le rappeur espagnol Pablo Hasel arrêté pour des tweets attaquant les forces de l’ordre et la monarchie

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  • « Mercenaires de merde » : le rappeur espagnol Pablo Hasel arrêté pour des tweets attaquant les forces de l’ordre et la monarchie

    Plusieurs manifestations de soutien, parfois tendues, ont eu lieu. Pedro Almodovar et Javier Bardem ont signé une tribune en sa faveur.

    Le Monde avec AFP
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/02/16/mercenaires-de-merde-le-rappeur-espagnol-qui-avait-attaque-les-forces-de-l-o

    La liberté d’expression d’un rappeur, et ses injures, face à la monarchie : l’affaire passionne les Espagnols, au point de les avoir fait descendre dans la rue et d’être devenue une véritable épine dans le pied du gouvernement. La police a arrêté, mardi 16 février au matin, dans le nord-est du pays, Pablo Hasel — de son vrai nom Pau Rivadulla —, un rappeur condamné à une peine de prison pour des tweets attaquant la monarchie et les forces de l’ordre.

    Ce dernier s’était barricadé lundi dans l’université de Lérida, en Catalogne, avec des dizaines de ses soutiens afin de tenter d’empêcher une arrestation qui suscite la controverse dans le pays. « Nous sommes entrés dans l’université et avons entamé l’opération destinée à faire respecter la décision judiciaire » sur son arrestation, a déclaré un porte-parole de la police régionale catalane.

    L’opération a été lancée à 6 h 30 par des agents des Mossos d’Esquadra qui ont sorti un à un les soutiens de Pablo Hasel enfermés avec lui dans l’université. « Il y a quelques barricades qui ont été préparées » pour empêcher l’accès de la police « mais aucun incident grave pour le moment » n’a eu lieu, a ajouté le porte-parole de la force de police autonome de Catalogne.
    Soutien de Pedro Almodovar et Javier Bardem

    Ce rappeur avait jusqu’à vendredi soir pour se rendre volontairement en prison et y purger sa peine de neuf mois pour des tweets dans lesquels il qualifiait notamment les forces de l’ordre espagnoles de « mercenaires de merde », les accusait de torture et d’assassinats et s’en prenait également à la monarchie.

    « Ils devront venir m’enlever et cela servira aussi à dépeindre l’Etat sous son vrai visage, celui d’une fausse démocratie », avait-il déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) au téléphone, vendredi.

    Plusieurs manifestations, parfois tendues, en soutien au rappeur ont eu lieu ces dernières semaines à Madrid et Barcelone, et plus de 200 personnalités du monde culturel hispanophone, dont le réalisateur Pedro Almodovar et l’acteur Javier Bardem, ont signé une tribune en sa faveur.

    L’affaire embarrasse le gouvernement de gauche et surtout sa principale composante, le Parti socialiste. Sur la défensive, l’exécutif a promis lundi dernier « une réforme » pour que les « excès verbaux commis dans le cadre de manifestations artistiques, culturelles ou intellectuelles » ne relèvent pas du droit pénal et ne se traduisent plus par des peines de prison.

    Evitant de se prononcer sur la peine, la numéro deux du gouvernement Carmen Calvo a défendu, mardi, la nécessaire « tolérance propre à une démocratie mature comme la nôtre » dans le domaine de la liberté d’expression.
    « Pleine normalité démocratique »

    Partenaire des socialistes au sein du gouvernement, le parti de gauche radicale Podemos a vertement dénoncé, mardi, l’arrestation du rappeur. « Tous ceux qui se considèrent progressistes et se vantent de la “pleine normalité démocratique” [de l’Espagne] devraient avoir honte. Vont-ils fermer les yeux ? Il n’y a pas de progrès si nous ne voulons pas reconnaître les manques démocratiques actuels », a ainsi tweeté Podemos.

    Il s’agissait d’une allusion à des commentaires très controversés de son chef et vice-président du gouvernement, Pablo Iglesias, qui a déclaré la semaine dernière qu’il n’y avait pas « de pleine normalité politique et démocratique en Espagne ». Ces propos ont déclenché un tollé de la part de tous les partis de l’opposition de droite, mais aussi un énorme malaise au sein même du Parti socialiste de Pedro Sanchez.

    Le cas de Pablo Hasel rappelle celui d’un autre rappeur espagnol, Valtonyc. Ce dernier s’était exilé en Belgique en mai 2018 après confirmation de sa condamnation en Espagne à trois ans et demi de prison notamment pour « apologie du terrorisme » et « injures à la Couronne ». Dans un entretien à l’AFP, mardi, Valtonyc a assuré ressentir de la « honte » et de la « rage » face à l’incarcération de Pablo Hasel pour « avoir fait ce que les artistes font : provoquer ».

    L’Espagne s’enflamme depuis plusieurs nuits après l’emprisonnement du rappeur Pablo Hasél - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=xPft3ShhFB8

    Des manifestants ont protesté pour le troisième jour consécutif à Barcelone, en Espagne, contre l’incarcération du rappeur Pablo Hasél. Des manifestations ont commencé dès mardi soir dans la ville catalane après l’arrestation, la veille, du rappeur. Le mouvement s’est ensuite élargi à d’autres villes, comme la capitale Madrid, où plusieurs interpellations ont eu lieu à la suite d’affrontements entre des manifestants et des policiers.
    Le rappeur de 32 ans Pablo Hasél est devenu pour beaucoup d’Espagnols un symbole de la liberté d’expression. Il s’était barricadé lundi dans une université de Lérida, en Catalogne, afin d’échapper à la détention. Il est condamné à 9 mois de prison pour des tweets attaquant la monarchie, les forces de l’ordre et prônant l’« apologie du terrorisme ». Le rappeur avait jusqu’à mardi pour se rendre aux forces de l’ordre pour se rendre volontairement en prison.
    Le gouvernement espagnol a insisté sur le fait qu’il travaille à la « révision » de la loi qui régit les crimes liés à la liberté d’expression.