McKinsey et les opioïdes : le syndrome Lance Armstrong

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    • « Pourquoi Macron fait-il appel à McKinsey pour sa stratégie vaccinale alors que ce cabinet est co-responsable d’un immense #scandale_sanitaire outre-Atlantique, celui des #opioïdes ? »

      Marie, ex-consultante pour KPMG, ne comprend pas non plus pourquoi Macron a fait appel au cabinet #McKinsey pour mener sa campagne vaccinale : “En plus, il se vante d’avoir des élus de tout bord, des mecs qui ont travaillé dans des entreprises… et pourquoi on va payer des boîtes privées, en plus un cabinet qui n’est même pas français, et qui sort d’un énorme scandale ?”

      Cet énorme scandale, c’est celui qu’a traversé McKinsey aux Etats-Unis. Cette année, le cabinet va devoir verser une amende de 573 millions de dollars en raison du rôle joué au début des années 2010 auprès du laboratoire Purdue Pharma. Cette entreprise a commercialisé l’#Oxycontin, opiacé terriblement addictif qui aurait tué jusqu’à 200 000 américains par overdose. Cet antidouleur a été sur-prescrit sur tout le territoire grâce à une vaste stratégie d’influence menée par le laboratoire, avec les bons conseils de Mc Kinsey. Les consultants avaient même anticipé le nombre potentiel d’overdoses afin de conseiller à Purdue Pharma une stratégie d’indemnisation susceptible de maintenir les ventes et la réputation du produit.

      Le cabinet qui conseille le gouvernement sur sa stratégie vaccinale est donc le même que celui qui a conseillé l’un des principaux acteurs du plus grand et mortel scandale sanitaire des trente dernières années. Mais ce “petit” détail n’a certainement pas dû décourager Emmanuel Macron de continuer à travailler avec un partenaire de longue date. L’idylle entre le président de la République et le cabinet multinational remonte à la commission Attali. Ce groupe de travail, lancé par Nicolas Sarkozy en 2007 et dont notre énarque de président fut membre, avait reçu gratuitement l’aide de consultants de McKinsey, nous révèle le Monde. Depuis, ils fonctionnent main dans la main. La petite élite technocratique qui entoure le président depuis son arrivée au ministère de l’économie sous Hollande ne l’a pas quitté, avec des exs de Mckinsey et une façon de faire de la politique “en mode consultant”. En 2016, l’un des bras droits de Macron, Thomas Cazenave, coécrit avec un consultant de McKinsey un livre manifeste au titre évocateur « L’État en mode start up”. Au moment du lancement de la campagne de Macron, une dizaine de consultants de McKinsey planche officiellement pour lui, toujours selon le Monde..

      Ce soutien dévoué au futur président est récompensé. Une fois élu, Macron engage une réforme de l’Etat qui passe relativement inaperçue : une direction interministérielle à la transformation publique (DITP) est créée, avec Thomas Cazenave à sa tête. Alors que jusqu’à présent chaque ministère passait ses propres appels d’offres, notamment en termes de consultants et prestataires, la commande publique est désormais centralisée entre les mains de ce grand ami de McKinsey. Depuis, les grands cabinets de consultants profitent bien du système : la campagne vaccinale bien sûr (2 millions d’euros par mois pour McKinsey), mais aussi l’élaboration d’un plan d’économie dans la fonction publique (18 millions d’euros la facture).

      Ce n’est pas tout. Le magazine Reporterre a révélé que le Boston Consulting Group s’était vu confier par le gouvernement l’évaluation des impacts de la loi Climat, ce projet au rabais émanant de la convention citoyenne. Et, surprise, son analyse est très favorable, car ce serait un projet ambitieux sur le plan écologique. Peut-on croire un cabinet qui a classé l’entreprise de pesticides BASF comme “l’une des 50 entreprises les plus innovantes du monde” ou qui conseille les constructeurs automobiles ? Reporterre en doute, et nous aussi.

    • 573,9 millions de dollars en réparation d’une décennie de conseils aux fabricants d’opioïdes, ces antalgiques accusés d’avoir rendu des centaines de milliers d’Américains dépendants : voilà la substance de l’accord à l’amiable annoncé le 4 février entre McKinsey et 49 procureurs généraux d’États fédéraux des États-Unis, le District de Columbia et cinq autres territoires des États-Unis.

      En annonçant cet accord le 4 février, Maura Healey, la procureure générale du Massachusetts, tête de pont dans ce dossier, a pointé « la faute de McKinsey » responsable selon elle d’un travail extensif auprès des producteurs d’opiacés dont il a tiré profit.

      En France, un « non-sujet total »

      Du moins, en France, McKinsey, quand bien même le cabinet est au pilori dans l’opinion publique pour son rôle auprès du ministère de la Santé dans la campagne de vaccination covid, ne semble pas inquiété dans les réseaux qui pourraient être clients.

      Ce dont témoigne Fabrice Le Saché, le porte-parole du Medef, vice-président du mouvement patronal : « McKinsey ? Je n’en ai jamais entendu débattre dans aucune fédération professionnelle. C’est un non-sujet total. »

      https://www.consultor.fr/devenir-consultant/actualite-du-conseil/6375-mckinsey-et-les-opioides-l-effet-lance-armstrong.html

    • utiliser McKinsey présente plusieurs avantages :

      – McKinsey recommande ce qui convient au client (ici : Macron)
      – McKinsey garantit l’opacité du processus de réforme
      – les cibles - les fonctionnaires, les usagers - sont écartés des discussions et mis devant le fait accompli (stratégie du choc)

      Par ailleurs, remplir les poches des amis avec de l’argent public permet de saigner un peu plus la cible.

      https://seenthis.net/messages/901052