• L’Afghanistan vu par les femmes de RAWA – ACTA
    https://acta.zone/lafghanistan-vu-par-les-femmes-de-rawa

    Les #Talibans ont pris le pouvoir en #Afghanistan dans la foulée du retrait des forces d’occupation américaines. Alors que la situation des femmes afghanes a souvent été instrumentalisée par les médias mainstream et les intellectuels philo-impérialistes pour légitimer les interventions occidentales, nous avons souhaité traduire en français cette interview de l’une des porte-parole de l’Association des #femmes_révolutionnaires d’Afghanistan (RAWA), réalisée il y a quelques semaines alors que les Talibans entamaient leur reconquête militaire.

    RAWA est une organisation politique féministe basée à Quetta, au Pakistan, et fondée en 1977 par Meena Keshwar Kamal dans le but d’aider les femmes dans leur lutte pour l’émancipation et les droits civils. Dès les années 1990, lors du premier régime taliban, elle a mené des activités clandestines dans le pays en soutien à l’émancipation des femmes. À travers cet entretien mené par l’Osservatorio Afghanistan, Maryam fait le bilan de 20 ans d’occupation occidentale et formule des perspectives sur la continuation de la lutte dans la nouvelle séquence qui s’ouvre.

  • Pandémie, vaccin, pass sanitaire : pour une position révolutionnaire – ACTA
    https://acta.zone/pandemie-vaccin-pass-sanitaire-pour-une-position-revolutionnaire

    Face à l’ampleur des polarisations actuelles – souvent réduites à des conflits entre « pro » et « anti » vax – il est bien difficile d’adopter une position politique claire. D’un côté, une défiance importante contre le pass sanitaire et l’obligation à demi-mot de la vaccination se répand, entraînant des milliers de personnes dans les rues partout en France, comme ce fut le cas hier. De l’autre, une position de méfiance d’une partie de la gauche radicale envers ces mobilisations, qui la pousse au retrait, aux motifs indéniables qu’une partie de l’extrême-droite est à l’avant-garde des mobilisations contre la généralisation vaccinale ou encore que le confusionnisme, à tendance négationniste, traverse certains discours et symboles promus, en particulier les analogies avec la Shoah ou l’apartheid.

    Si dans ces rassemblements, le fond de l’air paraît plus bleu (bien foncé) que rouge, le non-interventionnisme – qui se déploie dans une partie de la gauche radicale – sur les problématiques fondamentales de la surveillance de masse et de toutes les conséquences induites par la nouvelle mesure gouvernementale a de quoi interroger. Tout particulièrement à moins d’un an des élections présidentielles et des promesses de l’ombre qu’elles nous font déjà.

    #passe_sanitaire #vaccination #extrême-droite #manifestations

  • Nils Andersson - Les guerres font les généraux – ACTA
    https://acta.zone/nils-andersson-les-guerres-font-les-generaux

    L’armée, plus encore une armée de métier est dans son mode hiérarchique de fonctionnement, son attachement à la discipline et à l’ordre établi, par essence, réactionnaire. Selon le caractère et la légitimité de la guerre, selon la cause pour laquelle ou contre laquelle ont combat, cette nature réactionnaire s’affirme plus encore ou des idées progressistes prévalent. Or l’armée française a été engagée après la Seconde Guerre mondiale dans une succession de guerres coloniales puis, depuis 1990, de guerres dans le cadre de l’OTAN et au sein de coalitions militaires occidentales ou de guerres dans lesquelles la France intervient seule. Toutes furent des opérations extérieures, hors du territoire national et, dans la plupart de ces guerres, l’armée s’est retrouvée dans le rôle d’occupant. Cela non sans conséquence sur l’état d’esprit, le mode de penser, l’idéologie imprégnant l’armée et son état-major, mais aussi la société. L’appel des généraux en est la démonstration, les réactions de l’opinion publique la confirmation.

    Les signataires témoignent de cette implacable logique. Ils sont constitués d’un reliquat de la génération des guerres d’Indochine et d’Algérie, formés aux théories de la « guerre contre-révolutionnaire » et ayant appliqué les méthodes de la « pacification », de strates de la génération des guerres de la Fançafrique, celles de l’écrasement des mouvements de libération au Cameroun et au Niger, des interventions militaires au Tchad, en Centrafrique, en Guinée, en Côte d’Ivoire, en Mauritanie ou au Biafra. Ils appartiennent aux générations de militaires engagés dans les guerres post-guerre froide : guerre du Golfe, de Bosnie, du Kosovo, d’Afghanistan, de Libye, de Syrie, lors desquelles les puissances occidentales s’étant autoproclamées « gendarmes du monde » ont voulu imposer par la guerre leur hégémonie sous le couvert du « droit d’ingérence humanitaire » ou au Rwanda et dans le Sahel, des guerres où la France est intervenue seule.

  • Simon Assoun - Darmanin et les Juifs : une histoire républicaine – ACTA
    https://acta.zone/darmanin-et-les-juifs-une-histoire-republicaine

    Gérald Darmanin a fait paraître il y a quelques semaines un livre intitulé Le séparatisme islamiste – Manifeste pour la laïcité. Entre autre horreurs, il y défend notamment la politique « d’intégration » menée par le régime napoléonien à l’égard des Juifs en France et propose de l’appliquer aujourd’hui aux musulmans, sans que cela ait provoqué l’émoi de grand monde. Seulement cette politique était non seulement profondément antisémite – elle a interdit les prénoms hébraïques et placé l’église juive sous tutelle, mais s’appuyait également sur une vision nationaliste qui faisait des Juifs un corps étranger au reste du peuple. Simon Assoun, militant juif décolonial, propose ici de relire l’affaire Darmanin à la lumière de l’antisémitisme consubstantiel de la formation des États-nations occidentaux mais aussi d’esquisser des pistes pour une politique d’émancipation juive aujourd’hui – résolument opposée à l’islamophobie, cet autre contemporain de l’antisémitisme.

  • Saïd Bouamama : Comprendre et combattre le fascisme et la fascisation – ACTA
    https://acta.zone/said-bouamama-comprendre-et-combattre-le-fascisme-et-la-fascisation

    Le 24 octobre 2009 à Paris, au Centre International de Culture Populaire, Saïd Bouamama donnait une conférence sur le fascisme dans le cadre d’un cycle de formations marxistes. Plus de 10 ans après, nous avons tenu à retranscrire son contenu, tant il nous paraît d’une actualité brûlante, dans un contexte où le fascisme structure une part de plus en plus importante du champ politique français.

    Cette formation nous semble essentielle pour les nouvelles générations antifascistes qui s’engagent dans une séquence où le fascisme va être un sujet et un objet de lutte central (notamment dans la perspective des élections présidentielles à venir). Le fascisme peut prendre différentes formes et pour le démasquer, en comprendre le but, et le combattre de manière efficace, la théorie marxiste fournit des outils indispensables.

    Cette version, réactualisée et corrigée par l’auteur lui-même, n’inclut pas les digressions très intéressantes qui ont entrecoupé la conférence, dont vous pouvez retrouver le lien ici.

    De nombreuses analyses du fascisme ont été produites depuis les années 1930 et une multitude de définitions de ce régime politique ont été avancées. Il ne s’agit pas ici de les exposer exhaustivement mais de souligner quelques débats clefs essentiels dans le contexte de fascisation actuelle accompagnant l’offensive capitaliste ultralibérale qui caractérise notre planète depuis plusieurs décennies. Il n’y aura en effet pas de pratique antifasciste efficace sans théorie antifasciste clarifiant les causes, enjeux et cibles. Sans théorie antifasciste, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de pratiques antifascistes efficaces.

  • Penser une stratégie féministe (1/3) – ACTA
    https://acta.zone/penser-une-strategie-feministe-entre-protestation-et-integration-letau-des-lu

    Il est d’usage de distinguer deux grandes tendances stratégiques au sein des luttes d’émancipation quelles qu’elles soient, y compris dans le champ féministe : l’une plutôt « réformiste », l’autre plutôt « révolutionnaire ». En réalité, la frontière entre les deux n’est pas toujours étanche, même si leurs fins apparaissent antagonistes – la première vise l‘intégration de figures féminines et/ou féministes et de leurs revendications dans les lieux de pouvoir ; la seconde, plus en phase avec des aspirations de transformation sociale, consiste au contraire à contester et à combattre ce pouvoir, depuis l’espace des luttes féministes.

    Actuellement, cette distinction semble cependant difficilement tenable. La rupture que l’on pouvait faire entre un féminisme institutionnel et « intégrationniste » (blanc, bourgeois, laïcard et sécuritaire) et un féminisme révolutionnaire et intersectionnel n’est plus si évidente, tant les signes traditionnels sont brouillés.

    D’abord, le quinquennat Macron a introduit une rupture entre les associations féministes et l’État. Là où le gouvernement « socialiste » précédent entretenait une proximité avec une partie du champ associatif, l’arrivée de Marlène Schiappa au secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes a changé la donne, délaissant ces rapports privilégiés avec le terrain pour favoriser des personnalités et groupes incarnant la start-up nation au féminin. De sorte qu’une partie non négligeable du champ associatif féministe, qui avait acquis un certain poids les années précédentes, a été contrainte de porter ses revendications depuis l’espace d’un féminisme militant hors-institutions, traditionnellement investi par des collectifs et courants plus radicaux.

    Autre nouveauté, de nombreuses tendances que l’on aurait pu sans mal ranger du côté du féminisme « intégrationniste » il y a quelques années, se sont mises à mobiliser une rhétorique intersectionnelle, voire même anticarcérale – ainsi on a pu voir Caroline de Haas aborder les travaux de Gwenola Ricordeau sur l’abolitionnisme pénal lors d’une formation en ligne Nous Toutes, sans pour autant aller jusqu’à remettre en cause la légitimité du cadre pénal.

    Dans l’autre sens, on peut aujourd’hui se demander ce qui distingue fondamentalement la tendance plus « radicale », dont la critique vis-à-vis du féminisme « intégrationniste » ne semblait plus reposer ces dernières années que sur son manque d’inclusivité, et non sur les questions stratégiques du rapport au pouvoir.

  • Penser la guerre : entretien avec Catherine Hass – ACTA
    https://acta.zone/penser-la-guerre-entretien-avec-catherine-hass

    Du côté de ce que j’appelle l’espace savant, il y a également, à cette période, une entente pour ne plus qualifier les théâtres militaires en termes de guerre ; c’est le moment où des expressions telles celles de « maintien de l’ordre international » ou d’ « opération de police impériale » se diffusent et se donnent comme les termes ad hoc pour qualifier le nouveau de la guerre post-guerre Froide. J’ai alors rassemblé dans le livre les thèses et dispositifs depuis lesquels la fin du nom de guerre se trouvait être argumentée par des auteurs aussi divers que Frédéric Gros, Bertrand Badie ou encore Michaël Hardt et Antonio Negri. Ce qui caractérise alors le « corpus de la déshérence », c’est que la guerre y est tout à fait déspécifiée, sans statut ; elle n’est plus qu’une occurrence structurelle de la mondialisation, une violence consubstantielle de l’ensemble des dérégulations à l’œuvre. Ce à quoi l’on assiste à cette époque, une époque qui selon moi a vécu, c’est à une vaste opération de requalification du lexique admis jusque-là de la guerre, de la politique et de l’État, trois termes alors inséparables ; la globalisation prend, en un sens, le relais de cette configuration puisqu’elle se présente comme le lieu de nouvelles théories générales, contemporaines de l’ère « post-moderne », « post-souveraine » ou encore « post-étatique » qui serait désormais la nôtre. Qu’ils la nomment « états de violence », « violences sociales internationales », « guerre comme ordre permanent » ou encore « militarisation de l’Empire », ce qui va caractériser ce corpus est le fait que le nom de guerre serait devenu sans portée ; le paradigme dominant qui s’y substitue est celui de violence.

  • Cortèges de braise : résistances au couvre-feu à Liège – ACTA
    https://acta.zone/corteges-de-braise-resistances-au-couvre-feu-a-liege

    Depuis le mois de novembre, à Liège en Belgique, plusieurs manifestations nocturnes ont affirmé une volonté de résister aux mesures répressives, présentées par l’État comme des mesures sanitaires. Le couvre-feu était notamment ciblé, comme symbole d’une politique autoritaire empêchant la construction de solidarités autonomes face au virus. Dans la continuité du travail effectué au sein des Brigades de Solidarité Populaire, mais également dans le prolongement des cortèges émeutiers qui ont traversé l’Italie et plus récemment les Pays-Bas, retour sur ces « cortèges de braise » avec celles et ceux qui les ont initiés.

    #toctoc

    • Ils ont martelé ce terme de « distanciation sociale », épidémiologiquement incorrect, alors que c’est seulement une distance physique et un respect des autres gestes de bons sens qui est nécessaire pour lutter contre les virus. Cela ne doit pas signifier une absence de vie sociale. Mais leurs prophéties se réalisent à merveille : les distances physiques sont inexistantes ou insuffisantes (dans les transports, entreprises, etc.), alors que la distanciation sociale est presque totale.

    • Ce qui s’est passé hier était un signal clair pour ceux qui espéraient, plus ou moins secrètement, que l’élection de Biden aurait rétabli le monde pré-populiste et apaisé les esprits. Il n’y a pas de retour en arrière possible, ces phénomènes sont là pour rester, et les prémisses de la prochaine phase ne sont pas du tout de bon augure. Qui sait si les événements d’hier ouvriront un débat au sein de BLM et des cercles du mouvement américain, capable de surmonter le risque d’une posture victimaire et d’éviter de s’aligner sur les positions plus liberal qui reposent sur la négation de l’existant, le rejet des « beaufs », espérant que le problème disparaîtra en l’éludant (de fait en adoptant des positions plus conservatrices que les conservateurs).

      Pour élargir notre vision, ce qui est apparu hier sur les écrans du monde entier est la confirmation de la décadence de l’empire, violé dans sa sacralité, et dont les convulsions auront des conséquences imprévisibles sur l’ensemble du globe. Il n’y a pas nécessairement lieu de s’en réjouir, mais il s’agit certainement d’une énième manifestation des profonds glissements qui ont remis l’histoire en mouvement, et que les élites et les gouvernements occidentaux refusent en grande partie de comprendre.