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    • SI c’est vrai, ce serait l’absolu comble du cynisme psychopathique. Et ça me rappelle une histoire perso du temps préhistorique du Diplo de Ramonet où il m’est arrivé un truc très similaire. On est, soit triop confiant, soit jamais trop attentif à la rapacité de nos n + 1

  • « S’ils ne passent pas la frontière, les fraises sont flinguées » : des agriculteurs inquiets si les travailleurs étrangers ne viennent plus
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/26/s-ils-ne-passent-pas-la-frontiere-les-fraises-sont-flinguees-dans-le-vauclus

    Julien Bernard le dit sans ambages : « “Des bras pour ton assiette”, ça n’a servi à rien. » Pendant le premier confinement, le maraîcher installé à Uchaux (Vaucluse) a reçu cinquante candidatures en réponse à l’appel des autorités à venir aider les agriculteurs. Sept ont tenu plus d’une semaine : un coiffeur, une toiletteuse pour chien et cinq étudiants. « Les autres nous ont lâché en disant “c’est trop dur !” et ne sont jamais revenus », rapporte le benjamin de la famille, cogérant de l’exploitation avec son frère Sylvain et sa belle-sœur Carole.La préparation des champs puis les premières récoltes – asperges et fraises – n’auraient pu avoir lieu sans l’aide de 17 travailleurs tunisiens arrivés en France juste avant la fermeture des frontières, le 17 mars 2020. Le schéma se répète cette année : sous les serres couvertes de panneaux photovoltaïques, Wissem et Saber, originaires de la région de Kasserine, s’attellent déjà à la préparation des sillons avant la plantation de tomates et de concombres.
    Tous deux viennent de signer un contrat à durée indéterminée après plusieurs années passées sous le statut d’« OFII ». La procédure, menée avec l’Office français de l’immigration et de l’intégration, permet d’obtenir un visa de travail de six mois sur demande de l’employeur. Vingt-quatre saisonniers tunisiens doivent être embauchés sur ce modèle avant le mois d’avril. « S’ils ne passent pas la frontière, les fraises sont flinguées, prévient Julien Bernard. C’est autour de 600 000 euros d’investissement qui ne seront pas amortis. »Depuis la mi-décembre, plus de 500 saisonniers étrangers sont arrivés dans le département par quatre vols spécialement affrétés depuis le Maroc et la Tunisie. Une dérogation préfectorale obtenue par la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) permet de faciliter le passage aux frontières des travailleurs… tant que celles-ci demeurent ouvertes : comme pour la famille Bernard, la saison de nombreux agriculteurs du Vaucluse dépend de l’évolution des restrictions liées à l’épidémie de Covid-19.
    Le protocole sanitaire pour les saisonniers étrangers, à la charge de l’employeur, est encadré par l’agence régionale de santé : un test PCR est réalisé avant le départ, un dépistage antigénique à l’arrivée avant une période d’isolement de sept jours, puis un nouveau test PCR avant de débuter le travail sur l’exploitation. Un surcoût annuel estimé à 20 000 euros pour 24 saisonniers, selon Carole Bernard, responsable administrative de la ferme d’Uchaux. « On ne demande que ça de recruter des gens du coin, mais Covid ou pas Covid, c’est très compliqué », assure Mme Bernard. La réglementation impose la publication, pendant trois semaines, d’une annonce sur le site de Pôle emploi avant toute démarche « OFII ». Mais les candidatures sont rares ou ne « correspondent pas aux demandes », estiment plusieurs agriculteurs.
    Exigeant physiquement et situés en dehors des centres-villes, les travaux de maraîchage et de culture fruitière demandent aussi une importante rigueur sur de longues plages horaires. « La crise sanitaire a mis en avant que ces “ouvriers non qualifiés” ont, en fait, des profils et compétences spécifiques très demandées par certains agriculteurs », souligne Yannick Becker, membre du bureau de la Confédération paysanne en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le syndicat réclame de meilleures conditions de travail pour les saisonniers étrangers. La FDSEA redoute aussi une répétition de l’année 2020 : une fois les frontières fermées, de nombreux saisonniers n’avaient pu se rendre en France et les agriculteurs s’étaient tournés en urgence vers des acteurs du travail intérimaire, peu respectueux des protocoles sanitaires. Les cas de Covid-19 s’étaient multipliés dans les Bouches-du-Rhône, le Gard et le Vaucluse dans des logements de travailleurs, notamment venus d’Espagne – le recrutement depuis des pays de l’espace Schengen étant soumis à une procédure moins contrôlée par les services de l’Etat.« Que le même phénomène se reproduise, c’est toute notre crainte », abonde la présidente du syndicat majoritaire, Sophie Vache. L’organisation plaide pour un renouvellement des dérogations attribuées au Maroc, fixée jusqu’au 31 mars, et à la Tunisie. La surveillance par la direction de l’emploi et par l’inspection du travail doit aussi être renforcée dans les exploitations, malgré des moyens limités.
    Sur le plan sanitaire, les gérants d’exploitations sont engagés dans une recherche d’hébergements collectifs, qui doivent permettre une mise à l’isolement rapide si une contamination au coronavirus est détectée. « Nous n’avons pas encore de solution pour la moitié des travailleurs prévus », s’inquiète, à Uchaux, Carole Bernard. Pour l’instant, deux mobil-homes sont installés sur l’exploitation et « nous louons une maison dans le village voisin », explique Fethy Gribi, « chef d’équipe » des employés tunisiens.

    #Covid-19#migrant#migration#france#UE#tunisie#sante#economie#travailleurmigrant#travailleursaisonnier#agrciluture#depistage#mesuresanitaire

  • Le Covid-19 ébranle l’économie de Malte la sulfureuse, dépendante du tourisme
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/25/l-economie-de-malte-la-sulfureuse-dependante-du-tourisme-ebranlee-par-le-cov

    Elle assure croire aux lendemains meilleurs, mais l’inquiétude transparaît, malgré tout, derrière son généreux sourire. Après dix ans dans le tourisme, Vanessa Vassallo vient de se résoudre à chercher un job dans un autre secteur. Dans les RH ou l’informatique, peu importe : elle n’a guère le choix. A cause de la pandémie de Covid-19 et de l’effondrement du nombre de visiteurs, son contrat dans une compagnie d’événementiel de La Valette, la capitale maltaise, n’a pas été renouvelé. « Ce métier est ma passion, j’espère pouvoir y revenir dès que possible, confie la femme. C’est dur, les incertitudes créent une grande anxiété pour tous ceux travaillant dans les hôtels et les restaurants. »Nigel Scicluna, lui, se souviendra longtemps du 7 mars 2020. Cette journée printanière où le premier cas de Covid-19 avait été détecté sur l’île. « En une heure ou deux, le restaurant s’est totalement vidé de ses clients, et les annulations ont commencé à pleuvoir », raconte-t-il. Ta’Detta, le restaurant traditionnel tenu par sa famille, est situé sur le front de mer de La Valette. Il est ouvert tous les jours, mais les touristes sont rares. « Quelques bateaux de croisière accostent au port, mais les passagers ne sont pas autorisés à descendre dîner chez nous. » Aujourd’hui, l’établissement tient en grande partie grâce aux aides publiques.
    Situé au large des côtes siciliennes, libyennes et tunisiennes, Malte, 450 000 habitants, est le pays européen où la récession liée au Covid a été la plus violente, avec l’Espagne. Au deuxième trimestre 2020, son produit intérieur brut (PIB) s’est effondré de 17,1 %, selon Eurostat, et la baisse devrait s’établir à – 9 % sur l’ensemble de l’année. Et pour cause : le tourisme est l’une des principales sources de revenus de l’île, pesant plus de 17 % du PIB. Entre 2019 et 2020, le nombre de visiteurs étrangers a chuté de 76 %, passant de 2,7 millions à 700 000. En janvier, l’aéroport n’assurait plus que 28 liaisons aériennes. Un an plutôt, il y en avait une centaine.

    #Covid-19#migrant#migration#malte#UE#sante#pandemie#tourisme#economique#restrictionsanitaire

  • « Quand on vient de l’étranger, on a un autre regard sur le pays » : en Allemagne, l’immigration source de renouveau de l’économie
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/24/quand-on-vient-de-l-etranger-on-a-un-autre-regard-sur-le-pays-en-allemagne-l

    Le Syrien nourrit le rêve de fonder une start-up. « Je suis créatif, j’aime les idées nouvelles. Mais au début, je ne savais même pas ce qu’était un fonds de capital-risque ! », se remémore-t-il en riant. Il quitte alors l’hôpital où il exerce, passe deux ans dans un fonds d’investissement en Belgique, avant de retourner en Allemagne pour concrétiser une idée qui lui semble porteuse : créer une plate-forme de suivi à distance des patients atteints de maladies chroniques dans les pays en développement. Avec l’aide d’un programmeur égyptien installé à Munich et rencontré sur les réseaux sociaux, il développe son application, Kanzi, et recrute ses premiers clients.
    « Nous avons déjà une base de 7 000 patients arabophones, mais nous n’avons pas encore créé d’entreprise. Les démarches administratives en allemand sont très compliquées », concède-t-il. « J’ai hésité, bien sûr, à aller aux Etats-Unis. Mais en Allemagne, j’ai été attiré par le fait qu’il y a un bon système pour demander la nationalité allemande, que j’ai obtenue il y a deux ans [en 2019]. Cela donne une grande sécurité. Le besoin de sécurité, la capacité à trouver un emploi rapidement, pour un immigrant, ce sont les deux priorités de base. Sur ce plan, l’Allemagne est très attractive », assure Tarek.Depuis quelques jours, Tarek n’est plus seul pour développer sa start-up. Il a postulé avec succès à un programme d’accompagnement d’entrepreneurs d’origine étrangère, fondé par le fonds de capital-risque berlinois Earlybird. Baptisé « Vision Lab », il vise à recruter des équipes d’entrepreneurs étrangers porteurs de projets technologiques à un niveau précoce de développement. Ces fondateurs reçoivent une aide administrative, un tutorat de la part d’entrepreneurs chevronnés, des contacts et un premier financement de 25 000 euros.
    Le but n’est pas que philanthropique. Les études montrent que les personnes issues de l’immigration sont davantage susceptibles de créer une entreprise que le reste de la population. Selon une enquête de la banque publique KfW, parue en novembre 2020, un quart des créations d’entreprises en Allemagne en 2019 étaient le fait de personnes d’origine étrangère. Les raisons sont clairement identifiées par la recherche : les migrants disposent de chances moindres sur le marché du travail classique que les locaux. De ce fait, ils éprouvent moins d’aversion pour le risque et ont davantage de modèles d’entrepreneurs autour d’eux. Ces modèles d’entrepreneurs d’origine étrangère outre-Rhin sont aujourd’hui loin de se limiter aux secteurs de la construction, de la gastronomie ou de la petite distribution. Par un hasard fortuit, mais significatif, deux des jeunes entreprises allemandes actuellement les plus en vue ont été créées par des enfants d’immigrés turcs. A Mayence, le 9 novembre 2020, les fondateurs de BioNTech, Ugur Sahin et Özlem Türeci, sont devenus des célébrités mondiales, en annonçant avoir mis au point le tout premier vaccin mondial contre le Covid-19, en partenariat avec le groupe pharmaceutique Pfizer. A Berlin, le 4 février 2021, le cofondateur de la startup Auto1, Hakan Koç, est devenu milliardaire, à la suite de la spectaculaire mise en Bourse de la plate-forme spécialiste de l’achat et de la vente de voitures d’occasion, actuellement évaluée à 10 milliards d’euros. Ces succès entrepreneuriaux exceptionnels sont en train de renouveler la perception de l’immigration en Allemagne : il s’agit moins de la considérer sous l’angle du problème de l’intégration que de reconnaître son apport spécifique dans l’innovation et la transformation de l’économie. « Nous observons depuis longtemps que de plus en plus d’entreprises fondées par des migrants ou des personnes ayant un passé migratoire sont actives dans des secteurs de haute technologie, souligne Herbert Brücker, directeur de l’Institut pour la recherche empirique sur l’intégration et l’immigration, à Berlin. L’image qu’on avait autrefois en Allemagne, celle de l’immigré illettré ou sans qualification, ne correspond plus du tout à la réalité. Cela tient aussi au fait qu’une grande part de l’immigration arrivée ces dix dernières années est originaire de l’Union européenne. »
    Société vieillissante, l’Allemagne a pris conscience, ces vingt dernières années, qu’elle ne pourrait maintenir son économie sans l’immigration et qu’elle devait s’ouvrir à la diversité. C’est une transformation majeure : jusqu’au milieu des années 1990, les discours politiques précisaient que l’Allemagne n’était pas « un pays d’immigration ». Les immigrés, d’ailleurs, étaient appelés Gastarbeiter (« travailleurs invités »). Ce n’est qu’en 2000 que le droit de la nationalité, traditionnellement fondée sur le droit du sang, a changé pour faciliter les naturalisations. La mondialisation des grandes entreprises a fait le reste. Au total, 35 % des dirigeants des entreprises cotées au DAX (le premier indice boursier national) sont d’origine étrangère. Daimler, entreprise emblématique du « Made in Germany », est dirigée depuis 2019 par un Suédois, Ola Källenius. D’après l’Office des statistiques, un quart de la population allemande (26 %) a aujourd’hui des origines étrangères, ce qui représente 21,2 millions de personnes, contre 15 millions en 2009. Les immigrés sont un facteur majeur du rajeunissement de la population : ils sont âgés de 35,6 ans en moyenne, contre 47,3 ans pour la population sans passé migratoire. « Les études montrent un très fort taux d’adhésion à l’immigration du travail en général, observe Herbert Brücker. Mais les phénomènes de rejet ou de racisme demeurent, surtout vis-à-vis de certaines origines : les Turcs, les Arabes continuent à faire l’objet de discriminations. BioNTech est une césure, dans le sens où beaucoup n’imaginaient pas que des enfants d’immigrés turcs puissent rencontrer un tel succès. »
    Au fonds Earlybird, on est persuadé que le potentiel d’entrepreneurs issus de l’immigration en Allemagne est sous-exploité. « Sur ce plan, l’écosystème start-up berlinois est bien moins performant qu’aux Etats-Unis, où 50 % des licornes [les sociétés valorisées à plus de 1 milliard de dollars, soit 824 millions d’euros, au cours actuel] sont fondées par des immigrants », explique Nina Rinke, responsable du programme « Vision Lab ». « De manière générale, notre économie accorde encore trop peu de place à la diversité. Dans les start-up financées en Allemagne, les profils sont souvent très similaires. »Afin de recruter des étrangers pour son programme, Mme Rinke a donc dû revoir les processus habituels de recrutement du fonds, et trouver des équipes d’authentiques primo-arrivants apportant une compétence technologique. « Ce qui a le mieux fonctionné, ce sont les annonces sur les groupes Facebook ou LinkedIn, où les étrangers demandent des conseils à une communauté d’immigrés », raconte-t-elle. Elle a reçu des candidatures d’Azerbaïdjan, d’Inde, d’Egypte et de Roumanie. « Les migrants sont le plus souvent des gens qui ont beaucoup d’atouts pour fonder une entreprise. Ceux qui décident de quitter leur pays sont audacieux. Ils sont prêts à quitter leur zone de confort. Certains viennent de zones de guerre. Ce sont des preuves de leur capacité de résistance et de leur envie de créer quelque chose de nouveau. »
    Pawel Chudzinski est l’un des mentors du programme « Vision Lab ». Né en Pologne en 1979, arrivé en Allemagne à 16 ans grâce à un échange entre lycées, il est bien placé pour comprendre le potentiel que représentent les étrangers pour une économie. Avec un autre Polonais, Lukasz Gadowski, rencontré à l’école de commerce de Leipzig au début des années 2000, il est à l’origine du célèbre incubateur de start-up Team-Europe, l’un des pionniers de la scène tech berlinoise. Fondé en 2008, Team Europe a notamment « accouché » du groupe Delivery Hero (aujourd’hui coté au DAX) et du réputé fonds d’investissement Point Nine, dans lequel Pawel est associé.« Quand on vient de l’étranger, on a un autre regard sur le pays. On n’est pas conscient de certaines normes, note Pawel. On n’a pas peur de décevoir les attentes de ses parents ou de son cercle d’amis, de bouleverser des structures de pensée bien établies. On est plus libre pour prendre des risques. » En tant qu’investisseur, il continue de jouer les pionniers, et repère des modèles d’affaires à un stade très précoce de développement. « Aller dans la Silicon Valley ? Non. Je préfère découvrir les opportunités dans un environnement moins compétitif, et tabler sur des modèles plus controversés. Et puis, je préfère être plus près de ma famille en Pologne, confie-t-il. J’en suis persuadé : les immigrants qui arrivent ici ont encore de belles chances, même sans parler allemand. »

    #Covid-19#migrant#migration#allemagne#sante#travailleurmigrant#integration#economie#entrepreunariat

  • Facebook va restaurer les contenus d’actualité en Australie
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/23/facebook-va-restaurer-les-contenus-d-actualite-en-australie_6070859_3234.htm

    Le gouvernement a accepté d’amender la loi, décriée par Google et Facebook, visant à contraindre les géants de la tech à rémunérer les médias pour la reprise de leurs contenus. Facebook a fait marche arrière. Le réseau social a annoncé, mardi 23 février, la levée « dans les prochains jours » du blocage en Australie des contenus d’actualité. Le ministre australien des finances, Josh Frydenberg, et le directeur général de Facebook Australia, Will Easton, ont dit avoir trouvé un compromis sur un des points-clés (...)

    #Facebook #censure #domination #NewsCorp

  • Australie : Facebook bloque le partage d’articles, y compris pour les services de secours et de santé
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/17/en-signe-de-defi-au-gouvernement-et-aux-medias-facebook-pret-a-bloquer-les-i

    Le groupe californien dénonce ainsi un projet de loi voulant forcer les plates-formes à rémunérer les médias pour la reprise de leurs contenus. Google a cédé. Facebook, lui, met ses menaces à exécution. Le géant des réseaux sociaux a restreint le partage d’articles et de vidéos d’information en Australie, en représailles à un projet de loi qui veut forcer les plates-formes à rémunérer les médias pour la reprise de leurs contenus. « Nous faisons face à un choix désagréable : essayer de nous conformer à une (...)

    #publicité #législation #domination #censure #Facebook #NewsCorp #Google

    ##publicité

  • « Ici, l’ambiance est “Covid-free” » : au Mexique, des mesures sanitaires souples pour sauver le tourisme
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/16/ici-l-ambiance-est-covid-free-au-mexique-des-mesures-sanitaires-souples-pour

    « Ne dites pas à mon patron que je suis au Mexique », confie, sous couvert d’anonymat, une comptable espagnole de 31 ans, qui vient de débarquer dans la station balnéaire de Tulum, sur la Riviera Maya (sud-est). Les mesures sanitaires locales, plutôt permissives face à la pandémie de Covid-19, attirent les étrangers qui fuient les restrictions dans leur propre pays. Au point que le Mexique s’est hissé du septième au troisième rang mondial des nations les plus prisées en ces temps de coronavirus. Le pari, qui permet au secteur touristique de mieux résister à la crise, semble néanmoins risqué. Le télétravail a été la planche de salut de cette employée d’une grande entreprise à Barcelone : « Je ne supportais plus le couvre-feu dans mon appartement. » C’est l’absence de restriction de voyage et l’envie de soleil qui l’ont incitée, fin janvier, à s’envoler pour le Mexique. La comptable travaille à distance dès 3 heures du matin, décalage horaire oblige. « A partir de midi, c’est la liberté à la plage ! »
    Comme elle, des milliers d’Européens et d’Américains se laissent séduire par les plages de sable fin. « C’est conjoncturel, tempère Miguel Torruco, le ministre du tourisme. Le secteur n’est pas épargné. Mais la crise est moins forte qu’ailleurs. » L’arrivée de touristes étrangers a chuté de 46 % en 2020 (24 millions de visiteurs internationaux), contre une baisse de 74 % au niveau mondial. Le manque à gagner, pour le secteur, s’élève à plus de treize milliards de dollars (10,7 milliards d’euros) ; le chiffre d’affaires, lui, a accusé un recul de 55 % en un an. Un quart des quatre millions d’emplois directs générés par le secteur ont été supprimés. Les mesures sanitaires non coercitives ont néanmoins limité la casse. Pas de confinement obligatoire, pas d’amende, pas de tests Covid-19 imposés aux étrangers… Le gouvernement a joué la carte de la souplesse, misant sur une limitation des activités commerciales en fonction d’un code d’alerte sanitaire de quatre couleurs selon les régions. Objectif : sauver un secteur-clé de l’économie (il pèse 8,7 % du produit intérieur brut) qui représente la troisième source de devises après les transferts de fonds des émigrés et le pétrole. « Nous n’avions pas le choix, justifie M. Torruco. Six salariés sur dix vivent au jour le jour sans être déclarés, spécialement dans le tourisme. » Le ministre précise néanmoins que « des protocoles sanitaires stricts sont appliqués » dans les hôtels, les restaurants et les transports. Bilan : début février, les vols internationaux étaient revenus à 67 % de leur niveau d’avant le Covid, selon le Centre de recherche et de compétitivité touristique (Cicotur) de l’université Anahuac de Mexico. Quant au taux d’occupation hôtelière, il atteignait environ 50 % fin 2020, contre plus de 70 % en temps normal. « La pandémie a changé les pratiques touristiques, précise le directeur du Cicotur, Francisco Madrid. Les touristes étrangers sont moins nombreux, mais ils restent plus longtemps. Par ailleurs, les Américains, qui représentent la moitié des visiteurs au Mexique, optent pour des vols plus courts, de moins de quatre heures. Notre proximité avec les Etats-Unis est un atout. » De quoi satisfaire Céline Desfeux, qui gère une vingtaine de locations Airbnb à Tulum. « On est plein depuis juin 2020 », se félicite cette Française de 33 ans, dont treize passés dans la région. Les tarifs abordables constituent un autre avantage concurrentiel : les touristes dépensent en moyenne 1 000 dollars (sans le vol) pour une ou deux semaines au Mexique, contre 2 500 dollars aux Etats-Unis, d’après Cicotur. Les professionnels répondent aussi aux exigences sanitaires des étrangers : « Nous avons installé des centres de tests Covid dans les hôtels et les aéroports », explique Braulio Arsuaga, président du Conseil patronal touristique mexicain, qui se dit néanmoins « inquiet » des nouvelles restrictions aériennes.

    #Covid-19#migrant#migration#mexique#europe#etatsunis#sante#teletravail#travailleurmigrant#tourisme#restrictionsanitaire#hotel#depistage

  • Aux Etats-Unis, la réforme de la législation d’Internet est lancée
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/15/aux-etats-unis-la-reforme-de-la-legislation-d-internet-est-lancee_6070007_32

    Les démocrates ont déposé au Sénat le Safe Tech Act, premier projet de loi de l’ère Biden sur la limitation du pouvoir des entreprises technologiques. Comme ils l’avaient promis pendant la campagne électorale de 2020, les démocrates américains sont partis à l’attaque contre l’impunité dont jouissent les grandes plates-formes numériques. Au vu de la pandémie et de la situation économique, la Silicon Valley espérait que la réglementation du secteur des technologies passerait au second rang des priorités de (...)

    #manipulation #législation #modération #extrême-droite #Section230 #SafeTechAct

  • Les grands gagnants de « l’économie du confinement »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/06/covid-19-les-grands-gagnants-de-l-economie-du-confinement_6068977_3234.html

    La crise planétaire a détruit des emplois et asséché des secteurs entiers. Mais elle en a aussi dopé d’autres, enrichissant les actionnaires de multinationales comme Apple, Netflix et Amazon.

    Non, le nouveau coronavirus n’a pas tout asséché ni appauvri. La crise économique est sans nul doute planétaire et historique. L’économie française a plongé de 8,3 % en 2020, selon l’Insee. De surcroît, la récession a détruit 255 millions d’emplois dans le monde, d’après l’Organisation internationale du travail. Le marché de l’automobile est exsangue, et accuse un recul de 15 % aux Etats-Unis et de 25,5 % en France. Les avions sont immobilisés au sol, les salles de restaurant et de cinéma, vides.

    Toutefois, l’année 2020 aura aussi été celle d’une boulimie de dépenses de loisirs numériques et d’une fièvre acheteuse en ligne, à la suite de profonds « changements de modes de consommation », observe Simon Borel, chargé de recherches à l’ObSoCo, société d’études et de conseil en stratégie. Cela tient d’abord aux modes de vie casaniers, à cette injonction de rester à la maison, dans ce « refuge » qui préserve et protège. « L’ultime champ de repli » où nos concitoyens « ont pu agir », relève le sociologue.

    Le domicile est devenu un bureau, une école, un gymnase, une salle de cinéma, mais aussi un restaurant ouvert matin, midi et soir. Partout, le télétravail a dopé les ventes d’ordinateurs (+ 4,8 % en 2020, soit la plus forte croissance annuelle depuis dix ans dans le monde) et asséché les stocks de fauteuils de bureau chez Ikea.

    Les hypermarchés ont été pris d’assaut. Cela a été « une année exceptionnelle », marquée par « une accélération inédite », reconnaît Didier Duhaupand, président du groupement Les Mousquetaires, à la tête d’Intermarché. Dans l’Hexagone, la vente de produits de grande consommation a progressé de 7,7 %, selon Kantar Worldpanel. Du jamais-vu.

    Car la crise a mis hommes et femmes aux fourneaux. Ils ont confectionné des gâteaux et des pains (+ 57 % pour les ventes de levure), à l’aide d’un robot flambant neuf (+ 34 % pour les ventes de modèles multifonctions), et investi dans une boîte Pyrex (+ 30 %) pour transporter leur « gamelle » au bureau. Privés de salles de spectacles, les ménages se sont rabattus sur les téléviseurs. Des grands formats, surtout. Aux Etats-Unis, leurs ventes ont bondi de 19 %.

    Le désœuvrement a aussi été le meilleur ami des éditeurs de bande dessinée (+ 9 % en France), de puzzles (+ 63 % entre janvier et novembre 2020 dans l’Hexagone), des fabricants de skateboard (+ 31 % aux Etats-Unis) et de consoles de jeux. Entre avril et décembre 2020, Nintendo a écoulé 24,1 millions de sa Switch et 31 millions d’exemplaires du jeu Animal Crossing : New Horizons, exutoire favori de nombreux confinés.Retour ligne automatique
    Marchés dopés

    Les adultes se sont, eux aussi, offert de nouveaux jouets. Les ventes de machines à coudre se sont envolées de 70 % chez Singer, atteignant 380 000 unités en France, fin 2020. Black & Decker a également profité de cette petite victoire du « C’est moi qui l’ai fait pendant le confinement » : le chiffre d’affaires du spécialiste de la perceuse était en hausse de 19 % au quatrième trimestre 2020.

    ManoMano, plate-forme de vente de produits de bricolage, a généré 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires l’an passé, soit 20 % de plus que prévu. Les enseignes de bricolage (+ 4,8 %) et les jardineries (+ 8,1 %) ont bénéficié du « repli sur soi », analyse Laurence Paganini, présidente de la fédération du commerce spécialisé, Procos.

    Les consommateurs ont passé plus de temps sur leur smartphone. Pour trouver l’amour (les revenus de Match Group, propriétaire de Tinder et de Meetic, ont crû de 17 % en 2020), prendre des nouvelles et rire, en dépit de l’actualité. Plus de 2,6 milliards de personnes utilisent quotidiennement Facebook, WhatsApp et Instagram, soit 15 % de plus que fin 2019. L’activité du groupe de Mark Zuckerberg a augmenté de 33 % de septembre à décembre.

    En ville, la crainte d’être contaminé dans un métro ou un bus a soutenu les ventes de vélo, électriques surtout (+ 20 % prévus en 2020)

    Le confinement, la peur, l’angoisse d’être emporté par la pandémie de Covid-19 ont dopé nombre de marchés. A l’automne, 1,7 million de traitements supplémentaires d’anxiolytiques ont été prescrits par rapport aux prévisions initiales, d’après le rapport Epi-Phare en France rendu public à la mi-décembre 2020.

    La mysophobie (crainte extrême de la saleté et des microbes) a, quant à elle, accéléré l’usage du sans-contact lors des paiements par carte bancaire et… les ventes de détergent et lessive chez Procter & Gamble (+ 12 %). En ville, la crainte d’être contaminé dans un métro ou un bus a soutenu les ventes de vélo, électriques surtout (+ 20 % prévus en 2020).

    « Le développement était déjà exponentiel, rappelle Virgile Caillet, délégué général de l’Union Sport & Cycle. La pandémie a accéléré la transition. » Car notre mode de vie à l’ère du Covid-19 a validé des marchés déjà jugés prometteurs.

    Les jeux de hasard en ligne progressent de 40 %, note la Française des Jeux. Et la livraison de repas à domicile aurait « gagné deux à trois ans de développement sur ses plans de marche initiaux », d’après Just Eat en France.Retour ligne automatique
    Plusieurs valeurs boursières battent des records

    Le commerce en ligne a aussi été placé sur orbite. Faute de pouvoir faire du lèche-vitrines, les consommateurs se sont rués sur Internet. En France, le Web représente désormais 13,4 % des ventes, rapporte la Fédération du e-commerce et de la vente à distance, grâce au bond de 32 % des achats de produits physiques. Soit 112 milliards d’euros au total.

    La Toile a recruté partout de nouveaux adeptes : au Brésil (+ 66 %), au Mexique (+ 54 %), en Russie (+ 45 %), mais aussi en Inde (+ 28 %), observe Euromonitor International. Les transporteurs, les fabricants de carton et, bien sûr, Amazon en ont fait leur miel. Pour la première fois depuis sa création, en 1994, le site de Jeff Bezos a généré plus de 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires au cours d’un trimestre. L’américain a clos l’exercice 2020 sur 320 milliards d’euros de ventes (+ 38 % par rapport à 2019).

    Les mesures de confinement ont fait « tomber des barrières » sur le marché de la visioconférence, juge Gilles Bertaux, cofondateur de Livestorm, le spécialiste français. Ce média s’est imposé aux employeurs, aux salariés, aux écoliers et aux étudiants. Résultat : la société organise 40 000 événements par mois. Son concurrent, Zoom, revendique près de 400 000 entreprises clientes de plus de dix employés. Son chiffre d’affaires devrait quadrupler, à plus 2 milliards d’euros en 2021.

    La « visio » payante entre aussi dans les mœurs, pour un cours de yoga ou une consultation médicale. Pas moins de 19 millions d’actes réalisés en téléconsultation ont été remboursés par la Sécurité sociale en 2020, dont 8 millions par le biais de Doctolib. Le verrou psychologique de l’abonnement en ligne à un service a sauté.

    Apple revendique désormais 620 millions d’abonnements, soit 140 millions de plus que fin 2019. Netflix, lui, en affiche plus de 200 millions dans le monde (+ 31 % en un an), avec des revenus avoisinant 25 milliards de dollars (20,8 milliards d’euros, + 24 %). Vingt-trois ans après sa création, le site de films et séries approche du seuil de rentabilité.

    Aucun de ces phénomènes n’a échappé à la Bourse. En dépit de la crise économique, plusieurs valeurs, soutenues par la politique très accommodante des banques centrales, battent des records. A commencer par Apple. L’américain a réalisé le plus gros bénéfice trimestriel jamais enregistré par une entreprise privée : 23,8 milliards d’euros fin 2020. La firme pèse dorénavant 2 300 milliards de dollars en Bourse.Retour ligne automatique
    De nombreux investisseurs se sont enrichis

    Le contexte pandémique n’a pas non plus empêché les levées de fonds. Fin 2020, Livestorm a levé 25 millions d’euros. Chez Deliveroo, le montant est encore plus spectaculaire : après avoir bouclé un tour de table de 180 millions de dollars mi-janvier 2021, le britannique vaut désormais 7 milliards de dollars. La plate-forme de livraison se délecte de la fermeture des restaurants : elle a décroché le référencement de 46 000 restaurants, dont la plupart ont été privés d’activité. L’entreprise qui fait rouler 110 000 livreurs file tout droit vers une entrée en Bourse, dès avril. Ce sera au bénéfice de ses actionnaires, des fonds d’investissements, surtout, et… d’Amazon.

    Les sociétés pharmaceutiques ont tiré le meilleur parti de 2020. Du moins celles qui se sont positionnées avec succès sur le vaccin contre le Covid-19

    De fait, la crise a déjà enrichi moult investisseurs, à l’image des actionnaires de Spotify. La capitalisation boursière du champion du streaming musical a doublé, pour atteindre 65 milliards de dollars, à la faveur de la hausse du nombre d’abonnés (+ 24 %, à 155 millions).

    DocuSign fait aussi partie des gagnants. Le leader mondial de la signature électronique (solution sécurisée lors de la conclusion de contrats à distance) a vu son activité franchir le cap du milliard de dollars. Son cours de Bourse a explosé : + 188 % en un an.

    Sans surprise, les sociétés pharmaceutiques ont également tiré le meilleur parti de l’année écoulée. Du moins celles qui se sont positionnées avec succès sur le vaccin contre le Covid-19. Moderna, dont le vaccin est autorisé dans l’Union européenne depuis le 6 janvier, dépasse les 60 milliards de dollars de capitalisation boursière. Lonza, son sous-traitant suisse, en profite : son bénéfice net a connu une hausse d’environ 35 % en 2020.

    Au fil de l’année, le cours de la firme allemande BioNTech, qui a développé avec Pfizer un vaccin à ARN messager, a bondi de 250 %. La fortune de son PDG, Ugur Sahin, s’élève aujourd’hui à plus de 5 milliards de dollars, à en croire Bloomberg. Albert Bourla, directeur général de Pfizer, s’est aussi largement enrichi, lors de la vente de 5,6 millions de dollars d’actions du laboratoire, le 9 novembre 2020, jour de l’annonce de bons résultats préliminaires de son vaccin. Depuis, le groupe estime que celui-ci devrait générer 15 milliards de dollars de ventes en 2021.Retour ligne automatique
    Décryptage : Les 90 % d’efficacité du vaccin de Pfizer, un « résultat extraordinaire » qui pose des questions

    Si les actionnaires de ces entreprises se frottent les mains, qu’en est-il de leurs salariés ? Ont-ils aussi bénéficié de la crise ? Chez Black & Decker, le PDG a adressé un message de remerciement à « chacun » des 53 000 employés pour leur « performance héroïque » et leur a accordé… un jour de congé, lundi 1er février. « On l’a pris », déclare Pierre Rousseau, représentant CFDT au comité européen du groupe, et délégué central des usines françaises, en soulignant qu’« il est certain que les salariés auraient préféré une prime ou une augmentation de salaire ». Un sentiment largement partagé, après une année si particulière.Retour ligne automatique
    Multiples controverses

    Car les représentants du personnel sonnent régulièrement l’alarme. En entrepôt, par exemple, les cadences ont été infernales. Le syndicat SUD note combien les postiers ont été « rincés » par l’explosion du nombre de livraisons assurées par La Poste fin 2020, avec près de 4 millions de colis par jour en France. Depuis l’irruption de la pandémie, l’emballement de la « gig economy », cette économie de petits boulots précaires que symbolisent les livreurs Deliveroo ou Uber Eats, soulève de multiples controverses.

    Just Eat, qui jure prôner un modèle social plus responsable, annonce vouloir recruter 4 500 livreurs en CDI en 2021 dans l’Hexagone. Amazon veille aussi à son image. Accusé au printemps 2020 de ne pas avoir suffisamment protégé ses employés, le site américain a augmenté leur salaire de 2 euros de l’heure, d’avril à juin, puis distribué une prime d’été de 500 à 1 000 euros, et, enfin, reconduit une prime de fin d’année liée au pic d’activité des fêtes.

    Chez Seb, la prime dite Macron a été versée en deux fois à près de 3 900 des 6 000 employés français. Et pour faire face à la hausse d’activité dans ses usines hexagonales et l’envolée de la demande de yaourtières (+ 26 %) et de machines à pain (+ 39 %), le groupe a accordé une prime de 15 euros par jour à ses salariés, entre mars et juin 2020. Au premier trimestre 2021, une « centaine d’intérimaires seront embauchés en contrat à durée indéterminée », précise son directeur des ressources humaines, Dan Abergel.

    Le secteur de la vente en ligne embauche aussi à tour de bras. En France, ManoMano va signer 350 recrutements en 2021, après 200 en 2020. Fin 2021, le site emploiera plus de 1 000 personnes. Amazon, lui, a déjà recruté 400 000 personnes entre janvier et octobre 2020, soit plus de 1 300 par jour en moyenne, dans le monde. L’e-commerçant, qui fait travailler 1,15 million de salariés, figure parmi les premiers employeurs des Etats-Unis, aux côtés de Walmart (2,2 millions). Signe que le Covid-19 n’a pas fini de bousculer le monde de l’entreprise.

    #Apple #Match #Nintendo #Amazon #Deliveroo #Doctolib #Facebook #Instagram #JustEat #Meetic #Netflix #Tinder #WhatsApp #bénéfices #BigPharma #consommation #COVID-19 #FoodTech #santé #télétravail #travail #visioconférence #CFDT #SUDSolidaires (...)

    ##santé ##GigEconomy

  • Google réaffirme ses ambitions dans la santé
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/05/google-reaffirme-ses-ambitions-dans-la-sante_6068882_3234.html

    La caméra du smartphone du groupe américain permettra à l’utilisateur de mesurer son pouls ou sa fréquence respiratoire. Mesurer son pouls en plaçant le bout de son doigt sur la caméra de son smartphone ; connaître sa fréquence respiratoire en filmant sa poitrine avec l’appareil photo de son téléphone… Deux fonctionnalités que Google proposera « d’ici quelques semaines ». Les annonces ont été faites, jeudi 4 février, lors d’un tour d’horizon du groupe de ses activités dans la santé. Dans ce domaine, (...)

    #Apple #Fitbit #Google #bracelet #montre #capteur #smartphone #biométrie #pouls #santé

    ##santé

  • Chez les groupes de médias français, un jeu de poker menteur autour de la cession du pôle RTL-M6
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/02/chez-les-groupes-de-medias-francais-un-jeu-de-poker-menteur-autour-de-la-ces

    Qui pour racheter « Top Chef », « Les Grosses Têtes » et les émissions de Stéphane Plaza ? L’hypothèse d’une cession des chaînes M6 et des radios du groupe RTL par leur propriétaire Bertelsmann, ébruitée par une dépêche Reuters vendredi 29 janvier, a fait l’effet d’une déflagration dans le paysage médiatique français, déjà bousculé par les manœuvres de Vincent Bolloré et de Bernard Arnault autour du groupe Lagardère.

    Comme tout cela n’était pas déjà assez concentré...

    • La direction de BFM a expliqué à ses troupes que leur proprio, Patrick Drahi, était le mieux placé pour ce rachat. La chose a bien été entendue par le propriétaire allemand de RTL et de M6, le groupe Bertelsmann, prêt à lâcher ses médias en France pour 3 milliards d’euros. Altice (Liberation, L’express, RMC, BFM...) n’est pas gêné par les lois anti-concentration, contrairement à un concurrent comme Vivendi (Bolloré), qui possède déjà le nombre maximal de sept fréquences télé autorisées (Canal Plus, Canal Plus Sport, Canal Plus Cinéma, C8, CStar, CNews et Planète Plus).
      Ces grandes manoeuvres nous rappellent que la présidentielle approche...

      « Le Canard enchaîné » 3/2/2021
      https://seenthis.net/messages/887924

  • Facebook et Apple se livrent une guerre ouverte
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/01/facebook-et-apple-se-livrent-une-guerre-ouverte_6068370_3234.html

    Le constructeur de l’iPhone veut limiter la publicité ciblée, le réseau social y voit une manœuvre déloyale. ’ambiance est électrique entre Facebook et Apple. Au moment d’annoncer des résultats financiers records, leurs PDG ont échangé des petites phrases acides. « Si une entreprise est construite sur la tromperie des utilisateurs, sur l’exploitation des données personnelles et sur des choix qui n’en sont pas, elle ne mérite pas des éloges, elle mérite d’être réformée », a lancé, dans une allusion à peine (...)

    #Apple #Facebook #iPhone #iOS #BigData #lutte #microtargeting #publicité

    ##publicité

  • Covid-19. Plusieurs magistrats verbalisés dans un restaurant clandestin à Paris
    https://www.ouest-france.fr/ile-de-france/paris-75000/covid-19-plusieurs-magistrats-controles-dans-un-restaurant-clandestin-a


    L’annexe, bd du Palais, Paris, gougueule street view

    Des magistrats se sont fait contrôler à Paris alors qu’ils mangeaient dans un restaurant clandestin, ce vendredi 29 janvier. Ils ont écopé chacun d’une amende de 135 €.

    Il y a deux semaines, Le Monde publiait un article sur les restaurants "clandestins", dont certains décrits comme fréquentés par des gradés de la police.
    Dans les restaurants clandestins : « Il fait gaffe quand même, y a toujours quelques poucaves »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/01/15/dans-les-restaurants-clandestins-au-moins-ici-les-clients-voient-du-monde_60

    Les bistrots populaires n’ont pas l’apanage des repas clandestins. Mardi 5 janvier, la police a fait irruption dans un restaurant réputé de l’agglomération de Laval : il accueillait un déjeuner auxquels participaient des chefs d’entreprise et un élu mayennais, selon France Bleu. Le 28 novembre au soir, une table réputée du 16e arrondissement de Paris recevait une quarantaine de convives dont le chanteur Patrick Bruel, repéré par le magazine Public. « Repas de travail », a-t-on plaidé à Laval comme à la capitale.

    Annonce : Les restaurants qui rouvrent seront privés de fonds de solidarité, menace Bruno Le Maire
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/01/le-fonds-de-solidarite-suspendu-pour-les-restaurants-restes-ouverts-annonce-

    Fixée à un mois, la suspension pourra devenir définitive en cas de récidive. Cette mesure intervient alors qu’un restaurateur du Doubs a lancé un appel à ouvrir les établissements de restauration, ce lundi.

    Hier, la police a distribué des amendes pour violation du couvre-feu à des automobilistes le plus souvent seuls dans leur véhicule sur un périphérique à gros bouchons, qu’ils ont d’ailleurs aggravé (mobilisant une des files) à cette occasion.

    • Un commissaire de police et un vice-procureur pris en flagrant-délit dans un restaurant clandestin
      https://www.franceinter.fr/justice/un-commissaire-de-police-et-un-vice-procureur-pris-en-flagrant-delit-dan

      (...) un commissaire de police et un vice-procureur ont été contrôlés alors qu’ils déjeunaient dans un restaurant de Carpentras, censé être fermé. Le parquet de Nîmes a été saisi.

      C’est Gérald Darmanin qui a révélé cette histoire croustillante, dans la matinale de France Inter, en annonçant avoir demandé la suspension immédiate du commissaire de police en question. "Les Français doivent respecter le couvre-feu, et il y a un devoir d’exemplarité de tous. Lorsque je m’aperçois que des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur ne respectent pas ces règles, notamment en allant dans des restaurants clandestins, je le dis. Ça a été le cas, d’après ce que je comprends, ce week-end, d’un commissaire de police dans le sud de la France. Si jamais c’est vérifié, j’ai demandé au directeur de la police nationale de le suspendre et de le retirer de son poste de commandement."

  • Vendue au groupe Auchan pour les J.O, , la plus grande gare d’Europe va tripler de surface et se transformer en centre commercial et culturel
    Paris : vous n’allez pas reconnaître la gare du Nord - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/vous-n-allez-pas-reconnaitre-la-gare-du-nord-09-07-2018-7813650.php

    Des jardins et une piste d’athlétisme sur les toits. La nouvelle gare du Nord va voir devenir plus verte, avec 7 000m² d’espaces verts et 3 200m² de panneaux solaires. Ce futur jardin public, situé sur les toits de la gare du Nord, côtoiera également des espaces dédiés au sport, au coworking et enfin, une piste de « trail » longue de 1 km, qui vous permettra de faire votre jogging sur le toit de la gare, offrant une vue imprenable sur la capitale.
    Une salle de concert et des espaces culturels. En 2023, la surface dédiée aux commerces, aux restaurants et aux services, aura été multipliée par cinq, pour atteindre 50 000 m². Ainsi, trois autres restaurants, plutôt chics, doivent ouvrir dans la gare. Mais aussi de nouveaux espaces culturels, avec notamment une salle de concerts de 2 000 spectateurs qui sera gérée par Live Nation, ainsi qu’une zone d’exposition, tournée essentiellement sur les arts numériques.
    Un parking vélo géant et trois fois plus d’escalators. Et les usagers du quotidien dans tout ça ? Le projet de la SNCF vise également à améliorer sensiblement les flux de circulation dans cette gare, qui verra passer chaque jour 800 000 passagers en 2024, et 900 000 en 2030. D’abord en leur accordant plus de place, puisque les espaces de circulation vont plus que doubler de surface, passant de 15 000 à 37 000 m².
    Et parce que la gare du Nord est avant tout une gare « verticale », il y aura beaucoup plus d’ascenseurs (55 contre 20 actuellement) et d’escalators (105 contre 45). Il est également prévu de construire un immense garage à vélos de 1 200 places à l’entrée de la gare, sur la rue de Dunkerque. Enfin, la gare routière, va être également agrandie et complètement réaménagée.
    La SNCF ne sera plus « chez elle » à gare du Nord. Pour la première fois dans l’histoire de la SNCF, quand la rénovation de la gare du Nord sera achevée, elle n’y sera plus vraiment chez elle. D’abord engagée avec le promoteur Ceetrus (ex Immochan) dans le cadre d’une société d’économie mixte, la SNCF sera à terme actionnaire minoritaire (à 34%) au sein d’une société anonyme aux côtés de Ceetrus, qui pour les 46 prochaines années, sera le véritable « taulier » de la gare du Nord.

    On se souvient des « engagements » gouvernementaux à ne pas privatiser la SNCF....

    Je redoute le moment où ils finiront le déglinguage en zones marchandes vitrifiées par le fric et la surveillance des gares parisiennes, à la gare d’Austerlitz.

    Mulliez, 26 milliards d’euros en 2016, troisième fortune de France, https://fr.wikipedia.org/wiki/Association_familiale_Mulliez

    #J.O #Auchan #Sncf #privatisation #Paris

    • La Ville de Paris s’oppose au chantier de transformation de la gare du Nord
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/01/la-ville-de-paris-durcit-le-ton-sur-la-transformation-de-la-gare-du-nord_601

      Les élus parisiens veulent un projet plus simple, centré sur les transports, réduisant « substantiellement » la part des surfaces commerciales. « Le coût pourrait être divisé par quatre », estime l’adjoint à l’urbanisme.


      Le projet d’entrée du nouveau bâtiment sur le côté est de la gare du Nord, à Paris. VALODE & PISTRE ARCHITECTES

      Le débat sur la transformation de la gare du Nord s’envenime. Après le tir de barrage d’un aréopage d’architectes et d’urbanistes, qui avaient jugé, le 3 septembre, dans une tribune au Monde, le projet « indécent », « absurde » et « inacceptable », ce sont désormais l’adjoint à la maire de Paris chargé de l’urbanisme, Jean-Louis Missika, et la maire socialiste du 10e arrondissement, Alexandra Cordebard, qui dressent un réquisitoire sévère contre les plans portés par la SNCF et la filiale d’immobilier commercial du groupe Auchan, Ceetrus, pour rénover la première gare d’Europe.
      Dans une lettre publiée par Le Monde, les élus parisiens appellent à « revoir le projet » de fond en comble, remettant en cause son programme comme son montage financier.

      Une petite bombe, alors que les promoteurs de l’opération ne cessent de louer le « travail partenarial réalisé avec les élus de la Ville ». Cette tribune est « une décision mûrement réfléchie, dont j’ai longuement discuté avec la maire de Paris », assume l’adjoint d’Anne Hidalgo. Une manière, aussi, de mettre en scène l’opposition de la majorité à ce projet, alors que l’affaire promet de se politiser dans le contexte de précampagne des élections municipales de 2020.

      Le 10 juillet, M. Missika avait fait voter par le conseil de Paris, après de vifs débats, un avis favorable à cette rénovation. L’adjoint à l’urbanisme pensait alors que c’était la seule façon de maintenir ouvert le dialogue avec la SNCF et Ceetrus pour faire évoluer le projet, sachant que c’est l’Etat qui délivre le permis de construire et que la Ville n’a qu’un rôle consultatif.

      Moins de trois mois plus tard, le ton a changé. « Ce que nous obtenons n’est pas satisfaisant, estime M. Missika. Il faut d’abord réfléchir à la question des transports, de l’intermodalité avec les bus et les vélos, aux espaces mis à la disposition des voyageurs, et construire le reste autour de cela ; eux ont fait exactement le contraire. »

      Saturée, inconfortable, à bout de souffle
      « Le reste », c’est un programme de près de 20 000 mètres carrés (m2) de commerces (contre moins de 5 000 m2 aujourd’hui), presque 14 000 m2 de bureaux et 12 000 m2 d’équipements culturels et sportifs, logés dans un aérien et flambant neuf bâtiment de cinq niveaux, dont le rez-de-chaussée doit servir de nouveau terminal de départ pour les voyageurs et les toitures être coiffées d’un « parc urbain » de plus d’un hectare.

      « Ce projet ajoute presque 90 000 m2 de bâtiments dans un espace restreint et sur une parcelle très contrainte, c’est beaucoup trop », juge l’adjoint à l’urbanisme.
      Le diagnostic est consensuel. Conçue pour 500 000 voyageurs par jour au XIXe siècle, la gare du Nord en accueille aujourd’hui 700 000 et en prévoit 900 000 à l’horizon 2030. Mêlant trains de banlieue, liaisons régionales, grandes lignes et destinations internationales par l’Eurostar et le Thalys, elle est saturée, inconfortable, à bout de souffle. Mettant à profit la dynamique des Jeux olympiques (JO) de 2024, la SNCF a lancé, en 2017, un appel d’offres pour la rénovation de la gare avant les JO, remporté par Ceetrus.

      Le principe : l’opération immobilière finance l’intégralité des travaux de rénovation et de transformation de la gare, chiffrés à 600 millions d’euros, sans qu’il en coûte un centime à la SNCF, qui recevra, de surcroît, une redevance pour l’exploitation des espaces commerciaux sans rapport avec le transport. « La SNCF a pris l’offre financière la plus intéressante, ce n’est ni un choix urbain ni un choix architectural », regrette M. Missika.

      « Améliorer les temps de parcours des usagers »
      « Le modèle permet de ne pas peser sur le prix du billet de train, mais c’est d’abord une opération d’amélioration de la gare : nous allons doubler les espaces d’accueil et de circulation des voyageurs, qui passeront de 30 000 à 60 000 m2, doubler le nombre d’escaliers mécaniques, améliorer les temps de parcours pour la plupart des usagers », défend Benoît Brunot, le directeur du développement et des projets de Gares & Connexions (branche de la SNCF chargée de la gestion des gares), devenu président du conseil de surveillance de la société commune créée avec Ceetrus pour mener à bien la rénovation.

      Mais la multiplication des boutiques, combinée à un parcours d’accès aux trains rendu plus compliqué par la volonté de séparer le flux des départs de celui des arrivées, a nourri la crainte de voir les voyageurs, comme dans un duty free d’aéroport, contraints de serpenter dans un centre commercial avant de pouvoir embarquer.
      Des inquiétudes balayées par les promoteurs. « Il n’y aura pas un grand centre commercial, mais des espaces de boutiques répartis dans les différents niveaux de la gare, adaptés aux différents types de trajets », précise M. Brunot, qui assure que « l’installation de commerces répond d’abord à une attente de nos usagers » et souligne que la surface commerciale rapportée au nombre de voyageurs sera inférieure à celle des gares de Saint-Lazare ou d’Austerlitz.

      « Le coût pourrait être divisé par quatre »
      Il reste un programme d’autant plus complexe et un projet d’autant plus massif qu’il va bien au-delà de la construction d’une gare. Le modèle commercial mis en œuvre par la SNCF dans toutes ses rénovations de gares, de Montparnasse à Lyon Part-Dieu, touche-t-il ici ses limites ? « Ils occupent, pour des commerces et des bureaux, tellement d’espace qui devrait être dévolu aux transports et à l’intermodalité que cela oblige à mettre en œuvre des solutions très compliquées », regrette M. Missika.

      La proposition de la Ville de Paris : élaborer un projet plus simple, centré sur les transports, réduisant « substantiellement » la part des surfaces commerciales. « Le coût pourrait être divisé par quatre et le chantier aurait plus de chances d’être achevé pour 2024 », estime l’adjoint à l’urbanisme, qui plaide pour un financement public de cette rénovation, auquel la municipalité pourrait prendre part.

      La tribune des élus est aussi un message adressé aux membres de la Commission nationale d’aménagement commercial. Elle doit se réunir le 10 octobre pour se prononcer sur le projet d’extension de la gare du Nord, après l’avis défavorable émis, le 27 juin, par la commission départementale de Paris. Celle-ci avait dénoncé une hausse des surfaces « surdimensionnée », qui pourrait « porter atteinte au tissu commercial environnant », et donc à « la vie urbaine du quartier ». Un nouveau rejet bloquerait la délivrance du permis de construire par l’Etat, obligeant la SNCF à revoir le projet.

      « Il faut revoir le projet de la gare du Nord » , Alexandra Cordebard, Maire du 10e arrondissement de Paris, Jean-Louis Missika, Adjoint à la mairie de Paris chargé de l’urbanisme, de l’architecture, des projets du Grand Paris, du développement économique et de l’attractivité.
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/01/alexandra-cordebard-et-jean-louis-missika-il-faut-revoir-le-projet-de-la-gar

      Les édiles parisiens annoncent, dans une tribune au « Monde », qu’ils ne soutiennent plus le plan de rénovation de la SNCF, qui prévoit, pour le financer, une extension de la gare faisant la part belle aux commerces au détriment du confort des voyageurs.

      Tribune. La gare du Nord est un lieu essentiel du quotidien des Parisiens et des Franciliens. Première gare d’Europe, elle est une vitrine pour les visiteurs de l’Europe du Nord qui arrivent à Paris. La situation actuelle de la gare n’est pas satisfaisante, tant en termes de sécurité, d’accueil des voyageurs que d’espaces d’attente. C’est pourquoi sa transformation est essentielle pour nos territoires et pour la tenue des Jeux olympiques et paralympiques de 2024.

      Les questions soulevées par un collectif d’architectes, d’urbanistes et d’historiens de l’art au sujet du projet de rénovation porté par la SNCF rejoignent les interrogations que les collectivités expriment depuis le début de ce projet. La Ville de Paris en a demandé des évolutions significatives, qu’il s’agisse de protection patrimoniale, d’intermodalité, de hauteur du bâtiment, tandis qu’Ile-de-France Mobilités et la RATP ont réclamé que le stationnement et la circulation des bus soient très nettement améliorés.

      Augmentation considérable des surfaces
      Pour équilibrer financièrement le projet, la SNCF et Ceetrus (filiale immobilière et foncière d’Auchan) ont recours à une augmentation considérable des surfaces de la gare : 88 000 m2 supplémentaires sont prévus, dont une grande partie dévolue aux commerces, bureaux et autres activités, tandis qu’une part minoritaire de cette extension est consacrée à l’amélioration du confort et de la circulation des voyageurs. Pour donner un ordre de comparaison, la nouvelle gare ferait 125 000 m², on ne serait pas loin de la surface de la tour Montparnasse.
      Or, la gare du Nord se trouve dans un espace très contraint. Le parvis est petit et les rues adjacentes sont proches, contrairement aux autres gares parisiennes. L’insertion urbaine d’un bâtiment aussi considérable dans un espace aussi restreint est une mission impossible, quel que soit le talent des architectes, qui n’est pas ici en cause. L’ampleur des travaux (de fondation notamment) et les risques de contentieux qui les retarderont obligatoirement rendent difficile, voire impossible, l’achèvement du projet pour les Jeux olympiques. Cette échéance est pourtant un argument fréquemment mis en avant par ceux qui refusent que ce projet soit révisé.

      Construire sans détruire
      La Ville de Paris avait décidé d’adopter une démarche constructive vis-à-vis de ce projet, en négociant avec la SNCF une meilleure préservation du patrimoine (qu’il s’agisse de la halle d’Hittorff ou de celle de Duthilleul), une diminution des surfaces commerciales, une dédensification qui passait par une diminution de la hauteur, un accès à la gare par le nord, et une intermodalité renforcée (taille de la vélo-station et espace sécurisé pour la dépose taxis et VTC). Malgré quelques avancées et la bonne volonté de nos interlocuteurs, les résultats obtenus ne nous paraissent pas suffisants pour rendre ce projet satisfaisant et nous avons le sentiment d’être allés au bout de l’exercice.

      La vérité est que la gare du Nord n’a pas besoin de davantage de bâti mais, au contraire, de davantage de vide pour améliorer le confort des voyageurs. Davantage d’espace pour les transports en commun, un parvis entièrement piétonnisé, des accès multiples, un stockage et une prise en charge des taxis en sous-sol, une vélo-station à la hauteur du plan vélo parisien, un désencombrement des halles de tous les kiosques, mezzanines et structures qui gênent les circulations et les espaces d’attente des voyageurs et défigurent la halle d’Hittorff. Il faut « fabriquer » ce vide et construire sans détruire.

      Edifier un bâtiment de 88 000 m2 avec des commerces, des bureaux, une salle de spectacle, une salle de sport, est le contraire de ce qui est nécessaire, parce que cela aggrave la situation contrainte dans laquelle se trouve la gare. Empiéter sur une partie de la gare routière actuelle pour construire des commerces est inapproprié, quand on sait à quel point le garage et la circulation des bus sont difficiles dans une rue du Faubourg-Saint-Denis déjà saturée.

      Le projet doit être revu
      Le seul argument de la SNCF pour justifier la taille de ce projet et la surface considérable des commerces est le financement de la rénovation de la gare par un investisseur privé, faute de disposer des moyens nécessaires pour le faire. Si le problème est celui-là, nous proposons que tous les pouvoirs publics concernés assurent un financement public de cette rénovation. La Ville de Paris est prête à assumer sa part aux côtés de l’Etat et de la région Ile-de-France (dans le cadre du contrat de plan Etat-région) et – il faut le souhaiter – de la métropole du Grand Paris, du Comité d’organisation des Jeux olympiques, de la SNCF et de quelques mécènes.

      Ce lieu emblématique du Grand Paris doit conserver son caractère d’intérêt général, la rénovation de la gare doit être entièrement consacrée à l’accueil et au confort des voyageurs, et la dimension commerciale ne doit pas prendre le dessus sur les services rendus aux usagers. C’est pourquoi la Ville de Paris ne sera pas aux côtés de la SNCF pour défendre le projet commercial devant la Commission nationale d’aménagement commercial qui doit statuer en recours après le rejet du projet par la commission départementale.

      Le projet porté par la SNCF doit être revu, et les surfaces commerciales substantiellement diminuées. Le préfet de la région Ile-de-France pourrait prendre rapidement l’initiative d’une table ronde réunissant toutes les parties prenantes afin d’amender le projet et d’étudier la piste d’un financement public de la rénovation, qui allégerait les contraintes et la taille du projet actuel. La Ville de Paris est prête à s’engager dans un tel processus. Un projet moins complexe, moins dense, respectueux du patrimoine ancien et moderne, entièrement consacré au confort des voyageurs et à une intermodalité efficace, sera moins contestable et donc moins contesté que le projet actuel. Il aura donc plus de chances de respecter l’échéance de 2024.

      Gare du Nord, une rénovation façon Auchan
      Pour transformer le premier hub ferroviaire d’Europe, Ceetrus, filiale immobilière de la société nordiste, y exploitera 60 000 m2 de « lieux de vie ». Isabelle Regnier, 23 juin 2019


      Vue d’artiste montrant le projet d’extension de la gare du Nord. VALODE & PISTRE

      2024, horizon de tous les fantasmes. Pour les Jeux olympiques, Paris veut présenter au monde le visage neuf d’une métropole du XXIe siècle. Que la ville ait fondé sa candidature sur des principes de durabilité et d’économie n’empêche pas l’échéance d’opérer comme un accélérateur de chantiers qui fait sauter les verrous législatifs et administratifs dans le secteur de la construction. La loi d’exception élaborée pour Notre-Dame n’aura pas été la première du genre.

      En 2017, année de l’obtention par Paris de l’organisation des JO, un article a été ajouté à la loi sur l’aménagement de Paris et de sa métropole pour permettre une transformation express de la gare du Nord. Saturé depuis des années, le hub ferroviaire le plus important d’Europe, où se croisent 700 000 personnes par jour, ne peut pas répondre à l’augmentation du trafic que promettent l’extension de la ligne E du RER, le développement du Grand Paris Express, sans compter le transfert du trafic aérien vers le train que devrait induire l’objectif d’une société zéro carbone. Un projet de reconfiguration était à l’étude depuis 2014 pour y faire face.

      En tant que point nodal du dispositif des JO, la transformation de la gare du Nord est devenue une priorité. Comme l’explique Stéphane Cougnon, directeur de ce programme chez Gares et Connexions, filiale de la SNCF chargée de l’aménagement des gares :
      « C’est la porte d’entrée dans Paris depuis l’Europe du Nord… Avec l’Eurostar, on part de la très belle gare de Saint-Pancras, dans un environnement urbain complètement repensé en 2007… Il y a un enjeu d’image fort ».

      La loi de 2017 a exceptionnellement offert à Gares et Connexions la possibilité de créer une Semop (Société d’économie mixte à ouvrage unique), pour faciliter le financement du projet et accélérer le processus d’attribution des marchés. Destiné en principe aux collectivités territoriales, ce type de structure permet de faire appel à des investisseurs privés pour des projets d’infrastructure et d’aménagement urbain, et de conserver, en tant qu’actionnaires, une forme de contrôle sur les opérations.

      « Grâce à la Semop, nous avons mis sur pied la transformation de la gare en un seul appel d’offres, poursuit Stéphane Cougnon. Nous avons trouvé un partenaire financier, Ceetrus, qui est venu avec son architecte, son bureau d’études, ses partenaires commerciaux. La consultation a été lancée en juin 2017. En février 2019, c’était finalisé. »

      Nouvelle structure en verre
      Filiale immobilière du groupe Auchan, Ceetrus s’appelait Immochan au moment de l’appel d’offres. Comme l’explique Aude Landy-Berkowitz, ancienne directrice du développement et de la diversification d’Immochan et actuelle présidente de la Semop, le changement de nom traduit le changement de stratégie consécutif à la crise du modèle des hypermarchés. Après avoir tout misé sur la périphérie, saccageant au passage les entrées de villes, le groupe Auchan crée aujourd’hui des « lieux de vie » en centre-ville et fait de l’aménagement urbain.

      Ce revirement, dont le projet controversé de centre de loisirs Europa City, à Gonesse, fut un temps l’emblème, a conduit Ceetrus à participer à des concours type Réinventer Paris, puis à remporter avec l’agence d’architecture Valode et Pistre, chez qui Mme Landy-Berkowitz a travaillé, celui de la gare du Nord. La présidente de la Semop veut faire ce projet « le flagship de Ceetrus », « l’incarnation de notre ambition en plein Paris ».

      Les architectes ont à charge d’intégrer les grands principes de circulation établis par l’Arep, l’atelier d’architecture de la SNCF, dans la perspective d’un accroissement de la fréquentation de 100 000 personnes par jour, avec le programme de commerces et services établi par Ceetrus. La partie « service public » – tout ce qui concerne le transport – est gérée par Gares et Connexions qui détient 34 % de la Semop sur 40 000 m2, soit 40 % de la surface totale.

      Actionnaire à 66 % de la structure, Ceetrus exploitera sur les 60 000 m2 restants des restaurants (du fast-food, à côté des quais, au très haut de gamme), de nombreux commerces, un centre médical, un atelier de réparation de vélo, des bureaux et des espaces de coworking, une programmation artistique prise en charge par le studio national des arts contemporains, le Fresnoy, des ateliers d’artistes, une salle de spectacle de 3 000 m2 gérée par Live Nation (où Mme Landy-Berkowitz rêve déjà de concerts intimistes de Beyoncé), une salle de sport gérée par Ken Sport (dont l’antenne du XVIe arrondissement facture 290 euros la journée découverte)…

      Tel que le présente l’architecte Denis Valode, le projet répond à quelques grands principes : réorganiser les flux de voyageurs autour d’une entrée et d’une sortie unique, comme dans les aéroports ; multiplier les surfaces d’attente en faisant accéder aux grandes lignes par des passerelles inspirées de celle de l’Eurostar ; ouvrir la gare souterraine (le RER et le métro) sur la gare aérienne ; favoriser les connexions avec les mobilités douces et réaménager les abords de la gare en conséquence…
      La verrière conçue en 2001 sur le flanc est de la gare va être remplacée par une nouvelle structure, en verre également, veinée d’une arborescence métallique « vert Prada » : un vert pâle censé dialoguer avec celui des verrières de Jacques Ignace Hittorff, l’architecte de la gare historique, et rappeler le métro parisien. Une rue de 300 mètres ouverte sur la ville traversera la gare, rendant les commerces et services accessibles à tous tandis que le toit, végétalisé, structuré en terrasses, accueillera des restaurants ainsi qu’un trek urbain d’un kilomètre.

      La plus grande surface de plancher
      Selon Stéphane Cougnon, c’est moins pour ses qualités esthétiques supposées que le projet l’a emporté sur ceux de Wilmotte et Dietmar Feichtinger, les deux autres finalistes, que parce qu’il proposait la plus grande surface de plancher. Si la mission de service public l’exige, assure-t-il, Gares et Connexions peuvent contractuellement récupérer de la surface (contre dédommagement).

      L’hypothèse n’est pas à prendre à la légère si l’on en croit Nils Le Bot, architecte et chercheur en géographie urbaine : « Les moyens de transports supplémentaires qu’on met à disposition des voyageurs ne désaturent qu’un temps l’offre existante. Dans les métropoles, l’offre crée des effets d’aubaine. Résultat, toute nouvelle ligne est saturée au bout de cinq ans. » On peut toutefois parier que Ceetrus s’accrochera à ses mètres carrés. Comme l’a montré Françoise Fromonot dans La Comédie des Halles (La Fabrique, 2018), les géants de l’immobilier commercial qui accroissent jour après jour leur emprise sur les villes du monde mettent tout en œuvre pour protéger et accroître leur périmètre d’intervention.

      Parmi les détracteurs du projet, Jean-Marie Duthilleul et Etienne Tricaud, fondateurs et anciens dirigeants d’Arep, doutent fort qu’il soit livré en 2024. Ils sont par ailleurs sceptiques sur l’organisation de la circulation des voyageurs, et estiment le programme de commerce « beaucoup trop dense ».

      « Le plus grand centre commercial de France »
      L’idée de la présence des commerces en gare remonte aux années 1960, explique Jean-Marie Duthilleul. « Le zonage des villes par activité a alors fait évoluer la notion de proximité. Elle ne se concevait plus par rapport à chez soi, mais par rapport au lieu où l’on se rend tous les jours. Ce n’était pas idiot, dès lors, d’offrir aux gens ce dont ils avaient besoin sur leur trajet ». Pensé comme un service aux voyageurs, le commerce est insensiblement devenu une fin en soi. La gare du Nord pousse la logique à son comble, en la redoublant d’une vision sécuritaire.
      « Avec toutes les activités que propose la gare, il y aura en permanence des gens qui viennent pour des choses “normales”, soutient Denis Valode. Ceux qui viennent pour des choses “anormales” seront un peu repoussés. Les terrasses des restaurants ouvrent en outre sur les zones d’ombre… Cela crée une forme d’#autocontrôle_social. C’est mieux que des rondes de #police ! »

      Lors des réunions de concertation avec les associations de quartier et des riverains échaudés par la perspective de ce chantier monstre (il devrait démarrer en 2020 et se poursuivre, à partir de 2022, en même temps que celui de l’hôpital voisin de Lariboisière), des voix se sont élevées pour dénoncer une certaine confusion entre voyageurs et consommateurs. Des demandes ont été entendues, comme celle de ménager les vues du voisinage sur le Sacré-Cœur ou de construire un bâtiment à l’extérieur de la gare pour accueillir des SDF. Rien qui puisse freiner la dynamique de gentrification dont sont porteuses les enseignes haut de gamme destinées aux voyageurs internationaux, aux futurs occupants des bureaux et des espaces de coworking et aux Parisiens fortunés.

      Ancien directeur de cabinet du maire EELV du 2e arrondissement, Laurent Bussière Saint-André souligne la contradiction qu’il perçoit entre le discours écologiste porté par la mairie et ce projet dont la logique est tendue vers le profit. « Les gens ne se rendent pas compte de ce que va générer cette chose qui, avec près de 700 000 visiteurs par jour, va devenir le plus grand centre commercial de France. » Pour les mêmes raisons, Danielle Simonnet, conseillère LFI pour le 20e arrondissement, s’est opposée à la mise en œuvre du projet en l’état.

      « Notre première ambition pour la gare du Nord est d’être au service des usagers » , Denis Valode et Jean Pistre sont architectes. Fondateurs en 1980, du cabinet Valode & Pistre, ils ont été récompensés notamment de l’Equerre d’argent, de la grande médaille d’argent et de la médaille de la restauration de l’Académie d’architecture. Parmi leurs réalisations, on compte l’usine L’Oréal d’Aulnay, le Technocentre Renault à Guyancourt, ou les Entrepôts Lainé à Bordeaux ou encore les centres commerciaux Beaugrenelle et Bercy Village.
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/16/notre-premiere-ambition-pour-la-gare-du-nord-est-d-etre-au-service-des-usage

      Denis Valode et Jean Pistre, les architectes chargés du réaménagement de la gare du Nord, à Paris, répondent, dans une tribune au « Monde », à ceux de leurs confrères qui jugeaient leur projet « inacceptable » dans ces mêmes colonnes. 16 septembre 2019.


      Le hall de la gare du Nord, à Paris, le 11 janvier. ERIC PIERMONT / AFP

      Tribune. Il nous parait nécessaire de répondre à la tribune de quelques-uns de nos éminents confrères (Le Monde du 4 septembre), car si le débat est indispensable sur de tels enjeux, il se doit d’être basé sur des informations exactes.
      Notre première ambition pour la gare du Nord, comme pour tous nos projets, est d’être au service des usagers. Si ce programme constituait une « grave offense à ses usagers », comme on le lit dans cette tribune, nous aurions été, bien sûr, les premiers signataires de ce manifeste.
      Rappelons l’historique du projet. La SNCF a lancé une consultation en juin 2017, afin de choisir des partenaires pour mener à bien la transformation de la gare du Nord, qui est confrontée à un défi majeur : l’augmentation du trafic, qui va passer de 500 000 voyageurs par jour lors des derniers aménagements en 2001 à 900 000 à l’horizon 2030, et ceci sans possibilité d’augmenter le nombre de voies.
      Pour sortir de cette impasse, la SNCF a élaboré avec AREP, son agence d’architecture et d’ingénierie, la seule solution possible pour augmenter la fluidité et éviter les conflits et les engorgements : la différenciation des arrivées et des départs, ceux-ci se faisant grâce à un réseau de passerelles enjambant les quais, comme pour l’Eurostar aujourd’hui.
      Article réservé à nos abonnés Lire aussi Transformation de la Gare du Nord : « Notre projet propose une nouvelle ouverture vers la ville »
      Ce principe constituait la base du cahier des charges sur lequel tous les concurrents ont répondu. Celui-ci impose également l’augmentation significative des liaisons entre la gare souterraine (RER et métro) et la gare de surface et la création de services et de commerces pour les usagers.
      A l’issue de cette large, longue et très exigeante consultation, l’équipe Valode et Pistre – Ceetrus a été désignée lauréate en décembre 2018.
      Principes fonctionnels
      Le projet architectural est basé sur le respect et la mise en valeur de ce patrimoine exceptionnel. Il adopte les principes fonctionnels retenus par la SNCF et il articule les différentes fonctions et services autour d’espaces généreux à l’échelle de la fréquentation de la gare.
      Cela se traduit par un doublement des surfaces de circulation et d’attente, mises à disposition des usagers, donc par plus de confort et moins de stress, et par la création de nouveaux espaces majeurs baignés de lumière naturelle. Un nouveau hall de départ longe la façade historique, retrouvée et restaurée, et donne accès de façon claire aux passerelles. Sa vue dominante sur les voies et les trains et ses dimensions en font un espace propre à la symbolique du départ.
      Une large rue intérieure retrouve son origine dans une grande loggia urbaine ouverte sur le parvis et constitue l’interface entre la gare et la ville. Elle assure le lien avec la nouvelle gare de bus et la station de vélos et accueille salle de spectacles, espaces d’exposition, restaurants, ainsi que des commerces de proximité urbaine et d’agrément.
      Enfin et avant tout, la mise en scène de l’arrivée à Paris des voyageurs est magnifiée par la restauration dans son état d’origine de la façade intérieure de la grande halle d’Hittorff, débarrassée des mezzanines et des scories architecturales accumulées au fil du temps, qui la rendent illisible.
      Tout est fait, dans ce projet, pour que le voyageur passe d’un lieu subi à un lieu qu’il aura plaisir à fréquenter, à un lieu humanisé.
      Contre-vérité
      C’est donc une totale contre-vérité de présenter ce projet comme la volonté d’un opérateur de complexifier l’accès aux trains pour mieux exploiter ses commerces. Ce projet n’est en aucun cas l’assemblage d’une gare et d’un « immense centre commercial », ni du point de vue morphologique, ni du point de vue des surfaces mises en œuvre. Au contraire, la surface commerciale installée, rapportée au nombre de voyageurs, est nettement inférieure à celles des autres gares parisiennes transformées (Austerlitz, Saint-Lazare et Montparnasse). Les équipements commerciaux, culturels et sportifs, ainsi que les espaces verts qui y sont associés, rempliront de plus un rôle important vis-à-vis des habitants du quartier environnant la gare.
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      La mise au point d’un projet si complexe demande la prise en compte des avis et des compétences d’une multitude d’acteurs, la SNCF, les associations, les riverains, les usagers, les professionnels, les services de la Ville et toutes les administrations. Il s’améliore ainsi chaque jour à travers les nombreuses réunions de concertation, d’information et de travail qui sont organisées.
      Nous comprenons que la grande complexité de ce projet puisse être mal interprétée, voire caricaturée. Nous sommes à la disposition de ceux qui souhaiteraient en prendre vraiment connaissance.

      Transformation de la Gare du Nord : « Notre projet propose une nouvelle ouverture vers la ville » , Claude Solard, Directeur général de SNCF Gares & Connexions

      A la suite d’une tribune signée d’un collectif d’architectes jugeant le projet de transformation de la gare du Nord « inacceptable », Claude Solard, le directeur général de SNCF Gares & Connexions, répond que ce projet facilitera la vie de 900 000 voyageurs par jour et visera « zéro déchet », 03 septembre 2019.

      « Les équipes SNCF relèvent le défi de conjuguer la modernité avec le plus grand respect du patrimoine historique des gares » (Photo : gare du Nord, à Paris).
      « Les équipes SNCF relèvent le défi de conjuguer la modernité avec le plus grand respect du patrimoine historique des gares »

      Tribune. Un collectif d’architectes vient de signer une tribune à propos du projet de transformation de la gare du Nord appelant à une rénovation « légère » de la plus grande gare de France et d’Europe. Les gares suscitent intérêt et débat, réjouissons-nous !

      Cette transformation concerne prioritairement les voyageurs du quotidien, les millions d’usagers des RER et des trains de banlieue. Pour eux, la nouvelle gare sera plus grande (deux fois et demie), plus accessible, plus agréable et proposera plus de services et de commerces. Les connexions avec les RER B, D et E et les métros des lignes 2, 4 et 5 seront plus rapides et plus simples pour les voyageurs. Redimensionnée en 2001 pour 500 000 voyageurs par jour, en accueillant à ce jour 700 000, la première gare d’Europe accueillera 900 000 voyageurs en 2030.

      En pleine mutation de nos modes de transport, le projet anticipe une nouvelle place de la mobilité urbaine, privilégiant les modes non polluants et collectifs.
      Les équipements publics de la gare au service des voyageurs d’Eurostar, Thalys, TGV, TER, Transilien, seront entièrement financés au travers d’un partenariat public-privé avec le groupe Ceetrus (holding Auchan), sans privatisation. Ainsi ces équipements (doublement des surfaces et du nombre d’ascenseurs et d’escaliers mécaniques) sont réalisés sans augmenter les tarifs des billets de train et sans alourdir les impôts de nos concitoyens.

      Ce modèle existe déjà dans les autres grandes gares parisiennes depuis plusieurs années, comme dans les gares Montparnasse et d’Austerlitz (partenaire Altarea) et Saint-Lazare (partenaire Klépierre).
      Enfin, la gare du Nord desservira la plupart des sites pour les Jeux olympiques et paralympiques 2024 de Paris : nous tiendrons nos engagements pour être au rendez-vous de cet événement historique pour l’image de Paris et de la France.

      Economie solidaire et circuits courts
      Notre projet propose aussi une nouvelle ouverture vers la ville. Dans un quartier pauvre en espaces verts, les nouveaux bâtiments construits seront couverts d’une zone totalement végétalisée : 11 000 m2 de toiture accueilleront des espaces sportifs et offriront sur la ville un panorama unique mettant en valeur le patrimoine. C’est avec la même ambition environnementale qu’un parking de deux mille places sera réservé aux vélos. Une écostation bus de nouvelle génération remplacera l’actuelle gare routière. Le parvis sera largement rendu aux usages piétons et aux transports en commun.
      A quelques jours des Journées du patrimoine, qui verront de nombreux sites SNCF ouverts au public, les équipes SNCF relèvent le défi de conjuguer la modernité avec le plus grand respect du patrimoine historique des gares, comme cela a pu être réalisé à Strasbourg ou à Paris-Gare-de-Lyon.

      Pour nous, il est aussi important de veiller sur le voyageur pressé de prendre son train que d’offrir des services innovants à celles et ceux dont le temps n’est pas compté. La gare devient un espace utile aux gens, offrant des lieux de travail et du commerce intelligent et pratique, des bars, des restaurants, des lieux de culture, d’expositions.

      L’ensemble des activités visera ainsi : zéro déchet, zéro gaspillage alimentaire, avec une large place laissée à l’économie solidaire et aux circuits courts. Une place importante sera réservée aux associations locales garantissant un rôle moteur dans la vie du quartier.
      Cette transformation est complète et ambitieuse, et nous en sommes fiers. Elle est le fruit d’une concertation large, menée depuis plusieurs années, qui fait qu’aujourd’hui les voyageurs comme les riverains plébiscitent ce projet à plus de 90 % (source : sondage Odoxa janvier 2019).
      C’est une reconnaissance, mais c’est surtout pour nous un encouragement à poursuivre cet échange avec toutes les parties prenantes.

      Contretemps pour la transformation de la gare du Nord
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/09/contretemps-pour-la-transformation-de-la-gare-du-nord_5487371_3234.html

      La commission départementale d’aménagement commercial a rendu un avis défavorable à la multiplication par cinq des boutiques et restaurants.