2021 – Le blog de Christine Delphy

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  • Chronique judiciaire. Alexandra Richard humiliée, niée et condamnée : un procès sous le signe de la toute-puissance masculine et du déni de la parole des femmes

    La justice refuse une nouvelle fois la légitime défense à une femme victime de violences conjugales. Retour sur un procès honteux, théâtre d’humiliations et de dénigrements, qui culpabilise et revictimise les victimes .

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    Alexandra Richard vient d’être de nouveau condamnée en appel à 10 ans de prison pour homicide volontaire sur la personne de son conjoint violent, Sébastien Gest. Ce verdict inique et presque impossible à croire est tombé le samedi 23 octobre à 20h30. La Cour d’assise d’Évreux a rendu quasiment le même verdict qu’en première instance (novembre 2020). N’avons-nous rien appris sur la légitime défense des femmes victimes de violences conjugales depuis les affaires Alexandra Lange (acquittée en 2012, à la demande du procureur Luc Frémiot) et Adriana Sampaio (acquittée en 2020) ? Ni rien sur le phénomène d’emprise – pourtant entré dans le code pénal via la loi du 30 juillet 2020 – depuis Jacqueline Sauvage (graciée en 2016) ou Valérie Bacot (libérée en 2021) ?

    Ce procès tout entier traduit l’incapacité de la justice à comprendre le phénomène des violences conjugales et ce qu’elles produisent sur les victimes en termes de psychotraumatismes, de mémoire traumatique, de souvenirs parcellaires. On a accusé Alexandra Richard d’être dans la « surenchère », d’en rajouter sur les violences qu’elle a rapportées durant le procès. Pourquoi ? Parce qu’elle n’avait jamais mentionné certaines de ces violences auparavant. Elle aurait dû se souvenir de tout, tout dire, dès la première audition par la police pendant les 48h de garde à vue qui ont suivi le drame, alors même que la défense a fait valoir que les gendarmes ne lui ont pas laissé la possibilité de livrer un récit plus complet, qui lui aurait permis de recontextualiser son geste. Lors de ces deux auditions, trop courtes, on lui a demandé par deux fois d’abréger son discours sur les violences vécues avec Sébastien Gest, et d’en venir aux faits du 16 octobre 2016, jour du drame.

    Un procès hors normes dans sa tenue

    Ce procès s’est déroulé de manière honteuse : l’avocat général, Patrice Lemonnier, a maintenu durant cinq jours une posture archaïque et patriarcale, volontairement provocatrice. Il s’est permis de crier sur les témoins et les experts dès lors que ceux-ci étaient en faveur d’Alexandra, leur coupant même la parole, les intimidant à loisir, sans jamais être rappelé à l’ordre par la Présidente, Julie Arzuffi. Cette dernière n’a mené aucune police d’audience durant le procès, laissant l’avocat général, en roue libre, tenir des propos ouvertement sexistes, gratuitement offensants, des commentaires désobligeants clairement en rupture avec les obligations de déontologie des magistrats.

    Nous pouvons même affirmer qu’elle a joué un double jeu : d’apparence calme et posée – on aurait pu penser qu’elle assurerait la sérénité des débats –, elle a été la caution de l’attitude inqualifiable du procureur. Elle a vraisemblablement fait preuve d’une extrême dureté au moment des délibérés, puisque le verdict a porté à 15 ans l’interdiction pour Alexandra Richard de porter une arme – mesure certes automatique en cas d’homicide – soit 10 ans de plus qu’en première instance ! Comme si elle était dangereuse pour autrui, alors que le risque de récidive a été explicitement écarté par tous les experts psychiatres, qui ont dépeint Alexandra Richard comme une personne à la construction psychologique saine, sans profil criminogène.

    L’interdiction de port d’armes, mesure qui aurait pu être utile et efficace si elle avait été imposée à Sébastien Gest – un homme violent passionné par les armes, condamné en 2001 pour violences volontaires aggravées par préméditation et usage d’une arme et contre lequel plusieurs femmes avaient porté plainte – est, dans un renversement de la réalité, appliquée à sa victime qui a cherché à défendre sa vie. Cette interdiction de porter une arme aurait dû frapper en premier lieu l’agresseur d’Alexandra Richard, ce qui l’aurait en partie protégée (il l’a plusieurs fois menacée de mort avec des fusils qui pouvaient être chargés).

    Cette peine infamante qui ajoute 10 ans à l’interdiction de port d’arme, prouve la coloration politique de ce procès : on ne traite pas les femmes et les hommes de la même manière, on ignore la volonté de tuer de Sébastien Gest mais on prête à Alexandra des intentions criminelles qu’elle n’a jamais eu !

    Ironie ! Car tout le long du procès, on a reproché à la défense et aux soutiens féministes d’Alexandra de politiser les faits, comme si le politique ne se trouvait que d’un côté… Tout est politique ! Toute parole est évidemment située, aussi bien celle de l’accusation que celle de la défense, aussi bien celle d’une justice patriarcale que celle des associations féministes. C’est un discours typique et récurrent du conservatisme que d’attacher les termes « militant », « partisan », « politique » au camp progressiste.

    Le but de la manœuvre, menée principalement par l’avocat général, était de rejeter toute recontextualisation des faits. Il a par exemple cherché à discréditer et à dénigrer, avec l’appui de la Présidente, un témoignage clé : celui de la présidente du Collectif Féministe Contre le Viol (voir ci-dessous). L’autre finalité était de faire peur aux jurés, avec ce mot lâché comme un danger, « politique », assorti d’une connotation volontairement péjorative, comme pour dire aux jurés qu’ils risquaient d’être manipulés par quelque chose qui les dépasse, or personne n’aime se sentir manipulé. Mais lorsque l’on appuie sur des peurs et que l’on convoque des stéréotypes issus de notre imaginaire patriarcal commun, dans lequel les hommes sont injustement accusés et les femmes sont des menteuses, dans lequel les agresseurs ont des excuses et les victimes l’ont bien cherché, on obtient souvent ce que l’on veut… C’est ainsi que l’obscurantisme, dans ce procès, a triomphé au détriment de la vérité.

    EXTRAITS DES DÉBATS
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    https://christinedelphy.wordpress.com/2021/11/11/chronique-judiciaire-alexandra-richard-humiliee-niee-et-c

    • Dans cagoule à paillette je voie pas trop de zbeule de genre. La cagoule c’est ni féminine ni masculine on m’en a fait porté quand j’étais petite et ca m’a pas fait changer de genre et pas plus que la paillette n’a de genre. La paillette c’est surtout du genre polluant, c’est pas une avancés incroyable de savoir que les manarchistes s’en tartinent les couilles en se croyant devenir des femmes.

      Aussi il est question des émeutes de Stonewell dans cette manif du coup je met ceci en plus car c’est assez fabuleux de voire cette réécriture de l’histoire aussi misogyne qu’homophobe qui bafoue l’identité des protagonistes en prétendant défendre l’identité trans :

      Les transactivistes ont tendance à réécrire les récits d’histoire, pour y déceler ce qu’ils appellent des personnes trans (leur priorité), alors même qu’on peut soutenir que ce concept « trans » n’a vraiment émergé que dans les années 1990. Cette année, par exemple, j’ai dû voir des centaines de fois l’affirmation qu’une « transfemme », Marsha P Johnson, avait « lancé » l’émeute de Stonewall en 1969 à New York. (Ce soulèvement a contribué à catalyser l’activisme entourant les droits des homosexuels.) Mais cette affirmation au sujet de Marsha Johnson apparaît inexacte à deux égards :

      a) de son propre aveu, Johnson n’est arrivé sur place qu’après le début de l’émeute ; en fait, ce soulèvement a été amorcé par une lesbienne butch, Stormé Delaverie, même si on mentionne rarement son nom.

      Et, fait tout aussi important :

      b) Marsha s’identifiait comme homme gay et drag queen.

      https://christinedelphy.wordpress.com/2021/10/28/mise-a-jour-sur-lintimidation-et-le-harcelement-menes-con
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      https://fr.wikipedia.org/wiki/Storm%C3%A9_DeLarverie

      Depuis les années 2000, les événements du 28 juin 1969 sont qualifiés d’émeutes de Stonewall. Cependant pour DeLarverie le terme d’émeute ne convient pas : « C’était une rébellion, un soulèvement, un acte de désobéissance civile, pas une foutue émeute »4.

      Les événements commencent après l’évacuation brutale d’une femme butch menottée que la police tente de faire sortir du Stonewall Inn pour l’emmener vers un fourgon. Pendant une dizaine de minutes, elle se débat contre au moins quatre policiers, criant et jurant. Un témoin la décrit comme une « butch typique de New York » et « une gouine stone butch ». Un policier la matraque et la blesse à la tête, après qu’elle a protesté que ses menottes sont trop serrées. Sa blessure saigne tandis qu’elle continue de se débattre. Des passants mentionnent que la femme, dont l’identité reste incertaine, encourage la foule à se battre aux cris de : « Mais pourquoi vous faites pas quelque chose, les gars », après qu’un officier de police l’ait soulevée et jetée à l’arrière du fourgon. Dès lors, la foule se met en mouvement avec une sorte de fureur : « C’est à ce moment là que la scène devint explosive ». Certaines personnes ont qualifié cette femme de « Rosa Parks de la communauté gay »5.

      L’identité de cette lesbienne butch reste sujette à débat. D’après DeLarverie et d’autres témoins, c’est d’elle-même qu’il s’agissait. « Personne ne sait qui a donné le premier coup de poing, mais d’après les rumeurs, et d’après Stormé DeLarverie, c’était elle » a déclaré Lisa Cannistraci, amie de DeLarverie et propriétaire du Henrietta Hudson, bar lesbien de Greenwich Village. « Elle m’a dit que c’était elle ».

      Mais cette version n’est pas unanime. L’historien David Carter, par exemple, estime que ce n’était pas elle, notamment parce que DeLarverie (qui était de taille et de stature moyennes, métisse et âgée de 48 ans en 1969) ne correspond pas à la description physique de la femme arrêtée (grande, costaude, blanche, dans la vingtaine ou la trentaine)6.

      Que la femme qui s’est débattue soit effectivement ou non DeLarverie, tous les récits s’accordent sur le fait que plusieurs lesbiennes butch se sont battues contre la police pendant l’affrontement.

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      https://fr.wikipedia.org/wiki/Marsha_P._Johnson

      Marsha P. Johnson, née le 24 août 1945 à Elizabeth (New Jersey) et morte le 6 juillet 1992 à New York, est une drag queen et travailleuse du sexe américaine. Femme trans et militante du mouvement LGBT, elle a participé aux émeutes de Stonewall, mais, contrairement à une légende tenace, ne les a pas initiées .

    • La paillette c’est surtout du genre polluant, c’est pas une avancés incroyable de savoir que les manarchistes s’en tartinent les couilles en se croyant devenir des femmes.

      je ne sais pas s’ils s’en tartinent les couilles @mad_meg mais en plus des cagoules il y avaient des canons à paillettes qui illuminaient le ciel bleu ce samedi 16 octobre dit trou noir .
      Nous sommes les contemporains de Stonewall et non pas ses héritiers
      https://trounoir.org/?Introduction-au-dossier-Stonewall

      Aujourd’hui 28 juin 2020, nous célébrons l’anniversaire des émeutes de #Stonewall. Son cinquante-et-unième anniversaire pour être précis. Il est de ces évènements, dont la date et le symbole sont connus dans le monde entier. Il est un de ces évènements dont la puissance originale persiste dans le temps. C’est d’ailleurs en hommage que TROU NOIR publie chacun de ses numéros le 28 du mois.

      https://seenthis.net/messages/674450

    • Nous sommes les contemporains de Stonewall et non pas ses héritiers

      Je suis illuminée par tant d’inclusivité. C’est une belle avancée ce masculin pluriel. Finkey vous fait des poutous et Blanquer vous roule des pelles en crop-top.

  • Contre l’instrumentalisation de la justice par les pères violents
    https://christinedelphy.wordpress.com/2021/07/10/contre-linstrumentalisation-de-la-justice-par-les-peres-v

    Aujourd’hui, en France, les femmes victimes des violences masculines sont isolées et ne bénéficient d’aucun accompagnement. Souvent même, elles sont aussi victimes d’un déni de justice ! On ne connaît que trop bien les violences conjugales, mais que sait-on de la suite de ces violences ? Que se passe-t-il une fois qu’une femme a rassemblé son courage pour porter plainte ou sortir de la situation dangereuse dans laquelle ses enfants (le cas échéant) et elle se trouvent ? Nous souhaitons mettre en lumière ces parcours de « combattantes », car non seulement les violences ne s’arrêtent pas à la plainte ou à la dénonciation de l’agresseur, mais se poursuivent bien trop souvent au-delà de la séparation. Les femmes subissent alors une instrumentalisation de la garde de leur(s) enfant(s) par le père violent ainsi que tout un lot de violences judiciaires, ce qu’on appelle violences secondaires.

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    Ainsi, d’après l’étude d’Emmanuelle Mélan, criminologue, 79% des femmes sondées déclarent avoir subi des violences après séparation, dans certains cas, plus de 5 ans après la séparation. Par ailleurs, Ernestine Ronai indiquait dans une enquête menée en 2008 par l’Observatoire des violences envers les femmes du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis en collaboration avec le Parquet du TGI de Bobigny que sur les 24 féminicides survenus sur le département entre 2005 et 2008, dans la moitié des cas, les assassinats s’étaient produits à l’occasion du droit de visite du père violent. La France manque cependant cruellement d’études récentes sur le phénomène des violences post-séparation.

    Les violences post-séparation

    Une des idées reçues dans le domaine des violences conjugales est que les femmes, dont celles qui sont mères, victimes de violences par leur ex-conjoint sont à l’abri de leur agresseur une fois sorties du mariage ou de la relation. Or c’est un continuum des violences qui s’opère. Toutes les femmes dont nous avons recueilli le récit témoignent avoir subi des violences après la séparation, que celles-ci soient d’ordre physiques ou psychologiques. Pire, lorsqu’il y a des enfants de cette union, le lien avec l’agresseur est maintenu et ces femmes subissent alors harcèlement, manipulation, menaces, chantage. Les violences envers les enfants deviennent alors un moyen de torturer la mère. C’est un stratagème utilisé par les ex-conjoints agresseurs pour se venger de leur ex. Ces hommes pensent que la femme et les enfants leur appartiennent et ils considèrent la séparation comme une trahison qu’ils veulent punir. Le principe est le même que pour les violences conjugales.

    Les médias ne font malheureusement pas état de ces violences post-séparation, dont les éléments de possession, contrôle et vengeance devraient pourtant être discutés.

    Les violences judiciaires

    On pourrait penser que les violences ne sont constituées que par l’agresseur. Hélas, les témoignages de femmes victimes de violences montrent un vrai parcours de la combattante pour s’extirper des relations abusives qu’elles subissent. Cela commence au dépôt de la plainte, quand l’officier de police remet en cause la parole de la victime, tâche de la dissuader ou refuse sa plainte.

    Une fois la plainte déposée, les femmes rencontrent des difficultés à être crues et subissent infantilisation, dénigrement et souvent même des preuves à charge (on essaie de faire penser qu’elles sont de mauvaises mères). Puis, lorsqu’elles demandent des mesures de protection, ces femmes ne sont pas entendues. Au contraire, le juge va chercher le maintien du lien avec le père agresseur. Pour rappel, la justice et les lois de nombreux pays occidentaux ont très longtemps considéré que les enfants étaient la propriété du père. On sait pourtant que 40 à 60% des enfants témoins de violence conjugale sont directement victimes de violences exercées à leur encontre par l’auteur des violences conjugales (Unicef, 2003).

    La loi du 18 juillet 2006 sur la garde alternée, votée sous l’impulsion du lobby des pères, fixe le cadre en matière d’hébergement alterné en cas de séparation conflictuelle et indique qu’il convient d’opter de manière préférentielle pour une résidence en alternance. Ainsi que l’a souligné le Réseau International des Mères en Lutte, la loi de 2006 ne prévoit aucune exception au principe de l’hébergement alterné. Rien n’est prévu notamment en cas de violence, et l’appréciation des violences et de leurs conséquences est laissée aux juges.

    Cette loi rend ainsi très difficile la protection des victimes de violences, puisque les décisions prises la plupart du temps consistent à maintenir à tout prix un lien entre le parent violent et ses enfants. Il en va enfin de la responsabilité même des intervenant-es (juges, policier-es, procureur-es, assistant-es sociales, services de protection de l’enfance etc.) qui devrait pouvoir être engagée. Or, cela n’est systématiquement jamais le cas et ce, même en cas de mort de la mère et/ou de l’enfant.

    L’instrumentalisation de la garde

    Certains pères agresseurs se servent de leur droit de visite comme d’un outil pour faire souffrir leur ex-conjointe. Ils ont dans la majorité des cas un passif de violences envers la mère et/ou les enfants et leur part d’éducation et d’implication dans la vie de l’enfant est moindre. Néanmoins, ces pères vont demander la garde quitte à confier leurs enfants à leurs parents proches (mère, sœur ou nouvelle conjointe) et ce, afin de maintenir un lien, une emprise, sur leur ex-conjointe. La visite ou l’échange des enfants est alors l’occasion pour ces hommes de poursuivre leur harcèlement psychologique, et parfois leurs violences physiques, que ce soit sur les enfants ou sur la mère.

    L’histoire d’Aurélie est tout à fait symptomatique : malgré des violences conjugales subies pendant et après sa grossesse, la juge des référés accorde un droit de visite au père violent qui n’a jamais montré le moindre intérêt pour l’enfant. Aurélie est alors contrainte par la juge à remettre son fils, né grand-prématuré et asthmatique, sur le parking d’une gendarmerie. À cette occasion, l’homme se met à agresser verbalement Aurélie devant plusieurs témoins. Les gendarmes qui conseillent alors à Aurélie de repartir avec l’enfant se comportent néanmoins en complices du père. Ils refuseront de prendre la plainte de la jeune femme tout en acceptant celle du père pour non-remise d’enfant. Son ex-conjoint la menace désormais de lui retirer la garde et de faire placer l’enfant.

    Encore aujourd’hui, les juges ne protègent ni les mères ni leurs enfants contre les pères agresseurs. Il y a, dans la volonté des tribunaux, cette idée qu’il faut à tout prix préserver le modèle de « famille traditionnelle » et impliquer les pères (même violents !) dans la vie de leurs victimes.

    Emmanuelle Mélan montre dans son étude que les hommes violents ont développé 4 stratégies violentes et anxiogènes pour la mère : menacer de faire perdre la garde des enfants (80% des dossiers) ; utiliser l’enfant pour contrôler et piéger la mère (89%) ; faire alliance avec l’enfant contre la mère (92%) ; faire de fausses allégations et dénigrer (92%).

    Les femmes se retrouvent donc dans une situation insoutenable : elles ne sont jamais crues, ni lorsqu’elles dénoncent les violences post-séparation, ni lorsqu’elles se battent pour faire cesser les violences subies par leurs enfants. On les accuse immédiatement d’exagérer ou d’être trop protectrices, ou bien de chercher à se venger de leur ex-conjoint.

    Aurélie et tant d’autres femmes en France se trouvent ainsi contraintes par la justice à remettre leur(s) enfant(s) à des hommes qui les ont violentées sous peine d’être menacées d’un retrait de la garde de leur enfant si jamais elles s’y opposent. Sur quoi repose cette idée, pourtant incarnée par notre justice, que des hommes violents peuvent être de bons pères même s’il ont été des conjoints dangereux ? C’est cette question que nous posons aujourd’hui à la société mais surtout aux intervenant-es qui ont vraiment le pouvoir de faire changer les choses pour ces victimes de violences masculines.

    [1] Voir le témoignage d’Emilie : a subi violences et viols conjugaux par son ex-compagnon, raconte ainsi comment sa fille de 20 mois lui a rapporté que son père la giflait, donnant lieu à un signalement du pédiatre. Le juge aux affaires familiales, à qui Emilie avait pourtant confié les violences subies, lui a rétorqué qu’il n’y avait pas de preuves de violences sur la fillette et avait accordé au père une garde classique avec maintien de l’autorité parentale conjointe.

    [2] Voir le témoignage de Sandra : le JAF n’a pas retenu la violence devant enfant.

    [3] Voir le témoignage d’Aurélie : le père ne désirait pas la naissance de l’enfant, il ne s’en occupait pas alors que l’enfant présente des soucis de santé. Voir le témoignage de Sandra C. : elle s’occupait de toutes les tâches domestiques et de l’éducation des enfants.

    Sources :

    Romito, Patrizia. « Les violences conjugales post-séparation et le devenir des femmes et des enfants », La revue internationale de l’éducation familiale, vol.29, no.1, 2011, pp. 87-105.

    Ronai, Ernestine. « Chapitre 13. La mesure d’accompagnement protégé », Ernestine Ronai éd., Violences conjugales. Le droit d’être protégée. Dunod, 2017, pp. 183-191.

    Mélan, E. « Les violences post séparation en Fédération Wallonie-Bruxelles. État de la question, témoignages et recommandations pour penser la sécurité des victimes », première partie, réalisée avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Novembre 2018, Solidarité Femmes ASBL, La Louvière, 80 pages.

    Mélan, E. (2019). Chronique de criminologie. Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, 2, 489-503

    Kitzmann, Gaylord, Holt & Kenny, 2003 ; Jaffee et al., 2003, citées par Romito Patrizia.
    10/07/2021

    #féminisme #violence_masculine #divorce #féminicide #injustice

  • Préface d’#Andrea_Dworkin à son livre : Notre Sang. Prédictions et discours sur la politique sexuelle
    https://christinedelphy.wordpress.com/2021/05/12/preface-dandrea-dworkin-a-son-livre-notre-sang-prediction

    Notre sang est un livre qui a germé d’une situation, la situation étant que je n’arrivais pas à faire publier mon travail. J’ai donc pris la parole en public – non pas avec l’étalage improvisé de pensées ou l’effusion de sentiments, mais avec une prose façonnée pour informer, persuader, perturber, provoquer la reconnaissance, autoriser la rage. Je me suis dit que si les éditeurs ne publiaient pas mes travaux, je les contournerais complètement. J’ai décidé d’écrire directement aux gens, pour ma propre voix. J’ai commencé à écrire de cette façon parce que je n’avais pas d’autre choix : je ne voyais pas d’autre moyen de survivre en tant qu’écrivaine. J’étais persuadée que c’était l’establishment de l’édition – les rédactrices en chef timides et impuissantes, la superstructure des hommes qui prennent les vraies décisions, les critiques misogynes – qui s’interposaient entre moi et un public composé surtout de femmes que je savais être là. L’establishment de l’édition formait une formidable digue, et mon plan était de la contourner à la nage. En avril 1974, mon premier livre de théorie féministe, Woman Hating, a été publié. Avant sa publication, j’avais eu des difficultés. On m’avait proposé de remplir pour des magazines des missions qui étaient écœurantes. On m’avait proposé beaucoup d’argent pour écrire des articles qu’un éditeur m’avait déjà décrits dans les moindres détails. Il devait s’agir de femmes ou de sexe ou de drogues. Ces articles étaient stupides et remplis de mensonges. Par exemple, on m’a offert 1 500 dollars pour écrire un article à propos de la consommation de barbituriques et d’amphétamines par les femmes des banlieues. Je devais dire que cet usage de drogues constituait un acte de rébellion hédoniste contre les conventions ennuyeuses de la vie stérile de ménagère, que les femmes utilisaient ces drogues pour s’éclater, faire de l’échangisme et accéder à un merveilleux nouveau style de vie. J’ai dit à l’éditeur que je soupçonnais les femmes d’utiliser les amphétamines pour passer au travers de journées misérables et les barbituriques pour passer au travers de nuits misérables. J’ai suggéré, aimablement je crois, que j’aille demander aux femmes qui les utilisent pourquoi elles le faisaient. On m’a rétorqué que l’article dirait à quel point c’était amusant. J’ai refusé la mission. Cela ressemble à une amusante rébellion de dire à l’establishment d’aller se faire foutre avec ses poignées de dollars, mais quand on est très pauvre, comme je l’étais, ce n’est pas drôle. C’est plutôt profondément déchirant. Six ans plus tard, j’ai finalement gagné la moitié du même montant pour un article de magazine, c’est la somme la plus élevée que j’aie jamais reçue pour un article. J’avais eu l’occasion de jouer le jeu et j’avais refusé. J’étais trop naïve pour savoir que l’écriture sur commande est le seul jeu payant en ville. Je croyais dans « la littérature », « les principes », « la politique » et « le pouvoir de la grande écriture pour changer les vies ». Quand j’ai refusé de faire cet article et d’autres, je l’ai fait avec une indignation immense. L’indignation m’a désignée comme une sauvageonne, une garce, une réputation qui se renforça lors de conflits éditoriaux au sujet du contenu de La haine des femmes, une réputation qui m’a hantée et blessée : pas blessée dans mes sentiments, mais blessée dans ma capacité à vivre de mon travail. Je ne suis en fait pas une « dame », pas une « dame écrivaine », pas une « douce jeune chose ». Quelle femme l’est ? Mon éthique, ma politique et mon style ont fusionné pour faire de moi une intouchable. Les filles sont censées être invitantes et touchables, à la surface ou plus bas.

    Pour la france, quelques exemplaires payant seront disponibles sur demande à cette adresse : yeun.l-y@hotmail.fr

    • Pendant ce temps on nous présente comme symbole de vitalité démocratique un débat télévisé entre Darmanin et Le Pen qui font la course à l’échalotte sur qui sera le plus raciste et sécuritaire ! La liberté d’expression n’existe semble-t-il que quand il s’agit d’humilier et de stigmatiser les musulmanEs et les Sans-Papiers.

      (...)

      Un vieux slogan disait « le fascisme c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève ». En ces temps de pandémie ça devrait percuter, non ? Le terreau premier du fascisme qui vient c’est le racisme.

      Notre solidarité est totale, sans mais, envers l’Unef et envers le Comité Adama comme envers les associations musulmanes attaquées. Cela devrait être une évidence, une exigence et se traduire en actes de la part de tout le mouvement social.

      Les débats au sein du mouvement sur nos stratégies de luttes communes n’en seront pas affaiblis. C’est notre conception, sans concession, de la vitalité démocratique.

      A l’encontre de celles et ceux qui légitiment le racisme et le fascisme tout en invoquant la démocratie.

    • Interview faite au départ par Le Partage :
      https://www.partage-le.com/2021/02/28/dysphorique-fuir-la-feminite-comme-une-maison-en-feu-par-vaishnavi-sunda

      Et une de plus :

      Le mois dernier, j’ai découvert la raison pour laquelle j’étais désormais malaimée dans l’enceinte du féminisme libéral. Je me trouvais aux États-Unis, dans le cadre d’un programme d’échange, et je voulais profiter de cette occasion pour projeter mon film dans différents endroits, au cours de ma tournée dans le pays. Une projection était prévue à New York, organisée par le Projet Polis. Tout avait été soigneusement arrangé, des affiches avaient été conçues et j’avais même été présentée à une modératrice indienne. Mais une semaine avant la projection, l’organisatrice (également une femme d’origine indienne) m’a envoyé un email. Elle me disait que l’événement était annulé à cause de mes convictions « transphobes ».

      Il y a un certain temps, j’avais participé à une discussion sur Twitter à propos des « femmes trans » n’ayant pas (encore) été opérés, et se rendant dans des foyers pour femmes, des prisons, des salles de bain et des salles de sport réservées aux femmes. Quelqu’un a porté les tweets en question à l’attention des organisateurs. Le Projet Polis a donc jugé pertinent d’annuler la projection d’un film sur un sujet urgent touchant les femmes de toutes les couches sociales de la société, au motif que sa réalisatrice estime que le sexe biologique n’est pas une construction sociale, que l’oppression des femmes est réellement fondée sur le sexe, que d’incarcérer des personnes dotées d’organes génitaux masculins dans des espaces où se trouvent des victimes de la violence sexuelle masculine peut être éprouvant pour les détenues, que les maladies mentales comme l’autogynéphilie et autres dysphories peuvent causer des dommages dangereux et irréversibles, et que les théoriciens du genre effacent les femmes, assez à la manière du patriarcat.

      J’ai grandi à Avadi, dans le sud de l’Inde. J’ai passé la plus grande partie de ma vie à travailler avec des femmes marginalisées. Mais je ne suis pas suffisamment « woke » pour les membres de la diaspora indienne de Manhattan qui embrassent allègrement la théorie queer postmoderne.

      Depuis, j’ai confronté les éditeurs des médias m’ayant mise sur liste noire. Apparemment, des militants indiens pour les droits des trans ont cherché mon nom sur Google et ont écrit à tous les médias où j’avais été publiée afin de leur parler de mes tweets de « TERF » (TERF est un acronyme pour Trans Exclusionary Radical Feminist, soit « féministe radicale excluant les trans »).

      Cet ostracisme signifie essentiellement que le féminisme dont je me réclame – le féminisme de Mary Wollstonecraft, Emmeline Pankhurst et Andrea Dworkin – serait excluant parce qu’il s’oppose à la présence d’hommes dans les espaces réservés aux femmes. Que mon intersectionnalité n’est apparemment pas assez étendue au goût des hommes. Que mon féminisme n’encourage pas le « choix » de servir le patriarcat. Que défendre la sécurité des femmes serait « anti-trans » – ce que j’ai toujours du mal à comprendre : je m’oppose uniquement à ces infinies variations sur le thème de la misogynie.

      Interview :
      https://www.youtube.com/watch?v=sjNNkzhx01k

      Première partie du documentaire :
      https://www.youtube.com/watch?v=w8taOdnXD6o

      #femmes #féminisme #dysphorie #genre #identité_de_genre #queer #Vaishnavi_Sundar #transactivisme

  • Au Portugal, un homme condamné à indemniser le travail domestique de son ex-conjointe – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2021/02/28/au-portugal-un-homme-condamne-a-indemniser-le-travail-dom

    « L’exigence d’égalité », juge le STJ, « est depuis longtemps inhérente à l’idée de justice. Il est donc impossible de considérer que, dans une maison où vit un couple non marié, l’accomplissement de la totalité ou d’une grande partie des travaux domestiques par un seul des partenaires corresponde à l’accomplissement d’une obligation naturelle fondée sur un devoir de justice. Le devoir de justice exige au contraire une répartition des tâches aussi égalitaire que possible, sans préjudice de la possibilité pour les membres de la relation de convenir librement que l’un d’entre eux soit exempté du travail domestique, dans la logique d’une spécialisation des contributions de chacun », ajoute-t-il. Le STJ souligne que « le travail domestique, bien qu’il reste étrangement invisible pour beaucoup, a évidemment une valeur économique et se traduit par un enrichissement sous forme d’économies sur les dépenses ».

  • Meghan Murphy : Il est temps que les #féministes cessent d’être dupes des « bons gars » – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2021/02/21/meghan-murphy-il-est-temps-que-les-feministes-cessent-det

    En 1969, les féministes radicales étasuniennes ont rompu avec la Nouvelle Gauche, quand Shulamith Firestone a annoncé : « Allez vous faire foutre, la gauche. Vous pouvez désormais vous examiner le nombril tout seuls. Nous lançons notre propre mouvement. » Fatiguées du sexisme des soi-disant camarades, qui menaient le bon combat sur le front de la race et de la guerre, mais qui avaient encore besoin de café et de faire photocopier leurs textes, les femmes ont abandonné les hommes de gauche pour mener leur propre combat. Pourquoi s’allier dans des luttes avec des gens qui ne respectaient même pas les femmes – simples créatrices de vie et moitié de la population ; source indispensable de main-d’œuvre – en tant qu’êtres humains égaux ?

    • – Tout ce qui peut permettre d’entamer le système du silence, à l’échelle des individus, des familles et de la société, doit être encouragé.

      Premier axe à mettre en œuvre par les pouvoirs publics : il faut réfléchir à un moyen d’informer les enfants incesteurs et les adultes incesteurs sur le fait que la sexualité avec quiconque est âgé de moins de quinze ans (la majorité sexuelle) est une infraction grave. Dans toutes les familles où il y a de l’inceste, les incesteurs savent très bien que l’inceste est interdit, que le viol est interdit, qu’abuser de son enfant est interdit. Les incesteurs contournent l’interdit, et contournent la mésestime d’eux-mêmes, en utilisant d’autres mots (« les bêtises », « ça », « faire l’amour »), ou aucun mot, pour définir ce qu’ils font avec l’enfant. En entreprise, dans l’espace public par voie d’affichage, à la télévision, il faut informer les adultes et les enfants, en évitant les périphrases et en communiquant sur l’idée qu’une situation ou un geste avec un mineur qui provoque une excitation sexuelle chez l’adulte, est interdit.

      Deuxième axe : il faut responsabiliser davantage tous les adultes, et pas seulement dans les familles où il y a de l’inceste. Nous avons tous – c’est statistiquement inévitable – connu des gens, collègues, amis, compagne ou compagnon, qui nous ont fait part d’une histoire d’inceste, qui les a concernée directement ou qui a concerné des proches. Si nous arrivions à dépasser notre gêne (légitime) pour en reparler, poser des questions, amener la personne qui nous en parle à aller questionner sa famille et révéler l’inceste, nous aiderions à faire circuler la parole sur l’inceste, et peut-être nous permettrions de prévenir d’autres incestes. Les révélations d’inceste sont souvent faites incidemment, sans qu’on réalise vraiment qu’on vient de nous révéler une situation d’inceste. Les personnes qui révèlent l’inceste à leur entourage, que ce soit au fil d’une conversation qui n’a rien à voir, ou quand elles racontent une période de leur vie, parviennent à le dire mais à étouffer la révélation dans l’œuf. Et nous ne les accompagnons pas dans la révélation, parce que nous sommes gênés. Nous devrions tous être responsabilisés davantage.

      Troisième axe : favoriser la circulation de la révélation d’inceste dans la famille incestueuse, pour prévenir d’autres incestes dans la famille. De nombreuses études menées au Québec et en Amérique du nord montrent l’efficacité de la parole pour prévenir les récidives d’inceste et de violence domestique. Je schématise mais grosso-modo, on sait que si on rassemble les membres de la famille et qu’on dit, publiquement, devant tout le monde : untel a incesté untel, ou bien, untel bat sa compagne, ses enfants, alors les violences ne sont pas reconduites car on est sorti du système silence. Ce qui, au passage, bat en brèche la notion de pulsion, qui peut être totalement inhibée dès lors que les infractions sont étalées au grand jour.

  • L’enfant interdit - Comment la pédophilie est devenue scandaleuse | Pierre #Verdrager
    https://www.armand-colin.com/lenfant-interdit-comment-la-pedophilie-est-devenue-scandaleuse-9782200

    « (...) dans certaines sociétés, ce que nous appellerions des actes pédophile sont acceptés comme des actes naturels de la vie sociale » in Tom o’caroll paedophilia, p.38. Les sciences sociales dans leur ensemble n’ont cessé d’encourager ce type de raisonnement. Le schéma inférentiel qui sous-tend cette analyse est le même que celui des analyses de la sociologie critique qui tentent de rendre fragile l’état des choses en faisant référence à d’autres cieux, reprenant par là des arguments relativistes qui sont formulés depuis des siècles, lesquels déduisent de la variation des normes leur arbitraire. La démarche des sciences sociales critiques, qui font rimer variation et arbitraire et souhaitent mettre en évidence le caractère contingent d’éléments qui ne seraient que « naturalisés » parce que préalablement « intériorisés », fut donc fortement mise à contribution [pour défendre la pédophilie]. (...) Les défenseurs de la pédophilie furent des gens qui culturalisaient à tout bout de champ comme le font les professionnels (...) dans Gai Pied , on développe une passion pour les peuples primitifs (...) « près des Asmats, vivent les Marins Anim dont parle Van Baal dans son livre intitulé Dema (...) ils croient à la sodomie comme étant la seule voie possible pour l’enfant de devenir un homme. (...) » [ et Verdrager de donner d’autres exemples de ce « relativisme pédophile »].
    En indexant la variation des attitudes sur celle des latitudes, l’utilisation de l’argument anthropologique visait à rendre contingent et arbitraire le rejet de la pédophilie ayant cours en Occident. Et comme toujours, rendre contingent et arbitraire une pratique sur le plan sémantique aboutit à la rendre vulnérable à la déconstruction sur le plan pragmatique : la dynamique appelle la dynamite.

    (p56-57)

    #pédophilie #relativisme #argumentaire_pédophile

    • même type d’argumentaire là :

      L’enfance est une invention récente.

      Les caractéristiques qu’on lui attribue (innocence, vulnérabilité, dépendance, etc.) sont le produit d’une construction sociale. Les attentions spéciales, la « protection », le « respect » dont les enfants sont l’objet, ainsi que les institutions créées pour eux (l’école en particulier) servent avant tout à les tenir sous tutelle, à les priver de tout pouvoir sur leur vie, à les enfermer dans leur rôle, à les... infantiliser.

      En réexhumant ce texte qui, pour la première fois sans doute, étendait aux enfants l’analyse des mécanismes de domination, nous espérons bien contribuer à donner des outils de lutte à tous ceux, toutes celles -et particulièrement aux mineur-es- qui jugent que la « condition de l’enfance » est inaceptable.

      http://www.tahin-party.org/firestone.html

      peut-être avec de nouvelles visées émancipatrices qui m’échappent, où le sexe avec des enfants est estimé à sa juste dangerosité...

      Je n’ai jamais réussi à lire la domination adulte , notamment parce l’auteur repartait de schérer, comme s’il n’y avait que les penseurs pédophiles pour nous mettre sur la voie de... je ne sais pas trop quoi à vrai dire... parce que pour moi les enfants, depuis 50 ans, ont gagné énormément d’espace, de liberté, de respect... Je ne dirais pas que c’est la teuf, mais ces mouvements qui n’en finissent plus de reprendre l’argumentaire pédophile, en citant duvert, schérer et hocquenghem, comme encore une fois l’ultime libération... alors que les types ont causé des dégâts colossaux...

      L’enfant, en tant que catégorie socialement construite, (...)

      http://www.trounoir.org/?Lire-Hocquenghem-II-L-Education-antisexuelle

      #constructivisme #fabrique #fabrication #déconstruction

    • Toujours dans le chapitre sur la rationalisation de la pédophilie, sa tentative de légitimation par les sciences :

      #Réné_Schérer se référa à la biologie pour défendre l’idée que la puberté démarrait non pas à l’âge de quinze ans mais bien plus tôt, à six ans. Et si Schérer préférait défendre la pédophilie en affirmant la rareté de la pénétration, à Homophonies on a fait appel à des médecins pour certifier que la sodomie des enfants n’était pas un problème.

    • épistémologie bachelardienne va comme un gant à l’argumentaire pédophile (...) être favorable à la pédophilie c’est être du côté de la raison raisonnable et non de la pulsion incontrolée, du côté du petit nombre qui comprend et non de la grande masse qui s’égare, du côté de ceux qui pensent et non de ceux qui sont pensés.

    • La psychanalyse était puissante à un point qu’on a du mal à imaginer aujourd’hui. Omniprésente. Offrit un cadre d’analyse inespéré et réputé scientifique : si la société rejetait la pédophilie c’était qu’elle « résistait » à la sexualité infantile et parce qu’elle était mue par des « tabous ».

    • #élisabeth_badinter, dans son livre L’amour en plus : vise à #dénaturaliser l’amour maternel. En observant les variations du sentiment maternel à travers les âges, elle en conclut au caractère contingent de celui-ci. La conséquence pragmatique d’un tel constat consistait à libérer les femmes d’un amour auquel elles ne sentaient pas nécessairement vouées. Gérard Bach-Ignasse rapportait ainsi que dans dans sa plaidoirie pour la défense de Claude Sigala dans l’affaire du #Coral, son avocat fit référence à Badinter pour considérer des attouchements sexuels comme étant parfaitement anodins (...) chez #gai_pied et au #petit_gredin, cette référence fut également sollicitée : si l’amour maternel était historique et socialement contingent, alors il était arbitraire et n’était pas inévitable. Mutatis mutandis , on appliqua le même raisonnement à la pédophilie (...) cette inférence pouvait être facilitée par le fait que l’auteure défendait un sens très extensif de la pédophilie, puisqu’elle la voyait en toute mère : "je suis vraiment convaincue, affirmait-elle en 1993, qu’il y en a chez toute mère et cela me semble parfaitement naturel. Dans une publicité pour couche culottes, on voit cette images d’une extrême sensualité qui montre un petit bébé sur le ventre et s’approchant de ses fesses, une superbe bouche de femme avec du rouge à lèvres. Il me semble aberrant de hurler à la perversion lorsqu’il y a semblable situation entre un père et ses enfants.

    • Autre grande référence #Philipe_Ariès, l’enfant et la vie familiale sous l’ancien Régime , (...) qui visait à mettre en évidence une triple variation de la notion d’enfance.
      La première, ontologique. Selon l’auteur le « sentiment de l’enfance » (notion reprise par #Vigarello dans son travail sur le viol) n’a pas toujours existé. Il varie avec le temps. le moyen âge ne connaissaient pas ce sentiment. L’enfance aurait donc fait l’objet d’une découverte (...) Il y avait une symétrie,et non un hiatus, entre enfants et adulte.
      Deuxième variation axiologique : la haute valeur de l’enfance serait tardive elle aussi. Il citait Montaigne, qui affirmait avoir perdu « deux ou trois enfants » (...) Troisième variation : sexuelle. L’idée de l’enfant comme être sexué : c’est la psychanalyse qui l’apporterait. Elle aurait été inconnue avant. C’est la raison pour laquelle les adultes n’hésitaient pas à jouer avec le sexe des enfants (...) Paradoxalement, ce qui permettait ces jeux sexuels, était la putative asexualité infantile (...)
      Les théories constructionnistes dans le domaine du sentiment connaissaient un considérable succès dans les années 1980. La thèse de George Duby selon laquelle l’amour était une invention de l’Europe du XIIé siècle rencontrait un large écho et était relayée par la presse gaie. (...)
      Le propos d’Ariès fut tout à fait stratégiques pour les défenseurs de la pédophilie et c’est la raison pour laquelle il fut parfois mobilisé pour dénoncer le caractère réactionnaire, puritain ou rétrograde des normes de conduite proscrivant tout contact sexuel entre adultes et enfants. (...)

    • #Schérer : a soutenu le combat pédophile toute sa vie (...) Incursions dans l’histoire du droit (...) âge de la majorité sexuelle n’est pas éternel et a effectivement varié (...) Reprend argument de #Jean-Jacques_Passay, qui avait retracé l’histoire du droit des mineurs relativement au sexe dans le numéro « #fou_d'enfance » de la revue #Recherches, ou de #Jacques_Girard : l’apparition et le déplacement du seuil s’expliquaient par l’essor de la bourgeoisie puritaine, mouvement que devait amplifier le régime de Vichy. L’apparition et les variations de cet âge de consentement manifestait selon lui l’arbitraire de ce seuil. D’où sa dénonciation sur un mode historico-constructionniste qui fait dériver de la variation des normes leur aberration : sa sémantique historique était une pragmatique politique. S’il faisait l’histoire du droit, c’était pour tenter de conquérir le droit de faire ou plutôt de défaire, l’histoire.

      Autre argument : variation de l’âge de la puberté, selon les personnes et selon les époques (...)

      Rejetait la pédérastie pédagogique, car vectrice d’asymétrie. Pour lui « le pédophile (...) traite l’enfant qu’il désire ou qu’il aime (...) comme un véritable partenaire sexuel ». Schérer considérait que la famille était un lieu clos qui avait besoin d’un tiers. Elle contribuaient à la « fétichisation » de l’enfance. Par cette « mise en croyance », il désignait pragmatiquement deux groupes : ceux qui « croient » au fétiche, qui fait d’eux des croyants crédules, et ceux qui « savent » que l’enfant n’est pas sacré (...) Pour lui, la violence liée à la pédophilie était largement imputable aux peurs des représailles et non à la pédophilie en elle-même. Elle était non pas substantielle mais relationnelle. (...)

    • #Michel_Foucault : 1978 « la loi de la pudeur » Michel Foucault : « aller supposer que du moment qu’il est un enfant, on ne peut pas expliquer ce qu’il en est, que du moment qu’il est un enfant, il ne peut pas être consentant, il y a là deux abus qui sont intolérables, inacceptables ».

      La menace pesant sur la pédophilie lui paraissait viser la société tout entière : « autrefois les lois interdisaient un certain nombre d’actes (...) on condamnait des formes de conduite. Maintenant, ce qu’on est en train de définir, et ce qui, par conséquent, va se trouver fondé par l’intervention et de la loi et du juge et du médecin, ce sont des individus dangereux. On va avoir une société de dangers, avec d’un côté ceux qui sont mis en danger, et d’un autre côté ceux qui sont porteurs de danger. Et la sexualité ne sera plus une conduite avec certaines interdictions précises ; mais la sexualité, ça va devenir cette menace dans toutes les relations sociales, dans tous les rapports d’âges, dans tous les rapports des individus. C’est là sur cette ombre, sur ce fantôme, sur cette peur que le pouvoir essaiera d’avoir prise par une législation apparement généreuse et en tout cas générale » (in la loi de la pudeur ).

      Si Foucault propulsait son discours à de si hauts niveaux de généralité (...) ce n’est pas seulement parce qu’il jugeait les grands problèmes comme seuls véritablement dignes de lui, mais c’était aussi parce qu’il s’agissait d’enrôler un maximum d’acteurs dans la cause pédophile. Si la pédophilie ne concernait pas seulement les pédophiles mais tout un chacun, alors il convenait d’adopter un style prophétique impressionnant où « tout le monde » pouvait se sentir concerné.

    • Une partie de la gauche libertaire considère que l’abolition du statut de mineur permettrait de répondre aux violences sexuelles âgistes. Le raisonnement un peu résumé consiste à dire que sans catégorisation adulte-enfant, non seulement on facilite la « puissance d’agir » des jeunes mais en plus on expulse la notion de pédophilie et d’inceste, pour encourager la liberté dans les rapports amoureux et sexuels contre la morale puritaine, familialiste, âgiste. Qu’en pensez-vous ?

      D.D. – C’est un raisonnement qu’il est très difficile de contrer, les pro-pédophiles contestant tous les arguments en brandissant la responsabilité délétère de la morale sociale opposée à la libéralisation de la sexualité avec des enfants. Ce discours pro-pédophilie a coûté la vie à des tas d’adultes, anciens enfants ‘partenaires’ sexuels de pédophiles et qui n’ont pas supporté l’expérience dépersonnalisante et déshumanisante d’être un objet sexuel. Il faut être très clair à ce sujet : ni en France, ni ailleurs, je n’ai jamais lu, jamais entendu, jamais rencontré quelqu’un qui pouvait témoigner que la sexualité qu’il avait vécu enfant était sans conséquence néfaste sur sa vie adulte. Les bibliothèques sont pleines de témoignages allant dans le sens radicalement contraire. Même les enfants ayant grandi dans les années soixante-dix dans des milieux sociaux libertaires et intellectuellement favorables à la pédophilie témoignent de l’horreur rétrospective d’être le « partenaire » sexuel d’un adulte. Les pro-pédophiles sont de mauvaise foi et mentent ; il faut garder cela en tête.

      https://christinedelphy.wordpress.com/2021/01/11/viol-incestueux-et-on-ose-encore-dire-que-nous-ne-savions

    • bon on dira que je n’ai pas de vie, mais je vous explique le projet vite fait : j’ai lu ce livre et j’en recopie des passages pour m’en, peut-être, servir plus tard. Me dis que ça peut aussi être utile à d’autres (et c’est cool de savoir que je suis pas seul à lire ces merdes ha !)

      Donc la suite :

      DE LA PÉDOPHILIE CONSIDÉRÉE COMME UN DES BEAUX-ARTS

      Je la fait courte, d’aucuns font du chantage à l’avenir (ne pas louper l’art qui sera considéré important demain).

      Fameuse Pétition de matzneff

      ("si une fille de 13 ans à droit à la pilule, c’est pour quoi faire ?")

      Soit dit en passant, violence dans le ton qui me rappelle celle de ginsberg revendiquant son droit aux petits garçons. cf : https://seenthis.net/messages/885607]

      Tony Duvert fut très à la mode et constituait même l’incarnation de ce qui, alors, était dans le vent. Son nom apparu dans La Distinction de Bourdieu dans les propos d’un « jeune cadre qui sait vivre » comme symbole même des livres « un peu stimulants ». (...)

      Alors ça, je paye une bouteille à celle ou celui qui la retrouve :

      La brochure destinée à la jeunesse éditée en 1982 par le ministère de la Jeunesse et des Sports intitulé J’aime, je m’informe qui recommandait la lecture du Bon Sexe illustré, [de Tony duvert] texte vantant les mérites de la pédophilie et argumentant en sa faveur.

      Ce #pedoland_total.

    • LA POLITISATION DE LA PÉDOPHILIE

      Les mouvement pédophiles visaient la collectivisation de leur cause, d’une part en agrégeant les pédophiles entre eux et , d’autre part, en s’adressant au reste de la société, tant sur le plan national qu’international. (...) Ceux qui formèrent des collectifs pédophiles savaient bien que, pour compter, il fallait d’abord se compter car dans ce domaine, le qualitatif - que peut-on faire ?- était fortement lié au quantitatif - combien sommes nous ?

    • En France, c’est le GRED, qui, à partir de 1979 tenta d’imposer l’idée que la question de la défense de la pédophilie relevait de la politique. Ce groupe succéda aux éphémères FLIP, le Front de libération des pédophiles et FRED, le front d’action de recherche pour une enfance différente, mouvement qui ont vu le jour en 1977 pour s’éteindre aussitôt.
      (...)

    • Les difficultés étaient essentiellement liées à la redéfinition du pédophile non plus en tant que coupable d’abus, mais en tant que victime d’une législation « rétrograde ». La victimisation du pédophile se heurta à d’importantes difficultés car la place de la victime dans la relation pédophile était déjà occupée par l’enfant. La victimisation du pédophile, pour réussir, devait donc opérer une redéfinition de la place de l’enfant au sein de cette relation. Cela n’était pas une mince affaire, mais parut « jouable » aux acteurs de l’époque.
      Dans un tel cadre, les publications eurent un rôle très important (...) l’écrit donne du pouvoir (...)
      Au cours des années 1970 et 1980, toute une série publications appartenant peu ou prou à la mouvance pédophile fit son apparition. Backside vit le jour en 1981, pour quelques numéros. Revue de poésie dirigé par #Harold_Giroux qui avait pour sous-titre « écritures-sexualités » elle était pour l’essentiel consacré à des textes érotique illustrés de photo d’enfant nus (...)
      #Bernard_Alapetite fit paraître Beach boy (...) #Jean_Manuel_Vuillaume fonda quant à lui Palestra , (...)il publia de 1984 à 1990 une revue érotique Jean’s (...) qui comportait très peu de textes. Lorsque texte il y avait, il s’agissait le plus souvent de topos d’allure savant, que pouvait réhausser, ça et là, des allusions à Nietzsche, Derrida ou #Barthes, lequel avait été le directeur de thèse de #Vuillaume. La revue qui parle toujours d’"adolescents", faisait une grande place aux enfant prépubères dénudés (...) Vuillaume publia également la revue P’tit Loup entre 1985 et 1990 (...) spécialisée dans les tout jeunes enfants - presque tous impubères, entre cinq et dix ans pour la plupart - et comportait de nombreuse photos de nus. Les photos était parfois assorties de l’expression « bon appétit ». (...)

    • SYMÉTRISATION ADULTES/ENFANTS

      Ceux qui ont tenté d’établir la légitimité de la relation pédophile ont fréquemment fait reposer leur argumentation sur une exigence de symétrie visant à combler l’écart entre l’enfant et l’adulte. C’est la résorption des différentiels entre adulte et enfants qui semblait, pour certains, être la manoeuvre la plus à même de rendre la pédophilie acceptable (...)

    • (...) blocage du sujet au stade infantile se projetant dans l’objet infantile (...) rapprocher l’enfant de l’adulte (...) hypothèse : tout être possède toujours son âme d’enfant. Cette diminution du caractère adulte de l’adulte avait pour viser de le rapprocher de l’enfant.(...)

    • #Symétrisation cognitive : #Tony_Duvert a « fait l’amour avec des gamins parce qu’ils le voulaient bien ; ça ne les embêtait pas » (...) on sollicitait la parole de l’enfant en exigeant qu’on la prenne au sérieux. Symétrisation ontologique : référence à la notion de « personne ». L’#enfant, tout comme l’#adulte était une personne et devait à ce titre (...) avoir « droit » à la sexualité. (...) C’est la raison pour laquelle certains ont considéré que le pédophile était d’un intérêt supérieur au père de famille. Il était le seul à savoir considérer l’enfant comme « embryon de citoyen » et non comme un subordonné. Symétrisation actantielle : il arrive en effet que ce soient les enfants et non les adultes qui prennent une initiative de type sexuel car, selon Tony Duvert « les #gamins aiment faire l’amour comme on se mouche » (...) Pour les #pédophiles il s’agissait non pas de condamner ce « #consentement », mais de le « prendre au sérieux ». #Dominique_Fernandez, tout en estimant qu’il aurait pu « très bien être pédophile », regrettait qu’il y ait « cette erreur de ne pas vouloir savoir que l’enfant a une #sexualité très débordante, folle ». #André_Baudry, de même, défendait l’idée que les « #adolescents » étaient bien souvent à l’initiative des relation sexuelles avec des adultes (...) #Frits_Bernard, quant à lui, considérait que son roman pédophile Costa Brava présentait de l’intérêt dans la mesure où il fournissait le récit d’une telle symétrisation : l’enfant et non l’adulte, était le moteur dans la relation érotique. [pareil pour ] #Tom_O'Caroll.

      Cette thèse fut défendue par certains médecins au cours des années 80. En 1985, #Michèle_Eilstein, dans sa thèse de doctorat de médecine :

      "le mouvement de détournement qu’implique la séduction se retrouve (...) au sein de la relation pédophilique (...) on parle alors de « détournement de mineur ». Mais ne peut-on pas retourner la proposition dans l’autre sens (...) Est-ce que (...) l’enfant ne peut pas devenir celui qui détourne l’adulte de sa sexualité d’adulte ?" (...) Si l’enfant se soumet effectivement à la règle de cette relation duelle, il n’en reste pas moins vrai qu’il conserve la maîtrise du jeu et ce pour deux raison essentielles. La première est en rapport avec l’interdit, l’enfant sait qu’il ne risque rien, alors que l’adulte a tout à perdre dans cette relation. Ainsi, fort de sa parfaite #innocence l’enfant garde la liberté d’interrompre le jeu selon son désir. La deuxième raison tient à la différence de sexualité qui existe entre l’enfant et l’adulte. En effet, ici l’adulte joue avec sa sexualité d’adulte dans laquelle réside une ascension du désir qu’il ne peut arrêter quand il veut. L’enfant, qui lui ne ressent pas ce désir croissant de l’autre mais est simplement satisfait par l’idée même du jeu, possède donc là encore une #emprise sur l’adulte."(...) dans notre société l’enfant (...) a une place privilégiée de « victime innocente » (...) d’autre part les dénonciation calomnieuses faites par des enfants ne sont pas rares (..) il faut savoir se poser la difficile question des limites de son innocence et de sa pureté, venant constituer une véritable forteresse imprenable".

      allez #victime_innocente comme scandale par rapport à la bonne vieille #victime_coupable, on est pas à ça près hein...

    • Ces gestes de symétrisation était encouragés dans les années 70 par les mouvements de #fugues_de_mineurs qui faisaient l’objet d’une importante couverture médiatique (...) on parlait désormais de « #mineurs_en_lutte » dans la presse. Certains furent accueillis à #Vincennes ; Ces enfants affirmaient vouloir « disposer de leur corps et de leur tête ». On parla même à Marseille d’un « mouvement de libération des enfants » par des enfants eux-mêmes (...)

      Symétrisation amoureuse (...) défendue jusqu’en 1997, par exemple dans la revue de #Phillipe_Solers, où l’on publia plusieurs textes qui défendirent l’idée d’une possible symétrie dans ce domaine, comme ceux de #Bertrand_Boulin ou de #René_de_Ceccatty.

    • Pour Je m’aime, je m’informe :
      • un article de Robert Salé, du Monde du 18/06/1984 où, juste avant le #paywall :
      « J’aime, je m’informe »
      https://www.lemonde.fr/archives/article/1984/06/18/j-aime-je-m-informe_3025363_1819218.html

      À la fin de la brochure, le lecteur était renvoyé à neuf ouvrages, parmi lesquels le Bon Sexe illustré, de Tony Duvert et l’Amour, c’est pas triste, de Jane Cousins. Ce n’est pas le genre de livres qu’on conseille généralement aux fiancés catholiques. Toutes les formes de relations sexuelles y sont plus ou moins justifiées, y compris l’inceste et la pédophilie.

      • sinon, aux milieux de beaucoup d’autres documents, la brochure a été déposée le 9 octobre 1985 aux Archives Nationales à Pierrefitte-sur-Seine par le cabinet du Ministre de la Jeunesse et des Sports …
      https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/pdfIR.action?irId=FRAN_IR_014364

    • #paywall de l’article du monde signalé par @simplicissimus
      C’est intéressant de voir que les références ont certainement été ajoutées infine. Du coup, le travail du Planning familial sur la contraception et les termes clairs pour son usage sont anéantis. De ce que j’observe et lis c’est tout à fait la façon d’agir des pro-viols d’enfants et des pédocriminels, parasiter le discours de libération de la sexualité.
      #stratégie_de_perversion

    • Tout son univers [de Matzneff] respire pourtant la droite extrême depuis ses auteurs admirés (de #Montherlant (...) à #Julius_Evola) ses fréquentations ou ses amis (#Alain_de_Benoist (...) mais aussi #Pierre_Boutang, #Ghislain_de_Diesbach, Pierre #Gripari, #François_d'Orcival, #Roger_Peyrefitte, #Lucien_Rebatet, #Michel_de_Saint_Pierre, ¨#Phillipe_de_Saint_Robert etc.) jusqu’à sa pensée dans laquelle les valeurs aristocratiques, que manifeste le vif rejet de la gauche ou la récurrence des injures adressées aux gens ordinaires, la misogynie ou l’admiration des chefs, ont une place centrale.

    • si les relations asymétrique plaisent aux pédophiles d’extrême droite, c’est avant tout parce que , dans cet univers, on y prise sans doute comme nulle part ailleurs l’autorité, les rapports de domination clairs, les structures hiérarchiques incontestées, comme dans l’armée, où se distribue nettement petits et grands , dominés et dominants, esclaves et maîtres, serviteurs et chefs, masses et élites (...)

    • Les uns [d’extrême droite] et les autres [pédophiles] adoptaient un vocabulaire qui accorde à la singularité une large place : ils se revendiquaient « non conformiste », « dérangeants », et « politiquement incorrects » (...)

    • EXPLICATION DES REJETS DE LA PÉDOPHILIE

      Sociologisation

      Le rejet de la pédophilie s’expliquerait non pas parce qu’elle serait intrinsèquement mauvaise mais parce qu’elle serait l’objet d’un rejet inadéquat (...) les pédophiles n’ont pas eut leur pareil pour sociologiser le rejet dont ils ont fait l’objet. Ainsi au Petit Gredin , on fit référence à une citation du #Marquis_de_Sade qui affirmait que « ce n’est point [sa] façon de penser qui fait [son]malheur, c’est celle des autres ». (...)

      Le psychologue et militant pédophile #Fritz_Bernard considérait que lorsqu’on interroge les enfants qui ont été en contact sexuel avec des adultes, « aucun ne parle d’expérience traumatisante, c’est plutôt le contraire. Ce ne sont pas les actes en eux-mêmes, généralement caresses et masturbation, qui engendrent des problèmes ou des conflits, mais plutôt (...) l’attitude négative de la société qui engendre le traumatisme chez l’enfant »

      (...) #Claude_Sigala (...) « le problème ne vient pas de l’individu [mais] de la norme, du social ». (...) #Sociologisation du rejet fut une ressource cardinale (...)

    • Discréditation et pathologisation

      (..) Profonde « crédulité » de la société s’exprimerait dans la « croyance » en ces « personnages » ou « figures » de fiction que sont le « pédophile monstre » ou « l’enfant pur » (...) L’écrivain #Michel_Tournier regrettait (...) que l’enfant soit depuis Victor Hugo assimilé à un saint. « L’enfant c’est #sacré » se désolait-on de même à #Gai_Pied (...) on ricanait dans la revue de #Phillipe_Solers de l’enfant contemporain, vu comme un « petit jésus mâtiné de litte Bouddha ».

    • Dans les années 70 et 80, on s’affrontait de façon vive afin de répondre à la question suviante : qui est malade ? était-ce les pédophiles qui avaient une sexualité aussi pathologique que pathogène, ou bien « la société » qui, en les pourchassant, manifestait une attitude pathologique ? (...)

      Est-ce que c’étaient les pédophiles qui devaient entamer une psychothérapie pour admettre, par exemple, leur immaturité psycho-sexuelle ou bien était-ce la société qui devait douter de son « #hystérie » et de sa « panique ». On le voit la référence à la #panique est un acte de guerre. Dire de l’autre qu’il ne se maîtrise pas - qu’il est « hystérique » ou « en panique »- a pour effet en retour de laisser penser que celui qui énonce un tel diagnostic contrôle, lui, ses émotions et donc, la situation. (...) Bref, il s’est agi de répondre à la question suivante : qui donc devait aller consulter ?

    • les défenseurs de la pédophilie ont fait l’hypothèse d’une « phobie » antipédophile, d’une « pédophobie »(...) cette hystérie faisait par exemple qu’on n’était jamais sensible à la dimension positive que pourrait avoir la prostitution infantile.
      (...)

    • #Edward_Brongersma opéra ce double mouvement de pathologisation du normal et de normalisation du pathologique en prenant appui sur l’expertise du docteur #Sigusch, professeur de #sexologie, lequel considérait "les adultes qui seraient dépourvus du désir d’avoir des relations sexuelles avec un enfant comme des « figures problématiques ». (...)

      dans la revue Recherches de #Felix_Guattari, on est même allé jusqu’à affirmer qu’il « n’y a pas un homme de quarante ans, qui n’aurait envie, en voyant nu un garçon de quatorze ans, de l’enculer ». Or comme notre société serait « pathologiquement meurtrière », elle opprimerait ce mouvement naturel.

      On s’attendait donc à une dépathologisation de la pédophilie. De même que l’homosexualité avait été sortie en 1973 du (...) #DSM.

    • Mauvaise presse

      Le fait que TF1 — la chaîne de télévision la plus regardée de France qui cristallise tout ce qu’un penseur digne de ce nom peut mépriser — s’empare à ce point de l’affaire Dutroux ne suffisait-il pas à prouver qu’il s’agissait d’une bien mauvaise cause, et ce d’autant plus qu’elle laissait de côté les petits africains en privilégiant les enfants blanc d’Occident ? ( #Annie_Ernaux in L’infini , p62)

    • Pédagogisation

      [Non pas manque de contrôle sexuel des pédophiles mais manque d’information du grand public.]

      La réduction au cognitif était une arme redoutable en ce sens qu’elle plongeait simultanément celui qu’elle visait dans les abîmes de la subjectivité à mesure qu’elle hissait celui qui l’opérait dans les hauteurs de l’objectivité. Les problèmes était donc liés non pas à l’essence de la pédophilie mais à méconnaissance.

      (...)

      Comme « les lois des pays occidentaux montrent une variation incroyable dans la fixation de l’âge du consentement » affirmait le sénateur hollandais pro-pédophile #Edward_Brongersma, cela était censé fournir la « preuve évidente de la maladresse et de l’arbitraire des législateurs confrontés avec un sujet dont ils ne savaient rien ».

      (...)

      Dans un tel contexte, caractérisé, selon #Roger_Peyrefitte, « à la fois [par] un manque d’intelligence et un manque de culture » les associations pédophiles pouvaient prétendre (...) à un rôle important d’information et de démystification.

      (...)

      L’usage du terme « #tabou » (...) rappelle que ce ne sont pas de simples instruments de description classificatoire mais bien des armes pragmatiques dont le but est de transformer le monde. Le « tabou » ce n’est pas seulement l’interdit, c’est l’interdit du « sauvage » dont parlent les anthropologues, c’est dont l’interdit qui transforme celui qui s’y soumet en sauvage.

      (...)

      Le combat pédophile se solda par un fiasco complet.

    • me semble hyper important ça (en gras) :

      3 LA DEROUTE PEDOPHILE

      Les arguments des pédophiles sont devenus des termes, dûment identitifés dans les manuels de psychiatrie, qui servent à établir le diagnostic de ce dont ils sont atteints.

      (...)

      Comme le rapporte Catherine Dolto, « le nombre d’adultes, hommes et femmes, qui racontent avoir été abusés pendant leur enfance est proprement stupéfiant. Ce qui l’est plus encore, c’est qu’ils sont très nombreux à dire que, s’ils en ont parlé dans leur famille, on leur conseillé de se taire. Ceux qui ont consulté des thérapeutes à l’époque sont nombreux à ne leur avoir rien dit ».

      (...)

      Le pédophile n’est plus cet être honteux qui hante le privé et dont on ne dit rien car « on ne parle pas de ces choses-là ». Il est désormais un monstre ignoble à l’identité stabilisée et dont les méfaits doivent désormais être mis « en pleine lumière ».

      Chaque acteur du système de la pédophilie connaît une telle dynamique identitaire. La victime, par exemple, se définit peu à peu comme telle. Avant le milieu des années 1990, le statut du mineur victime d’abus sexuel n’est pas tout à fait clair, s’il on admet qu’une victime pour l’être pleinement doit être considéré comme telle par tout le monde. C’est ce qui explique que des personnes qui, alors qu’elles étaient enfants, ont subi des relations avec des adultes, se sont senties progressivement devenir des « victimes » à mesure que les pédophiles devenaient des « coupables ». L’activité d’un rapport sexuel entre adulte et enfant n’implique pas nécessairement la conscience d’être victime pour celui ou celle qui subit ce que fait l’adulte. L’éditeur #George_Kempf s’est senti être une « victime » de son « agresseur » trente ans après les faits. On peut devenir une victime longtemps après ce qu’on a subi car, comme souvent, il n’y a pas nécessairement coïncidence entre l’activité — être violé— et l’identité —être victime. Dans une autre affaire, un plaignant accuse Monseigneur Di Falco de viol. L’argumentaire de son avocat est le suivant : bien que les faits aient censé avoir eut lieu entre 1972 et 1975, son client n’a compris qu’en 1995 qu’il aurait été victime d’une relation non consentie du fait de la médiatisation des affaires de pédophilie. On peut donc « prendre conscience » d’une identité de victime en découvrant qu’elle est justiciable par d’autres d’une telle « prise de conscience ». D’où ce statut de victime à retardement. Les psys y verraient une manifestation du mécanisme de « refoulement ». Mais cette analyse est largement rétrospective. Pour qu’une personne se sente victime, il faut que tout le circuit du système de la pédophilie soit actif, institutions, associations, coupables, médias. Qu’un acteur, voire plusieurs, viennent à manquer et c’est le court-circuit : plus rien ne se passe, l’identité de victime devient moins stable, plus « subjective ». L’identité de victime est profondément relationnelle, elle suppose l’activité continuée de la collectivité des acteurs participant au système de la pédophilie : son objectivité est la forme réifiée et stabilisée que rend possible tout le système. Plus l’identité de coupable se solidifie et plus l’identité de victime risque de prendre de plus en plus de place dans l’identité de la personne, voire prendre toute la place, au point que certains font l’hypothèse qu’on peut « rester prisonnier toute [la] vie de cet attentat », qu’on peut devenir comme un « mort-vivant » (in Marie-Ondine, pédophilie, une histoire vraie).

      (...)

    • Deux causes permettent de comprendre pourquoi les #féministes ont été hostiles à la cause pédophile. La première fut statistique : l’attrait pédophile semblant bien moins fréquent chez les femmes que chez les hommes (...) il était logique qu’elle n’aient pas été en première ligne pour défendre cette cause, tout au contraire. La seconde était historique : la division sexuelle du travail domestique assignant aux femmes traditionnellement un rôle de protection des enfants, celle-ci ont été sensibles bien plus que les hommes à cette dimension protectrice.

    • DÉPOLITISATION DE LA PÉDOPHILIE

      Les acteurs pédophiles n’ont pas été reconnus comme des acteurs « militants » : tout ce petit monde est entré en #clandestinité.
      (...)

      Accès des femmes aux postes à responsabilité politique, médiatique, judiciaire ou associative, a été déterminant dans la dépolitisation du combat pédophile et la politisation de la lutte contre la pédophilie

      (...)

      C’est là l’ironie de l’histoire : cantonnées, par les hommes, à des postes qu’ils considéraient comme subalternes, elles en ont fait des postes clés, voire des plaques tournantes de toute la vie publique.

      (...)

      En 1980, en pleine vague pro-pédophile, c’est un magazine féminin qui publia un grand papier qui lui était hostile. De 1997 à 2002, c’est une femme, #Ségolène_Royal qui a été le fer de lance de la lutte contre « l’enfance maltraitée » : rapports, missions, circulaires, Royal multiplia les initiatives dans ce domaine. Elle contribua à renforcer l’insertion de la question pédophile dans celle, plus large, de la maltraitance infantile.

      (...)

      Ségolène Royal = bête noire de Matzneff ("la quarkeresse")

      (...)

      sympathie pédo des franges néopaïennes d’extrême droite

      (...)

      rejet de la pédophilie a désormais force de loi.

    • Pierre Verdrager, le sociologue qui a vu un « grand renversement » au sujet de la pédophilie

      https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/02/26/pierre-verdrager-le-sociologue-qui-a-vu-un-grand-renversement-au-sujet-de-la

      Armand Colin lui demande de préparer une version courte et actualisée de L’Enfant interdit – celle qui est publiée aujourd’hui sous le titre Le Grand Renversement – et de travailler à une nouvelle version enrichie, prévue pour l’automne.

      [...]

      Il sait qu’il peut être accusé de faire le jeu de l’amalgame entre homosexualité masculine et pédophilie, que les gays ne cessent de combattre. « Je n’ai jamais caché mon homosexualité, précise-t-il. En tant que gay, j’ai plus de facilité à aborder ce sujet et personne ne peut me soupçonner d’être homophobe. »

      [...]

      Il raconte aussi que les féministes ont joué un rôle important dans la défaite de la pédophilie. « La libéralisation de la pédophilie annonçait pour certains gays une victoire de la liberté, écrit-il, alors qu’elle signifiait pour de nombreuses féministes une victoire de la domination masculine. »

    • A sa petite échelle, Pierre Verdrager, 50 ans, a, lui aussi, vécu un grand renversement. La première fois que M le contacte, début décembre 2019, sa réponse est claire et nette : la pédocriminalité et les œuvres de Gabriel Matzneff, c’est fini, il ne s’exprime plus sur ces questions. Il a donné, publié L’Enfant interdit (Armand Colin, 2013) et recueilli d’ailleurs peu d’échos : zéro article de presse, une critique dans une revue spécialisée, deux passages radio et une poignée de colloques. Il termine la traduction d’un livre de l’anthropologue britannique Jack Goody et se dit « peu disponible ».

      [...]

      Pierre Verdrager s’affiche comme un « électron libre » dans le monde de la recherche

      [...]

      « C’est un grand sociologue, avec d’autant plus de mérite qu’il n’est inséré dans aucun cadre institutionnel », admire sa consœur Martine Gross, spécialiste de l’homoparentalité. En 2007, Pierre Verdrager publie L’Homosexualité dans tous ses états (Les Empêcheurs de penser en rond), réalisé à partir d’entretiens. « C’est en lisant les journaux gay comme Gai Pied et en découvrant les articles de défense de la pédophilie que je me suis dit qu’il fallait que je creuse », se souvient-il.

    • merci @ktche j’ai pas fini encore de recopier, il me reste notamment un passage sur les chiffres et l’effet grossissant de l’observation, qui est très clair et très bien dit. C’est un peu sa force je trouve, comme ça par exemple :

      La victime, par exemple, se définit peu à peu comme telle. Avant le milieu des années 1990, le statut du mineur victime d’abus sexuel n’est pas tout à fait clair, s’il on admet qu’une victime pour l’être pleinement doit être considéré comme telle par tout le monde. C’est ce qui explique que des personnes qui, alors qu’elles étaient enfants, ont subi des relations avec des adultes, se sont senties progressivement devenir des « victimes » à mesure que les pédophiles devenaient des « coupables ». L’activité d’un rapport sexuel entre adulte et enfant n’implique pas nécessairement la conscience d’être victime pour celui ou celle qui subit ce que fait l’adulte. L’éditeur #George_Kempf s’est senti être une « victime » de son « agresseur » trente ans après les faits. On peut devenir une victime longtemps après ce qu’on a subi car, comme souvent, il n’y a pas nécessairement coïncidence entre l’activité — être violé— et l’identité —être victime.

      qui est très réel.

    • Merci de partager ta lecture. J’entends ce qu’il dit sur le « devenir victime » mais il y a quelque chose qui cloche tout de même car le déni ou le refoulement sont très puissants et actifs avant que ne puisse intervenir cette prise de conscience « socialisée/judiciarisable » et se caractérise malheureusement par des pathologies et des comportements à risques (voir Salmona qui parle de comment reconnaitre ses signes pour mieux aider).
      J’en viens à penser que cette souffrance indicible ne tient pas que de l’évolution sociale et justement quand elle peut se dire c’est aussi un chemin libératoire pour refuser tous rapports de domination, voire se questionner politiquement. Cela peut soulager la victime et non pas comme il est écrit la poursuivre toute sa vie et la personne victime peut aider à libérer d’autres victimes, ce qui est une grande joie merde quoi quand même, vive la bienveillance.

    • pour moi c’est une explication parallèle, ou complémentaire, au « délai d’apparition » des victimes (je ne sais pas comment dire mieux) délai que l’amnésie traumatique de Salmona explique aussi très justement et pour un grand nombre de personnes, mais qui, pour encore ramener mon nombril dans la place, ne me concerne pas... j’ai jamais rien oublié, mais j’ai mis du temps à interpréter et surtout à accepter ce statut d’ancienne victime. C’est bête mais une émission de Mireille Dumas sur le sujet m’a bp aidé... Je comprends pas trop ce que tu dis sur « poursuivit toute la vie » ...

      tu parle de ça ?

      On peut devenir une victime longtemps après ce qu’on a subi car, comme souvent, il n’y a pas nécessairement coïncidence entre l’activité — être violé— et l’identité —être victime.

    • Je cite le passage plus haut

      Plus l’identité de coupable se solidifie et plus l’identité de victime risque de prendre de plus en plus de place dans l’identité de la personne, voire prendre toute la place, au point que certains font l’hypothèse qu’on peut « rester prisonnier toute [la] vie de cet attentat », qu’on peut devenir comme un « mort-vivant » (in Marie-Ondine, pédophilie, une histoire vraie).

    • la pédocriminalité et les œuvres de Gabriel Matzneff, c’est fini, il ne s’exprime plus sur ces questions. Il a donné, publié L’Enfant interdit (Armand Colin, 2013) et recueilli d’ailleurs peu d’échos : zéro article de presse, une critique dans une revue spécialisée, deux passages radio et une poignée de colloques.

      En 2014, Matzneff à eu le prix Renaudot, du coup ce que dit Pierre Verdrager est faux. Il percevait d’autre part un logement de la ville de Paris et des aides financières de l’etat. Gallimard publiait toujours son journal de pédovioleur et c’est seulement à la sortie du livre de Springora que l’éditeur a découvert ce qu’il éditait et à cessé la diffusion de cet auteur. C’est aussi d’autant plus faux que Matzneff publie encore en 2021 grace aux crowdfounding et qu’il insulte toujours librement ses victimes depuis l’autre coté des alpes.

    • LA PEDOPHILIE PARTOUT

      L’amélioration de l’#observabilité des cas de pédophilie, qui entraîna immanquablement l’augmentation des cas observés, suscita donc une vive inquiétude. Cette inquiétude a été engendrée par l’énonciation de #statistiques toutes plus alarmantes les unes que les autres « une jeune fille sur trois est victime d’une agression sexuelle avant l’adolescence » (...) L’accumulation de #chiffres de ce genre crée une peur diffuse. Ces statistiques peuvent parfois donner lieu à des hypothèses sur l’effondrement de la morale. En 2001, un #sondage fit de la pédophilie la préoccupation n°1 des Français en matière de politique de l’enfance — celle-ci justifiant un renforcement des moyens de lutte contre la pédophilie, qui lui-même augmenta l’observabilité du phénomène pédophile : le phénomène est circulaire.

      (...)

      S’il y a clairement une circularité entre l’amélioration de l’observation et la multiplication des « cas » de pédophilie, je ne souhaite pas la traiter avec ironie ou l’envisager avec le dédain de l’expert s’indignant de l’usage naïf des statistiques : elle appartient aux acteurs eux-mêmes. (...) Pour ce qui me concerne, je me borne à constater cette circularité, laquelle est un phénomène bien connu des sciences sociales et des acteurs de terrain comme les magistrats ou les travailleurs sociaux. Plus on se donne les moyens de voir quelque chose et plus ce quelque chose risque d’apparaître avec netteté et en grand nombre et ceci de façon croissante dans le temps. À la manière de la prophétie auto-réalisatrice, le dispositif d’observation a eu tendance à contribuer à produire les preuves de la pertinence de son existence : il était performatif. #Ian_Hacking fut très certainement fondé à affirmer que « nous ne savons guère si des nombres plus importants sont à mettre sur le compte de l’augmentation de la maltraitance ou d’une meilleure détection de celle-ci, ou encore de l’extension de ce qui est jugé comme telle ». (...) C’est là le paradoxe de ce genre de statistiques : plus elles sont précises, fiables, nombreuses et moins nous savons exactement ce qu’elles mesurent.

      (...)

      Ceux qui se sont penchés sur les statistiques savent cependant qu’il est impossible d’avoir une idée fiable et consensuelle du nombre de pédophiles en France : cela est bien fait pour renforcer l’inquiétude. (...) La répression doit être d’autant plus sévère que l’omerta a été générale. D’où cette demande réitérée de peines toujours plus lourdes, le nombre des années d’emprisonnement semblant à même de compenser les années de retard dans la « prise de conscience ».

    • L’AFFAIBLISSEMENT DES THÈSES #CONSTRUCTIONNISTES SUR L’ENFANCE

      Dans ses derniers livres, le grand anthropologue #Jack_Goody (...) a donné un coup de frein au #constructionnisme intégral dans certains domaines (...) il constate en effet que « pour l’immense majorité de l’humanité, [...] les soins à donner aux enfants sont une choses essentielle » et ceci à toutes les époques. Au-delà, des flottements de seuils, il n’y a pas de variations aussi tranchée qu’on le prétend parfois de la notion d’enfance d’une civilisation à l’autre et faire naître l’enfance en Occident à l’époque moderne relève, selon lui, de l’ethnocentrisme le plus étroit. (...) Pour [Goody] il existe un lien entre l’hyperconstructionnisme historiciste et l’ethnocentrisme.

      (...)

      La notion de « construction sociale », si elle a pu fournir un levier extraordinaire à la lutte militante, car ce qui est construit peut être déconstruit et changé, a aussi freiné la réflexion (...) Ian Hacking considère que certains des emplois de la notion de « construction sociale » sont intellectuellement paresseux (...) il constate par exemple que lorsqu’Aristote parle du plus pur exemple d’amour, il cite le cas de celui qu’une mère porte à son enfant, remarque qui fragilise les thèses constructionnistes soutenues avec vigueur dans ce domaine, de Philipe Ariès à Elisabeth Badinter

      (...)

      le sol constructionniste des défenseurs de la pédophilie s’ouvre chaque jour un peu plus sous leur pieds.

    • FRAGILITÉ DU MOUVEMENT PÉDOPHILE

      #André_Baudry avait bien essayé d’organiser les choses à #Arcadie [une des premières assos gay en France ndgwyneth] (...) pour autant il s’était rapidement heurté à des déconvenues : « il y a de nombreuses années, écrivit-il en 1982, nous avions constitué un groupe de réflexion rassemblant des pédophiles. Ils se réunissaient par dix ou vingt. Je leur avait demandé d’étudier ensemble le problème pédophile, de rassembler des documents divers et irréfutables, de faire parler l’Histoire, la morale, la psychologie, la sociologie, la littérature, en un mot de rassembler toutes ces données afin de publier un manifeste honnête sur ce terrible problème. Les réunions, malgré la bonne volonté de leur animateur, devinrent vite des réunions de voyeurs, d’exhibitionnistes, de rêveurs... une agence pour pédophiles. On se racontait ses bonnes, ses mauvaises, ses infructueuses rencontres de la semaine, en faisant circuler des revues qui, à l’époque, arrivaient de Scandinavie, voire même des photos récentes prises sur le vif entre tel participant et un adolescent (le pédophile la manie de l’appareil photo ! (cc @touti). On organisait un voyage vers le Maroc, la Tunisie, les Philipines... On vivait la pédophilie comme chacun aurait bien voulu la réaliser, mais on était loin de ce travail de recherche honnête, seul capable de faire progresser les choses à cette époque. Je n’eus pas à intervenir, le groupe cessa de vivre ».

    • 4. Du point de vue pédophile

      SUBCULTURE ?

      (...) il existe bien deux journées mondiales qui sont programmées chaque année afin de défendre la cause pédophile. Il s’agit de la Alice’s day (25 avril) et de la journée Boy Love (21 juin) [mais] pour l’essentiel, les pédophiles s’exprimant à visage découvert appartiennent au passé.

      (...)

      Un langage codé prolifère sur internet. L’enfant y devient un « Jigé », forme lexicalisé de l’abréviation « JG », signifiant « Jeune Garçon » qui est lui-même un euphémisme d’enfant de sexe masculin. Le pédophile, quant à lui, y est désigné comme un « boy lover », qui s’abrège en « BL ». Sur certains sites pédophiles, on a coutume de mettre en capitales les lettres B et L dans les mots qui comprennent ces deux lettres dans cette ordre. Par exemple on écrira « sensiBiLité » ou « biBLiothèque »

      (...)

      #Internet va comme un gant au monde pédophile. C’est un univers où l’on peut se renseigner sur les risques encourus, se plaindre des épreuves traversées, deviser avec des inconnus, évoquer les « Jigés » croisés, voir presque sans être vu, et rêvasser sans relâche à un monde jugé « meilleur », c’est-à-dire plus clément vis-à-vis des amours pédophiles. De nombreuses conversations sont le lieu d’une intense critique de « la société ». (...) les pédophiles (...) sont également présent sur un site essentiel du Web 2.0 : #Wikipédia. D’une manière générale, les articles qui font référence à la pédophilie, s’ils proposent des informations ou des références bibliographiques tout à fait intéressantes (...) manquent de neutralité. Ils ont tendance à présenter la pédophilie d’une manière extrêmement favorable . Les pages wikipédia sont particulièrement stratégiques car elles sont généralement bien positionnées dans les résultats des principaux moteurs de recherche, comme Google. La guerre de la pédophilie a donc désormais lieu sur la Toile.

    • Pour finir...

      LE SYNDROME DES #FAUX_SOUVENIRS­

      Au cours des années 80, on assista au états-unis à une explosion de plaintes de personnes déclarant, longtemps après les avoir oubliés, des abus sexuels pendant l’enfance. (…) Une psychologue, #Elizabeth_Loftus, tenta d’élucider cette explosion de cas avec sa théorie des « faux souvenirs ». Ces faux souvenirs seraient une création pure de la #thérapie qui suggère que ces abus ont eu lieu. Ses travaux furent controversés. Certaines féministes lui reprochèrent de mettre en cause la parole des femmes et par conséquent d’être une alliée objective des pédophiles. Certains #psychanalystes, parce qu’elle critiquait la notion de refoulement, qui pour elle était sans bases objectives, lui reprochèrent de saper les fondements mêmes de la psychanalyse.(...) La question demeure, encore aujourd’hui, hautement controversée car les intérêts en présence sont considérables.

      Quel était l’argument d’Elizabeth Loftus ? Selon elle, un des éléments qui permettait d’expliquer la multiplication d’abus sexuels sur enfants fut la vogue, dans les années 80, notamment aux états-unis, des thérapies dites de la "#mémoire retrouvée. Ces thérapies défendaient l’idée que certaines #troubles psychiques pouvaient s’expliquer par l’enfouissement de souvenirs d’événements oubliés. La guérison requérait de déterrer ces souvenirs. S’inspirant des théories de #Freud, ces thérapies faisaient le pari que les troubles psychiques d’aujourd’hui pouvait être imputable au refoulement des abus sexuels subis pendant l’enfance : à force de regarder les nuages de leur passé, les patients finissaient toujours par y découvrir des abus sexuels. Les faux souvenirs étaient congruents avec l’épidémie de pédophilie et, en même temps, la généraient : ils créaient des situations de conflits innombrables et détruisit des familles où les enfants accusaient à tort les parents de les avoir abusés sexuellement. Les dégâts furent si considérables que des institutions prenant la défense des familles injustement accusées se mirent en place (…) Ces faux souvenirs étaient pour l’essentiel, produit par la théorie qui les conceptualisait. Les thérapeutes, en induisant le fait que le traumatisme présent était le produit d’abus sexuels passés, engendraient les faux souvenirs de patients qui, localisant une cause, se sentaient soudain bien mieux. Le fait que les patients refusaient parfois de se rendre à cette thèse confirmait la théorie : le « déni » était une preuve supplémentaire qu’il y avait bien eu abus. La théorie devenait irréfutable : si les patients trouvaient des souvenirs d’abus, c’est parce que des abus avaient eu lieu, s’ils n’en trouvaient pas, c’est aussi parce qu’ils avaient eu lieu, chose que les patients « refoulaient » : la réalité ne régulait plus rien, la théorie était, quoiqu’il advînt, vraie. Freud , lui même, pourtant, avait abandonné la théorie de la séduction, théorie qui faisait le lien entre un traumatisme et un abus sexuel subi dans l’enfance. Il s’était rendu compte que les patients inventaient de toute pièces des abus qu’il avait lui-même suggérés. Il se retrouvait avec un trop grand nombre de cas d’abus (…)

      Lorsque Freud constata l’échec de la théorie de la séduction, il passa à la théorie de l’OEdipe qui laissait une large place à l’aspect « fantasmatique » des choses. La nouvelle théorie permettait de se passer des abus sexuels réels pour basculer sur le plan du fantasme. Le problème est que cette théorie compliqua considérablement la vie des personnes qui avaient été réellement victimes d’abus pendant leur enfance puisque le soupçon pesait désormais sur eux que ce qu’il rapportaient était « fantasmatique » et n’était donc arrivé que dans leur imagination. C’est la « pulsion de mort » inhérente à la triangulation oedipienne. Ce déni psychanalytique encouragea le mouvement féministe à adopter des thérapies alternatives. Un mouvement des thérapies de la mémoire retrouvée ( recovered memory movement ) se mit même en place, de nombreux livres de témoignages de victimes d’abus sexuels dans l’enfance furent alors publiés. Et c’est alors que commencèrent à déferler les faux souvenirs. Pourtant la théorie du refoulement prêtait à la critique. En effet, les enfants traumatisés par des abus sexuels se souviennent d’ordinaire parfaitement bien des traumatismes qu’ils ont subis. Nul besoin n’était d’aller les débusquer dans les tréfonds de l’esprit de souvenirs enfouis. Car le problème des événement traumatisants ne réside pas dans leur enfouissement ou leur refoulement mais bien, tout au contraire, dans leur incapacité à se faire oublier.
      (…)
      caractère #iatrogène -produit par la thérapie-

      (…)

      En France, c’est essentiellement par le biais de la lutte contre les sectes que la question des faux souvenirs a été abordée. (…) l’#AFSI (association Alerte aux Faux Souvenirs Induits) constata que certaines sectes manipulaient leurs adeptes en leur faisant se souvenir d’abus sexuels qui ne s’étaient jamais produits (…) Mais déjà, le danger guette : l’association a conscience d’être elle-même vulnérable à la récupération par d’authentiques pédophiles qui tenteraient de se faire dédouaner par son biais. (…) Ces fausses accusations font de singulier dégâts sur les victimes : maladies, dépressions, suicides. La mission recommande ainsi un meilleur encadrement des psychothérapies et en appelle à la formation des personnels – policiers, magistrats— susceptible d’être confrontés à ce type de réalité. Tout le monde a peur que l’explosion des signalements de cas de pédophilie, incestueuse ou non, ayant eu lieu dans les années 1980 ne se reproduise en France...

  • La misère a la vertu de rejeter le futur dans le néant – Le blog de Christine Delphy
    https://christinedelphy.wordpress.com/2021/01/05/la-misere-a-la-vertu-de-rejeter-le-futur-dans-le-neant

    Les intervenant·es soulignent que « pour une partie des publics, toute tentative d’inscription sociale dans la durée semble compromise parce qu’ils ne réunissent pas les conditions d’accès aux dispositifs d’insertion et que leurs conditions de vie les en éloignent avec le temps ». Ces personnes sont « en manque », les premiers besoins se nomment « dormir, se nourrir, se laver » ou dit autrement « trouver un abri », « se nourrir », « s’occuper de soi ». Un impératif d’urgence…

    L’autrice discute de cette urgence, du non-recours aux services d’aide, du sentiment de honte, du refus de la charité, d’invisibilité (se rendre invisible), de stratégie et de lieux, d’aspect extérieur, de mauvaises expériences de lieux d’accueil, d’absence de perception de prestations auxquelles ils et elles auraient droit, de refus d’une place d’assisté·e, de déni de maladie… ou des effets des politiques visant à transformer les gares en espaces commerciaux…