• « Jusqu’où ira l’affaire éruptive de l’interdiction des autocollants vendéen ou breton sur les plaques d’immatriculation ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/01/24/jusqu-ou-ira-l-affaire-eruptive-de-l-interdiction-des-autocollants-vendeen-o

    Un arrêt de la Cour de cassation récent est venu confirmer l’interdiction aux automobilistes d’apposer un autocollant régional sur leur plaque minéralogique. Le gouvernement serait bien avisé de se pencher sur la géopolitique des autocollants afin d’éviter une nouvelle fronde, estime l’économiste Jean-Pascal Gayant, dans une tribune au « Monde »

    Tribune. Une histoire d’autocollants apposés sur des plaques d’immatriculation va-t-elle relancer le mouvement des « gilets jaunes » ? Cette fois-ci, le gouvernement n’y est pour rien.
    Ce qui pourrait remettre le feu aux poudres est un arrêt de la Cour de cassation du 20 décembre 2020, faisant suite à un différent entre un fabricant de plaques et un marchand de logos, et qui confirme l’interdiction de coller toute forme de sticker sur les plaques minéralogiques.

    Les premiers à clamer leur mécontentement sont les Vendéens. Et ce n’est pas seulement en raison d’une relation « à fleur de peau » avec le pouvoir central républicain. L’origine de la fronde est plutôt à rechercher dans la constitution baroque des régions françaises en 1956.

    A l’issue d’un processus chaotique, la Vendée s’est trouvée englobée dans un ensemble territorial sans âme, médiocrement dénommé « Pays de la Loire ».

    Dès 1910, le géographe Paul Vidal de la Blache (1845-1918) avait proposé des regroupements de départements en envisageant la constitution d’une région épousant les contours de la Loire, de la Touraine jusqu’à son estuaire. Mais il avait pris soin de ne pas y inclure la Vendée, manifestement sans lien affirmé avec ce territoire.
    Sous le joug de Nantes

    En 1940, Walter Christaller (1893-1969), un géographe nazi, proposa un découpage régional de la France en application de sa fameuse « théorie des places centrales ». Ce découpage créait une Bretagne à quatre départements (dont la place centrale se situait à Brest) et reléguait Nantes dans un ensemble territorial incluant la Vendée, le Poitou et l’Aunis.

    Après de nombreux atermoiements (et la mise en place d’une commission des provinces à partir de mai 1941), un décret de juin 1941 sur les préfets de région instaura un premier découpage régional du territoire français. Ce décret validait une Bretagne à quatre départements et constituait une région autour de la Loire fidèle aux propositions de Vidal de la Blache – à cette nuance près qu’elle était amputée du sud de l’Indre-et-Loire par la faute de la position de la ligne de démarcation. Une fois encore, la Vendée était tournée vers le sud et non sous le joug de Nantes, l’une des deux capitales bretonnes.

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