Enseignement supérieur et covid-19 : leçon du silence

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    • C’est magique : aucun lieu n’est jamais « un vecteur substantiel de diffusion du virus », et il y a tellement peu de morts qu’on en fait des tonnes pour rien, et puis s’il y avait plus de lits à l’hôpital ça passerait crème…

      Alors que le monde de l’enseignement supérieur n’est, à l’instar des lieux culturels, pas un vecteur substantiel de diffusion du virus dès l’instant où un protocole sanitaire strict est respecté sur les campus…

      […]

      seuls 3 à 6% des centaines de milliers de tests quotidiens effectués se révèlent positifs dans la période récente, de sorte qu’on ne comprend toujours pas (plus) comment la propagation du covid-19 peut encore être qualifiée de « catastrophe sanitaire » susceptible de porter gravement atteinte à la santé de la population française dans son ensemble.

      Cette approche obsessionnellement sanitaro-centrée de la lutte contre la propagation du coronavirus, les yeux rivés sur une chimère artificielle de 5 000 contaminations par jour au plan national, est une pure folie collective (v. cependant, en faveur d’une telle approche, la tribune d’un collectif de médecins : « Il est à craindre que l’aggravation de l’actuelle vague impose mi-janvier un nouveau confinement », lemonde.fr, 11 janvier 2021). Elle procède de la grossière inadaptation à une pandémie de notre système hospitalier, laminé par vingt ans de politiques néolibérales. Ses conséquences pour les mois et les années à venir sur tous les plans (culturel, éducationnel, relationnel, psychologique, économique et même sanitaire…) deviennent manifestement exorbitantes, ainsi que l’illustre hélas la fermeture au public depuis presque un an désormais des campus de l’enseignement supérieur.

    • Le même défendait la réouverture des théâtres et des cinémas, en dénonçant les « arguments anxiogènes […] présentés de manière dramatisante »…

      Fermeture des théâtres et cinémas : comédie au Conseil d’Etat | Le Club de Mediapart
      https://blogs.mediapart.fr/paul-cassia/blog/281220/fermeture-des-theatres-et-cinemas-comedie-au-conseil-d-etat

      Aussi, dans le contentieux des mesures réglementaires de l’état d’urgence sanitaire, le Conseil d’Etat a amputé la balance du contrôle de proportionnalité de l’un de ses plateaux : seuls sont soulignés par le juge des référés les arguments anxiogènes relatifs à la diffusion du covid-19, au demeurant présentés de manière dramatisante, sans que soient jamais mentionnés ni à plus forte raison évalués les incidences négatives de la mesure en cause dans les nombreux domaines autres que sanitaire…

    • Le sérieux serait de faire plus que ce n’est le cas aujourd’hui - avec le pauvres messages du métro parisien par exemple, qui ont finit par être plus clairs sur les comportements attendus (sur le nez aussi !), à défaut de véhiculer des notions de base sur le virus - de chaque lieu public clos (travail, transport, culture, consommation) susceptible d’être fréquenté un endroit de formation sur les notions de base et d’ apprentissage des gestes adaptés - en plus d’une utilisation de l’ensemble des média -quitte à ce que les lieux culturels, pour prendre cet exemple, ne puissent ouvrir qu’à la condition d’imposer (et de distribuer) des masques FFP2, ou/et toutes autres mesures jugées nécessaires. Il y aurait à établir selon les endroits, le volume d’air, l’aération, le nombre de personnes, et en jouant sur ces éléments, des précautions sanitaires fondées, au cas par cas.

      Il y a eu en Allemagne au printemps dernier des essais d’ouverture de lieux culturels dans des conditions bien précises et avec des observations scientifiques qui concluaient que l’évitement de la contagion était possible (c’était mentionné ici, je ne sais où).

      Nous sommes dans une toute autre logique ou des médecins paradent à la télé sans masque, ou le gouvernement ment impunément, là où une large éducation « technique » de base pourrait servir de support à une appropriation collective.

      Vu l’expansion de la pandémie, la multiplication des variants permise par la diffusion du Sars_Cov2, il finira peut-être par être pour de bon question de vivre (... avec et) contre le virus

      #covid-19 #dépossession #savoirs #réduction_des_risques

    • Colporteur, j’étais en train d’écrire un message de mon côté, je n’ai donc pas vu ton message posté ici en même temps. Alors que ça pourrait sembler une même discussion :-)
      https://seenthis.net/messages/896114

      Oui, j’aurais tendance à être sur la même longueur d’onde que toi. Mais l’exemple allemand (pédagogie, responsabilisation, aération, investissements…) désormais ne tient plus. L’évitemmnt de la contagion, en ce moment en Allemagne, c’est : fermeture des écoles, des magasins, des bars/restaurants, et des lieux culturels.

    • Arno, je ne citais pas l’Allemagne comme modèle général, ce qui serait plus abusif aujourd’hui qu’hier au vu de la situation là-bas, mais un exemple où des ressources scientifiques ont été utilisées pour préciser ce qui est faisable en lieu public clos sans faire n’importe quoi (une adaptabilité qui ne soit pas du baratin).
      Il serait possible de joindre à une logique d’ensemble (suppression du virus, santé publique avec la contribution active du maximum de malades et malades potentiels) un souci des cas, des situations très détaillé. Là comme ailleurs c’est d’une modification des pratiques sociales qu’il est question.

      Mais ce qui s’expérimente relève pour l’essentiel de la gestion de troupeau, et du profit. Ici les grosses productions culturelles, envisagent de légitimer des événements profitables en pratiquant des test antigéniques à l’entrée...

      Pour ce qui est des écoles, il y aurait toutes sortes de mesures possibles (dédoublement ou division par trois ou plus si nécessaire des effectifs, présentiel pour des groupes en alternance, priorité à la présence de ceux qui en ont le plus besoin et en expriment le souhait, des cours sous forme de promenades parlées, ... ), au moins en période de décrue de la prévalence (le déconfinement du printemps était moins déraisonné que la rentrée de septembre). Mais que font les profs et les parents ?

      Sur les lieux de travail, il semble que son vienne d’impliquer la médecine du travail (ce qu’il en reste), c’est du délire. Nous avons tous des proches qui racontent comment le déni du virus, de la contagion est fréquent, incarné. On fait au mieux descendre des consignes. Il n’y a pas de moment collectif où des échanges informés se concluent par des dispositions adéquates (gaffe à la machine à café !). Mais que font les syndiqués et leurs collègues ?

      La commission des 35 citoyens c’est encore du théâtre en lieu et place d’une « usine », chaque fois la production cède la pas à la représentation. Aller vers un consentement social éclairé (par des montées en compétences) ou mieux une appropriation collective nécessiterait des milliers de commissions interprofessionnelles qui auraient à confronter leurs travaux et actions localement.

      Bon, voilà que j’idéalise dans l’obscurité, je sors.

    • ben c’est pas de l’idéalisation, c’est de la proposition d’actions concrètes, non ? Je suis aussi étonné que toi que personne ne se bouge, en particulier dans l’éducation, fac ou primaire, mais pas que ; visiblement, la consigne « ferme la et taffe » est largement tolérable ; le système de répression doit être suffisamment dissuasif pour que la balance conscience civique / confort perso penche du bon côté du manche.