• France : naturalisation des étrangers en « première ligne », une mesure « anecdotique » - InfoMigrants
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    La ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa annonçait en septembre une circulaire visant à « accélérer » et « faciliter » la naturalisation française des ressortissants étrangers en « première ligne » lors de la crise sanitaire. Quatre mois après cette annonce, l’association la Cimade dénonce une mesure « anecdotique », qui exclut les travailleurs sans-papiers."Les étrangers qui ont travaillé en première ligne pendant le confinement seront naturalisés plus vite en reconnaissance de leur engagement". Mi-septembre, la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa annonçait sur sa page Twitter la publication d’une circulaire demandant aux préfets « d’accélérer » et « faciliter » la naturalisation française des ressortissants étrangers en « première ligne » lors de la crise sanitaire.
    Dix-sept secteurs d’activité sont visés par le gouvernement comme celui de l’aide à domicile, de l’entretien, de l’agriculture, de l’éducation, de la santé...
    Presque quatre mois après cette annonce, où en est-on réellement ?
    700 personnes ont obtenu la nationalité française
    Si l’association la Cimade a reconnu, lundi 4 janvier, une « mesure positive pour ceux qui en bénéficient », elle l’estime néanmoins « anecdotique ». « C’est très bien que certaines personnes soient régularisées mais en termes d’effets réels sur l’accès au droit des étrangers, l’impact est très marginal », note Lise Faron, responsable des questions de droit au séjour à la Cimade, jointe par InfoMigrants.
    Le 22 décembre, soit trois mois après cette annonce, le cabinet de Marlène Schiappa indiquait le dépôt en préfecture de près de 3 000 dossiers. « À ce jour, 74 personnes ont acquis la nationalité française et 693 sont en passe de l’obtenir », précisait le communiqué. Une goutte d’eau si l’on compare ce nombre à celui des 50 000 naturalisations acquises chaque année par la procédure classique. Sans compter que pour les étrangers en situation régulière, qui auront le privilège de bénéficier de cette mesure, il faudra s’armer de patience. Dans les préfectures, les rendez-vous pour déposer un dossier de naturalisation sont à un niveau de saturation record. Il est tout simplement impossible d’effectuer la démarche dans plusieurs administrations de France. « On est dans une situation inédite de fermeture quasi complète de certaines préfectures », alerte Lise Faron. « Il y a des personnes qui passent des nuits entières à tenter d’obtenir un rendez-vous et ça peut durer des semaines, voire des mois ».
    Déçus par cette mesure, les acteurs associatifs espéraient plus. La directive concerne uniquement les étrangers en situation régulière en France, car porteurs d’un titre de séjour. Les quelque 350 000 sans-papiers qui vivent dans l’Hexagone sont donc totalement exclus de la circulaire. « Pourtant l’énorme besoin réside dans la question de la régularisation de cette population », insiste Lise Faron.Depuis le début de la crise sanitaire, de plus en plus de voix se sont élevées pour demander la régularisation des travailleurs sans-papiers, également en première ligne. « La majorité travaille dans des emplois dits d’utilité sociale essentielle comme le nettoyage des locaux, les services de livraison, le tri des déchets ou encore le domaine de l’agriculture », expliquait en juin à InfoMigrants Marilyne Poulain de la CGT.
    D’un autre côté, de nombreux travailleurs sans-papiers employés dans l’hôtellerie ou la restauration ont perdu leur emploi et n’ont pas pu bénéficier des aides de l’État, comme le chômage partiel.
    « Régulariser les sans-papiers reviendrait à reconnaitre qu’ils participent au bon fonctionnement de la société française. Or, le gouvernement préfère afficher sa politique de fermeté et de dissuasion », analyse encore Lise Faron qui déplore par ailleurs que « la naturalisation soit brandie comme une récompense »."À l’instar de Mamoudou Gassama, de Lassana Bathily ou des travailleurs en première ligne, on considère la naturalisation comme une faveur, alors que c’est un droit", rappelle-t-elle. « Il faut sortir de cette vision méritocratique de l’accès à la nationalité française ».

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