Au parquet on traite de plein de types d’affaires : les violences conjugales, le trafic de stupéfiants, les atteintes aux biens, le proxénétisme, les atteintes à la probité, les violences aux mineurs, ....
Parmi elles je voudrais parler aujourd’hui des accidents du travail.
On en parle peu. Les infractions liées au travail ne font pas forcément partie de celles pour lesquelles les parquetiers se battent pour les avoir dans leur escarcelle.
Moi ça fait partie des infractions que je suis particulièrement fière de traiter.
Chaque semaine sur mon secteur rural, composé de TPE, PME, avec une forte dominante en BTP et en agriculture, il y a plusieurs accidents du travail dont de nombreux mortels. Plusieurs personnes perdent la vie chaque semaine dans mon département. [...]
Car, dans les faits, quand il y a un accident du travail, c’est à 99% parce qu’il y a des règles qui ne sont pas respectées par l’employeur - ou la société utilisatrice lorsque le salarié est intérimaire, ce qui est très fréquent. [...]
Alors je suis en colère quand j’entends des responsables politiques dire « qu’on ne meurt plus au travail ».
Parce que je vois des familles effondrées qui apprennent que leur fils de 20 ans, leur mari, père de jeunes enfants, leur père vient de mourir, subitement.
Qu’il est parti un matin au travail, parfois en les embrassant de loin pour ne pas être en retard, et qu’il ne sera pas là le soir.
Les campagnes de prévention sur les accidents de la route sont importantes depuis 30 ans.
Il y a autant de morts au travail que sur la route. Et je ne parle que des accidents du travail. Pas de suicides dont l’origine est professionnelle.
Et pourtant aucun renforcement de l’inspection du travail ; aucune campagne massive de prévention.