• « Le Covid-19 révèle les problèmes structurels de l’enseignement supérieur et, plus généralement, ceux de la jeunesse », François Vatin
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/01/21/le-covid-19-revele-les-problemes-structurels-de-l-enseignement-superieur-et-

    Les conditions d’existence difficiles des étudiants sont celles des 18 -25 ans, explique dans une tribune au « Monde » le sociologue François Vatin, pour qui la crise sanitaire met en évidence « la nécessité d’un grand service social de la jeunesse ».

    Tribune. La fermeture des établissements d’enseignement supérieur au cours de l’hiver et du printemps 2020, leur réouverture un peu chaotique cet automne suivie de leur nouvelle fermeture sine die ont soulevé de nombreuses interrogations. Celles-ci révèlent les problèmes structurels de l’enseignement supérieur français et, plus généralement, ceux de la jeunesse postscolaire.

    Commençons par l’incongruité, ô combien révélatrice, qui a conduit à ce que, depuis le second confinement, les universités soient fermées, mais pas les classes postbac des lycées, qui profitent de la protection accordée à l’enseignement secondaire. A l’instar des établissements culturels, l’université se voit alors rangée dans la catégorie du « non-essentiel », ce qui ne peut manquer d’alimenter un sentiment fondé de manque de considération des pouvoirs publics.

    Une vision myope

    Que penser d’une loi [celle de programmation de la recherche] promulguée le 24 décembre 2020, qui a conduit, par l’effet d’un amendement sénatorial de dernière minute, à bouleverser, sans concertation, les modalités du recrutement des universitaires ? Pourtant, sur deux points essentiels – la condition sociale étudiante et les modalités pédagogiques –, les idées les mieux partagées sur les effets désastreux du Covid-19 sur l’université me semblent témoigner d’une vision myope. Sur ces deux points, cette situation inédite devrait au contraire être mobilisée au profit de la résolution de problèmes antérieurs à l’épidémie et qui lui survivront.

    On souligne à raison les conditions d’existence, matérielles et psychologiques difficiles, voire parfois dramatiques, de nombreux étudiants. On aurait limité ces dégâts si l’on avait décidé dès le printemps de ne pas rouvrir les universités à l’automne, sachant que la reprise de l’épidémie était inéluctable et que la sociabilité étudiante ne pouvait que l’accélérer. Cela aurait évité aux intéressés d’engager des dépenses de logement, et permis de consacrer le maximum de moyens publics à l’amélioration des conditions matérielles de l’enseignement à distance.

    A vouloir à tout prix « sauver la rentrée », on a sûrement provoqué plus de problèmes qu’on en a résolus. Mais surtout, ces difficultés sociales ne sont pas celles des étudiants, mais de la jeunesse en général.

    Prise en charge

    Ce que l’épidémie met donc en évidence, c’est la nécessité d’un grand service social de la jeunesse. On imagine des solutions spécifiques pour la population jeune qui ne serait ni en formation ni en emploi. C’est ne rien comprendre à la sociologie de la jeunesse, car ce sont les mêmes qui partagent leur vie entre temps de formation, petits boulots, engagements associatifs, etc.

    Il faut arrêter de penser qu’un jeune de 18 à 25 ans, parce qu’il a une carte d’étudiant, rentrerait dans une catégorie spécifique dont la gestion sociale incomberait aux universités. Elles sont là pour former intellectuellement ceux qui en ont le désir, pas pour assurer la protection sociale de tous les bacheliers. On se préoccupe actuellement de l’accès des plus « fragiles » aux campus, autrement dit de ceux dont on sait que les chances d’obtenir leur diplôme sont extrêmement faibles, épidémie ou pas.

    La nation ne doit pas négliger la prise en charge sociale de sa jeunesse, de toute sa jeunesse. Pour ce faire, elle doit arrêter de masquer le problème en confiant celle-ci aux universités dès lors qu’elle est détentrice du baccalauréat. L’épidémie de Covid ne fait que révéler un problème connu de longue date.

    Il en est de même sur un plan pédagogique. Les étudiants se plaignent de passer leur journée devant un écran à écouter des cours soporifiques. Les enseignants ne se plaignent pas moins de les dispenser. Sur leur écran s’affichent des initiales qui témoignent de la présence théorique d’étudiants, qui peuvent se livrer en fait à de tout autres occupations. Mais croit-on que ce soit si différent dans un amphithéâtre où, cachés derrière leur écran, les étudiants peuvent s’adonner à leur jeu favori ou discuter avec leurs amis ?
    C’est le cours magistral, inventé à une époque où l’information était rare et difficile d’accès, qui est absurde à une époque où l’information est au contraire surabondante.

    Enseignement en petits groupes

    En revanche, excepté dans les domaines techniques qui exigent des manipulations, l’enseignement en petits groupes peut s’effectuer dans des conditions satisfaisantes à distance, dès lors que les étudiants travaillent avant le cours et sont stimulés pour prendre la parole. Ils maîtrisent parfaitement ces outils de communication, et leur prise de parole est moins bridée que dans la classe. Mais encore faut-il qu’ils soient, à quelque niveau d’études que ce soit, véritablement engagés dans leurs études, ce qui nous ramène à la question précédente.

    Bien sûr, l’enseignement universitaire à distance soulève des problèmes de natures diverses : qualité de l’équipement et des connexions, des étudiants et des enseignants, apprentissage des outils, imagination pédagogique… mais rien de tout cela n’est insurmontable et le contexte épidémique mérite qu’on s’attelle à résoudre ces problèmes.

    Les vrais problèmes sont ailleurs ; ils sont antérieurs à l’épidémie qui les a seulement exacerbés. Peut-être aussi ces événements vont-ils permettre enfin de les aborder sereinement et sérieusement. A l’université aussi, on peut rêver du monde d’après…

    #étudiants #jeunesse #jeunes #précarité #précarisation

  • Covid-19 : Olivier Véran annonce un « protocole » pour dépister massivement le Covid-19 chez les élèves et enseignants
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/14/covid-19-olivier-veran-annonce-un-protocole-pour-tester-massivement-eleves-e

    Le premier ministre, Jean Castex, avait expliqué, le 7 janvier, qu’il faudrait « vraiment que la situation sanitaire soit gravissime pour fermer des écoles », car les conséquences sont « absolument dramatiques ».

    Car c’est bien connu, les contaminations n’ont lieu qu’au sein du cercle familial.