Virus du Covid : l’humanité est son écosystème

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    On comprend immédiatement l’avantage biologique qu’il y a pour un virus à acquérir la capacité d’infecter des humains, s’il vient par exemple d’une obscure espèce de chauve-souris localisée dans les forêts d’une lointaine région chinoise. « Rentrer » dans l’humanité, faire de celle-ci son « environnement, son écosystème et sa ressource », comme l’écrit Franck Courchamp, c’est s’ouvrir un immense territoire biologique à coloniser, un territoire constitué de milliards d’individus répandus aux quatre coins de la planète et dans tous les milieux !
    Il n’en reste pas moins que si ce virus nous a « sauté dessus », c’est que nos comportements lui en ont fourni l’occasion, notamment notre incessante conquête de nouveaux milieux naturels. L’humanité s’était du reste longtemps tenue à distance des forêts tropicales précisément à cause des nombreuses maladies qu’on y contractait. Samuel Alizon souligne :

    On voit rarement ces sauts d’espèces car ils ont une probabilité assez forte de s’éteindre sans causer d’épidémie. Mais si on multiplie les contacts entre les humains et la faune sauvage, ou entre les animaux d’élevage (constamment manipulés par les humains) et cette faune, on augmente le nombre de contacts entre des virus mutés et des humains. »

    Et donc la probabilité du passage à l’humain d’un virus animal.

    L’extraordinaire vitesse de propagation du #Sars-CoV, qui a conquis les cinq continents en quelques semaines, s’explique quant à elle davantage par les propriétés de l’habitat du virus, à savoir l’humanité, que par les caractéristiques du virus lui-même. Certes, celui-ci est transmissible par les gouttelettes et les aérosols, un mode de propagation très efficace. Mais c’est surtout l’extraordinaire accroissement des transports à la fois intercontinentaux et domestiques (il y a eu 4,4 milliards de passagers aériens en 2019), ainsi que l’urbanisation, énorme multiplicateur des contacts interhumains, qui ont permis la conquête du monde par le virus. Et qui fait que même les territoires qui semblent parvenir à s’en débarrasser, comme ce fut le cas de la Chine ou de la Nouvelle-Zélande, sont régulièrement l’objet de flambées importées.