si le « certificat digital vert » ne voit pas le jour, les Etats membres se doteront les uns après les autres de leur propre passeport sanitaire, sans avoir à cœur de se coordonner, comme on l’a déjà vu dans le passé avec les applications de traçage du Covid-19. Des initiatives ont d’ailleurs déjà commencé ici ou là. Entre autres, le Danemark et la Suède ont annoncé la mise en place de certificats électroniques. Quant à la Grèce, elle a, comme Chypre, signé un accord bilatéral avec Israël autorisant leurs ressortissants vaccinés à se déplacer entre les deux pays. Face à ce nouveau risque de fragmentation, donc, Bruxelles veut poser des jalons, avec un dispositif qui se veut interopérable et sécurisé.
    Alors que les campagnes de vaccination restent laborieuses – à ce stade, seuls 9 % des Européens se sont vus administrer une première dose – et qu’elles n’auront sans doute pas commencé pour les plus jeunes avant cet été, la Commission propose donc un « certificat vert » non discriminant : il devra être remis aux ressortissants des pays européens qui auront déjà contracté le virus, et seront donc provisoirement immunisés, ainsi qu’à ceux qui auront fait l’objet d’un test négatif, ou qui auront été vaccinés – il précisera alors avec quel vaccin et à quelle date.Tant que l’on parle des vaccins autorisés par l’Agence européenne des médicaments – quatre, à ce stade : Pfizer-BioNTecH, Moderna, AstraZeneca et Johnson & Johnson –, cela va de soi. Mais Bruxelles prévoit aussi que ceux qu’elle n’a pas homologués puissent être inscrits sur ce certificat. Libre à chaque Etat membre de décider s’il accepte de faire venir sur son sol les personnes qui en ont bénéficié.La Hongrie, qui utilise les vaccins russe Spoutnik V et chinois Sinopharm, devrait modérément apprécier… Et, au sein de l’UE, les pays les plus touristiques, comme la Grèce, n’ont pas l’intention de limiter leurs débouchés. Ils espèrent pouvoir faire venir chez eux des ressortissants de pays hors UE, qui n’auront pas forcément été vaccinés avec l’un des vaccins autorisés par l’Agence européenne des médicaments.Afin qu’il soit facile d’utilisation, la Commission prévoit que le « certificat vert » soit doté d’un QR code, et puisse être gardé sous forme électronique, ou papier. Il devra être « gratuit », précise-t-elle. Enfin, il sera rédigé dans la langue du pays où il a été émis mais aussi en anglais, afin qu’il soit lisible partout sur le continent.La Commission a en effet constaté que, même si les Vingt-Sept se sont engagés à reconnaître mutuellement leurs tests, en pratique, certains d’entre eux se soustraient à cette promesse, dès lors qu’ils sont rédigés dans une langue qui ne leur est pas familière.Un groupe d’experts des Etats membres s’est déjà mis d’accord sur la manière de rendre ce document sécurisé. Objectif : éviter la falsification, comme cela existe aujourd’hui pour les tests PCR. Dans une notification du 1er février, Europol signale ainsi plusieurs circuits qui ont permis de mettre sur le marché de faux tests négatifs, par exemple à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, pour un prix variant « de 150 à 300 euros », rapporte l’agence européenne. Tous ces sujets – les données qui figureront sur ce certificat, l’outil numérique qui sera utilisé, les droits qu’il ouvrira – sont extrêmement délicats et susceptibles de faire naître des débats complexes entre les Vingt-Sept. « Il n’est pas sûr qu’on ait le temps de faire une législation en deux ou trois mois. Il faut, en parallèle aux négociations qui vont commencer, travailler à une solution plus pragmatique qui ne serait pas une législation, mais des recommandations de la Commission », confie une source européenne.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#sante#circultion#frontiere#vaccination#passepotvaccinal#test#droit#tourisme#economie

  • Le Mexique a rapatrié les corps de migrants Guatelmatèques victimes du crime organisé
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/13/le-mexique-a-rapatrie-les-corps-de-migrants-guatelmateques-victimes-du-crime

    Une crise sécuritaire dénoncée, début mars, par un rapport de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, qui fustige « les violences et les extorsions de la part des policiers, des agents migratoires et des groupes criminels mexicains ». Ce à quoi Gina Garibo ajoute : « Les réseaux de passeurs profitent aussi de la frustration des migrants. » Leurs tarifs ont en effet décollé, passant de 3 000 dollars à plus de 13 000 dollars pour un départ d’Amérique centrale. « Des milliers d’autres subissent le même sort, disparaissant dans des fosses clandestines » Jose Luis Gonzalez, coordinateur au Guatemala du réseau jésuite d’aide aux migrants« Certains abandonnent les clandestins en chemin, les livrent au crime organisé, qui les enlève contre rançon, les recrute de force, voire les tue », affirme Jose Luis Gonzalez, coordinateur au Guatemala du réseau jésuite d’aide aux migrants. Le religieux accompagne les proches des seize victimes du massacre de Camargo, dont les corps sont arrivés, vendredi, dans leur pays. Le président guatémaltèque, Alejandro Giammattei, a déclaré trois jours de deuil national.
    L’enquête mexicaine sur le drame s’oriente vers la rivalité territoriale entre le cartel du nord-est et celui du golfe. Les trois passeurs mexicains tués travaillaient sans doute pour la concurrence. « Des milliers d’autres subissent le même sort, disparaissant dans des fosses clandestines », souligne le père Gonzalez, qui déplore que « le discours de Biden, plus favorable aux migrants, ne se traduise pas encore dans les faits ». D’autant que le président américain a maintenu la règle des « expulsions express », instaurée par M. Trump, au nom des mesures sanitaires liées au Covid-19. Quelque 136 419 clandestins ont ainsi été expulsés et renvoyés, en janvier et en février, dans leur pays d’origine. « Ne venez pas aux Etats-Unis de manière irrégulière, la frontière reste fermée », martèle Roberta Jacobson, coordinatrice de la frontière sud à la Maison Blanche. « Les Centraméricains sont trop désespérés, par la violence et la misère dans leurs pays, pour ne pas tenter quand même la traversée », répond M. Gonzalez, qui redoute une crise migratoire et humanitaire.

    #Covid-19#migration#migrant#etatsunis#mexique#ameriquecentrale#crisemigratoire#pandemie#frontiere#politiquemigratoire#trafic#mesuresanitaire

  • Le rôle de l’armée russe au Karabakh fait débat en Azerbaïdjan
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/11/karabakh-le-role-de-l-armee-russe-fait-debat-en-azerbaidjan_6072724_3210.htm


    Le monastère arménien de Dadivank (Haut-Karabakh), ici le 21 décembre 2020, est protégé par la Russie.
    LAURENCE GEAI POUR LE MONDE

    Sorti victorieux de la guerre avec l’Arménie, Bakou a dû accepter le retour de troupes russes sur son sol, trente ans après son indépendance. Mais la Russie livrera-t-elle bien le Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan dans cinq ans ?

    Bakou bruisse de rumeurs sur les intentions véritables de Moscou. Les forces de maintien de la paix russes livreront-elles clé en main le Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan dans cinq ans, comme le stipule la déclaration tripartite du 9 novembre 2020, qui a mis fin à la seconde guerre de ce territoire disputé depuis la chute de l’URSS ? N’y croient que ceux qui se sentent obligés de répéter le discours officiel. L’autoritaire président Ilham Aliev répète sur tous les tons que la guerre est gagnée et que la question du Karabakh est réglée une fois pour toutes.

    Dans les faits, la République autoproclamée du Haut-Karabakh (reconnue par aucun pays au monde, pas même l’Arménie) continue d’administrer un peu moins de 100 000 Arméniens en dehors de la juridiction azerbaïdjanaise. Quoique très affaiblie par les pertes durant le conflit, l’armée séparatiste du Haut-Karabakh continue néanmoins d’exister, sous le contrôle des 1 960 soldats russes déployés sur ce territoire. On est donc encore très loin d’une « intégration » des Arméniens du Haut-Karabakh dans la République d’Azerbaïdjan, contrainte d’accepter une présence militaire russe sur son territoire pour la première fois depuis l’indépendance du pays acquise en 1991.

    « Les Russes ont obtenu ce qu’ils voulaient depuis trente ans, c’est-à-dire redéployer leurs soldats sur notre sol, déplore au Monde un officiel azerbaïdjanais sous couvert d’anonymat. Nous voulons avancer jusqu’à l’application complète de l’accord tripartite et rétablir notre souveraineté sur tout le territoire. Mais les Russes ont plutôt intérêt à geler la situation telle qu’elle est aujourd’hui pour proroger leur présence. » Il note cependant que la présence russe a apaisé la tension sur le terrain et apporté une indéniable stabilité.
    Une partie de l’opinion publique se satisfait du calme apparent et est encline à supporter le retour des militaires russes. « Notre voisin du Nord est très puissant. Il ne faut pas se fâcher avec lui mais s’en accommoder. Il est plus fort que nous et plus fort que les Turcs », juge Elkhan Fatali, vendeur de téléphones à Bakou.

    Soupçon de collusion
    Mais d’autres gardent une vive rancune envers une armée russe dont beaucoup se souviennent qu’elle a tué 147 manifestants indépendantistes azerbaïdjanais lors du « janvier noir » en 1990 à Bakou. Une armée russe aussi et surtout soupçonnée de collusion avec les séparatistes arméniens. Les images récentes d’embrassades entre le commandant de la force russe de maintien de la paix, Roustam Mouradov, et le président de la République séparatiste du Haut-Karabakh, Arayik Haroutiounian, qui circulent sur les réseaux sociaux, entretiennent la défiance.

  • Covid-19 : Israël reprend vie avec le passeport vert
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/11/covid-19-israel-reprend-vie-avec-le-passeport-vert_6072723_3210.html

    Covid-19 : Israël reprend vie avec le passeport vert La vie reprend partout en Israël, fruit d’une campagne de vaccination d’une rapidité unique au monde. Pourtant le Covid-19 impose encore certaines pudeurs, qu’il revient à chacun de lever peu à peu. Depuis dimanche 7 mars, les bars et les restaurants, les hôtels et les halls de mariage, les établissements sportifs et culturels, comme les entreprises, rouvrent. Dernière étape d’une levée graduelle de confinement, chaque activité se voit imposer une jauge limite d’assistance, selon des critères complexes – pour les collèges, ce n’est qu’à temps partiel et pas dans les villes les plus contaminées. Il est doux cependant de parcourir les boulevards de Tel-Aviv et de prétendre comme tout le monde que l’épidémie est derrière nous.
    Comme tout le monde ou presque : seuls sont autorisés à s’attabler en salle les détenteurs d’un certificat de vaccination ou de guérison. Le sésame est matérialisé par un code QR ou une animation sur smartphone, par un simple document pour les étrangers. Lundi, 54 % des Israéliens avaient reçu une première dose de vaccin Pfizer, et plus de 42 % une seconde. Israël a aussi commencé à vacciner les 115 000 travailleurs palestiniens employés légalement sur son sol et dans les colonies, alors que les territoires connaissent un regain massif de l’épidémie.
    Au Lima Lima, il y a encore des frontières invisibles : entre la rue et le bar, où le videur vous fait entrer prestement, parce que des policiers arrivent – quand bien même ils n’ont rien à y redire. Entre la salle de danse, réservée aux vaccinés, et le bar à ciel ouvert, où une dizaine de bouteilles à peine sont alignées derrière le comptoir. Le patron, Gilad Dubinowski, 30 ans, n’a pas refait les stocks. Il a rouvert avec un tiers de ses anciens employés : les autres n’ont pas répondu à ses appels. « Comment les blâmer ? Ils se sont fait une autre vie depuis un an et je ne peux rien leur promettre », dit-il. Nombre de travailleurs toucheront des indemnités de chômage dues à l’épidémie jusqu’en juin : ils n’entendent pas y renoncer trop vite.
    Une petite centaine de clients – la limite pour un espace de danse où l’on sert de l’alcool – a rejoint cette soirée hip-hop prisée avant l’épidémie. Il y a ceux qui se laissent aller sans mesure, comme Keren Or, 22 ans : « La vodka et la musique à la maison, c’était pas pareil. Et puis tout va refermer dans deux semaines, pour les fêtes de Pessah », craint-elle. Il y a aussi ceux qui se tiennent au bord de la piste de danse et les nerveux qui s’abandonnent quand même. « Depuis un an, il n’y avait plus vraiment de vie gay à Tel-Aviv. J’ai bien vu quelques garçons, mais j’avais peur de contaminer ma famille et je n’ai pas recommencé à draguer », dit Amit, économiste de 31
    La plupart des experts de santé encouragent cette réouverture. Les hôpitaux ne risquent plus, pour l’heure, d’être débordés. Mais nombre d’Israéliens craignent un bref mirage, qui aurait moins à voir avec la réalité sanitaire qu’avec les élections législatives prévues le 23 mars, les quatrièmes en deux ans. Amit salue la performance du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, maître d’œuvre de ce succès vaccinal, et s’interroge : « Une fois qu’on aura voté, est-ce que tout refermera encore ? »
    Pour Ronni Gamzu, directeur de l’hôpital Sourasky de Tel-Aviv, qui fut un temps le principal conseiller du gouvernement dans la lutte contre l’épidémie, rouvrir est un impératif économique, certes. Mais c’est avant tout une affaire de « santé mentale » du pays. « Les gens se sont dédiés à cette campagne de vaccination. Ils ont fait confiance au gouvernement et aux experts. Nous devons leur rendre leur vie en retour », dit-il. L’Etat n’en fait d’ailleurs pas mystère : ces certificats doivent avant tout inciter les indécis à se faire vacciner, dans le cadre d’une campagne qui se poursuit agressivementLa presse constate que les passeports verts sont falsifiables : des faux s’échangent en ligne. Mais ces contournements demeurent négligeables. L’Etat n’en fait d’ailleurs pas mystère : ces certificats doivent avant tout inciter les indécis à se faire vacciner, dans le cadre d’une campagne qui se poursuit agressivement. Début mars, le Parlement a passé une loi autorisant l’Etat à transmettre aux mairies l’identité des non-vaccinés. Dans les entreprises, pas question d’imposer le vaccin aux employés, mais le ministre de la santé, Yuli Edelstein, a envisagé de faire tester les récalcitrants tous les deux jours. L’idée a aussi flotté de contraindre les professeurs des écoles publiques à se faire vacciner – 24 % ne le sont pas. Déjà, à l’hôpital Hadassah de Tel-Aviv, 80 docteurs, infirmiers et personnels administratifs sans passeport ont été mis en congé sans solde. Difficile d’imaginer que la justice laisse se généraliser une telle forme de harcèlement. Mais le discours des autorités vise à imposer le sentiment qu’il n’y a pas d’autre choix.
    Symbole de cette intransigeance, l’aéroport international de Tel-Aviv est demeuré en activité minimale depuis la fin janvier. Afin de fermer la porte aux nouveaux variants, des milliers d’Israéliens sont demeurés bloqués hors du pays. Depuis dimanche, les vols reprennent, notamment depuis la France, pour un millier de personnes par jour – un chiffre qui doit aller croissant.Les autorités ont testé ces dernières semaines un système de bracelets électroniques, censé imposé aux Israéliens de retour de respecter leur quarantaine à domicile. Dès février, le gouvernement a aussi signé des accords avec la Grèce et Chypre, qui reconnaissent mutuellement leurs certificats de vaccination nationaux : un coup de pouce aux futurs touristes. Maya Domatov, 62 ans, exilée depuis deux mois à New York, est revenue mardi au pays avec son mari. Elle s’isolera chez son fils et mettra un bulletin pour « Bibi » Nétanyahou dans l’urne le 23 mars, avant de passer Pessah à Jérusalem. Le couple a payé 1 000 dollars pour faire et refaire des tests Covid-19, en attendant d’obtenir l’autorisation de voyager. Elle préférerait ne pas se faire vacciner, mais elle ne pourra pas remonter dans un avion sans passeport vert.

    #Covid-19#migrant#migration#Israel#sante#santementale#frontiere#vaccination#passeportvaccinal#grece#chypre#france

  • Au Pérou, l’ex-président Alberto Fujimori devant la justice pour avoir orchestré une politique de stérilisations forcées
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/10/au-perou-alberto-fujimori-devant-la-justice-dans-le-dossier-des-sterilisatio

    « Un jour, ils sont venus me chercher et ils m’ont fait monter de force dans une ambulance. Je n’étais pas seule, il y avait d’autres femmes avec moi, ils nous ont emmenées comme du bétail. » Aurelia Paccohuanca avait 24 ans quand elle a été forcée de subir une opération de stérilisation. « On m’a dit que je ne devais plus avoir d’enfants, que je devais me faire ligaturer les trompes. Je ne savais même pas ce qu’était la ligature des trompes ! “Comment, vous ne savez pas ?”, on m’a dit. “Vous êtes des ignorants !” Arrivées au centre de santé, on nous a demandé de nous déshabiller, certaines femmes criaient. »

    Les médecins l’endorment, l’opèrent alors qu’elle est à demi consciente et la renvoient chez elle, sans aucun suivi post-opératoire. C’était en 1998, sous la présidence d’Alberto Fujimori (1990-2000). Elle en garde des douleurs et un profond traumatisme.

    et après paywall...

    Celui de l’ancien président Alberto Fujimori et trois de ses ministres, accusés d’avoir fait stériliser plus de 300 000 femmes, la plupart sans leur consentement, entre 1996 et 2000. Après moult reports, une première audience préliminaire s’est tenue ce lundi 1er mars.
    (y’a du y avoir un kouak entre le titre et chapo)
    https://www.rfi.fr/fr/am%C3%A9riques/20210302-p%C3%A9rou-alberto-fujimori-devant-les-juges-pour-la-st%C3%A9rilisation

  • Au Brésil, un juge de la Cour suprême annule les condamnations de Lula
    (mais reste inculpé…)
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/08/au-bresil-un-juge-de-la-cour-supreme-annule-les-condamnations-de-lula_607239


    L’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva assiste à une cérémonie pour recevoir la citoyenneté d’honneur de Paris, en mars 2020.
    THIBAULT CAMUS / AP

    Cette décision, qui fait l’effet d’une bombe dans le pays, rend l’ancien président potentiellement éligible pour affronter Jair Bolsonaro lors de la présidentielle de 2022.

    Un juge de la Cour suprême du Brésil a ordonné, lundi 8 mars, l’annulation de l’ensemble des condamnations de l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva pour corruption, le rendant potentiellement éligible pour affronter Jair Bolsonaro à la présidentielle de 2022.

    Cette décision, qui a fait l’effet d’une bombe au Brésil, a été prise par le juge Edson Fachin. Ce dernier a estimé que le tribunal de Curitiba (sud), qui avait condamné Lula dans quatre procès, n’était « pas compétent » pour juger ces affaires. Celles-ci seront à présent jugées par un tribunal fédéral de Brasilia. En attendant ces jugements, l’ex-président de gauche (2003-2010) est rétabli dans ses droits politiques et peut briguer un troisième mandat.

    Le procureur général brésilien dispose toutefois d’un droit de recours devant la Cour suprême réunie en séance plénière.
    « Lula innocent », a sobrement réagi sur Twitter le Parti des travailleurs (PT), formation de gauche cofondée en 1980 par Lula, qui, pour sa part, restait silencieux.

    • selon médiapart, ça serait a double ou triple détente :

      La décision d’Edson Fachin a d’autant plus surpris qu’il est un ardent défenseur de l’opération anticorruption Lava Jato. En réalité, avec cet arbitrage, il enterre de fait les procès en cours au STF visant à statuer sur l’impartialité de l’ancien juge Sérgio Moro, largement mise en doute par les échanges de messages dévoilés par le site The Intercept Brasil.

      De nombreux commentateurs estiment ainsi que le juge Fachin aurait choisi de ressusciter une vieille jurisprudence pour annuler les condamnations de Lula, plutôt que de risquer des annulations en cascade dans d’autres procès de Lava Jato si Sérgio Moro venait à être déclaré partial dans ses jugements.

      [...]

      Paradoxalement, cette décision juridique peut aussi servir les intérêts de Jair Bolsonaro. Avec sa gestion catastrophique de la pandémie, une économie en déroute, un chômage et une inflation en hausse, sa popularité commençait à sérieusement s’éroder. Le retour fracassant de Lula peut lui permettre de repartir sur ses fondamentaux et d’attiser le sentiment anti-PT, toujours très répandu dans le pays.

      Selon l’éditorialiste Thomas Traumann, « le président avait perdu une partie de ses soutiens au sein des marchés financiers, des entrepreneurs et des médias. Mais il est probable que ces repentis reviennent maintenant vers lui par crainte d’un retour du PT ». En campagne permanente et beaucoup plus à l’aise dans la provocation que dans la gouvernance, le président brésilien devrait à nouveau jouer à fond sur le fantasme d’une prétendue menace communiste.

      Dans ces conditions, les deux adversaires risquent d’occuper une grande partie de l’espace politique et les prétendants du centre et du centre-droit qui tentent de se présenter comme des alternatives crédibles à Jair Bolsonaro voient leurs chances fortement diminuer. « On va vers une polarisation forte entre un candidat démocrate de gauche et un président d’extrême droite qui cherche à radicaliser la scène politique brésilienne, analyse Adriano Codato. Jair Bolsonaro pourrait profiter de cette décision pour remobiliser ses soutiens contre le STF. »

  • Protection des migrants en Méditerranée : le Conseil de l’Europe s’alarme des politiques migratoires de l’UE
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/09/protection-des-migrants-en-mediterranee-le-conseil-de-l-europe-s-alarme-des-

    Protection des migrants en Méditerranée : le Conseil de l’Europe s’alarme des politiques migratoires de l’UE. Dans un rapport publié mardi, l’instance européenne épingle le « manque de volonté des Etats européens » d’établir des politiques de protection, qui cause la perte de « milliers de vies humaines ».Refoulements d’embarcations, naufrages plus fréquents…, la situation des migrants qui traversent la Méditerranée s’est détériorée en 2020, aggravée par la crise sanitaire. Le Conseil de l’Europe a vilipendé mardi 9 mars le « manque de volonté des Etats européens » d’établir des politiques de protection, qui cause la perte de « milliers de vies humaines ».
    « Depuis des années, les pays d’Europe se sont engagés dans une course vers l’abîme, pour maintenir hors de nos frontières les personnes ayant besoin de notre protection, avec des conséquences désastreuses », déplore Dunja Mijatovic, commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, en introduction d’un rapport publié mardi. « Leur réponse est l’un des exemples les plus flagrants de la façon dont les mauvaises politiques migratoires portent atteinte aux droits humains et coûtent la vie à des milliers d’êtres humains. »
    Le document dresse le bilan de la mise en place des recommandations publiées en 2019, dans un précédent rapport, par le Conseil de l’Europe. Et le constat est sans appel : « La situation des droits humains dans la région méditerranéenne reste déplorable », et s’est « encore détériorée ». Sur la période observée, entre juillet 2019 et la fin de 2020, plus de 2 600 décès ont été recensés par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Le rapport rappelle que ce chiffre est sans doute sous-estimé, les noyades se produisant bien souvent hors des radars. « Les naufrages en Méditerranée demeurent tragiquement fréquents. » Le Conseil de l’Europe énumère plusieurs raisons à la détérioration de la situation, notamment « le retrait progressif des navires affrétés par les Etats », en même temps que les entraves, administratives et judiciaires, posées aux opérations de sauvetage menées par les organisations non gouvernementales (ONG). « L’approche des Etats consiste encore à limiter le travail vital des ONG, plutôt que de considérer qu’elles comblent les lacunes laissées par leur propre désengagement. »
    L’institution estime que ce désengagement des Etats européens vise à « accroître la possibilité » que les personnes en mer soient interceptées par les garde-côtes libyens et reconduites dans ce pays, malgré les « graves violations des droits humains » qui y sont commises contre les migrants. Certains pays n’ont d’ailleurs pas hésité à signer ou renouveler des accords avec Tripoli, et à « externaliser » certaines responsabilités.
    « Développer des voies de migration sûres et légales » Elle dénonce également la pratique, « en augmentation », des refoulements d’embarcations de migrants, documentée dans le cas des autorités maltaises, grecques et chypriotes, et suspectées de la part de l’agence Frontex. Le Conseil de l’Europe souligne que le contexte d’épidémie de Covid-19 a encore dégradé la situation : ainsi, en novembre 2020, un navire a été utilisé pour maintenir 1 195 migrants en quarantaine au large de la Sicile, et les délais de débarquement ont été allongés pour d’autres bateaux, quand les ports n’étaient pas tout simplement rendus inaccessibles.
    Le rapport invite les Etats européens à « développer des voies de migration sûres et légales », par exemple en généralisant les « visas humanitaires », encore « sous-utilisés », ou en assouplissant les règles permettant le regroupement familial. De telles réformes permettraient de limiter les « trafics et la traite d’êtres humains ».En conclusion, Mme Mijatovic appelle les pays membres du Conseil de l’Europe, tous signataires de la Convention européenne des droits de l’homme, à prendre des mesures pour préserver la vie des migrants tentant de traverser la Méditerranée. « Il s’agit là d’une question de vie ou de mort – et il en va de la crédibilité de l’engagement des pays européens en faveur des droits humains », prévient-elle.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#conseildeleurope#politiquemigratoire#pandemie#politiquemigratoire#sante#mortalité#traite#regroupementfamilial#droit#visahumanitaire#quarantaine

  • Scandale en Suède : un pédiatre a tronqué les chiffres des décès d’enfants pour garder les écoles ouvertes
    https://fr.businessam.be/scandale-en-suede-un-pediatre-a-volontairement-minimise-les-deces-denf

    En résumé. Dans son mail à l’épidémiologiste en chef suédois, Ludvigsson constate une surmortalité de 68% chez les 7-16 ans au printemps 2020. Dans son billet public, il ne l’évoque absolument pas. Il va même jusqu’à dire l’inverse, avançant qu’il n’y a pas eu plus de morts chez les jeunes durant cette période.

    Comment a-t-il pu réaliser ce tour de magie ? Les plus attentifs l’auront déjà remarqué. Dans sa lettre publique, il a procédé à une comparaison entre le printemps 2020 et l’hiver 2019-2020, au lieu de se focaliser sur une comparaison avec les printemps des années précédentes. Se basant – consciemment – sur un raisonnement tout à fait fallacieux, Ludvigsson a donc tenu à démontrer à tout prix qu’il avait eu raison de plaider pour une non-fermeture des écoles.

    Ludvigsson ne le nie pas. Mis devant le fait accompli par Science, le pédiatre a expliqué avoir procédé à une comparaison avec l’hiver 2019-2020 ‘sur les conseils d’un examinateur du NEJM’, lors du traditionnel peer reviewing de son article. Quant au fait d’avoir mis tous les jeunes en-dessous de 16 ans au sein d’une même catégorie, il dit l’avoir fait ‘en raison des exigences de longueur du NEJM’.

  • Covid-19 : les Américains d’origine asiatique victimes collatérales du « virus chinois »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/08/covid-19-les-americains-d-origine-asiatique-victimes-collaterales-du-virus-c

    Covid-19 : les Américains d’origine asiatique victimes collatérales du « virus chinois ». Plus de 3 000 incidents ont été signalés à Stop AAPI Hate ces douze derniers mois, principalement en Californie et à New York, où vit la plus grande proportion de cette communauté hétérogène de 21 millions de personnes..
    Un vieil homme jeté à terre à San Francisco, une mère de famille violemment bousculée à New York, une autre attaquée à Oakland (Californie) : ces faits divers survenus ces dernières semaines aux Etats-Unis, tristes symboles d’une violence ordinaire, auraient pu passer inaperçus. Mais l’identité des victimes, toutes Américaines d’origine asiatique, a ravivé les peurs de cette communauté, qui dénonce depuis plusieurs mois, une recrudescence des agressions, physiques et verbales, à son encontre.Pour nombre de responsables associatifs et communautaires, le lien entre la pandémie de Covid-19 et son probable point de départ en Chine, souligné à l’envi par l’ancien président américain, explique cet emballement. La rhétorique de Donald Trump n’a fait qu’attiser la stigmatisation de cette population, estime notamment Stop AAPI (Asian Americans and Pacific Islanders) Hate, une coalition d’associations créée dès mars 2020 pour lutter contre la xénophobie anti-asiatique. Les diatribes présidentielles contre le « virus chinois » ou ses jeux de mots douteux sur la « kung flu » (grippe en anglais) auraient donné libre cours aux attaques contre toute personne associée de près ou de loin à l’Asie.
    Plus de 3 000 incidents ont été signalés à Stop AAPI Hate ces douze derniers mois, principalement en Californie et à New York, où vit la plus grande proportion de cette communauté hétérogène de 21 millions de personnes (5,5 % de la population américaine), originaires d’une vingtaine de pays. La plupart ne font pas l’objet d’une plainte. Crachats et insultes représentent l’immense majorité des agressions. Et, à travers les pays, les attaques les plus graves contre des personnes d’origine asiatique ne relèvent pas forcément toutes d’une motivation raciste. Mais à New York, où s’est tenu le 28 février un rassemblement pour dénoncer ce climat, vingt-neuf « crimes de haine » ont été enregistrés en 2020 contre des Américains d’origine asiatique, parmi lesquels vingt-quatre étaient liés au coronavirus. En 2019, seuls trois incidents contre des membres de cette communauté avaient été signalés. Alertés dès les débuts de la pandémie, les services de police de la ville (NYPD) ont créé un groupe d’agents spécialement dédié à ces affaires. Contrairement à son prédécesseur, le nouveau président Joe Biden a reconnu la multiplication des incidents, en signant un texte, de portée principalement symbolique, qui condamne ces attaques et demandant au ministère de la justice de mieux traiter les « crimes de haine » à l’encontre des Américains d’origine asiatique. « La résurgence de la xénophobie qui a fortement augmenté durant la pandémie est inacceptable et non-américaine », a-t-il déclaré le 26 janvier, quelques jours seulement après sa prise de fonction. Un an après l’arrivée du Covid-19 aux Etats-Unis, le malaise est tel que des volontaires se relaient désormais dans les quartiers « chinois » de plusieurs villes américaines pour protéger les personnes âgées et les commerçants, distribuent des documents en plusieurs langues expliquant la procédure pour porter plainte ; des personnels de santé d’origine asiatique sont pris pour cibles, accusés d’avoir propagé la maladie ; « mon ethnicité n’est pas un virus » proclament des pancartes sur les lieux des agressions ou lors de manifestations.
    Des personnalités s’engagent publiquement
    Des personnalités d’origine asiatique ont aussi donné de la voix. Dénonçant la vague de racisme, le basketteur Jeremy Lin, premier Américain d’origine asiatique à accéder à la NBA, a assuré s’être fait traiter de « coronavirus » sur le terrain. L’actrice Olivia Munn ou les acteurs Daniel Wu et Daniel Dae Kim se sont aussi engagés publiquement, offrant des récompenses pour accélérer l’arrestation des auteurs de récentes agressions. Dans certaines villes, alors que les écoles rouvrent leurs portes après des mois de cours à distance, les autorités scolaires notent une forte réticence des familles d’origine asiatique à réinscrire leurs enfants en cours en présentiel. Parmi les raisons avancées, outre la peur de contracter la maladie à l’école et de contaminer des familles vivant à plusieurs générations sous le même toit, certaines évoquent la peur des insultes racistes.
    Ainsi, indique le Washington Post, à New York, les enfants des communautés d’origine asiatique ne représentent que 12 % des écoliers présents en classe, alors qu’ils constituent 18 % de la population. Dans le Tennessee, moins de la moitié de ces enfants ont choisi l’école en présentiel, contre deux tiers des enfants blancs. Cette méfiance envers la communauté d’origine asiatique et une désaffection pour ses commerces ont eu, aux premières heures de la pandémie, des conséquences économiques. Souvent employés dans des petits commerces particulièrement affectés par les fermetures, les Asian Americans connaissent aujourd’hui une reprise économique plus lente que leurs concitoyens avec des périodes de chômage plus longues.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#stigmatisation#xenophobie#violence#sante#pandemie#communaute#economie#asianamercians

  • La diplomatie chinoise n’entend faire aucune concession
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/07/la-diplomatie-chinoise-n-entend-faire-aucune-concession_6072271_3210.html


    Pendant la conférence de presse de Wang Yi, ministre chinois des affaires étrangères, le 7 mars à Pékin.
    THOMAS PETER / REUTERS

    Le ministre des affaires étrangères, Wang Yi, a prononcé dimanche 7 mars en marge de l’Assemblée populaire, un discours très agressif à l’égard de ses voisins asiatiques et, surtout, des pays occidentaux.

    Mince, élégant, les traits fins… le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi passe, auprès de ses compatriotes, pour l’un des hommes politiques les plus séduisants du pays. Un détail sans importance ? Pas forcément. Nombre de Chinois sont convaincus que ce gentleman communiste incarne une diplomatie qui parvient à charmer le reste du monde et que, notamment grâce à lui, l’image de la Chine s’améliore.

    Pourtant, dimanche 7 mars, sa conférence de presse annuelle, tant sur la forme que sur le fond, a été, au contraire, révélatrice du fossé, voire du gouffre qui sépare la Chine des pays occidentaux. Durant une heure et quarante minutes, le message de Wang Yi a été on ne peut plus clair : sur aucun sujet, Pékin n’est prêt à faire la moindre concession. Cela vaut pour le Xinjiang, Hongkong et Taïwan, mais aussi la liberté de circulation en mer de Chine du Sud, les tensions territoriales avec le Japon, voire le conflit frontalier avec l’Inde. Pourquoi en ferait-elle ? Répondant à une question opportunément posée par le China Daily, publication du Parti communiste (PCC), sur le rôle de celui-ci dans la politique étrangère du pays, le ministre, après avoir rappelé que ce rôle était évidemment fondamental, a eu cette formule : « Les 100 ans du Parti communiste [commémorés en 2021] ne sont que le préambule d’une grande œuvre millénaire ».

    Jusqu’à ces derniers temps, on pensait les dirigeants chinois inquiets. Même en Union soviétique, le Parti communiste s’est effondré au bout de soixante-quatorze ans. Le Parti communiste chinois, au pouvoir depuis soixante et onze ans, n’est-il pas menacé du même syndrome ? Wang Yi, au détour d’une phrase, a résumé l’état d’esprit de Xi Jinping, ou en tout cas le sentiment que le président chinois veut donner : le PCC est là pour mille ans.

    Les « mensonges » sur le génocide au Xinjiang
    L’heure est d’autant moins aux concessions qu’aux yeux de la diplomatie chinoise, les pays qui critiquent Pékin sont de mauvaise foi. Par exemple, l’Inde dont les « provocations unilatérales » ne sauraient servir à résoudre un différend territorial. Ou le Japon qui, bien sûr, a tort de s’alarmer de la possibilité offerte depuis un mois aux garde-côtes chinois de recourir à la force armée. « Nous souhaitons que le Japon ait une perception objective et raisonnable de la Chine ». Mais que Tokyo se méfie : on n’est jamais à l’abri d’ « incidents de parcours ».

  • L’île de Bornholm, laboratoire d’une existence déconfinée au Danemark
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/04/au-danemark-une-ile-est-devenue-le-laboratoire-d-une-existence-deconfinee_60

    Pendant les semaines qui viennent, l’île de 40 000 habitants va faire office de laboratoire, utilisé par Copenhague pour y tester la sortie du semi-confinement, imposé depuis Noël afin d’endiguer la recrudescence des contaminations causées alors par le variant britannique du Covid-19.
    Les tatoueurs, masseurs, esthéticiens, mais aussi les écoles de conduite ont également rouvert lundi, ainsi que l’ensemble des établissements scolaires. Condition : les élèves de plus de 12 ans et leurs enseignants vont devoir se faire tester deux fois par semaine. Le reste de la population, au moins une fois. Chez le coiffeur, il faudra présenter un certificat de test négatif datant de moins de 72 heures. Le même est exigé à l’entrée et à la sortie de l’île.
    Pour permettre ce dépistage à grande échelle, huit centres de tests ont été installés à Bornholm. Les enfants et leurs professeurs se feront, eux, dépister à l’école. Joint par téléphone, le maire social-démocrate, Thomas Thors, assure que « les habitants sont prêts à se plier à ces contraintes, si cela permet de revenir plus vite à une vie presque normale ». Les bars et les restaurants restent fermés, mais la jauge pour les rassemblements a été relevée de cinq à dix personnes. Avec un taux d’incidence de 5 cas pour 100 000 habitants, Bornholm n’a pas été choisie au hasard : « Son très bas niveau de contamination et son insularité en font un endroit idéal pour étudier comment le dépistage de masse peut être utilisé pour prévenir les transmissions, et pas seulement comme un outil de management de la pandémie », explique Jens Lundgren, spécialiste des maladies infectieuses au Rigshospitalet de Copenhague.

    #Covid-19#migrant#migration#danemark#insularite#sante#circulation#depistage#tauxincidence#transmission

  • L’ouverture par la CPI d’une enquête sur les territoires palestiniens provoque un séisme diplomatique
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/04/colonisation-israelienne-guerre-de-gaza-en-2014-la-cour-penale-international


    Des soldats israéliens tirant du gaz lacrymogène à la frontière avec Gaza en 2018.
    AMIR COHEN / REUTERS

    La Cour pénale internationale enquêtera sur des crimes commis, depuis juin 2014, dans les territoires palestiniens occupés, mais a souligné que sa décision n’a pas vocation à influer sur la question des frontières.

    Juridiquement, ce n’est qu’une officialisation de pure forme. Politiquement, c’est un séisme. Fatou Bensouda a confirmé, mercredi 3 mars, l’ouverture d’une enquête pour les crimes commis, depuis juin 2014, dans les territoires palestiniens occupés. Peu de surprise en l’occurrence : la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) avait déjà annoncé, en décembre 2019, qu’elle conduirait une enquête. Mais elle avait au préalable demandé aux juges de se prononcer sur sa compétence territoriale. Ils l’ont fait en février, partageant ainsi avec elle le poids de l’un des dossiers les plus sensibles ouverts devant la CPI.

    Sans tarder, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, grave, a dénoncé, dans une allocution télévisée, une décision « antisémite » issue d’une Cour « biaisée ». Peu avant de diriger son premier meeting de campagne, en vue des élections législatives du 23 mars, il a promis de défendre « chaque soldat, chaque officier, chaque civil » contre d’éventuelles poursuites.
    […]
    Depuis février, outre Washington, plusieurs Etats qui ont pourtant adhéré à la CPI, comme l’Allemagne et l’Australie, ont dénoncé la décision des juges. L’Autorité palestinienne a déploré leurs réserves, mercredi, appelant « les Etats parties à respecter leurs responsabilités et à ne pas politiser le déroulement de cette enquête indépendante ».

    #paywall

  • Au #Liban, la livre atteint un minimum historique et suscite la colère de la rue
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/02/la-situation-est-devenue-insoutenable-la-monnaie-locale-a-un-plus-bas-histor

    Le Liban est englué dans la pire #crise_économique de son histoire depuis plusieurs décennies, laquelle est aggravée par une impasse politique ainsi que par la pandémie. Ce minimum que connaît la livre libanaise a provoqué la colère de la rue : des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs régions du pays, outre Beyrouth : à Tripoli (nord), à Saïda (sud) et dans la Bekaa (est), où des dizaines de manifestants en colère ont bloqué des routes à l’aide de pneus incendiés et de bennes à ordures renversées.

    Certains d’entre eux ont repris en chœur les slogans phares de la « révolution » du 17 octobre 2019, date du début d’un mouvement de #contestation inédit contre une classe dirigeante inchangée depuis des décennies et accusée de #corruption et d’incompétence.

  • Covid-19 : débordés par le variant britannique, les Slovaques et les Tchèques font appel au vaccin russe
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/01/debordees-par-le-variant-britannique-tchequie-et-slovaquie-font-appel-au-vac

    Les deux chefs de gouvernement font l’objet de vives critiques pour leur gestion de la crise. Tous deux sont de riches hommes d’affaires entrés en politique sur le tard après avoir créé des partis politiques dits « antisystème » difficilement classables.MM. Babis et Matovic ont usé d’une communication pour le moins erratique ces derniers mois. Le premier a ainsi reconnu « des erreurs » pour avoir décidé de lever trop largement les restrictions en décembre 2020, et la politique du second, consistant à tester l’ensemble de la population sur plusieurs week-ends en novembre 2020, a fait long feu. « Nos dirigeants pensaient que les tests de masse allaient résoudre la situation, mais cela n’a pas marché », constate le mathématicien Robert Kollar.
    Les deux pays ont surtout tardé à mettre en place des efforts de séquençage du virus qui auraient pu permettre de tirer la sonnette d’alarme plus tôt. La Slovaquie a par exemple subitement découvert, début février, que le variant britannique était présent dans plus de 70 % d’un échantillon de tests positifs choisis au hasard. Dans la foulée, Prague et Bratislava ont brutalement refermé leurs frontières. Mais de nombreux travailleurs revenus du Royaume-Uni étaient déjà rentrés au pays avec le variant.
    Lire aussi Les frontières au sein de l’UE, autre enjeu du Covid
    Désemparées, les deux capitales font désormais appel à l’aide internationale. Des renforts médicaux ponctuels sont venus d’Allemagne ou d’Autriche et les deux pays négocient pour y transférer des patients. Ils devraient aussi obtenir chacun 100 000 doses de vaccin Pfizer supplémentaires dans le cadre de la prochaine livraison européenne.
    MM. Babis et Matovic ont par ailleurs brusquement tourné le regard vers Moscou pour commander en urgence des doses de Spoutnik V. Le vaccin russe n’a toujours pas déposé de demandes d’autorisation auprès de l’Agence européenne du médicament (AEM) mais les deux dirigeants comptent désormais l’autoriser sur leur territoire de manière unilatérale, comme l’a déjà fait la Hongrie de Viktor Orban. Igor Matovic a accueilli une première livraison de 200 000 doses par avion militaire lundi soir en promettant que la Slovaquie recevrait deux millions de doses en tout, au prix de 19,95 dollars (16,60 euros) pour deux doses.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#slovaquie#republiquetcheque#france#sante#variant#circulation#circulationtherapeutique#vaccination#frontiere

  • Désarroi à la frontière entre la Moselle et l’Allemagne face aux restrictions : « J’ai l’impression de revenir des décennies en arrière »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/01/restrictions-a-la-frontiere-allemande-entre-la-moselle-et-la-sarre-ce-qui-se

    La menace planait depuis deux semaines, elle a fini par se concrétiser. Dimanche 28 février, l’Allemagne a annoncé qu’elle allait restreindre les passages à sa frontière en provenance du département de la Moselle, après le classement de celui-ci comme « zone de circulation des variants » du Covid-19 par l’institut de santé publique Robert-Koch. En pratique, cela signifie qu’à partir de mardi 2 mars toute personne venant de la Moselle ne pourra pénétrer sur le territoire allemand que munie d’un test négatif – PCR ou antigénique – datant de quarante-huit heures au maximum.
    Contrairement à ce qui est le cas, depuis le 14 février, aux frontières avec le Tyrol autrichien et la République tchèque, aucun contrôle systématique ne sera cependant effectué le long des quelque 200 kilomètres qui séparent l’Allemagne de la Moselle, a assuré le gouvernement d’Angela Merkel. Une différence de traitement justifiée par le fait que les Länder concernés – la Sarre et la Rhénanie-Palatinat – ne l’ont pas demandé, à la différence de la Bavière et de la Saxe il y a deux semaines.
    Malgré cet engagement, la France regrette vivement la décision prise par l’Allemagne. « C’est une mauvaise nouvelle que nous déplorons. La vie quotidienne des frontaliers va forcément devenir plus compliquée », déclare au Monde Clément Beaune, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes. Selon lui, toutefois, « le pire a été évité », à savoir l’installation de barrières blanc et rouge le long de la frontière, comme ce fut le cas, en mars 2020, quand le gouvernement allemand prit cette mesure du jour au lendemain et de façon unilatérale. « Cette fois, il y a eu d’intenses discussions à tous les niveaux, à la fois entre Paris et Berlin et entre les élus de chaque côté de la frontière, ce qui nous permet d’arriver à une solution certes peu satisfaisante, mais tout de même plus acceptable qu’au printemps 2020 », estime Clément Beaune. Président de la région Grand-Est, Jean Rottner (Les Républicains) est moins diplomate : « Il s’agit d’une décision rude et brutale de la part de l’Allemagne. C’est d’autant plus difficile à encaisser que le taux d’incidence en Moselle a reculé de 310 à 285 cas pour 100 000 personnes en une semaine et qu’un gros effort sur la vaccination a été fait avec l’injection de 30 000 doses de plus que ce qui était initialement prévu dans ce département », s’indigne-t-il auprès du Monde. Très en colère, il estime que « la décision du gouvernement allemand est davantage guidée par des considérations politiques que par une logique sanitaire ». En comparaison, le taux d’incidence est de 73 cas pour 100 000 personnes dans la Sarre. Sur place, c’est aussi l’amertume qui domine. « Je regrette beaucoup que Berlin ait pris cette mesure de classement [de la Moselle en « zone de circulation des variants »], qui ne laisse que peu de latitude aux Länder limitrophes pour agir avec pragmatisme », a réagi, dimanche soir, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes du Land de Sarre, Roland Theis. Bien que membre de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) d’Angela Merkel, ce dernier condamne la décision prise par le gouvernement de la chancelière, assurant que la Sarre va « plaider auprès du gouvernement fédéral pour que l’impact de cette mesure sur la population soit limité ».
    Côté mosellan, les mots sont à peu près identiques, même si personne n’a réellement été surpris par la décision allemande, trois jours après que la France a elle-même annoncé que les personnes venant d’Allemagne en Moselle, pour d’autres raisons que professionnelles, devraient désormais être pourvues d’un test négatif datant de soixante-douze heures.
    « Je suis extrêmement déçu. Même si nous avons été en partie entendus, en obtenant des Allemands qu’ils acceptent des tests antigéniques et pas seulement des tests PCR, que ceux-ci puissent dater de quarante-huit heures et non de vingt-quatre heures comme ils l’auraient souhaité, et que la police fasse des contrôles aléatoires et non pas sur la frontière elle-même, cela représente une contrainte très forte pour les dizaines de milliers de personnes qui traversent la frontière tous les jours », confie Gilbert Schuh, président de l’eurodistrict SaarMoselle et maire de Morsbach, un petit bourg voisin de Forbach et limitrophe de l’Allemagne.
    Pour saisir la portée de ces nouvelles contraintes, il suffit de se rendre dans l’une des nombreuses entreprises dont l’activité se déploie de part et d’autre de la frontière. A l’instar de Floratec, une jardinerie-pépinière dont les bureaux se trouvent à Rehlingen-Siersburg, côté allemand, et l’entrepôt à Guerstling côté français.En mars 2020, la mise en place de barrières sur la petite route de campagne qui sépare ces deux petites communes leur avait causé un « véritable choc », confie Rafael Carentz, le patron de cette société d’une quinzaine de salariés. « Pour aller du bureau à l’entrepôt, ça prend normalement moins de trois minutes. Du jour au lendemain, c’est devenu une expédition de presque quatre heures aller-retour, tout ça parce qu’on devait faire un immense détour pour trouver un des rares points de passage qui restaient ouverts entre les deux pays.

    #Covid-19#migrant#migration#allemagne#france#moselle#sante#vaccination#depistage#prévalence#politique#UE#frontiere#circulation