• En Chine, la « didigitalisation » de l’économie fait des ravages
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/01/25/en-chine-la-didigitalisation-de-l-economie-fait-des-ravages_6067583_3210.htm

    Manifestement, la culture du 9-9-6 (travailler de 9 heures à 21 heures six jours par semaine) qui caractérise les géants de la tech chinoise n’a pas disparu.

    Le samedi 9 janvier, Tan, un jeune ingénieur en informatique travaillant également pour Pinduoduo, rentre chez ses parents, dans le Hunan, et se jette par une fenêtre du 27e étage. La polémique repart de plus belle. Pinduoduo n’est pas un cas isolé. Le 21 décembre, un coursier de 43 ans travaillant pour une autre plate-forme de livraison, Ele.me, décédait, en pleine rue, à Pékin, entre deux courses.
    Ubérisation de l’économie

    Il y a dix ans, une vague de suicides chez Foxconn, le principal sous-traitant d’Apple, attirait l’attention de l’opinion publique internationale sur la pénibilité du travail dans l’atelier du monde. Aujourd’hui, la Chine est dominée par les services et ce sont les géants de la tech, Alibaba, Tencent, Pinduoduo, JD.com, Meituan qui sont sur le gril. Avec une différence de taille : les victimes sont rarement des salariés, mais le plus souvent des travailleurs soi-disant indépendants.

    Certes, cette évolution est mondiale. L’ubérisation de l’économie n’épargne aucun pays. En Chine, Uber ayant dû s’incliner devant son homologue local, Didi, on peut parler de « didigitalisation » de l’économie. Avec, là encore, une différence importante : dans la plupart des autres pays, ce phénomène touche au maximum 4 % de la population active (comme au Royaume-Uni). En revanche, en Chine, pas moins de 78 millions de personnes, soit 10 % de la population active, sont concernées, selon une analyse publiée par l’Organisation internationale du travail (OIT) à l’automne 2020.

    A Shenzhen, une étude a montré que les chauffeurs de Didi et des autres plates-formes avaient trois fois plus d’accidents que les taxis traditionnels. Plus de la moitié des livreurs de repas disent avoir été blessés en travaillant. Or, en 2018, près de la moitié des livreurs de Pékin n’avaient aucune couverture sociale. Ni pour la santé ni pour la retraite.

    Le document de l’OIT recense les diverses formes d’emploi. Indépendants, travaillant pour une société intermédiaire… Les statuts sont multiples. Mais avec deux constantes : les salariés sont ultra-minoritaires – soit 8 % seulement des emplois des plates-formes. Et, sous la pression de la concurrence, les conditions de travail et de rémunération se détériorent, les entreprises facturant de plus en plus les « services » qu’elles rendent à ces « travailleurs indépendants ».

    #Chine #Travail #Red_mirror

  • Face aux variants du Covid-19, l’UE veut encore davantage réduire les déplacements en Europe
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/01/25/face-aux-variants-bruxelles-veut-encore-davantage-reduire-les-deplacements-e

    Restreindre encore la circulation en Europe mais éviter que les frontières se ferment, comme en mars 2020, aux débuts de la pandémie de Covid-19. C’est ce que la Commission recommande en espérant ainsi protéger le marché intérieur de l’embolie, malgré la propagation du virus, la progression de ses variants et la tentation de certains, à commencer par l’Allemagne, de s’isoler à nouveau. Lundi 25 janvier, l’exécutif communautaire a détaillé ses nouvelles préconisations, après celles que les Vingt-Sept avaient adoptées le 13 octobre. Bruxelles veut affiner ce qui est censé permettre aux Etats membres d’avoir une approche commune de la situation sanitaire, c’est-à-dire la définition de seuils à partir desquels une mesure peut être prise.
    Aujourd’hui, les pays européens compilent, chaque semaine et selon les mêmes critères, les statistiques qui leur permettent d’évaluer la diffusion du virus en fonction de son taux d’incidence. Et à partir desquelles l’ECDC (le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, chargé de la surveillance de l’épidémie) cartographie l’Union européenne en trois zones (verte, orange et rouge), dotant ainsi les Vingt-Sept d’une même base de données pour prendre leurs décisions.
    La Commission propose d’y ajouter une catégorie « rouge foncé », au-delà de 500 cas de Covid-19 pour 100 000 habitants sur quatorze jours, qui concernerait des régions situées dans « dix à vingt pays », dont l’Espagne, le Portugal, la France et l’Italie, explique le commissaire européen, Didier Reynders. Pour ces zones, Bruxelles « décourage fortement les déplacements non essentiels » et préconise que les personnes qui en viennent soient soumises à un test avant leur arrivée et à une quarantaine une fois à destination. De telles pratiques sont déjà très répandues quand il s’agit de passer d’un pays à l’autre en Europe, mais l’exécutif communautaire veut aller plus loin. Elles devraient aussi, juge-t-il, s’appliquer entre régions. Et surtout, ne pas se limiter, comme c’est souvent le cas, au tourisme et autres voyages non essentiels. Les déplacements essentiels (personnel de santé, personnes qui se déplacent pour des motifs familiaux et professionnels) devraient aussi y être soumis, même si une certaine souplesse peut être plaidée pour les transfrontaliers et les transporteurs routiers. Entre deux régions de la même couleur, aucun test ne devrait être imposé, ajoute la Commission. Les Vingt-Sept doivent maintenant se prononcer sur les recommandations de la Commission. « Elles vont dans le bon sens mais on pourrait les appliquer aux zones rouges. Pourquoi ajouter une zone rouge foncé, si ce n’est pour définir des “zones variant” ? », s’interroge un diplomate. Mais même si les Européens se mettent d’accord, rien ne les obligera à suivre ces nouvelles règles, car les frontières et la santé sont des compétences nationales. D’ailleurs, plus de trois mois après les avoir adoptées, ils ne se sont pas encore approprié les premières recommandations de la Commission. Certes, les Vingt-Sept se sont enfin entendus, après de longues discussions, sur une reconnaissance mutuelle de leurs tests, mais ils restent très jaloux de leur souveraineté. Selon les pays, la durée de la quarantaine varie de sept à quatorze jours, les tests demandés à l’entrée doivent avoir été réalisés entre vingt-quatre et soixante-douze heures plus tôt. Et même s’ils envoient tous leurs données épidémiologiques à l’ECDC chaque semaine, ils sont une infime minorité à se servir de cette carte pour déterminer leur action : quatre − l’Espagne, l’Allemagne, la Croatie et l’Irlande −, à en croire le site communautaire « Re-Open EU ». « Jusqu’ici, certains pays comme la France, le Portugal ou le Luxembourg n’imposaient aucune restriction et ne tenaient donc pas compte de cette carte », explique un diplomate, « il ne faut pas y voir une désobéissance civique généralisée ». Reste que la coordination n’est pas spontanée en Europe.

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