• Sandrine Josso, députée de Loire-Atlantique, endette sa collaboratrice Antton Rouget
    https://www.mediacites.fr/enquete/nantes/2021/10/11/sandrine-josso-deputee-de-loire-atlantique-endette-sa-collaboratrice

    Depuis maintenant trois ans, Leïla , 49 ans, n’a pas ménagé ses efforts pour essayer de retrouver son argent. Sans succès. « Elle m’a d’abord dit que l’argent allait arriver, peut-être en liquide, mais je ne l’ai pas reçu. Par contre, il faut que je rembourse tous les mois mon crédit », dénonce la quadragénaire, mère de famille. 

    En 2017, Sandrine Josso, nutritionniste de profession, avait été élue à la surprise générale profitant de la vague macroniste. Elle représentait une de ces fameuses « figures de la société civile », censée dépoussiérer la politique face au favori sur la circonscription, le candidat Les Républicains Franck Louvrier, ancien directeur de communication de Nicolas Sarkozy.


    Sandrine Josso à l’Assemblée Nationale, en mars 2018 / © Photo : CC 4.0 - Zembrocale975

    Leïla n’avait jusqu’ici jamais côtoyé le monde des élus ; titulaire d’un CAP, elle venait de se retrouver sans emploi après avoir enchaîné les boulots dans la coiffure et la restauration. Alors quand la nouvelle députée, une « bonne connaissance » à elle, lui propose un poste stable à l’Assemblée, elle n’hésite pas une seconde. Leïla devient collaboratrice parlementaire en circonscription pour gérer les affaires locales de la députée. « Je me suis occupée de tout pour elle », témoigne-t-elle auprès de Mediapart. Y compris de tâches bien éloignées du travail parlementaire : « Sa coiffure, ses enfants, son déménagement à Vannes, lui trouver un logement un Paris, etc. », énumère Leïla.

    Chèques en blanc
    En octobre 2018, la députée, qui est divorcée et avait peu de ressources avant d’entrer à l’Assemblée, lui explique qu’elle a des problèmes d’argent. « Elle avait des soucis pour payer le loyer de sa permanence parlementaire d’Herbignac et de son logement à Paris », a raconté sa collaboratrice aux policiers ayant recueilli sa plainte.

    Leïla accepte de l’aider en contractant, le 18 octobre, un crédit à la consommation de 9 000 euros. Elle donne en toute confiance deux chèques en blanc à sa députée pour que celle-ci puisse éponger ses dettes. Sandrine Josso les utilise les jours suivants pour régler l’agence immobilière chargée de la location de la permanence ainsi que le propriétaire de son logement parisien pour un montant total de 10 514,29 euros.

    Les semaines suivantes, la collaboratrice attend son remboursement, qui devait, selon elle, « intervenir en trois versements », mais n’arrivera jamais. Quelques jours plus tôt, Leïla avait vu son salaire de l’Assemblée augmenter, passant de 2 100 euros brut par mois à 2 365 euros brut. Sandrine Josso lui attribuera aussi deux primes – de 3 527 euros à chaque fois, fin octobre, puis en avril.

    Souhaitait-elle ainsi compenser, sur fonds publics, l’absence de remboursement d’un prêt privé ? Pas du tout, répond Sandrine Josso. « Elle avait besoin d’argent. La pauvre, elle se démenait pour m’aider tant qu’elle pouvait, c’était une amie, ce n’était pas du tout quelque chose de professionnel », indique la députée pour justifier le versement de ces primes.

    Mécontente de ne pas être remboursée en bonne et due forme, Leïla essaye de solliciter la déontologue de l’Assemblée pour une médiation, en vain. En mai 2019, elle est placée en arrêt maladie, ne « support[ant] plus cette situation, tant au niveau professionnel que personnel », comme elle l’a expliqué aux policiers.

    Loyer de la permanence parlementaire
    En août et septembre 2019, après de nouvelles relances, Sandrine Josso amorce un début de remboursement, en virant deux fois à sa collaboratrice la somme de 444,44 euros sur son compte personnel. Ce qui permet à l’élue d’expliquer à Mediapart, lors d’un premier échange sur le sujet en novembre 2019, qu’il n’y a aucun problème, juste un contretemps, mais qu’elle va bien rendre l’argent à Leïla.

    La parlementaire raconte ce jour-là qu’elle a mis en place un « échéancier de remboursement de 444,44 euros tous les mois ». « J’étais dans une situation difficile dans ma vie privée, s’épanche alors Sandrine Josso. Avant d’être députée, j’étais dans une profession libérale et j’avais eu des difficultés, j’ai dû avoir un plan d’apurement avec l’Urssaf. Dans cette situation-là, [Leïla] m’a dit : “Écoute, j’ai de l’argent, je te le file, tu me rembourseras quand tu le pourras.” C’est tout, moi j’ai dit, OK, c’est de l’ordre privé, moi je n’ai pas le temps d’aller à la banque, de refaire un prêt, etc. »

    « Leïla était ma collaboratrice mais c’était mon amie, ajoute la députée. Elle m’aidait moralement parce que je vivais des choses difficiles sur le plan personnel. » Y compris en lui faisant des couleurs le week-end ? « Quand je n’avais pas le choix, c’est elle qui me le proposait, moi je ne l’ai jamais forcée à ça. »

    Alors qu’une partie des fonds prêtés par sa collaboratrice a servi à payer des échéances de loyers de sa permanence parlementaire (6 614 euros sur les 10 514 euros), se pose une question : pourquoi Sandrine Josso n’a-t-elle pas tout simplement pioché dans son enveloppe avance sur frais de mandat (AFM), 5 373 euros par mois, prévue à cet effet ?
    . . . . .
    À l’issue du rendez-vous avec Mediapart de novembre 2019, Sandrine Josso est revenue sur sa promesse d’échéancier de remboursement, en cessant de verser de l’argent à Leïla. La députée ne lui donnera que 444,44 euros supplémentaires, le 19 novembre 2020, deux semaines avant une audience de conciliation devant les prud’hommes de Saint-Nazaire.

    À ce jour, la députée reste donc redevable de la somme de 9 181,41 euros. Le 30 juin 2021, le juge de l’exécution près le tribunal judiciaire de Saint-Nazaire a ainsi autorisé la collaboratrice à faire pratiquer sur le compte à la Banque postale de la députée une saisie conservatoire de 6 666,60 euros.
    . . . . .
    Déclarée inéligible pour un an à la suite des élections municipales
    D’une manière générale, plusieurs de ses anciens collaborateurs critiquent la « légèreté » de Sandrine Josso, une députée peu impliquée dans l’hémicycle. Avec à la clé quelques exemples surprenants. Leïla raconte, par exemple, qu’il lui est arrivé à plusieurs reprises de prendre le train pour Paris en utilisant, à sa demande, l’identité de sa députée pour bénéficier d’un tarif préférentiel de parlementaire.

    « Je voyageais sous son nom pour aller à Paris », précise-t-elle. Ce que raconte aussi une autre ancienne collaboratrice, également fâchée avec Sandrine Josso pour des motifs financiers, qui a utilisé le 8 juillet 2018 un billet au nom de la députée pour rentrer de La Baule à Paris, ainsi que Mediapart a pu le documenter. « Les billets en mon nom, c’est complètement illégal de faire ça ! », s’indigne la députée, expliquant être étrangère à cette pratique et ne pas savoir « comment [sa collaboratrice] a pu avoir un billet en [son] nom ».

    Cette seconde collaboratrice ajoute qu’elle a principalement travaillé, à l’été 2018, à la candidature à venir de Sandrine Josso aux élections municipales à La Baule – ce qui, là encore, ne fait pas partie des attributions des collaborateurs parlementaires. « Elle a travaillé pour ma com’, elle m’accompagnait dans des événements, pas sur les municipales, je n’étais pas encore déclarée [à la candidature] », conteste la députée.

    Sandrine Josso a finalement annoncé sa candidature officielle en août 2019, pour ne recueillir que 4,2 % des suffrages au premier tour des municipales de mars 2020.

    En février 2021, la députée, qui a rejoint le MoDem après avoir quitté LREM en 2019, a été condamnée par le tribunal administratif de Nantes à une peine d’inéligibilité d’un an pour avoir tardé à rendre ses comptes de campagne pour l’élection municipale. Elle n’a pas fait appel, histoire de laisser passer cette décision et de se donner la possibilité de se représenter aux législatives de 2022.
    . . . . .
    #Sandrine_Josso #AFM #députée #MoDem #LREM #France #assemblée_nationale #élections #fric

  • Indemnités des élus de Cholet : les « erreurs » de Florence Dabin, nouvelle présidente du département de Maine-et-Loire | Mediacités
    https://www.mediacites.fr/enquete/nantes/2021/07/08/indemnites-des-elus-de-cholet-les-%E2%80%AFerreurs%E2%80%AF-de-florence-d

    Les médecins appellent cela de la dyscalculie, l’équivalent pour les chiffres et le calcul de la dyslexie pour les lettres et la lecture. Ce trouble de l’apprentissage qui concerne 3 à 7 % des enfants français et près de 3 % des adultes, semble avoir frappé l’ensemble des élus de la majorité au conseil municipal de Cholet. Comme le rapportait la semaine dernière Mediacités, le procureur de la République d’Angers vient d’ouvrir une enquête visant le maire de la ville, Gilles Bourdouleix, ses adjoints et conseillers municipaux. L’association Anticor soupçonne en effet les élus de la majorité de s’être octroyés des indemnités supérieures au plafond autorisé. Les sommes s’élèverait à plus d’1,5 million d’euros sur l’ensemble du dernier mandat.

    Comme peut le dévoiler Mediacités, à ces soupçons d’irrégularités viennent s’ajouter aujourd’hui les «  erreurs  » commises par l’une des adjointes au maire de Cholet au moment de déclarer ses revenus et intérêts à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP). Et pas n’importe quelle adjointe, puisqu’il s’agit de Florence Dabin, tout juste élue présidente du conseil départemental du Maine-et-Loire, sous l’œil attentif de Gilles Bourdouleix.
    120 000 euros non déclarés en six ans

    A la lecture de la déclaration d’intérêt de Florence Dabin, déposée en 2015 auprès de la HATVP (en tant que vice-présidente du Département), trois montants ont tapé dans l’œil de Mediacités. Le premier concerne justement l’indemnité controversée perçue en tant qu’adjointe au maire de Cholet. Florence Dabin déclare 547 euros par mois. Problème : la délibération du conseil municipal du 4 avril 2014 indique que chaque adjoint (outre le premier d’entre eux) touche 1931 euros. Une différence de 1 384 euros par mois, soit près de 100 000 euros non déclarés à la HATVP sur l’ensemble du mandat 2014/2020.

  • Folle journée de Nantes : l’ancienne directrice aurait détourné 236 478 euros, au moins
    « L’art de la fugue », cette œuvre inachevée de Jean-Sébastien Bach, aurait eu toute sa place à l’ouverture de la 27e édition de la Folle Journée, le 28 mai prochain. La fugue, c’est celle des 236 478 euros détournés des comptes du festival et de son fonds de dotation. L’art, celui appliqué par l’ex-directrice, Joëlle Kérivin, pour faire disparaître de telles sommes au nez à la barbe de l’institution durant des années.

    Lundi, c’est par un communiqué d’une vingtaine de lignes que le conseil d’administration de la SAEM Folle Journée a dévoilé l’ampleur des dégâts, révélée par un audit commandé au cabinet KPMG en mars dernier. Du coup, la SAEM, qui avait déjà porté plainte, a décidé de se porter partie civile.

    A quoi correspondent ces 236 478 euros ? Le communiqué ne le dit pas. Les administrateurs non plus. Tous les membres du conseil d’administration (composé pour une grande part d’élus des collectivités locales) ont dû signer une clause de confidentialité. Les éléments ayant été transmis au Procureur de la République dans le cadre de l’enquête en cours, ils appartiennent à présent à la procédure judiciaire.

    Un bilan à compléter
    Interrogés par Mediacités, plusieurs administrateurs confirment néanmoins les détournements de fonds, les avances sur frais et salaire, ainsi que des frais d’habillement et de confort exorbitants.
    En bonne œuvre inachevée, « L’art de la fugue » pourrait réserver de nouvelles surprises. En effet, le cabinet KPMG n’a pas totalement épluché les comptes de la Folle journée pour déterminer le montant des sommes détournées. Il a utilisé le méthode des sondages : seul un échantillon des factures et notes de frais a été contrôlé et uniquement pour la période allant du 1er juillet 2017 au 15 mars 2021 alors que Joëlle Kérivin a été recrutée en septembre 2015. Les sommes détournées pourraient donc dépasser les 300 000 euros.

    La suite (payante) : https://www.mediacites.fr/breve/nantes/2021/05/20/folle-journee-de-nantes-lancienne-directrice-aurait-detourne-236-478-euro

    #Nantes #Joëlle_Kérivin #musique #Folle_journée #SAEM #culture

    • La culture «  à la nantaise  » rattrapée par les affaires

      La Folle journée, le Voyage à Nantes, les Machines de l’île, l’école des Beaux-Arts... Sale temps pour les grandes institutions culturelles nantaises. Déjà privées de public pour cause de Covid, les voilà qui suscitent l’intérêt des enquêteurs et des magistrats.

      Y-a-t-il quelque chose de pourri au royaume de la culture institutionnelle nantaise  ? Depuis quelques mois, certains des plus gros acteurs du secteur se retrouvent malgré eux sous les feux de la rampe, devant un public pour le moins inhabituel d’enquêteurs et de magistrats. Jusqu’à ce double coup de théâtre, vendredi 12 mars, avec l’annonce de la démission de la directrice générale de la Folle journée, suite à des mouvements financiers suspects ; et celle d’une perquisition menée par la police judiciaire au siège du Voyage à Nantes (VAN), visant notamment la gestion de l’une des Machines de l’île, le Carrousel des mondes marins.

      La Folle journée, le Voyage à Nantes, les Machines de l’île… Voilà donc les trois principaux piliers de décennies de politique culturelle «  à la nantaise  » frappés par un tremblement de terre. Trois institutions phares créées du temps où Jean-Marc Ayrault dirigeait Nantes et qui ont largement contribué à «  réveiller  » la ville, à transformer son image et à doper son attractivité. Trois monuments qui, au fil des ans, ont pris une place considérable dans le paysage culturel et vacillent aujourd’hui sur leurs bases.

      Irrégularités financières à la Folle journée
      Comme un paradoxe, c’est à la mairie de Nantes que se situe l’épicentre du premier séisme. Vendredi 12 mars, en début d’après-midi, la ville publie un communiqué annonçant la démission de Joëlle Kerivin, directrice de la société d’économie mixte (SAEM) pilotant la Folle journée.

      La suite (payante) : https://www.mediacites.fr/breve/nantes/2021/03/18/la-culture-%e2%80%afa-la-nantaise%e2%80%af-rattrapee-par-les-affaires

    • Folle journée de Nantes : après les malversations comptables, péril financier sur le fonds de dotation

      A sa création il y a dix ans, il était censé financer les actions sociales de la Folle Journée. Aujourd’hui, le "fonds de dotation pour le développement culturel" fait perdre de l’argent à la structure qui organise le festival de musique classique. Après "l’affaire Joëlle Kérivin", ce curieux paradoxe pousse la Ville à « remettre à plat tout le financement de la Folle Journée ».

      A la Folle Journée, l’hymne à la joie des vingt-cinq premières années de succès prend ces derniers mois des accents de requiem. Il y eut d’abord – crise sanitaire oblige - les reports successifs de l’édition 2021, qui devraient déboucher, fin mai, sur une programmation mezza-voce (une dizaine de concerts contre près de 300 en temps normal). Mi-mars, il y eut ensuite le séisme provoqué par la plainte déposée par la mairie de Nantes visant la directrice du festival de musique classique, Joëlle Kérivin, pour des «  mouvements de trésorerie très importants, liés à des avances de salaires et de frais de représentation  ».

      Si l’enquête est toujours en cours, les partenaires de la manifestation - publics comme privés - n’apprécient guère de la voir ainsi associée à des soupçons de malversations financières. Dans cet univers, on juge généralement que les petites histoires d’argent s’accordent mal à la grande musique des affaires culturelles. Et quand la justice vient se mêler de tout ça, la partition devient carrément dissonante.

      Voilà qui ne va pas arranger les affaires d’un satellite de la SAEM Folle Journée  : le fonds de dotation pour le développement culturel. Créé il y a 10 ans pour financer les actions solidaires de la Folle Journée, ce fonds enchaine depuis quelques années les déficits pour atteindre aujourd’hui une dette de plus de 344 000 euros. Une dette prise en charge par celle qu’il devait financer  : la SAEM Folle Journée. En clair  : le fonds de dotation devait rapporter de l’argent à la Folle Journée. Il lui en fait finalement dépenser.

      Pourtant, l’idée du fonds de dotation était novatrice et noble. Créé par une loi de 2008, cet organisme de mécénat devait engranger les dons des entreprises privées, afin de financer les initiatives solidaires de la Folle Journée en direction d’un public éloigné de la musique classique. Une bonne opération pour les finances publiques qui déléguaient ainsi les opérations solidaires aux mécènes. En retour de leurs dons financiers, ces derniers bénéficiaient d’une déduction d’impôt de 60 % du montant de leur don. Du "gagnant-gagnant", donc.

      La suite payante : https://www.mediacites.fr/enquete/nantes/2021/05/06/folle-journee-de-nantes-apres-les-malversations-comptables-peril-financie

  • Pesticides en Loire-Atlantique : colère, honte et oubli, la triple peine des victimes | Mediacités
    https://www.mediacites.fr/enquete/nantes/2021/01/28/pesticides-en-loire-atlantique-colere-honte-et-oubli-la-triple-peine-des-

    Cinquième et dernier épisode de notre grande enquête sur les pesticides en Loire-Atlantique. Où l’on s’intéresse aux victimes des #pesticides et notamment aux premières d’entre elles : les #agriculteurs. Plus fréquemment touchés que le reste de la population par certaines pathologies (maladie de #Parkinson, #lymphomes, #cancers de la prostate), ils doivent batailler pied à pied pour les faire reconnaître comme #maladies_professionnelles. Mais aussi, entre fidélité au métier et culpabilité, lutter contre le silence qui pèse encore sur le sujet au sein de la profession.

    #paywall