C’est désolant de voir des esprits hier si libres, répéter sur tous les tons les absurdités cuisinées de longue main dans l’extrême droite. Ainsi de madame Caroline Fourest désormais murée dans un fanatisme qui lui interdit de partager les principes qu’elle défendait hier : l’État chez lui, l’Église chez elle et la liberté de culte pour tous. La liberté de conscience est à ce prix.
La société n’a pas à être laïque. L’espace public ne l’est donc pas. Cependant la société peut être de culture laïque. C’est même souhaitable. C’est à dire être à la fois respectueuse de l’engagement de chacun et refusant un point de vue imposé par le culte majoritaire ou un pouvoir. Par contre l’État et les services publics le sont par nécessité et sans exception. Je ne sais pas ce qu’il faudrait ajouter à cela. C’est en tous cas la position historique de l’école de pensée dans la tradition de 1905. La traduction de ces principes est très concrète. Par exemple, elle exclut la police des habillements dans l’espace public et, à l’inverse, la présence des élus en écharpe dans les manifestations religieuses.
Dans le débat, nous avons donc été dans un premier temps assimilé à des défenseurs des religions et même du cléricalisme. Quand nous refusions la police du vêtement contre le port du voile. Puis nous fumes repeints en « laïcards » ennemi des religions. Par les mêmes !!!! C’était au moment où nous demandions que les élus ne cautionnent pas, par leur présence, les manifestations religieuses. Et dans chacune de ces postures contradictoires ce furent les mêmes lazzis, les mêmes moqueries. Le débat semblait patauger dans la mauvaise foi. Mais tout autant dans la bêtise la plus crasse. Les mêmes qui meuglaient en cadence contre le foulard dans l’espace public ne trouvaient rien à redire à la qualité de chanoine de Latran du président de la République ou à la participation des élus à des cérémonies comme celle de reconnaissance à la vierge pour la délivrance de la peste de 1630 !!! Au contraire, ils se posèrent soudain en défenseur de l’Église. Mais qui l’attaquait ? Personne. Au point qu’un de ces brillants amis des Lumières, l’instant d’avant, se risqua à dire que nous n’avions pas à discuter pour savoir si la vierge avait ou non protégé la ville de la peste ! Non ce n’étaient pas des républicains qui parlaient mais des croisés. Les brillantes plumes fermaient la marche de cette croisade. Dans Le Figaro une nouvelle fois la technique de prétendus « anciens cadres » de LFI , évidemment anonymes compte tenu du risque qu’il y a nous critiquer, viennent dire que Coquerel parle comme il le fait par électoralisme. Car, bien-sûr, il est bien connu qu’il n’y a aucun calcul électoral dans la propagande contre les musulmans. Nous parlons des 500 communes sans école publique ? Des élus dans les manifestations religieuses ? C’est que nous serions gênés par la question de l’islam, psalmodie Marianne. Le journal est désormais converti à l‘intérêt du débat sur les certificats de virginité et la lutte contre la polygamie et reste sans voix sur la question du Concordat ou des immeubles de rapport. Dommage que Macron ne soit pas imam d’honneur de la mosquée du Caire, on aurait été mieux compris dans ces colonnes-là.
Le résultat des simagrées du pouvoir est simple : moins de liberté pour les associations, un serment pour tous ceux qui touchent des subventions, une latitude plus grande pour les préfets de dissoudre, contrôler et ainsi de suite. Où est le terrorisme islamiste là-dedans ? Nulle part évidemment. On finit par se demander si c’était vraiment le sujet. La « démocratie défaillante » en France défaille un peu plus. Mais qui a la liberté de le dire à part la presse étrangère ?