Français, quand vous parlez de laïcité, il s’agit en fait d’autre chose

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    Je suis né à Bruxelles et j’y habite depuis toujours. Comme la plupart des Bruxellois, comme les Wallons, les Suisses romands et les Québécois, je fais partie de cette francophonie périphérique dont la France est l’incontestable métropole culturelle. Mais nous avons entre nous un autre point commun : nous vivons dans des États – la Belgique, la Suisse, le Canada – structurellement multiculturels et dont la majorité de la population appartient au monde anglo-saxon ou germanique. Et c’est de ce point de vue, cosmopolite par nature et donc culturellement désenclavé, que j’envisage la société française. Souvent avec sidération.

    Notamment sur un point : depuis des années, l’espace public français est saturé par les polémiques autour de la #laïcité. Tout tourne autour de la place de la religion – en fait d’une #religion en particulier, la religion musulmane – dans l’#espace_public. On interprète en sens divers la fameuse loi de 1905, acte de naissance de la laïcité à la française. S’opposent les tenants d’une lecture libérale de cette loi qui anime l’Observatoire de laïcité dans la foulée de Jean Baubérot et les partisans d’une laïcité de foi civile qu’on retrouve au Printemps républicain et qui semble avoir désormais les faveurs d’Emmanuel Macron. Le président se profile désormais sur cette question en héritier de Manuel Valls, ce que rien ne laissait présager au moment de son élection.

    Or, je ne vois aucun autre pays où la gestion de la diversité culturelle, tant historique que produite par les flux migratoires contemporains, se pose en de tels termes. Car, fondamentalement, ce n’est pas de religion et de laïcité qu’il s’agit. Ce débat en cache un autre.

    Auteur : #Henri_Goldman

    • Par rapport aux autres pays développés, la France se signale par une attitude particulièrement intolérante à l’égard de l’expression publique des convictions religieuses, sommées d’être rigoureusement privatisées en contradiction avec la Convention européenne des droits de l’Homme qui postule la liberté de manifester sa religion « tant en public qu’en privé » (article 9). Ainsi, la loi du 15 mars 2004 interdisant le port de signes religieux dans les lycées et collèges n’a d’équivalent dans aucun autre pays. Mais la singularité française va bien au-delà, puisqu’elle s’en prend à toute forme d’affirmation culturelle minoritaire considérée comme contradictoire avec l’éthos national d’une République réputée « une et indivisible ». C’est pour cette raison que la France est un des 4 États sur 47 du Conseil de l’Europe, en compagnie de la Turquie, d’Andorre et de Monaco, à ne pas avoir signé la Convention-cadre du Conseil de l’Europe pour la protection des minorités nationales (1994).