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  • Derrière le succès sécuritaire des JO, le calvaire policier d’une nounou algérienne accusée de terrorisme – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/derriere-le-succes-securitaire-des-jo-le-calvaire-policier-dune-nounou-al
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    A la mi-août, après un mois de privation de liberté, Latifa est convoquée par la police pour être entendue. Enfin ! C’est la première fois, un mois après le début de son calvaire, que l’on va écouter ce qu’elle a à dire. Je me dis alors que nous allons voir le bout du tunnel et savoir si elle est coupable des faits qui lui sont reprochés – ce que je n’arrive toujours pas à croire. Les policiers constatent qu’aucun élément ne leur permet d’établir un lien entre Latifa et ce compte TikTok propageant la haine.

    Le numéro de téléphone qui y est associé est un numéro que Latifa a résilié avant la création du compte litigieux postant des contenus à caractère terroriste. De quoi démontrer son innocence ? Peu importe ! La mécanique infernale est enclenchée, nul ne saurait l’enrayer. La procédure d’assignation à résidence baptisée « Micas » [mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance]n’est pas levée. Le calvaire se poursuit.

    Un réveil défectueux un matin, une heure de retard au pointage et la voilà placée en garde à vue. Les consignes viennent d’en haut : aucune clémence pour les milliers d’hommes et de femmes soumis à ce régime d’exception pendant les JO. Il ne faut pas prendre le moindre risque. Elle ne sortira de sa garde à vue qu’au terme de plusieurs heures pendant lesquelles on l’a humiliée en lui intimant de retirer son voile sans explication.

    Plusieurs semaines plus tard et faute de la moindre preuve permettant de l’incriminer, les autorités finiront même par la placer une deuxième fois en garde à vue avec ses deux sœurs. Nous sommes à la fin août. Durant plusieurs heures, les trois jeunes femmes font face à des demandes insistantes de s’auto-incriminer. « Vous n’aurez qu’une amende si vous avouez ! » leur promet-on.

  • Kohei Saito, le philosophe communiste de la décroissance – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/kohei-saito-le-philosophe-communiste-de-la-decroissance-20240929_NLJ7GDAG

    Adepte de Karl Marx, sa relecture moderne du « Capital » a explosé les ventes dans l’archipel japonais. Un succès plébiscité par la jeune génération qui met dos à dos partisans de la décroissance et éco-modernistes. Il vient d’être traduit en français.

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      Kohei Saito, professeur agrégé de philosophie à l’université de Tokyo, ici, dans une « forêt commune » à Hachioji, près de la capitale japonaise.. (Philip Fong/AFP)
      par Nicolas Celnik
      publié le 29 septembre 2024

      Ça commence par une paire d’yeux qui s’écarquillent dans un restaurant chic niché sous un pont à Tokyo : « Comment ? Vous avez rencontré Kohei Saito ? » Le décor est planté : dans l’archipel nippon, le jeune philosophe marxiste a l’aura d’une #rock_star. Lui-même s’amuse de cette popularité si soudaine, qu’il décrit comme un « non-sens ». Hitoshinsei no « Shihonron » (« le capital dans l’anthropocène »), dont la version française vient de paraître aux éditions du Seuil sous le titre Moins ! La décroissance est une philosophie, est devenu un petit phénomène de masse au Japon lors de sa sortie en 2020.

      En moins d’un an, le livre s’est vendu à plus de 500 000 exemplaires, si bien que la chaîne de librairies Maruzen, dans le quartier de Marunouchi, à Tokyo, a ouvert une section intitulée « Redécouvrir #Marx ». Le livre a depuis été publié dans douze pays, et Saito est reçu en invité de marque. En France, c’est l’Institut La Boétie, le think tank de La France insoumise (LFI), qui lui avait offert le micro lors de sa venue à l’automne 2023, avant d’investir le centre Pompidou le 20 septembre dernier. La « hype » autour de Kohei Saito frôle le paradoxe : son succès est devenu un argument de vente en soi, au-delà des apports du livre en lui-même.

      Dans les carnets personnels de Marx

      Il faut reconnaître que la thèse du livre a de quoi intriguer : d’après Kohei Saito, Karl Marx se serait intéressé, sur la fin de sa vie, aux limites de la croissance et aurait développé une pensée écologique qui mérite d’être redécouverte à l’heure de l’anthropocène. Pour justifier ce scoop, Saito propose de relire Marx à l’aune d’un matériau nouveau : les carnets personnels du philosophe allemand, qu’il a étudiés lors de sa thèse à Berlin. C’est à partir de ces écrits que Saito a compris pourquoi « Marx a tant tardé avant de publier les volumes II et III du Capital, alors qu’Engels le harcelait presque pour qu’il le fasse », racontait-il, lors d’une rencontre à Tokyo à l’été 2023. Selon lui, deux découvertes ont bouleversé Marx.

      D’abord, il découvre les #sociétés_précapitalistes, où il est tout particulièrement fasciné par la manière de distribuer les #terres selon un système de tirage au sort renouvelé régulièrement, qu’il considère comme une clé pour minimiser la concentration des richesses. Ensuite, il se passionne pour les #sciences_naturelles, et se documente sur l’appauvrissement des sols en Irlande et l’épuisement du charbon en Angleterre : il en déduit que l’industrialisation crée une « rupture métabolique », c’est-à-dire une situation où les humains consomment plus de ressources que ce que la nature est capable de fournir.

      Fort de ces enseignements, Saito, qui se présente comme ayant longtemps été « un marxiste très classique, occupé uniquement par la lutte des classes », et qui raconte avoir eu une prise de conscience des enjeux environnementaux suite à la catastrophe de Fukushima, en vient à se demander comment Marx analyserait-il les centrales nucléaires ?

      Organiser la production de manière soutenable

      Alors que l’économiste allemand est généralement présenté comme l’un des pères de l’industrialisme, clamant qu’il faut reconquérir et développer les forces productives pour libérer le prolétariat, voilà Kohei Saito qui oppose : « Sur la fin de sa vie, Karl Marx en vient à penser qu’il faut changer le système, mais pas en développant la production, nous exposait-il. Il propose plutôt de revenir à d’anciennes formes de production, tout en utilisant certaines des technologies les plus récentes – celles qui nous permettent d’atteindre l’objectif d’organiser la production de manière soutenable. » Kohei Saito donne un nom à ce type d’organisation : la « société de #communisme décroissant ».

      Il suffisait peut-être de réunir deux des mots les plus controversés en une même formule pour faire exploser les ventes. C’était, en tout cas, assez pour que toutes les obédiences (des ultralibéraux aux primitivistes) s’écharpent sur l’ouvrage pour en faire leur livre de chevet ou un autodafé. Kohei Saito se voit offrir l’occasion de développer ses théories sur la radio nationale japonaise, la NHK, lors d’un long programme dans lequel il décortique la pensée de Marx ; dans la foulée, son éditeur, qui venait de publier une version simplifiée des écrits de Marx, croule sous les demandes de jeunes lecteurs.

      Les préconisations formulées par Kohei Saito

      Pour saisir cet engouement, il faut comprendre que le livre de Saito arrive dans un Japon prêt à entendre de nouvelles voix sur l’#économie. D’abord, le Covid-19 a « mis en évidence les inégalités économiques » et « montré que le capitalisme peut être mis en pause », veut croire Saito. Ensuite, toute une génération, née dans les années 90, n’a connu qu’une économie stagnante, voire en récession, ballottée par la crise de 2008 et la catastrophe de Fukushima en 2011. Une certaine désillusion règne quant aux mesures libérales proposées par le gouvernement pour se tirer du marasme, et de nombreux jeunes japonais préfèrent s’exiler à la campagne plutôt que de s’enfermer dans des bureaux. Un certain nombre était donc désireux de s’entendre dire qu’il faut se débarrasser du capitalisme une bonne fois pour toutes, et preneur de quelques recettes pour le faire.

      C’est d’ailleurs sur les préconisations qu’il formule que Kohei Saito est le plus souvent attaqué : au-delà de certains marxistes qui lui reprochent de n’avoir rien compris à leur icône, Saito est ciblé par les libéraux qui préfèrent miser sur l’économie sociale et solidaire plutôt que faire la peau au marché. A gauche, Kohei Saito s’inscrit, malgré lui, dans un clivage entre deux tendances irréconciliables. D’un côté, les adeptes de la décroissance, dont il reprend les principaux auteurs – il s’appuie régulièrement sur les travaux de Jason Hickel et de Giorgos Kallis. De l’autre, les éco-modernistes, qui, à l’instar du magazine américain Jacobin, pensent que la décroissance de Saito va écraser le prolétariat, et préfèrent s’en remettre au progrès technologique.

      Une autre ligne de critique semble plus pertinente : là où Marx dessinait des perspectives révolutionnaires concrètes pour le prolétariat, Saito se contente d’affirmations péremptoires mais peu crédibles – « toutes les entreprises doivent devenir coopératives [dans la lutte contre le changement climatique] ou arrêter de commercer », écrit-il par exemple, sans que l’on comprenne bien comment faire coopérer lesdites entreprises. Sans être un intellectuel engagé, Saito s’investit depuis plusieurs années dans une ferme coopérative gérée avec des amis, sur des terres communes, et s’en inspire parfois pour illustrer ce à quoi pourrait ressembler une société de #communisme_décroissant. Une manière de montrer, peut-être, que contrairement à ce que dit l’adage, ce qui unit l’#écologie et la lutte des classes, c’est aussi le jardinage.

      Moins ! La décroissance est une philosophie, Seuil, 2024

    • L’ayant entendu sur FC à défaut de l’avoir lu je confirme que si il souligne l’importance chez Marx de la rupture métabolique opérée par la production capitaliste (déjà soulignée par d’autres, qui surent aussi être attentifs à l’apologie présente chez Marx du Mir russe, de la propriété et de la gestion collective des terres, loin du « progressisme » usuel, des théories de l’arriération, ou de toute promotion du « rôle révolutionnaire de la bourgeoisie ») il parait, outre quelque mots clés déjà usés dans nos contrées -depuis Dardot et Laval il doit bien y avoir des coincetaux de la très républicaine LFI pour évoquer les « communs »- n’avoir à peu près rien à dire (il faudra que je prenne le livre en main pour le parcourir pour infirmer cet avis).

      Par ailleurs, il n’échappera à personne que concevoir un projet politique en terme de « décroissance » c’est en rester à des catégories qui n’ont pas d’existence en dehors d’une économie qu’il s’agit précisément de détruire, si il est question de sortir du cercle de la production pour la production.

      Et pour finir, on persiste partout à confondre le marxisme avec Marx. Or, par exemple, le « développement des forces productives » n’est jamais entendu que dans son action industrialiste et productiviste alors que chez Marx, la force productive primordiale, c’est non seulement le prolétariat mais l’humanité, comme labeur et comme intelligence collective, et que la condition du développement de cette force productive là c’est qu’advienne une humanité s’affranchie des rapports sociaux qui l’entravent.
      On voit depuis quelques années déjà l’opposition travail vivant / travail mort gagner en profondeur et en extension (selon des modalités dont certaines interrogent...) à l’occasion des nombreux travaux centrés sur le travail du vivant et de la nature.

      J’ai déjà vu des rock star à la puissance d’évocation plus affirmée. J’en conclus que son succès répond à un besoin politique de nombreux japonais et bien que je soupçonne un brin d’esthétisme dans leur démarche (une belle vie plutôt que la belle vie capitaliste et sa destructivité) je me demande d’une part ce qu’il en est de la circulation au Japon d’oeuvres de langue anglaise ou en français (dont bon nombre ont été signalés ici, de Jason Moore à Chopot et Balaud, par exemple) qui s’attachent à ces enjeux sans bazarder Marx en raison du marxisme, et, d’autre part, à quel moment ces gens sauront se confronter à l’alternative effective que l’on peut résumer, pour paraphraser Trotsky à « notre destructivité contre la leur ».

      #capitalisme #travail_vivant #mise_au_travail_du_vivant

  • Un grand rabbin ne devrait pas justifier les massacres commis à Gaza – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/un-grand-rabbin-ne-devrait-pas-justifier-les-massacres-commis-a-gaza-2024
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    Le grand rabbin Haïm Korsia, en approuvant sans réserve l’intervention militaire meurtrière menée par le gouvernement d’extrême droite israélien, ne peut qu’alimenter l’antisémitisme, dénoncent plusieurs personnalités civiles juives vivant en France.
    par Un collectif
    publié le 10 septembre 2024 à 13h03

    « Plus fort que le glaive est mon esprit » : cette inscription gravée sur le fronton de la synagogue de Strasbourg ne semble pas concerner Haïm Korsia, le grand rabbin de France. Réagissant lundi 26 août sur BFM TV à la tentative d’incendie de la synagogue de la Grande-Motte survenue le samedi 24 août, il a ajouté à la condamnation de cet acte des commentaires sur la situation en Israël et à Gaza qui nous ont indigné·es.

    Comparant l’attaque criminelle du 7 octobre, au cours de laquelle le Hamas a tué près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et enlevé 251 otages, aux crimes de guerre commis par l’armée israélienne depuis onze mois à Gaza, « ce n’est pas du même ordre », a assumé Haïm Korsia, affirmant que « je n’ai absolument pas à rougir de ce qu’Israël fait dans la façon de mener les combats ». Plus même, il indique que « tout le monde serait bien content qu’Israël finisse le boulot et qu’on puisse construire une paix enfin au Proche-Orient », comme si la paix pouvait être construite sur un amoncellement de cadavres, comme si la guerre était un travail comme un autre et comme si les Palestiniens – civils comme combattants du Hamas – étaient les incarnations indifférenciées d’une humanité niée et propre à être éliminée.

    Français juives et juifs, nous ne nous reconnaissons en rien dans sa justification des massacres commis par l’armée israélienne depuis onze mois à Gaza. L’intervention de l’armée israélienne à Gaza a provoqué la mort de plusieurs dizaines de milliers de Palestiniens, en grande majorité
    des femmes et des enfants. Elle a organisé la destruction systématique des habitations et des infrastructures, n’épargnant ni les écoles ni les hôpitaux, elle a délibérément conduit à affamer et à priver de soins la population, tout en interdisant l’accès du territoire à la presse.

    Le grand rabbin fait honte à son titre religieux en témoignant d’un mépris humain et d’une négation de l’autre, propres au racisme et à la mentalité coloniale. En tant que citoyens, qu’êtres humains, que juives et juifs. Associer judaïsme et défense inconditionnelle du gouvernement criminel d’extrême-droite israélien est d’autant plus inacceptable que cela ne
    peut qu’alimenter l’antisémitisme en laissant croire que tout juif serait solidaire et donc complice des crimes contre l’humanité et du génocide en cours à Gaza.

    Dignité et sécurité aux deux peuples
    L’indispensable lutte contre l’antisémitisme, recrudescent en France et en Europe, ne peut qu’être affaiblie par de telles indignités. En tant que juives et juifs, nous refusons d’être associés à ces propos, comme nous dénonçons les amalgames grossiers entretenus par les instances
    de représentation du judaïsme en France accusant d’antisémitisme tous ceux qui critiquent la politique du gouvernement israélien. Juives et juifs vivant en France, nous écoutons avec respect et soutenons les courageuses voix juives qui en Israël parlent de paix, condamnent la guerre de Gaza, dénoncent l’occupation, appellent à la reconnaissance des droits nationaux
    du peuple palestinien et à une solution pacifique qui, seule, apportera la dignité et la sécurité aux deux peuples palestinien et israélien.

    Nous affirmons en particulier notre solidarité avec B’Tselem (Centre israélien d’information pour les droits de l’homme dans les Territoires occupés), Breaking the silence (regroupant des anciens soldats), Standing together (militant pour un avenir commun entre les deux peuples), les Refuzniks (jeunes Israéliens refusant d’aller combattre à Gaza ou dans les Territoires occupés) et toutes celles et ceux qui s’opposent aux actes criminels menés par Netanyahou et ses ministres, comme Meir Baruchin, enseignant de philosophie et d’éducation civique dans un lycée de Tel-Aviv, inculpé pour « troubles à l’ordre public » et « intention de trahir l’État d’Israël »
    après la publication, en octobre 2023, sur Facebook, de deux courts textes dénonçant la mort de civils palestiniens, tués dans des frappes de l’armée israélienne sur la bande de Gaza.

    Signataires : Isabelle Avran Journaliste, Simone Bitton Cinéaste, Alain Lipietz Economiste, ancien député européen ; Rony Brauman Ex-président de Médecins sans frontières (MSF) ; Alain Champaux Professeur agrégé ; Nicole Lapierre Socio-anthropologue ; Georges Yoram Federmann Psychiatre gymnopédiste ; Dominique Glaymann Professeur émérite en sociologie ; Véronique Hayem Militante pour la paix ; Pierre Khalfa Economiste, Fondation Copernic ; Danièle Lochak Universitaire ; Véronique Nahoum-Grappe Chercheure en sciences sociales ; Claude Szatan Militant associatif ; Dominique Vidal Journaliste et historien ; Michèle Zémor Ex-conseillère région Ile-de-France, vice-présidente agglomération Plaine commune ; Agnès Zissmann Militante associative.

    repris par : https://aurdip.org/un-grand-rabbin-ne-devrait-pas-justifier-les-massacres-commis-a-gaza

  • Le Nouveau front populaire est déjà dépassé, avançons vers une social-démocratie populaire ! – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/le-nouveau-front-populaire-est-deja-depasse-avancons-vers-une-social-demo

    A la veille des universités d’été du Parti socialiste, qui se tiendront à Blois entre le 29 et 31 août, des socialistes appellent à battre Olivier Faure et à briser l’alliance avec les partenaires de gauche. Ils dénoncent également le refus d’Emmanuel Macron de nommer un Premier ministre de gauche.

    Au moins, les socialistes de droite sont logiques... Leur objectif est bien de gouverner sans la gauche.

    • Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi ils n’ont tout simplement pas explosé, au PS ? Pourquoi ils monteraient pas le « PS – L’anticapitaliste », et à côté le « PS – Révolutionnaires », et puis même une scission baptisée « Compromission permanente », histoire que ce soit clair qu’ils peuvent pas se piffer ?

      La seul réponse que je vois, c’est que ce n’est pas un parti de gauche, parce que les vrais partis de gauche, ils passent leur temps à exploser, à s’excommunier mutuellement, à décréter des exclusions publiques et à monter des branches dissidentes.

      Y’a même des groupuscules, au bout d’un moment ils ont dû revendre la table de ping-pong, parce qu’ils n’étaient plus assez nombreux pour pouvoir faire une partie.

    • C’est ki les sociaux-traîtres déjà ? Je veux pas donner de nom mais si on me pousse un peu..., une piste, déchéance de nationalité par exemple. Celle là c’est pire qu’une arête en travers de ma gorge.

  • Plutôt Hitler que Mélenchon, apparemment.

    Lettre aux insoumis, par une citoyenne de gauche : « Ne comprenez-vous pas que Jean-Luc Mélenchon agit comme un repoussoir ? »
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/lettre-aux-insoumis-par-une-citoyenne-de-gauche-ne-comprenez-vous-pas-que

    Pierre Arditi défend son engagement historique à gauche mais il se refuse à soutenir le Nouveau Front populaire, disqualifié à ses yeux par l’influence de LFI.
    https://latribune.fr/opinions/tribunes/la-question-n-est-pas-macron-ou-non-par-pierre-arditi-comedien-1000583.htm

    « Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, épouvantails dans leurs camps respectifs »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/06/25/emmanuel-macron-et-jean-luc-melenchon-epouvantails-dans-leurs-camps-respecti

    Malgré le rejet qu’ils suscitent chacun sur le terrain, le chef de l’Etat et le leader « insoumis » continuent d’intervenir dans le débat des législatives. Leurs troupes rêvent pourtant d’une campagne « démacronisée » et « démélenchonisée », note, dans sa chronique, Solenn de Royer, journaliste au « Monde ».

    Sur Arte, on a de grandes idées originales : LFI, RN : a-t-on le droit de les renvoyer dos à dos ?
    https://x.com/28minutes/status/1805506018241061251

    Selon Raphaël @Enthoven_R, philosophe et essayiste, la France insoumise est « le premier parti antisémite de France. »

    Débat 👉 http://tinyurl.com/28min2406

    • Hier soir, à la télé, on te fait des micro-trottoirs pour savoir si les programmes sont réalistes ou pas.
      On commence par la boulangère qui ne croit pas du tout au programme du front propulaire. Elle n’y croit pas. Elle n’y croit pas.
      On continue par les deux frères, mécanos, qui quand on leur dit qu’on va réduire leurs cotisations pour augmenter leur salaire (programme RN et pour la petite histoire, programme Sarko, Hollande et Macron), ils te disent que oui, ils approuvent, et ils en veulent, et oui, ils approuvent, et ils en veulent.

      On trouvait ridicule les micro-trottoirs de Meurice, et que vraiment, c’est bien que ça ne soit plus diffusé. Mais les micro-trottoirs des journaux des télévisions publiques, c’est tout à fait autre chose, c’est sérieux, et vraiment édifiant.

      J’suis allé jouer à Fallout. Après tout, autant s’y préparer sérieusement, à dézinguer des tarés dans un monde en déshérence.

    • Pour Eric Hazan, changer le monde n’était pas un programme d’avenir mais un travail de chaque jour, par #Jacques_Rancière
      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/pour-eric-hazan-changer-le-monde-netait-pas-un-programme-davenir-mais-un-

      Ce n’est pas seulement qu’il s’intéressait à tout et que sa culture humaniste était bien plus vaste et profonde que celle de tant de clercs qui sourient d’engagements militants comme les siens. C’est que le monde pour lequel il se battait était celui de l’expérience la plus large et la plus riche et qu’il ne séparait pas le travail de la connaissance et les émotions de l’art de la passion de la justice. Cet homme indigné contre toute oppression aimait, plus que les crieurs, celles et ceux qui cherchent, inventent et créent.

      https://justpaste.it/c0k8d

    • Les éditions Agone. 18, boulevard de Paris 13003 Marseille
      https://mastodon.social/@EditionsAgone/112570946028414764

      Alors que se perpétue le dérisoire jeu de chaises musicales entre la poignée d’employés (très, très bien payés) qui fait tourner le marché de la concentration pour quelques millionnaires sinon milliardaires, un événement du sous-champ culturel du #livre mérite, lui, une place dans nos mémoires. Jeudi 6 juin, Éric Hazan est mort. Du « Monde » et « L’Humanité » à « Libération », en passant par « Télérama » et « Mediapart », la presse parisienne a donné, avec plus ou moins d’honnêteté, de dignité ou de platitude, le portrait du fondateur des #éditions_La_Fabrique. Rappelons ici sa place, centrale depuis vingt ans, dans la défense du métier d’éditeur. Et la critique à laquelle il a donné un titre : L’Édition sans éditeur – premier des trois livres de l’éditeur franco-américain #André_Schiffrin qu’Éric Hazan a édités et traduits en 1999. Alors que, plus que jamais, la concentration détruit l’édition dans l’indifférence générale – de l’État qui la soutient, des auteurs et autrices qui n’en tirent aucune conséquence aux journalistes qui l’accompagnent et aux libraires qui l’acceptent –, la lucidité d’Éric Hazan et sa manière si singulière, ferme et paisible, d’affirmer franchement les réalités les plus dures nous manquent plus que jamais.

      https://lafabrique.fr/ledition-sans-editeurs

    • Éric Hazan, des combats au cœur des livres - #Jean_Stern @orientxxi
      https://orientxxi.info/magazine/eric-hazan-des-combats-au-coeur-des-livres,7398

      Éditeur et essayiste, Éric Hazan, qui vient de mourir à 87 ans, avait fondé La fabrique il y a 25 ans. Pionnier de l’édition indépendante en France, Hazan avait bataillé contre la mainmise des groupes financiers sur la vie éditoriale. La fabrique est aussi l’un des lieux majeurs de publication d’essais et d’analyses sur le judaïsme, le sionisme, Israël et la Palestine.

    • Traduction en anglais de l’article de Jacques Rancière paru sur Libé le 08/06/2024 :
      https://newleftreview.org/sidecar/posts/grand-editeur?pc=1609

      There is an infinitely reductive way of commemorating Eric Hazan, simply by saluting him as a courageous publisher and defender of the radical left, an unyielding supporter of the rights of the Palestinians and a man who, against the grain of his times, so believed in revolution that he devoted a book to the first measures to be taken on the morning after.

      He was certainly all these things, but we first need to register the essential point: in an age when the word ‘publishing’ conjures up empires of businessmen for whom everything is a commodity, even the most nauseating ideas, he was first and foremost a great publisher. This was not simply a matter of competence. It was much more a question of personality. And Eric was an exceptional personality: possessed of a mind curious about everything, a scientist by training and neurosurgeon in a previous life, but also a connoisseur of the arts and lover of literature; a city-dweller, sensitive to the living history of every stone in the street; an open and welcoming man with a radiant smile and eloquent handshake, eager to communicate his passions, to share his discoveries and convince others – without preaching – of what he considered to be the exigences of justice.

      I learnt from our first contact, just as La Fabrique was starting up, that he was no ordinary publisher. He had attended a few sessions of my seminar on aesthetics and wanted to better understand what I was doing and where it was heading. I sent him a short interview I’d done for a magazine published by friends of mine. A few days later, he told me that it was a book and that he was going to publish it. Which he did so effectively that this little volume, barely visible on a bookshelf, found its way around the world. I thereby discovered something surprising: a great publisher is one who can recognize you have written a book when you don’t know it yourself.

      Thus began a long collaboration punctuated by books whose titles alone prove that he was so much more than a publisher of revolutionary firebrands. Were that the case, what business would he have with exploring territories as remote from immediate political action as the landscape of eighteenth-century England, the dissolution of the traditional threads of narrative in the novels of Flaubert, Conrad or Virginia Woolf, the interweaving of time in the films of Dziga Vertov, John Ford or Pedro Costa, or the conception of the spectator implied by this or that installation of contemporary art? What, moreover, would lead him to publish a complete edition stretching to over a thousand pages of Walter Benjamin’s Baudelaire? And to immerse himself in Balzac’s Paris? It’s not only that he was interested in everything and his engagement with humanist culture was far broader and deeper than so many of the ‘clercs’ who smirk at militant commitments of his kind. It was because he fought for a world of the widest and richest experience, and did not separate the work of knowledge and the emotions of art from the passion of justice. This man – indignant against all oppression – loved, more than sloganeers, those who seek, invent and create.

      Changing the world was for him not a programme for the future but a daily task of adjusting our vision and finding the right words. And he understood that revolt is itself a means of discovery. In the work of the most radical authors he published, whether on feminism, decolonialism or pipeline sabotage, he discerned not only a cry of anger against the reign of injustice but also a project of research, a singular expression of the world we live in, and a new way of shedding light on it. Hence, he was careful to ensure that the most provocative titles appeared in booksellers’ windows adorned in such a way that made them precious objects.

      Is this why he chose the name La Fabrique? For connoisseurs of workers’ history, the name recalls Echo de la fabrique, the newspaper of the Lyonnais canuts during their revolt of the 1830s. No doubt it was important for it to evoke the memory of the great days of 1848 and the Commune. But the word ‘fabrique’ also associated this tradition of struggle with a whole conception of the publisher’s work: a radical departure from the logic of profit and its associated strictures of management; an artisanal love of craftsmanship that neglected no aspect of book production; but also an idea of the fraternal workshop where men and women would bring the product of their labours which, as they intertwined, would be transformed into something else: a shared wealth of experience, of knowledge and insight, the sense of a collective capacity to build a world different from the one that our masters and their intellectual lackeys present to us as the only, inescapable reality.

      Offering alternative cartographies of what is visible, of what takes place and what matters in our world: this is the concern that brought him together with so many authors of such different interests, ideas and sensibilities, all of which he respected equally without attempting to corral them into a common line. Because this great publisher was above all a free man who could only breathe in an atmosphere of freedom.

      Was it the thinning of this atmosphere that, alongside his illness, darkened his final days? Never have the causes for which he fought been so mockingly besmirched in theory, so blithely trampled underfoot in practice, as they are today. For a long time, Eric saw in the very ignominy of the powers that govern us a reason to hope for the coming revolution. Their world, he thought, is so decrepit that the slightest blow here or there is bound to bring about its collapse. This is the logic, perhaps a little too cursory, of good craftsmen and sons of the Enlightenment. They believe that rot causes buildings to crumble. Unfortunately, it is more like the glue holding the system together. And this imposes a long and painstaking task on those who first and foremost need air that is more breathable and more conducive to the preparation of other tomorrows. It is, in any case, a task for which his uncompromising resistance to baseness in every form will long serve as an example.

    • Éric Hazan (hommages) par F. Lordon
      https://blog.mondediplo.net/eric-hazan-hommages

      Éric meurt au moment où la terre politique tremble et les esprits en sont entièrement occupés. Oui mais il meurt maintenant — pas il y a deux semaines ou dans trois mois. Alors nos esprits vont à lui maintenant.


      On sait très exactement où une personne a placé sa vie à la nature des hommages qu’elle reçoit à sa mort. L’espèce de petite saleté que, prévisiblement, le journal Libération a réservée à Éric Hazan en est la parfaite illustration et, à rebours de l’intention du salisseur, c’est dans la vilenie même que réside le véritable hommage, celui-là bien sûr parfaitement involontaire. Il est glorieux d’être trainé dans la boue par ces gens-là.

      René Char a connu un mauvais moment lorsque, à l’aube des années 2000, Jean-Marie Messier s’est emparé de lui, puis à sa suite toute une cohorte de débiles 2.0, qui ont fini par en faire le poète de la start-up nation et du Medef réunis. Sa valeur poétique pouvait difficilement résister à cette désastreuse compagnie et à la démonétisation qui s’ensuivrait immanquablement. De René Char, il reste cependant ceci à sauver : « Celui qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience ». Éric était venu dans l’intention manifeste de troubler et, si La Fabrique a été — est toujours — fabrique de quelque chose, c’est de trouble. Nulle surprise, dans ces conditions, à ce que le monde troublé n’ait de cesse de faire la peau aux fauteurs de trouble. Du troublé et des troubleurs, nul n’a jamais douté du côté où se tenait Libération, journal qui, en matière de « libération » ne vise rien d’autre que celle de l’ordre mais à visage humain.

      La mort de Bourdieu, déjà, avait donné une brillante illustration de la manière dont se conduisent l’ordre et les forces de l’ordre quand elles ont été réellement offensées. Laurent Joffrin, Jacques Julliard et Françoise Giroud, incapables de se tenir à la décence élémentaire, n’avaient pu s’empêcher de laisser exploser leur joie — il faudrait plutôt dire de la vomir. C’est qu’il les avait tant exaspérés. Et qu’enfin, il n’était plus là. Alors les homoncules pouvaient ressortir, sans crainte de s’en prendre une qui leur aurait dévissé la tête.

      C’est bien à ce genre de traitement qu’on connaît le critère de l’offense réelle, par différence d’avec les offenses parodiques, celles dont le journal Libération s’est fait de longue date une spécialité, à base d’art contemporain politiquement décérébré ou d’avancées sociétales rendues parfaitement compatibles avec les données fondamentales de l’ordre capitaliste. Il était donc logique qu’Éric y eût droit, lui qui toute sa vie a cultivé l’offense réelle comme une morale politique, ou disons plus simplement comme le seul moyen de mener une existence qui ne soit pas larvaire. Et surtout parce que nous vivons dans un monde qui ne mérite que d’être offensé.

      Évidemment, c’est plus que le parti du visage humain n’en peut supporter, lui à qui l’accord au monde est comme une évidence, et tout sauf un lieu à déranger. La couleur n’est-elle pas indiquée dès le titre même ? « L’insurrection qui s’en va », conjonction miraculeuse du jeu de mot grotesquement mécanique, dernier refuge de la singularité de Libération, et du wishful thinking politique pour le coup le plus sincère : enfin débarrassés. Règlement définitif du problème, doit penser Quentin Girard — informons-le doucement que, pour son malheur, derrière Éric, il y en a d’autres —, qui vaut sans doute mieux que les entortillements de dénégation où il était contraint de se réfugier pour se rassurer : « … comme si la Fabrique jouait un rôle d’amuseur public, qui ne croirait pas vraiment elle-même aux idées défendues ». Éternelle redoute de ceux qui, ne croyant à rien, peinent à croire qu’il y en ait qui croient à quelque chose. Que des « amuseurs publics » se retrouvent au parquet antiterroriste offre en tout cas une vue intéressante sur les conceptions du divertissement de ceux pour qui rien n’est vraiment sérieux, et tout finalement soluble dans la dérision distanciée.

      Évidemment, le passage sur l’antisémitisme était de rigueur. On est à Libération tout de même, et au moment d’enfin revenir à l’écurie Glucksmann-Hollande en usant s’il le faut des moyens les plus bas, par exemple en aidant à répandre le stigmate de l’antisémitisme sur tout ce qui pourrait y faire obstacle, il ne s’agirait surtout pas de faire comme si les coordonnées du problème avaient été radicalement changées. La mort d’Éric Hazan passe par là, une bonne occasion ne saurait être perdue. Qu’on mesure donc son insoutenable légèreté : « Contre Israël, ses positions lui valurent de nombreuses accusations d’antisémitisme. Il les balayait toujours d’un haussement d’épaules ». Comment expliquer à Quentin Girard qu’il y a plus de pensée repliée dans un haussement d’épaules d’Éric Hazan que dans dix ans de ses chroniques mondaines à lui ? Bien sûr, on aurait pu lui suggérer de travailler — tout en réalisant aussitôt l’inanité de l’idée —, par exemple en lisant L’antisémitisme partout qu’Éric avait co-écrit avec Badiou et où tout déjà était dit. En lui disant aussi que, contre les ânes et leur problème avec la soif, le haussement d’épaules est indiscutablement la solution de meilleure rationalité.

      Mais que pouvait-on attendre de l’organe du visage humain ? Tout bien réfléchi, rien d’autre qu’un hommage — un véritable hommage. Celui que rend sans le savoir l’ordre à tous ceux qui ont entrepris sérieusement de s’en prendre à lui. À côté de tant de rampants qui se roulent à ses pieds pour avoir ses faveurs et ses expositions, pour pousser leur petite affaire, intellectuelle, artistique ou politique, il en reste quelques-uns à qui l’ordre ne convient pas et à qui ils ont décidé de ne pas convenir à leur tour. Du coin des lèvres, comme si de rien n’était, hypocrisie oblige, Libération crache sur sa bière ? C’est toujours un honneur que de se trouver démonétisé à la Bourse des fausses valeurs. Nous disons en tout cas que c’est le plus bel hommage qu’on pouvait rendre à Éric, et qu’il est décidément pour toujours notre ami.

      Frédéric Lordon

    • Mais que pouvait-on attendre de l’organe du visage humain ?
      [ #Libération :)))) ] Tout bien réfléchi, rien d’autre qu’un hommage — un véritable hommage. Celui que rend sans le savoir l’ordre à tous ceux qui ont entrepris sérieusement de s’en prendre à lui. À côté de tant de rampants qui se roulent à ses pieds pour avoir ses faveurs et ses expositions, pour pousser leur petite affaire, intellectuelle, artistique ou politique, il en reste quelques-uns à qui l’ordre ne convient pas et à qui ils ont décidé de ne pas convenir à leur tour. Du coin des lèvres, comme si de rien n’était, hypocrisie oblige, Libération crache sur sa bière ? C’est toujours un honneur que de se trouver démonétisé à la #Bourse-des-fausses-valeurs . Nous disons en tout cas que c’est le plus bel hommage qu’on pouvait rendre à Éric, et qu’il est décidément pour toujours notre ami.

      Frédéric Lordon

  • Assurance chômage : Gabriel Attal finance des baisses d’impôts pour les plus aisés en rognant sur les droits des plus précaires – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/assurance-chomage-gabriel-attal-finance-des-baisses-dimpots-pour-les-plus

    Avec les annonces de Gabriel Attal durcissant davantage les conditions d’accès à l’assurance chômage, le gouvernement se trompe à nouveau de cible. Il privilégie des décisions budgétaires inéquitables, estime Simon-Pierre Sengayrac, expert en finances publiques [expert associé à la Fondation Jean-Jaurès, professeur de finances publiques à Sciences-Po Paris].

    « Nous ne voulons pas augmenter les impôts donc il faut travailler davantage. » C’est en ces termes que le Premier ministre Gabriel Attal a justifié la nouvelle réforme de l’assurance chômage dimanche dernier. Cette prise de position intervient peu de temps après l’annonce d’un dérapage du déficit public à 5,1 % du PIB en 2023, contre 4,5 % initialement prévus. Dans sa recherche d’économies budgétaires, le gouvernement se trompe de cible en visant une fois de plus l’assurance chômage. En agissant ainsi, le gouvernement donne l’impression, depuis sept ans, de privilégier des décisions budgétaires inéquitables.

    D’un point de vue budgétaire, l’assurance chômage est à l’équilibre, il n’est donc pas justifié de chercher à y faire des économies en priorité. Les comptes de l’Unédic, l’organisme gestionnaire de l’assurance chômage, sont excédentaires depuis 2021, et un excédent est prévu en 2024 à hauteur de 3,8 milliards d’euros (1). Ces résultats sont le fruit des trois réformes précédentes (2018, 2022, 2023) et du dynamisme du marché du travail.

    Ceci n’est par exemple pas le cas du système de retraites, malgré la réforme engagée en 2023. Rappelons que la revalorisation des pensions de retraite de 5,3 % en début d’année 2024 a eu un impact budgétaire de 14 milliards d’euros, au profit d’une population en moyenne plus aisée que les actifs (2). L’annonce d’une quatrième réforme de l’assurance chômage apparaît ainsi en décalage avec les nécessités d’équilibrage budgétaire de notre système de protection sociale.

    Depuis 2017, les réformes fiscales ont surtout creusé les déficits

    Alors que le gouvernement cherche des pistes d’économies pour corriger une trajectoire budgétaire plus dépréciée que prévue en 2023, il est utile de rappeler que ce dérapage est en partie le résultat des baisses d’impôts consenties ces dernières années. Depuis 2017, les réformes fiscales ont conduit à une perte de recettes estimée à près de 60 milliards d’euros par an (3), notamment à travers la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et la baisse de l’impôt sur les sociétés, passé de 33,33 % à 25 %.

    Ces mesures, justifiées à l’origine par leur impact positif anticipé sur l’activité économique, n’ont pas eu les effets escomptés. Comme l’exprime l’expert en finances publiques François Ecalle lors d’une audition récente au Sénat (4), ces baisses d’impôts ont surtout creusé les déficits. Or, c’est pour réduire ces déficits que le gouvernement justifie aujourd’hui des coupes budgétaires dans les politiques de solidarité, comme l’assurance chômage.

    Plus encore, les allégements fiscaux engagés depuis 2017 ont principalement bénéficié aux plus aisés. L’Institut des politiques publiques (IPP) a ainsi mis en évidence que les 1 % des ménages les plus aisés avaient gagné en moyenne quatre fois plus grâce aux baisses d’impôts que les 5 % des ménages les plus modestes (5). Par exemple, la suppression de l’ISF a bénéficié aux 350 000 foyers parmi les plus riches, représentant une perte de 4,5 milliards d’euros par an pour les finances publiques (6).

    De même, les allègements fiscaux sur les revenus du capital ont entraîné un transfert significatif de richesse vers le sommet de la pyramide sociale. En revanche, les classes moyennes et les plus modestes ont surtout pâti des réductions de certaines prestations sociales (allocation logement, indemnités chômage). La réforme de l’assurance chômage s’inscrit dans une continuité de décisions politiques qui privilégient les plus favorisés aux dépens des plus vulnérables.

    Le calcul budgétaire de cette réforme est incertain

    Les effets cumulatifs des réductions de dépenses sociales sur les classes moyennes et populaires et des baisses d’impôts au profit des plus aisés risquent de creuser davantage les inégalités. En restreignant l’accès aux allocations chômage (l’éligibilité serait fixée à huit mois travaillés sur une période de vingt mois), cette réforme va directement toucher les plus précaires, notamment les personnes en fin de contrats à durée déterminée ou en période d’essai.

    Les moins de 25 ans notamment, qui ne sont pas éligibles au RSA, pourraient ainsi se trouver sans emploi et avec très peu de ressources. Au-delà des conséquences sociales potentielles d’une telle réforme, le calcul budgétaire de cette réforme est incertain : les économies générées par la réforme de l’assurance chômage (estimées à 3,6 milliards d’euros) pourraient être compensées par la hausse du recours au RSA. Ceci aurait pour conséquence de fragiliser l’équilibre budgétaire des départements, chargés du versement de cette prestation.

    Le système français d’indemnisation du chômage repose essentiellement sur un principe assurantiel : le chômage est un droit contributif, calculé par rapport à des cotisations versées. Par ses réformes successives, l’Etat fragilise progressivement ce principe fondateur de notre système de protection sociale. Pour corriger ses erreurs de pilotage budgétaire, le gouvernement décide ainsi de poursuivre la fragilisation du tissu social, au détriment de mesures plus justes comme des hausses d’impôts ciblées ou une véritable politique d’efficacité de la dépense publique.

    (1) Prévisions financières de l’Unédic, février 2024.

    (2) Insee, « Portrait social 2023 », novembre 2023.

    (3) Cour des comptes, « Rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques », 2023.

    (4) Mission d’information sur la dégradation des finances publiques depuis 2023, audition conjointe d’économistes, Sénat, 15 mai 2024.

    (5) Effets redistributifs des mesures socio-fiscales du quinquennat 2017-2022 à destination des ménages, Institut des politiques publiques (IPP), mars 2022.

    (6) Comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital – Rapport final, France Stratégie, octobre 2023.

    #chômeurs #chômage #guerre_aux_pauvres

  • Violette, on t’aime ! Et merci Libé | Libé | 22.04.24

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/pourquoi-jai-demande-lannulation-de-la-conference-hassan-melenchon-a-luni

    Tribune

    par Violette SPILLEBOUT, députée de la 9e circonscription du Nord (Renaissance)
    publié le 22 avril 2024 à 17h02

    Ils crient, s’offusquent, s’insurgent… C’est la liberté d’expression qu’on assassine ! tonnent-ils avec des accents révolutionnaires, destinés à effrayer leurs partisans et à tétaniser leurs opposants. Pour l’immense majorité des élus LFI et ceux qu’ils bernent, ce principe sacré est le nouveau credo de leurs manœuvres politiques. Peu leur importe de franchir le point Godwin, ce seuil où l’on bascule dans l’excès absolu et le ridicule, dans l’espoir de discréditer ses contradicteurs ou d’étouffer un débat. Sacré ironie n’est-ce pas ? Au nom de leur liberté, nous devrions donc tous la boucler. Telle est la conception de la liberté d’expression de Jean-Luc Mélenchon, de ses affidés et de certains de ses partenaires de la Nupes.

    Les mêmes qui réclament avec fracas l’interdiction de CNews ou autres médias dont les idées les insupportent ; les mêmes qui encouragent parfois leurs militants à perturber les meetings d’adversaires ; les mêmes qui sanctionnent à l’Assemblée nationale des élus de leurs propres partis pour leurs prises de parole dissonantes… Ces tartuffes de la liberté de parole, qui multiplient les procès en sorcellerie, ont pourtant décidé d’exploiter jusqu’à la nausée ce filon, après qu’un de leur sulfureux meeting avec Rima Hassan – sous le coup d’une enquête pour apologie du terrorisme –, ait été annulé dans une université. Celle de Lille en l’occurrence.

    Députée du Nord, je me suis opposée à cette opération d’embrigadement, présentée comme une conférence qui aurait été bien éloignée d’un moment de dialogue apaisé et pluriel. Parce que cette réunion était bel et bien un meeting, en pleine campagne des européennes. C’est précisément ce dont M. Mélenchon s’exaspère. L’un de ses meetings électoraux aurait été empêché. Mais de quelle liberté parle-t-on ?

    Dans une incroyable pirouette, et en totale hypocrisie, LFI prétend être victime de censure. Ce fracas, visant à se victimiser en diabolisant l’adversaire, doit être dénoncé avec force.
    [...]
    Le fracas organisé par LFI, qui, en réalité, a pu tenir librement son meeting à Roubaix, puis son rassemblement à Lille-Moulins, ne doit pas assourdir le débat et occulter les véritables périls démocratiques. La liberté d’expression de LFI n’est aucunement en danger. La liberté d’expression au sein des universités, elle, est bel et bien menacée. A défaut de pluralisme, elles sont le jouet des prosélytes qui rêvent d’y faire régner la terreur intellectuelle.

    Je continuerai de m’opposer de toutes mes forces au noyautage des facultés par toute pensée unique. Précisément, au nom de la liberté d’expression.

    • en français, on dit : « après qu’un de leurs meeting A été annulé »

      me semble avoir lu, par ailleurs, que contrairement à ce que prétend la dame, le meeting n’a pas pu se tenir dans une autre salle.

    • Et sinon, petit tour du propriétaire assez complet chez Mediapart hier soir : https://www.mediapart.fr/journal/france/230424/apologie-du-terrorisme-mathilde-panot-convoquee-derniere-d-une-longue-list

      la conclusion :

      « À titre personnel, je me demande quand je vais être convoquée par la police, vu le peu de bases dont elle dispose pour accuser les uns et les autres. Le seul fait de dire que tout n’a pas commencé le 7 octobre devient de l’apologie du terrorisme » - Anne Tuaillon, présidente de l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS).

      et le chapo

      385 signalements pour des propos liés à la guerre au Proche-Orient ont été transmis à la justice entre le 7 octobre et le 31 décembre 2023. Une enquête a été lancée dans presque tous les cas.

    • Important, et pourtant pas commenté publiquement :

      385 signalements […] Une enquête a été lancée dans presque tous les cas.

      Ce qui signifie qu’on a 4 ou 5 personnes « connues », et derrière 380 anonymes qui sont en train de se taper une procédure pour apologie du terrorisme, et ces 380 sont seuls face au système, parce qu’on ne parle que de la poignée de personnalités politiques ou syndicales.

      Et ainsi, même si, comme pour Meurice, les procédures vont s’éteindre pour les vedettes, les 380 derrières risquent d’en prendre plein la gueule dans le silence général. Et le vraie répression sera là (comme pour les Gilets jaunes et les jeunes lors des révoltes des cités).

  • Giorgia Meloni assigne l’historien Luciano Canfora en justice pour diffamation, une aberration
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/giorgia-meloni-assigne-lhistorien-luciano-canfora-en-justice-pour-diffama

    Pour avoir qualifié la Première ministre italienne de « néonazie dans l’âme », le chercheur comparaît devant la justice italienne le 16 avril, alerte un collectif d’une centaine d’intellectuels et de journalistes. La dirigeante met l’Italie en coupe réglée et s’attaque à tous les contre-pouvoirs.
    –—
    A l’heure où les libertés académiques sont menacées partout dans le monde, nous, historiens, philologues, philosophes, éditeurs, journalistes, souhaiterions alerter l’opinion publique sur une affaire extrêmement grave, et qui n’a pourtant jusqu’à présent fait l’objet d’aucun article dans la presse française.

    Le 16 avril prochain aura lieu à Bari un procès sans exemple en Europe depuis 1945. L’historien #Luciano_Canfora, l’un des plus grands intellectuels italiens, est attaqué en #diffamation, à 81 ans, par nulle autre que la cheffe du gouvernement, Giorgia Meloni.

    Voici les faits qui lui sont reprochés : il y a deux ans, lors d’une conférence dans un lycée, Luciano Canfora a qualifié #Giorgia_Meloni de « néonazie dans l’âme ». Il faisait par là allusion au fait que le parti qu’elle dirige, Fratelli d’Italia, trouve ses origines historiques dans la « République de Salò » (1943-1945), sorte de protectorat #nazi gouverné par un #Mussolini Gauleiter du IIIe Reich, et qui fit régner dans l’#Italie du Nord un régime de terreur que les Italiens désignent couramment sous le nom de « nazifascisme ». Cette filiation est incontestable. Et de fait, Fratelli d’Italia arbore toujours la flamme tricolore du Mouvement social italien (MSI), dont le nom reprenait la titulature de #Salò : République sociale italienne (RSI).

    Le fondateur de ce parti, Giorgio Almirante (1914-1988) affirmait encore en 1987 que le fascisme était « le but ultime » (« il traguardo ») de son parti. Ces origines n’ont jamais été reniées par Giorgia Meloni, qui célébrait récemment Giorgio Almirante – rédacteur de la revue raciste et antisémite la Difesa della Razza (de 1938 à 1943), puis chef de cabinet d’un ministre de Salò – comme « un politique et un patriote, un grand homme que nous n’oublierons jamais », ni d’ailleurs par aucun des membres de son parti, à commencer par le président du Sénat, Ignazio La Russa, qui se vante d’avoir chez lui des bustes de Mussolini.

    Tous, systématiquement, refusent de se définir comme antifascistes : c’est comme si, en France, un gouvernement refusait de revendiquer l’héritage de la Résistance. De là des scènes pénibles, comme lorsque Ignazio La Russa, en visite au Mémorial de la Shoah en compagnie d’une rescapée des camps, la sénatrice Liliana Segre, répond aux journalistes qui lui demandaient s’il se sentait, ce jour-là, « antifasciste » : « N’avilissons pas ces occasions. »

    Giorgia Meloni n’a jamais condamné les manifestations néofascistes récentes, notamment celle qui a eu lieu récemment à Rome, Via Acca Larentia, ni les violences néofascistes comme le passage à tabac de lycéens à Florence l’an dernier, et elle s’est même permis – ce qui est une première en Italie – de tancer le président de la République, le très modéré Sergio Mattarella, parce que, conformément à ses fonctions de gardien de la Constitution, il avait protesté contre la violence inouïe avec laquelle la police avait réprimé des manifestations pacifistes d’étudiants à Pise et à Florence.

    Très loin de l’image modérée qu’elle projette sur la scène internationale, Giorgia Meloni est, en réalité, en train de mettre l’Italie en coupe réglée. Elle ne cache nullement son intention de faire évoluer l’Italie vers le modèle illibéral de la Pologne et de la Hongrie. « On pense que c’est inconcevable, mais cela pourrait arriver », déclarait en début d’année Giuliano Amato, ancien Premier ministre et président émérite de la Cour constitutionnelle. Peu après, et comme par hasard, le ministère de la Justice annulait à la dernière minute une présentation de son dernier livre devant les détenus d’une prison… C’est que cette politique comprend un volet culturel fondamental, qui n’épargne même pas un dessin animé comme Peppa Pig (un épisode montrait un jeune ours polaire élevé par un couple de lesbiennes). Il s’agit, comme l’affirmait Gianmarco Mazzi, secrétaire d’Etat à la Culture, de « changer la narration du pays ».

    Tous les contre-pouvoirs possibles sont visés : médias publics, institutions culturelles, animateurs vedettes, journalistes d’investigation, et bien sûr intellectuels. Une émission récente recensait un nombre de procès impressionnant (et la liste n’est pas exhaustive) : le ministre du Développement économique, Adolfo Urso, attaque La Repubblica et Report ; le ministre de la Défense, Guido Crosetto, attaque Domani et Il Giornale ; le Secrétaire d’Etat Giovanbattista Fazzolari attaque Domani, La Stampa et Dagospia.

    La sœur de Giorgia Meloni s’invite à la fête en attaquant en justice un caricaturiste du Fatto Quotidiano. Les deux sœurs se sont même associées pour poursuivre chacune de son côté Brian Molko, le chanteur du groupe britannique Placebo… On apprend maintenant que le ministre de l’Agriculture Francesco Lollobrigida, beau-frère de Giorgia Meloni, poursuit une professeure de philosophie de La Sapienza, Donatella di Cesare, mais aussi le recteur de l’université pour étrangers de Sienne, Tomaso Montanari. « Ils ont la peau délicate », ironise Pier Luigi Bersani (PD).

    C’est dans ce contexte que Giorgia Meloni a fait condamner le grand écrivain Roberto Saviano à 1 000 euros de dommages en première instance (elle en demandait 75 000) pour avoir osé traiter de « salauds » la Première ministre et son vice-Premier ministre Matteo Salvini suite à la mort d’un bébé sur un bateau de migrants : « Giorgia Meloni me considère comme un ennemi », expliquait l’écrivain. « Sa volonté et celle de ses associés au gouvernement est de m’anéantir. […]. Ils ont traîné en justice la parole, la critique politique. Ils ont contraint des juges à définir le périmètre dans lequel il est possible de critiquer le pouvoir », explique-t-il à Libération.

    Luciano Canfora, qui jouit d’une immense notoriété dans son pays, est donc la prochaine cible. « Un des succès de Giorgia Meloni », faisait observer Federico Fubini, du Corriere della Sera, « c’est qu’elle est parvenue à rendre presque impoli le fait de lui demander ce qu’elle pense du #fascisme  ». C’est précisément cette impolitesse qu’a osé commettre le savant helléniste.

    Nous sommes loin de partager tous les positionnements politiques de Luciano Canfora. Nous n’en sommes que plus libres pour affirmer son droit absolu à les exprimer. Bien plus : c’est notre devoir. Comme le formula si fortement l’un des plus grands juristes du siècle dernier, Oliver Wendell Holmes (1809-1894) : « S’il y a un principe […] qui exige plus impérieusement que tout autre d’être respecté, c’est le principe de la libre-pensée – non pas la liberté de pensée pour ceux qui sont d’accord avec vous, mais la liberté pour la pensée que vous détestez. » Freedom for the Thought That We Hate : ce fut le titre d’un grand livre d’Anthony Lewis. Il devient plus qu’urgent de le traduire.

    Toutes et tous, le mardi 16 avril, nous serons présents en pensée au tribunal de Bari, aux côtés du professeur Luciano Canfora.

    • Le bureau du procureur de Bari, à l’issue de l’audience préliminaire, a confirmé l’ouverture d’un procès, le 7 octobre prochain. « La Première ministre sera très certainement appelée pour témoigner à la barre », a souligné l’avocat de Luciano Canfora auprès de l’agence ANSA.

  • Les vrais défis pour l’École sont ailleurs | Stéphane Bonnéry, 31 août 2013
    https://www.contretemps.eu/defis-ecole-inegalites

    Les promoteurs des réformes de l’École au service du capitalisme sont là devant une contradiction : comment conduire 50 % d’une génération à bac+3 tout en dépensant le moins possible ? L’une des réponses esquissées par les décideurs repose sur le couplage qui se dessine entre le lycée et la licence. Sans que cela ne soit jamais dit, le gouvernement prépare le financement de l’augmentation du nombre d’étudiants en licence notamment par la réduction du nombre de lycéens. Il s’agit, avec ce rapprochement du lycée et de la licence, de créer un tuyau dans lequel il y aura le moins de déperditions possibles en cours de route. Un jeune dont les probabilités d’aller jusqu’à la licence sont faibles n’a pas sa place au lycée dans cette vision-là. [...]

    En amont du couple lycée-licence, dans les réformes et projets de réformes précédents, cela n’a jamais été dit, mais le lien entre les choses est trop évident : pour que seuls les jeunes qui ont une chance raisonnable de ne pas sombrer au lycée général dans de telles conditions accèdent à celui-ci, cela suppose de faire le tri en amont du lycée. Et donc de couper le collège du lycée (ce qui revêt pour les décideurs l’avantage annexe d’affaiblir la force de résistance du SNES). Le collège est alors rapproché de l’élémentaire, dans le cadre du socle commun : les uns n’auront que celui-ci pour horizon, qui marquera la sortie de l’École, tandis que les autres se verront enseigner davantage. Cette logique conduit, mécaniquement, à préparer progressivement des classes officiellement de niveaux, et même des établissements de niveaux : les uns établissements du socle, les autres établissements du programme complet.

    • Education : quand l’extrême droite dicte le programme d’Emmanuel Macron | par Jean-Paul Delahaye, le 26 mars 2024
      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/education-quand-lextreme-droite-dicte-le-programme-demmanuel-macron-20240

      Les groupes constitués au collège vont nécessairement instituer une séparation des contenus et des élèves avant même la fin de la scolarité obligatoire. C’est le think tank Fondapol, ancré à droite, qui a théorisé cette sortie de scolarité commune en 2012. Partant du constat qu’il existe « de terribles contradictions entre le discours homogénéisant de l’école républicaine et les réalités d’une société désormais fragmentée et multiculturelle » il faut, et la proposition a le mérite de la clarté, « organiser la différenciation des programmes pour répondre à la différenciation sociale et culturelle », afin « de mieux assurer l’égalité des chances (sic !) ».

      Cela ressemble tout de même beaucoup aux propos entendus récemment. Les responsables de Fondapol vont plus loin et proposent en conséquence de créer de nouveaux établissements pour les élèves en difficulté, des écoles qu’ils osent appeler en utilisant de façon scandaleuse la terminologie progressiste des années 70, « écoles fondamentales ». Dans ces écoles d’un nouveau genre, les enseignants seraient payés double (ce qui ne coûterait rien, car il y aurait moins de disciplines enseignées), qui se concentreraient sur trois matières : français, mathématiques et éducation physique et sportive, en opposition au « collège général » réservé aux élèves qui vont bien. On n’en est pas encore là mais faut-il s’y préparer ?

      L’Ifrap, think tank ultralibéral, ne disait pas autre chose en 2015 en parlant « d’échec massif » du collège unique : « Par aveuglement et par confusion idéologiques, nous avons collectivement refusé d’admettre qu’à des élèves différents les uns des autres, il ne faut pas, au nom de l’égalité des chances, proposer les mêmes choses (même accommodées à la “sauce” interdisciplinaire ou transdisciplinaire ou artistico-culturelle) mais bien des contenus, des méthodes et des perspectives de formation différenciés. » On retrouve là les propos séparatistes d’Alfred Fouillée à la fin du XIXe siècle qui pouvait déclarer : « Il est douteux qu’à vouloir tout mêler, on puisse tout élever. »

      Le Rassemblement national n’est pas en reste et a fourni au gouvernement des éléments de la boîte à outils destinés à démolir le projet d’école démocratique. Pour le RN, la « baisse constante du niveau » a une cause : le mérite et l’exigence auraient « laissé la place au nivellement par le bas ». Le « bas », si on comprend bien, c’est le peuple, quel mépris… [...]

      La labellisation des manuels scolaires voulue par Gabriel Attal ? C’est une proposition du RN : « Reprendre en main le contenu et les modalités des enseignements. Le détail des programmes et les labels validant les manuels scolaires relèveront du ministre de l’Education nationale. »

      Le diplôme du brevet qui devient un examen d’orientation ? C’est encore une proposition du RN : « Pour redonner au collège une place centrale dans la réussite des élèves, le diplôme national du brevet deviendra donc un examen d’orientation post-3e : en fonction des résultats de l’élève et de ses bulletins scolaires, celui-ci sera orienté vers l’enseignement général et technologique, vers l’enseignement professionnel ou vers l’enseignement des métiers par l’apprentissage. » Notons que le gouvernement va plus loin en décidant que le diplôme du brevet devienne obligatoire pour passer en seconde, quelle qu’elle soit.

      Le port d’un uniforme par les élèves ? C’est toujours le RN : « Port d’un uniforme à l’école primaire et au collège. »

      Finalement, l’extrême droite est déjà à la manœuvre dans le domaine éducatif comme elle l’est sur d’autres sujets.

      En conduisant cette politique de restauration pas très républicaine, les actuels gouvernants disent aux enfants issus des milieux populaires que le collège ne sera jamais pensé pour eux et qu’en conséquence, ils doivent aller voir ailleurs. Pour eux, le collège, qui devrait pourtant être le bien commun de tous les citoyens, n’a pas à s’adapter à tous les élèves. Propriété, de fait, des élites intellectuelles et économiques qui en ont fait un petit lycée général, le collège doit accomplir la mission dans laquelle on l’a enfermé : trier et « orienter » les élèves non conformes.

  • La France vit un tournant de son histoire (rien que ça) | Tribune / Libé | 22.01.24

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/loi-immigration-les-francais-ne-sont-pas-fachos-20240122_SNPBBTH7RJHJ5DBC

    Louis Maurin, Directeur de l’Observatoire des inégalités

    La France vit un tournant de son histoire. La loi sur l’immigration votée par le Parlement consacre l’emprise du Rassemblement national (RN) dans notre vie politique. Les parlementaires votent presque tous les deux ans une loi sur le sujet, mais jamais ils n’étaient allés aussi loin. La décision du Conseil constitutionnel ne changera rien, le mal est fait.
    [...]
    L’extrême droite a réussi à imposer au sein d’une large partie des élites l’idée que « les Français » rejettent les étrangers, mais aussi que ce serait la raison de son succès dans les [b]urnes. Pour certains élus, en particulier chez Les Républicains (LR), la solution pour se rapprocher du peuple serait de s’aligner sur le discours du RN, en faisant jouer aux étrangers le rôle de bouc émissaire. Cette thèse, alimentée par les sondeurs, a contaminé un univers politique très large, y compris à gauche, et de médias éloignés de l’extrême droite mais qui y croient sincèrement. Nombre de militants et militantes pensent aussi que « les Français veulent moins d’immigrés ».

    De plus en plus fachos ? C’est mal connaître notre société et les valeurs profondes des Français.
    [...]
    quand on s’intéresse aux études qui mesurent l’opinion en profondeur (1). De moins en moins estiment que les immigrés sont trop nombreux. Et encore, ces enquêtes mélangent la part des « tout à fait d’accord » et « plutôt d’accord », deux positions très différentes si on y réfléchit un instant. Ainsi, la part de Français tout à fait d’accord avec l’affirmation « il y a trop d’immigrés est France » est passée, selon Kantar-Sofres, de 28 % en 2014 à 20 % en 2023.

    (1) « Rapport 2022 sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie », de la CNCD, mars 2023, Documentation française.

    • Le drame pour notre démocratie s’est joué au sein d’un petit groupe d’hommes et de femmes au Parlement en quelques jours, avec très peu de débats. Les 349 députés qui ont voté cette loi ont maintenant du temps pour méditer la portée de leur acte. Celui-ci résonnera dans notre histoire comme une atteinte majeure aux valeurs de la République française. Vis-à-vis d’eux-mêmes, de leurs proches et du pays tout entier, ils devront en porter le poids. Qu’ils y réfléchissent maintenant.

  • Tribune : Nous refusons que Sylvain Tesson parraine le Printemps des poètes, par un collectif dont Baptiste Beaulieu, Chloé Delaume, Jean D’Amérique…
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/nous-refusons-que-sylvain-tesson-parraine-le-printemps-des-poetes-par-un-

    Plus de 1200 poétesses, poètes, éditrices et éditeurs, libraires, actrices et acteurs de la scène culturelle française refusent la nomination de Sylvain Tesson, qu’ils considèrent comme une « icône réactionnaire », comme parrain du Printemps des poètes 2024.

  • « Ne muselez pas le Lycée autogéré de Paris, il m’a permis de me construire »
    https://reporterre.net/Ne-muselez-pas-le-Lycee-autogere-de-Paris-il-m-a-permis-de-me-construire

    Le Lycée autogéré de Paris « m’a permis d’accéder à une vie plus consciente, plus démocratique et épanouie », explique l’auteur de cette tribune, inquiet pour la sauvegarde de l’indépendance de l’établissement.
    Paolo Jacob, élève au Lycée autogéré de Paris de 2014 à 2016, est aujourd’hui documentariste.

    Personnellement, comme une majorité d’élèves, je suis venu au LAP non par affinité politique — je n’avais alors jamais entendu parler d’autogestion —, mais parce que ce lycée m’offrait la possibilité de poursuivre ma scolarité sans être projeté dans le monde du travail, sort que l’on réserve aux mauvais élèves comme je le fus depuis mon entrée à l’école.

    Je me rappelle du principal du collège Jules-Ferry, qui essayait de me convaincre de devenir électricien, métier par ailleurs très honorable, mais qui m’avait été plaqué dessus sans prendre en considération l’adolescent que j’étais. Et pourtant à l’époque, je cultivais déjà quelques passions en dehors de l’école, comme la photographie.
    [...]
    Mon constat, c’est qu’aucun professeur ne s’est penché sur mes difficultés, aucune administration, aucune assistante sociale, psychologue n’est entré en intimité avec l’adolescent que j’étais pour l’aider à sortir de cette torpeur qui dura des années.
    [...]
    Dans le système scolaire traditionnel, nous sommes scindés, nous ne faisons pas partie prenante du collectif, nous n’apprenons pas à réfléchir ni à dialoguer ensemble, à nous sentir coresponsables de l’apprentissage de nos camarades. Nos intuitions, notre curiosité, nos désirs, notre expressivité sont perçus comme des freins à une pédagogie normative.

    Le LAP, au contraire, les valorise. C’est à la fin de ma troisième, alors que mes résultats étaient toujours aussi catastrophiques, que j’entendis parler du Lycée autogéré. J’y entrai en classe de seconde.

    Pour moi, le LAP a d’abord été une respiration. Dans ce nouveau système de valeurs, j’ai pu prendre le temps de trouver mes marques, de m’octroyer des libertés sans en être sanctionné.

    Au LAP, il n’y a nulle autorité pour te faire fermer ton clapet par abus de pouvoir. Nous sommes responsables de notre relation aux autres et ne nous cachons pas derrière une fonction et une hiérarchie. La libre expression laisse à chacun sa place, aux grandes gueules comme aux plus timides, qui sont encouragés à participer lors de rassemblements hebdomadaires.

    Dans ce système où je pouvais exister en tant que personne, ma relation autrefois conflictuelle aux professeurs a aussitôt disparu. Ces derniers sont devenus des alliés dans ma scolarité.
    [...]
    J’ai côtoyé là-bas nombre de lycéens qui ont pu s’octroyer du temps pour approfondir une pratique, bénéficiant d’une infrastructure et de l’accompagnement des professeurs et de leurs camarades pour se mettre à fond dans la musique, la cuisine ou encore le théâtre.

    Moi-même j’ai pu sérieusement travailler ma pratique de la photographie, notamment sous l’impulsion d’une professeure passionnée et curieuse de mon travail. Je passais des heures au laboratoire de photo argentique du lycée. Je m’y perdais, souvent seul et en silence, à la redécouverte des images que j’avais capturées lors de mes excursions dans Paris. Ces moments d’exploration sont à l’origine de mes aspirations actuelles de documentariste.

    #éducation #lycée_autogéré_de_Paris #LAP

    • Comment pouvons-nous encore nous considérer dans une société démocratique si l’enseignement empêche les élèves de se coconstruire dans leurs discours et dans leurs actes ? L’école conventionnelle ne laisse pas de temps à l’intelligence et à l’organisation collective, elle pousse chacun à la docilité, au respect des normes et des croyances établies. Sur quelle vérité repose ce système ? Celle qui croit que l’enfant est inférieur, trop bête pour pouvoir agir et penser avec autonomie ? Quelles études, quels diplômes, quelles contraintes faut-il encaisser avant d’être jugé apte à penser par soi-même ?

      Aujourd’hui, le caractère alternatif du LAP est remis en cause par les institutions. Après le refus du recteur de l’Académie de Paris de renouveler en l’état la convention dérogatoire du lycée (juin 2022), le ministère de l’Éducation a diligenté une enquête administrative pour évaluer sa pédagogie : le temps consacré aux ateliers, espaces de découverte et d’ouverture ne nuit-il pas au temps d’apprentissage académique ? L’absence d’obligation de présence pour les élèves n’est-elle pas nuisible ? Etc.

      Isolés du projet d’ensemble — l’apprentissage de l’autonomie et de l’esprit critique —, les points relevés peuvent sembler problématiques. Mais, personnellement, c’est cette pratique de la liberté et de la joie d’apprendre qui m’a permis d’accéder à une vie plus consciente, plus démocratique et épanouie. À ce titre, l’héritage du LAP est infiniment précieux, et il nous faut sauvegarder son indépendance.

    • Le seul lycée autogéré de Paris doit le rester
      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/le-seul-lycee-autogere-de-paris-doit-le-rester-20231123_7NFFIEAB6RDYZKHS2

      Les attaques menées depuis 2022 contre le LAP visent à rentabiliser et à normaliser son fonctionnement. Supprimer la libre fréquentation et l’autogestion par la mise en place d’une autorité institutionnelle reviendrait à vider l’expérience de son contenu, dénonce un collectif de personnalités civiles dont Etienne Balibar, Annie Ernaux, Philippe Meirieu, Nancy Huston ou encore Catherine Corsini.

  • Merci Macron ! Tribune de la CIIVISE démissionnaire | Libé | 04.01.24

    ou comment se faire nikeR et trainer dans la boue pour pas un rond

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/inceste-la-ciivise-change-et-nous-sommes-tres-inquiets-par-douze-membres-

    Alors que la nouvelle Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) vient d’être nommée, douze anciens membres dénoncent des propos inexacts qui mettent en cause leur travail.

    par Douze anciens membres de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise)
    publié le 4 janvier 2024 à 6h58

    Dans le sillage du mouvement #MeToo et de son corollaire #MeTooInceste, mouvements historiques de libération de la parole des survivant·e·s de violences sexuelles, nous avons reçu, avec gravité, la mission qui nous a été confiée par le président de la République en janvier 2021.

    La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a inscrit son action dans un mouvement sociétal historique où plus de 80 000 personnes avaient déjà témoigné sur le réseau social Twitter (renommé X). Nous rappelons ici avec circonspection la conclusion puissante du discours du Président le 24 janvier 2021 « On est là. On vous écoute. On vous croit. Et vous ne serez plus jamais seuls. » Sur ces mots, nous avons bâti le socle doctrinal nécessaire pour combattre l’impunité des crimes sexuels sur les enfants.

    Aux côtés de Nathalie Mathieu, coprésidente de la Ciivise, et du magistrat Edouard Durand, nous avons structuré collectivement les principes qui nous paraissent essentiels à la définition d’une politique publique d’envergure, adaptée et efficace face à l’ampleur des crimes et de la souffrance perpétuelle. Les 82 préconisations que nous avons présentées pour cela forment un tout, un corpus cohérent qu’il est dangereux d’utiliser à la carte.

    La Ciivise fut indépendante. C’était la condition première de l’entreprise de vérité souhaitée par le Président. Nous avons assumé cette indépendance au risque de déplaire, au risque de bousculer ce qui empêche durablement la libération de la parole : le doute des adultes, les pressions sociétales, l’omerta. Ce fut l’opportunité inespérée de créer l’espace d’une justice transitionnelle adaptée (1), où la reconnaissance de la gravité des actes et la réconciliation peuvent coexister si les victimes le souhaitent.

    La cohérence entre le discours présidentiel et le dispositif proposé par la Ciivise nous a permis de recueillir près de 30 000 témoignages en deux ans. Par la confiance en cette simple promesse d’écouter et d’entendre ce qu’elles avaient à dire, ces personnes nous ont confiés – pour beaucoup – qu’ils et elles avaient attendu ce moment toute leur vie.

    C’est d’abord pour être capable de soutenir encore le regard de ces personnes que nous avons choisi collectivement de démissionner de nos fonctions au sein de la Ciivise le 14 décembre dernier. Nous avons fait cela par fidélité à toutes les personnes rencontrées et par fidélité à la mission que nous avait confiée le président Emmanuel Macron.

    Par cette démission nous dénonçons aussi la gestion pour le moins chaotique de l’après Ciivise. La majorité de ses membres a écrit à la secrétaire d’Etat à l’Enfance, Charlotte Caubel, pour lui demander le maintien de la Ciivise et de confirmer Edouard Durand à sa présidence, nous n’avons reçu aucune réponse.

    La Ciivise a restitué le 20 novembre dernier trois années de travail, trois années d’engagement, d’expertises et de fidélité à la parole des victimes. 1 000 personnes étaient présentes. Mais aucune représentation gouvernementale n’a daigné venir.

    Aujourd’hui, nous sommes contraints de dénoncer des propos inexacts qui mettent en cause notre travail et le fonctionnement de la Ciivise.

    Nous tenons à l’affirmer clairement, il n’y a pas eu de dysfonctionnements au sein de la Ciivise, comme l’a laissée entendre la secrétaire d’Etat chargée de l’enfance. Au contraire les 30 000 témoignages, les avis, les rapports démontrent que la Ciivise sous la conduite des coprésidents a rempli sa mission.

    La secrétaire d’Etat affirme que neuf membres auraient claqué la porte au cours du mandat, nous sommes témoins du contraire. Seuls deux membres ont démissionné, dont Caroline Rey-Salmon, la nouvelle vice-présidente de la Ciivise, et cela en raison de désaccords de fond sur la protection des enfants, notamment sur l’obligation de signalement des violences par les médecins que, nous, nous réclamons.

    On a aussi reproché à la Ciivise son approche féministe, ce qui est scandaleux. Cette approche adapte pourtant nos préconisations à la réalité. 80 % des victimes sont des filles et 97 % des agresseurs sont des hommes, dont 3 % seulement sont condamnés. La France entière reste incrédule devant cette attitude.

    Naturellement, nous avons eu des débats, nous avons pu exprimer des désaccords. Plutôt que de rechercher des dysfonctionnements inexistants, il conviendrait de saluer que notre collectif de bénévoles sous l’impulsion de nos coprésidents soit resté opérationnel. Cette situation, résolument hostile et opposée aux propres paroles du président de la République, conduit aujourd’hui de nombreuses personnes à demander à la Ciivise de retirer leurs témoignages. Ultime scandale.

    Il était pourtant temps de passer de « je te crois » à « je te protège », et non de fracturer la confiance et de détruire cet investissement collectif. Fidèles à nos engagements, nous ferons vivre ce rapport pour le rendre accessible au plus grand nombre et lutter contre les violences sexuelles faites aux enfants.


    (1) L’ONU définit la justice transitionnelle comme « l’éventail complet des divers processus et mécanismes mis en œuvre par une société pour tenter de faire face à des exactions massives commises dans le passé, en vue d’établir les responsabilités, de rendre la justice et de permettre la réconciliation », ONU-Haut Commissariat aux droits de l’homme.

  • Affaire Depardieu : l’art n’est pas un totem d’impunité
    Alexandra Lamy, Thomas Jolly, Muriel Robin, Swann Arlaud… un collectif de plus 150 personnalités du monde de la culture réagissent à la tribune de soutien à l’acteur Gérard Depardieu. Défendre l’art, c’est aussi dire qu’être artiste ne doit pas nous exonérer de toute responsabilité.
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/affaire-depardieu-lart-nest-pas-un-totem-dimpunite-20240101_QZ4M2RIAAFDKD

    Jacques Weber : Coupable
    Signataire de la tribune « N’effacez pas Gérard Depardieu » parue dans Le Figaro, je mesure chaque jour mon aveuglement et je veux le dire clairement. Oui, ma signature était un autre viol.
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-weber/blog/010124/coupable

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/01/01/depardieu-contre-tribune-des-artistes/#comment-59892

    • Raniero Panzieri, Mario Tronti, Gaspare De Caro, Toni Negri (Turin, 1962)

      Conférence de Potere operaio à l’Université de Bologne en 1970.

      Manifestation de Potere operaio à Milan en 1972.

      Negri lors de son procès après la rafle du 7 avril 1979

      #Toni_Negri
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Toni_Negri

      Lénine au-delà de Lénine, Toni Negri (extrait de 33 Leçons sur Lénine), 1972-1973
      http://revueperiode.net/lenine-au-dela-de-lenine

      Domination et sabotage - Sur la méthode marxiste de transformation sociale, Antonio Negri (pdf), 1977
      https://entremonde.net/IMG/pdf/a6-03dominationsabotage-0-livre-high.pdf

      L’Anomalie sauvage d’Antonio Negri, Alexandre Matheron, 1983
      https://books.openedition.org/enseditions/29155?lang=fr

      Sur Mille Plateaux, Toni Negri, Revue Chimères n° 17, 1992
      https://www.persee.fr/doc/chime_0986-6035_1992_num_17_1_1846

      Les coordinations : une proposition de communisme, Toni Negri, 1994
      https://www.multitudes.net/les-coordinations-une-proposition

      Le contre-empire attaque, entretien avec Toni Negri, 2000
      https://vacarme.org/article28.html

      [#travail #multitude_de_singularités à 18mn] : Toni Negri, 2014
      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/actualite-philosophique-toni-negri-5100168

      à l’occasion de la parution du Hors-Série de Philosophie Magazine sur le thème, les philosophes et le #communisme.

      Socialisme = soviets + électricité, Toni Negri, 2017
      http://revueperiode.net/les-mots-dordre-de-lenine

      L’appropriation du capital fixe : une métaphore ?
      Antonio Negri, Multitudes 2018/1 (n° 70)
      https://www.cairn.info/revue-multitudes-2018-1-page-92.htm

      Domination et sabotage - Entretien avec Antonio Negri, 2019
      https://vacarme.org/article3253.html

    • Les nécros de Ration et de L’imMonde ont par convention une tonalité vaguement élogieuse mais elles sont parfaitement vides. Celle de l’Huma parait plus documentée mais elle est sous paywall...

      edit L’Huma c’est encore et toujours la vilaine bêtise stalinienne :

      Figure de prou de "l’opéraïsme" dans les années 1960, arrêté durant les années de plomb en Italie, penseur de la "multitude" dans les années 2000, le théoricien politique, spécialiste de la philosophie du droit et de Hegel, est mort à Paris à l’âge de 90 ans.
      Pierre Chaillan

      (...) Figure intellectuelle et politique, il a traversé tous les soubresauts de l’histoire de l’Italie moderne et restera une grande énigme au sein du mouvement communiste et ouvrier international . Né le 1er août 1933 dans l’Italie mussolinienne, d’un père communiste disparu à la suite de violences infligées par une brigade fasciste, Antonio Negri est d’abord militant de l’Action catholique avant d’adhérer en 1956 au Parti socialiste italien, qu’il quittera rapidement.

      Le théoricien, animateurs de “l’opéraïsme”

    • Un journaliste du Monde « Gauchologue et fafologue / Enseigne @sciencespo » diffuse sur X des extraits de l’abject "Camarade P38" du para-policier Fabrizio Calvi en prétendant que cette bouse « résume les critiques ».
      Mieux vaut se référer à EMPIRE ET SES PIÈGES - Toni Negri et la déconcertante trajectoire de l’opéraïsme italien, de Claudio Albertani https://infokiosques.net/spip.php?article541

    • #opéraïsme

      http://www.zones-subversives.com/l-op%C3%A9ra%C3%AFsme-dans-l-italie-des-ann%C3%A9es-1960

      Avant l’effervescence de l’Autonomie italienne, l’opéraïsme tente de renouveler la pensée marxiste pour réfléchir sur les luttes ouvrières. Ce mouvement politique et intellectuel se développe en Italie dans les années 1960. Il débouche vers une radicalisation du conflit social en 1968, et surtout en 1969 avec une grève ouvrière sauvage. Si le post-opéraïsme semble relativement connu en France, à travers la figure de Toni Negri et la revue Multitudes, l’opéraïsme historique demeure largement méconnu.

      Mario Tronti revient sur l’aventure de l’opéraïsme, à laquelle il a activement participé. Son livre articule exigence théorique et témoignage vivant. Il décrit ce mouvement comme une « expérience de pensée - d’un cercle de personnes liées entre elles indissolublement par un lien particulier d’amitié politique ». La conflictualité sociale et la radicalisation des luttes ouvrières doit alors permettre d’abattre le capitalisme.

    • IL SECOLO BREVE DI TONI NEGRI, Ago 17, 2023,
      di ROBERTO CICCARELLI.

      http://www.euronomade.info/?p=15660

      Toni Negri hai compiuto novant’anni. Come vivi oggi il tuo tempo?

      Mi ricordo Gilles Deleuze che soffriva di un malanno simile al mio. Allora non c’erano l’assistenza e la tecnologia di cui possiamo godere noi oggi. L’ultima volta che l’ho visto girava con un carrellino con le bombole di ossigeno. Era veramente dura. Lo è anche per me oggi. Penso che ogni giorno che passa a questa età sia un giorno di meno. Non hai la forza di farlo diventare un giorno magico. È come quando mangi un buon frutto e ti lascia in bocca un gusto meraviglioso. Questo frutto è la vita, probabilmente. È una delle sue grandi virtù.

      Novant’anni sono un secolo breve.

      Di secoli brevi ce ne possono essere diversi. C’è il classico periodo definito da Hobsbawm che va dal 1917 al 1989. C’è stato il secolo americano che però è stato molto più breve. È durato dagli accordi monetari e dalla definizione di una governance mondiale a Bretton Woods, agli attentati alle Torri Gemelle nel settembre 2001. Per quanto mi riguarda il mio lungo secolo è iniziato con la vittoria bolscevica, poco prima che nascessi, ed è continuato con le lotte operaie, e con tutti i conflitti politici e sociali ai quali ho partecipato.

      Questo secolo breve è terminato con una sconfitta colossale.

      È vero. Ma hanno pensato che fosse finita la storia e fosse iniziata l’epoca di una globalizzazione pacificata. Nulla di più falso, come vediamo ogni giorno da più di trent’anni. Siamo in un’età di transizione, ma in realtà lo siamo sempre stati. Anche se sottotraccia, ci troviamo in un nuovo tempo segnato da una ripresa globale delle lotte contro le quali c’è una risposta dura. Le lotte operaie hanno iniziato a intersecarsi sempre di più con quelle femministe, antirazziste, a difesa dei migranti e per la libertà di movimento, o ecologiste.

      Filosofo, arrivi giovanissimo in cattedra a Padova. Partecipi a Quaderni Rossi, la rivista dell’operaismo italiano. Fai inchiesta, fai un lavoro di base nelle fabbriche, a cominciare dal Petrolchimico di Marghera. Fai parte di Potere Operaio prima, di Autonomia Operaia poi. Vivi il lungo Sessantotto italiano, a cominciare dall’impetuoso Sessantanove operaio a Corso Traiano a Torino. Qual è stato il momento politico culminante di questa storia?

      Gli anni Settanta, quando il capitalismo ha anticipato con forza una strategia per il suo futuro. Attraverso la globalizzazione, ha precarizzato il lavoro industriale insieme all’intero processo di accumulazione del valore. In questa transizione, sono stati accesi nuovi poli produttivi: il lavoro intellettuale, quello affettivo, il lavoro sociale che costruisce la cooperazione. Alla base della nuova accumulazione del valore, ci sono ovviamente anche l’aria, l’acqua, il vivente e tutti i beni comuni che il capitale ha continuato a sfruttare per contrastare l’abbassamento del tasso di profitto che aveva conosciuto a partire dagli anni Sessanta.

      Perché, dalla metà degli anni Settanta, la strategia capitalista ha vinto?

      Perché è mancata una risposta di sinistra. Anzi, per un tempo lungo, c’è stata una totale ignoranza di questi processi. A partire dalla fine degli anni Settanta, c’è stata la soppressione di ogni potenza intellettuale o politica, puntuale o di movimento, che tentasse di mostrare l’importanza di questa trasformazione, e che puntasse alla riorganizzazione del movimento operaio attorno a nuove forme di socializzazione e di organizzazione politica e culturale. È stata una tragedia. Qui che appare la continuità del secolo breve nel tempo che stiamo vivendo ora. C’è stata una volontà della sinistra di bloccare il quadro politico su quello che possedeva.

      E che cosa possedeva quella sinistra?

      Un’immagine potente ma già allora inadeguata. Ha mitizzato la figura dell’operaio industriale senza comprendere che egli desiderava ben altro. Non voleva accomodarsi nella fabbrica di Agnelli, ma distruggere la sua organizzazione; voleva costruire automobili per offrirle agli altri senza schiavizzare nessuno. A Marghera non avrebbe voluto morire di cancro né distruggere il pianeta. In fondo è quello che ha scritto Marx nella Critica del programma di Gotha: contro l’emancipazione attraverso il lavoro mercificato della socialdemocrazia e per la liberazione della forza lavoro dal lavoro mercificato. Sono convinto che la direzione presa dall’Internazionale comunista – in maniera evidente e tragica con lo stalinismo, e poi in maniera sempre più contraddittoria e irruente -, abbia distrutto il desiderio che aveva mobilitato masse gigantesche. Per tutta la storia del movimento comunista è stata quella la battaglia.

      Cosa si scontrava su quel campo di battaglia?

      Da un lato, c’era l’idea della liberazione. In Italia è stata illuminata dalla resistenza contro il nazi-fascismo. L’idea di liberazione si è proiettata nella stessa Costituzione così come noi ragazzi la interpretammo allora. E in questa vicenda non sottovaluterei l’evoluzione sociale della Chiesa Cattolica che culminò con il Secondo Concilio Vaticano. Dall’altra parte, c’era il realismo ereditato dal partito comunista italiano dalla socialdemocrazia, quello degli Amendola e dei togliattiani di varia origine. Tutto è iniziato a precipitare negli anni Settanta, mentre invece c’era la possibilità di inventare una nuova forma di vita, un nuovo modo di essere comunisti.

      Continui a definirti un comunista. Cosa significa oggi?

      Quello che per me ha significato da giovane: conoscere un futuro nel quale avremmo conquistato il potere di essere liberi, di lavorare meno, di volerci bene. Eravamo convinti che concetti della borghesia quali libertà, uguaglianza e fraternità avrebbero potuto realizzarsi nelle parole d’ordine della cooperazione, della solidarietà, della democrazia radicale e dell’amore. Lo pensavamo e lo abbiamo agito, ed era quello che pensava la maggioranza che votava la sinistra e la faceva esistere. Ma il mondo era ed è insopportabile, ha un rapporto contraddittorio con le virtù essenziali del vivere insieme. Eppure queste virtù non si perdono, si acquisiscono con la pratica collettiva e sono accompagnate dalla trasformazione dell’idea di produttività che non significa produrre più merci in meno tempo, né fare guerre sempre più devastanti. Al contrario serve a dare da mangiare a tutti, modernizzare, rendere felici. Comunismo è una passione collettiva gioiosa, etica e politica che combatte contro la trinità della proprietà, dei confini e del capitale.

      L’arresto avvenuto il 7 aprile 1979, primo momento della repressione del movimento dell’autonomia operaia, è stato uno spartiacque. Per ragioni diverse, a mio avviso, lo è stato anche per la storia del «manifesto» grazie a una vibrante campagna garantista durata anni, un caso giornalistico unico condotto con i militanti dei movimenti, un gruppo di coraggiosi intellettuali, il partito radicale. Otto anni dopo, il 9 giugno 1987, quando fu demolito il castello di accuse cangianti, e infondate, Rossana Rossanda scrisse che fu una «tardiva, parziale riparazione di molto irreparabile». Cosa significa oggi per te tutto questo?

      È stato innanzitutto il segno di un’amicizia mai smentita. Rossana per noi è stata una persona di una generosità incredibile. Anche se, a un certo punto, si è fermata anche lei: non riusciva a imputare al Pci quello che il Pci era diventato.

      Che cosa era diventato?

      Un oppressore. Ha massacrato quelli che denunciavano il pasticcio in cui si era andato a ficcare. In quegli anni siamo stati in molti a dirglielo. Esisteva un’altra strada, che passava dall’ascolto della classe operaia, del movimento studentesco, delle donne, di tutte le nuove forme nelle quali le passioni sociali, politiche e democratiche si stavano organizzando. Noi abbiamo proposto un’alternativa in maniera onesta, pulita e di massa. Facevamo parte di un enorme movimento che investiva le grandi fabbriche, le scuole, le generazioni. La chiusura da parte del Pci ha determinato la nascita di estremizzazioni terroristiche: questo è fuori dubbio. Noi abbiamo pagato tutto e pesantemente. Solo io ho fatto complessivamente quattordici anni di esilio e undici e mezzo di prigione. Il Manifesto ha sempre difeso la nostra innocenza. Era completamente idiota che io o altri dell’Autonomia fossimo considerati i rapitori di Aldo Moro o gli uccisori di compagni. Tuttavia, nella campagna innocentista che è stata coraggiosa e importante è stato però lasciato sul fondo un aspetto sostanziale.

      Quale?
      Eravamo politicamente responsabili di un movimento molto più ampio contro il compromesso storico tra il Pci e la Dc. Contro di noi c’è stata una risposta poliziesca della destra, e questo si capisce. Quello che non si vuol capire è stata invece la copertura che il Pci ha dato a questa risposta. In fondo, avevano paura che cambiasse l’orizzonte politico di classe. Se non si comprende questo nodo storico, come ci si può lamentare dell’inesistenza di una sinistra oggi in Italia?

      Il sette aprile, e il cosiddetto «teorema Calogero», sono stati considerati un passo verso la conversione di una parte non piccola della sinistra al giustizialismo e alla delega politica alla magistratura. Come è stato possibile lasciarsi incastrare in una simile trappola?

      Quando il Pci sostituì la centralità della lotta morale a quella economica e politica, e lo fece attraverso giudici che gravitavano attorno alla sua area, ha finito il suo percorso. Questi davvero credevano di usare il giustizialismo per costruire il socialismo? Il giustizialismo è una delle cose più care alla borghesia. È un’illusione devastante e tragica che impedisce di vedere l’uso di classe del diritto, del carcere o della polizia contro i subalterni. In quegli anni cambiarono anche i giovani magistrati. Prima erano molto diversi. Li chiamavano «pretori di assalto». Ricordo i primi numeri della rivista Democrazia e Diritto ai quali ho lavorato anch’io. Mi riempivano di gioia perché parlavamo di giustizia di massa. Poi l’idea di giustizia è stata declinata molto diversamente, riportata ai concetti di legalità e di legittimità. E nella magistratura non c’è più stata una presa di parola politica, ma solo schieramenti tra correnti. Oggi, poi abbiamo una Costituzione ridotta a un pacchetto di norme che non corrispondono neanche più alla realtà del paese.

      In carcere avete continuato la battaglia politica. Nel 1983 scriveste un documento in carcere, pubblicato da Il Manifesto, intitolato «Do You remember revolution». Si parlava dell’originalità del 68 italiano, dei movimenti degli anni Settanta non riducibili agli «anni di piombo». Come hai vissuto quegli anni?

      Quel documento diceva cose importanti con qualche timidezza. Credo dica più o meno le cose che ho appena ricordato. Era un periodo duro. Noi eravamo dentro, dovevamo uscire in qualche maniera. Ti confesso che in quell’immane sofferenza per me era meglio studiare Spinoza che pensare all’assurda cupezza in cui eravamo stati rinchiusi. Ho scritto su Spinoza un grosso libro ed è stato una specie di atto eroico. Non potevo avere più di cinque libri in cella. E cambiavo carcere speciale in continuazione: Rebibbia, Palmi, Trani, Fossombrone, Rovigo. Ogni volta in una cella nuova con gente nuova. Aspettare giorni e ricominciare. L’unico libro che portavo con me era l’Etica di Spinoza. La fortuna è stata finire il mio testo prima della rivolta a Trani nel 1981 quando i corpi speciali hanno distrutto tutto. Sono felice che abbia prodotto uno scossone nella storia della filosofia.

      Nel 1983 sei stato eletto in parlamento e uscisti per qualche mese dal carcere. Cosa pensi del momento in cui votarono per farti tornare in carcere e tu decidesti di andare in esilio in Francia?

      Ne soffro ancora molto. Se devo dare un giudizio storico e distaccato penso di avere fatto bene ad andarmene. In Francia sono stato utile per stabilire rapporti tra generazioni e ho studiato. Ho avuto la possibilità di lavorare con Félix Guattari e sono riuscito a inserirmi nel dibattito del tempo. Mi ha aiutato moltissimo a comprendere la vita dei Sans Papiers. Lo sono stato anch’io, ho insegnato pur non avendo una carta di identità. Mi hanno aiutato i compagni dell’università di Parigi 8. Ma per altri versi mi dico che ho sbagliato. Mi scuote profondamente il fatto di avere lasciato i compagni in carcere, quelli con cui ho vissuto i migliori anni della mia vita e le rivolte in quattro anni di carcerazione preventiva. Averli lasciati mi fa ancora male. Quella galera ha devastato la vita di compagni carissimi, e spesso delle loro famiglie. Ho novant’anni e mi sono salvato. Non mi rende più sereno di fronte a quel dramma.

      Anche Rossanda ti criticò…

      Sì, mi ha chiesto di comportarmi come Socrate. Io le risposi che rischiavo proprio di finire come il filosofo. Per i rapporti che c’erano in galera avrei potuto morire. Pannella mi ha materialmente portato fuori dalla galera e poi mi ha rovesciato tutte le colpe del mondo perché non volevo tornarci. Sono stati in molti a imbrogliarmi. Rossana mi aveva messo in guardia già allora, e forse aveva ragione.

      C’è stata un’altra volta che lo ha fatto?

      Sì, quando mi disse di non rientrare da Parigi in Italia nel 1997 dopo 14 anni di esilio. La vidi l’ultima volta prima di partire in un café dalle parti del Museo di Cluny, il museo nazionale del Medioevo. Mi disse che avrebbe voluto legami con una catena per impedirmi di prendere quell’aereo.

      Perché allora hai deciso di tornare in Italia?

      Ero convinto di fare una battaglia sull’amnistia per tutti i compagni degli anni Settanta. Allora c’era la Bicamerale, sembrava possibile. Mi sono fatto sei anni di galera fino al 2003. Forse Rossana aveva ragione.

      Che ricordo oggi hai di lei?

      Ricordo l’ultima volta che l’ho vista a Parigi. Una dolcissima amica, che si preoccupava dei miei viaggi in Cina, temeva che mi facessi male. È stata una persona meravigliosa, allora e sempre.

      Anna Negri, tua figlia, ha scritto «Con un piede impigliato nella storia» (DeriveApprodi) che racconta questa storia dal punto di vista dei vostri affetti, e di un’altra generazione.

      Ho tre figli splendidi Anna, Francesco e Nina che hanno sofferto in maniera indicibile quello che è successo. Ho guardato la serie di Bellocchio su Moro e continuo ad essere stupefatto di essere stato accusato di quella incredibile tragedia. Penso ai miei due primi figli, che andavano a scuola. Qualcuno li vedeva come i figli di un mostro. Questi ragazzi, in una maniera o nell’altra, hanno sopportato eventi enormi. Sono andati via dall’Italia e ci sono tornati, hanno attraversato quel lungo inverno in primissima persona. Il minimo che possono avere è una certa collera nei confronti dei genitori che li hanno messi in questa situazione. E io ho una certa responsabilità in questa storia. Siamo tornati ad essere amici. Questo per me è un regalo di una immensa bellezza.

      Alla fine degli anni Novanta, in coincidenza con i nuovi movimenti globali, e poi contro la guerra, hai acquisito una forte posizione di riconoscibilità insieme a Michael Hardt a cominciare da «Impero». Come definiresti oggi, in un momento di ritorno allo specialismo e di idee reazionarie e elitarie, il rapporto tra filosofia e militanza?

      È difficile per me rispondere a questa domanda. Quando mi dicono che ho fatto un’opera, io rispondo: Lirica? Ma ti rendi conto? Mi scappa da ridere. Perché sono più un militante che un filosofo. Farà ridere qualcuno, ma io mi ci vedo, come Papageno…

      Non c’è dubbio però che tu abbia scritto molti libri…

      Ho avuto la fortuna di trovarmi a metà strada tra la filosofia e la militanza. Nei migliori periodi della mia vita sono passato in permanenza dall’una all’altra. Ciò mi ha permesso di coltivare un rapporto critico con la teoria capitalista del potere. Facendo perno su Marx, sono andato da Hobbes a Habermas, passando da Kant, Rousseau e Hegel. Gente abbastanza seria da dovere essere combattuta. Di contro la linea Machiavelli-Spinoza-Marx è stata un’alternativa vera. Ribadisco: la storia della filosofia per me non è una specie di testo sacro che ha impastato tutto il sapere occidentale, da Platone ad Heidegger, con la civiltà borghese e ha tramandato con ciò concetti funzionali al potere. La filosofia fa parte della nostra cultura, ma va usata per quello che serve, cioè a trasformare il mondo e farlo diventare più giusto. Deleuze parlava di Spinoza e riprendeva l’iconografia che lo rappresentava nei panni di Masaniello. Vorrei che fosse vero per me. Anche adesso che ho novant’anni continuo ad avere questo rapporto con la filosofia. Vivere la militanza è meno facile, eppure riesco a scrivere e ad ascoltare, in una situazione di esule.

      Esule, ancora, oggi?

      Un po’, sì. È un esilio diverso però. Dipende dal fatto che i due mondi in cui vivo, l’Italia e la Francia, hanno dinamiche di movimento molto diverse. In Francia, l’operaismo non ha avuto un seguito largo, anche se oggi viene riscoperto. La sinistra di movimento in Francia è sempre stata guidata dal trotzkismo o dall’anarchismo. Negli anni Novanta, con la rivista Futur antérieur, con l’amico e compagno Jean-Marie Vincent, avevamo trovato una mediazione tra gauchisme e operaismo: ha funzionato per una decina d’anni. Ma lo abbiamo fatto con molta prudenza. il giudizio sulla politica francese lo lasciavamo ai compagni francesi. L’unico editoriale importante scritto dagli italiani sulla rivista è stato quello sul grande sciopero dei ferrovieri del ’95, che assomigliava tanto alle lotte italiane.

      Perché l’operaismo conosce oggi una risonanza a livello globale?

      Perché risponde all’esigenza di una resistenza e di una ripresa delle lotte, come in altre culture critiche con le quali dialoga: il femminismo, l’ecologia politica, la critica postcoloniale ad esempio. E poi perché non è la costola di niente e di nessuno. Non lo è stato mai, e neanche è stato un capitolo della storia del Pci, come qualcuno s’illude. È invece un’idea precisa della lotta di classe e una critica della sovranità che coagula il potere attorno al polo padronale, proprietario e capitalista. Ma il potere è sempre scisso, ed è sempre aperto, anche quando non sembra esserci alternativa. Tutta la teoria del potere come estensione del dominio e dell’autorità fatta dalla Scuola di Francoforte e dalle sue recenti evoluzioni è falsa, anche se purtroppo rimane egemone. L’operaismo fa saltare questa lettura brutale. È uno stile di lavoro e di pensiero. Riprende la storia dal basso fatta da grandi masse che si muovono, cerca la singolarità in una dialettica aperta e produttiva.

      I tuoi costanti riferimenti a Francesco d’Assisi mi hanno sempre colpito. Da dove nasce questo interesse per il santo e perché lo hai preso ad esempio della tua gioia di essere comunista?

      Da quando ero giovane mi hanno deriso perché usavo la parola amore. Mi prendevano per un poeta o per un illuso. Di contro, ho sempre pensato che l’amore era una passione fondamentale che tiene in piedi il genere umano. Può diventare un’arma per vivere. Vengo da una famiglia che è stata miserabile durante la guerra e mi ha insegnato un affetto che mi fa vivere ancora oggi. Francesco è in fondo un borghese che vive in un periodo in cui coglie la possibilità di trasformare la borghesia stessa, e di fare un mondo in cui la gente si ama e ama il vivente. Il richiamo a lui, per me, è come il richiamo ai Ciompi di Machiavelli. Francesco è l’amore contro la proprietà: esattamente quello che avremmo potuto fare negli anni Settanta, rovesciando quello sviluppo e creando un nuovo modo di produrre. Non è mai stato ripreso a sufficienza Francesco, né è stato presa in debito conto l’importanza che ha avuto il francescanesimo nella storia italiana. Lo cito perché voglio che parole come amore e gioia entrino nel linguaggio politico.

      *

      Dall’infanzia negli anni della guerra all’apprendistato filosofico alla militanza comunista, dal ’68 alla strage di piazza Fontana, da Potere Operaio all’autonomia e al ’77, l’arresto, l’esilio. E di nuovo la galera per tornare libero. Toni Negri lo ha raccontato con Girolamo De Michele in tre volumi autobiografici Storia di un comunista, Galera e esilio, Da Genova a Domani (Ponte alle Grazie). Con Mi chael Hardt, professore di letteratura alla Duke University negli Stati Uniti, ha scritto, tra l’altro, opere discusse e di larga diffusione: Impero, Moltitudine, Comune (Rizzoli) e Assemblea (Ponte alle Grazie). Per l’editore anglo-americano Polity Books ha pubblicato, tra l’altro, sei volumi di scritti tra i quali The Common, Marx in Movement, Marx and Foucault.

      In Italia DeriveApprodi ha ripubblicato il classico «Spinoza». Per la stessa casa editrice: I libri del rogo, Pipe Line, Arte e multitudo (a cura di N. Martino), Settanta (con Raffaella Battaglini). Con Mimesis la nuova edizione di Lenta ginestra. Saggio sull’ontologia di Giacomo Leopardi. Con Ombre Corte, tra l’altro, Dall’operaio massa all’operaio sociale (a cura di P. Pozzi-R. Tomassini), Dentro/contro il diritto sovrano (con G. Allegri), Il lavoro nella costituzione (con A. Zanini).

      A partire dal prossimo ottobre Manifestolibri ripubblicherà i titoli in catalogo con una nuova prefazione: L’inchiesta metropolitana e altri scritti sociologici, a cura di Alberto De Nicola e Paolo Do; Marx oltre Marx (prefazione di Sandro Mezzadra); Trentatré Lezioni su Lenin (Giso Amendola); Potere Costituente (Tania Rispoli); Descartes politico (Marco Assennato); Kairos, Alma Venus, moltitudo (Judith Revel); Il lavoro di Dioniso, con Michael Hardt (Francesco Raparelli)

      #autonomie #prison #exil

    • Le philosophe italien Toni Negri est mort

      Inspirant les luttes politiques en Italie dans les années 1960 et 1970, son travail a également influencé le mouvement altermondialiste du début du XXIe siècle.


      Toni Negri, à Rome (Italie), en septembre 2010. STEFANO MONTESI - CORBIS / VIA GETTY IMAGES

      Il était né dans l’Italie fasciste. Il disparaît alors que l’extrême droite gouverne à nouveau son pays. Le philosophe Toni Negri, acteur et penseur majeur de plus d’un demi-siècle de luttes d’extrême gauche, est mort dans la nuit du 15 au 16 décembre à Paris, à l’âge de 90 ans, a annoncé son épouse, la philosophe française Judith Revel.

      « C’était un mauvais maître », a tout de suite réagi, selon le quotidien La Repubblica, le ministre de la culture italien, Gennaro Sangiuliano. « Tu resteras à jamais dans mon cœur et dans mon esprit, cher Maître, Père, Prophète », a écrit quant à lui, sur Facebook, l’activiste Luca Casarini, l’un des leaders du mouvement altermondialiste italien. Peut-être aurait-il vu dans la violence de ce contraste un hommage à la puissance de ses engagements, dont la radicalité ne s’est jamais affadie.

      Né le 1er août 1933 à Padoue, Antonio Negri, que tout le monde appelle Toni, et qui signera ainsi ses livres, commence très tôt une brillante carrière universitaire – il enseigne à l’université de Padoue dès ses 25 ans –, tout en voyageant, en particulier au Maghreb et au Moyen-Orient. C’est en partageant la vie d’un kibboutz israélien que le jeune homme, d’abord engagé au parti socialiste, dira être devenu communiste. Encore fallait-il savoir ce que ce mot pouvait recouvrir.

      Cette recherche d’une nouvelle formulation d’un idéal ancien, qu’il s’agissait de replacer au centre des mutations du monde, parcourt son œuvre philosophique, de Marx au-delà de Marx (Bourgois, 1979) à l’un de ses derniers livres, Inventer le commun des hommes (Bayard, 2010). Elle devient aussi l’axe de son engagement militant, qui va bientôt se confondre avec sa vie.

      Marxismes hétérodoxes

      L’Italie est alors, justement, le laboratoire des marxismes dits hétérodoxes, en rupture de ban avec le parti communiste, en particulier l’« opéraïsme » (de l’italien « operaio », « ouvrier »). Toni Negri le rejoint à la fin des années 1960, et s’en fait l’un des penseurs et activistes les plus emblématiques, toujours présent sur le terrain, dans les manifestations et surtout dans les usines, auprès des ouvriers. « Il s’agissait d’impliquer les ouvriers dans la construction du discours théorique sur l’exploitation », expliquera-t-il dans un entretien, en 2018, résumant la doctrine opéraïste, particulièrement celle des mouvements auxquels il appartient, Potere Operaio, puis Autonomia Operaia.

      Des armes circulent. Le terrorisme d’extrême droite et d’extrême gauche ravage le pays. Bien qu’il s’oppose à la violence contre les personnes, le philosophe est arrêté en 1979, soupçonné d’avoir participé à l’assassinat de l’homme politique Aldo Moro, accusation dont il est rapidement blanchi. Mais d’autres pèsent sur lui – « association subversive », et complicité « morale » dans un cambriolage – et il est condamné à douze ans de prison.
      Elu député du Parti radical en 1983, alors qu’il est encore prisonnier, il est libéré au titre de son immunité parlementaire. Quand celle-ci est levée [par un vote que le parti Radical a permis de rendre majoritaire, ndc], il s’exile en France. Rentré en Italie en 1997, il est incarcéré pendant deux ans, avant de bénéficier d’une mesure de semi-liberté. Il est définitivement libéré en 2003.

      Occupy Wall Street et les Indignés

      Il enseigne, durant son exil français, à l’Ecole normale supérieure, à l’université Paris-VIII ou encore au Collège international de philosophie. Ce sont aussi des années d’intense production intellectuelle, et, s’il porte témoignage en publiant son journal de l’année 1983 (Italie rouge et noire, Hachette, 1985), il développe surtout une pensée philosophique exigeante, novatrice, au croisement de l’ontologie et de la pensée politique. On peut citer, entre beaucoup d’autres, Les Nouveaux Espaces de liberté, écrit avec Félix Guattari (Dominique Bedou, 1985), Spinoza subversif. Variations (in)actuelles (Kimé, 1994), Le Pouvoir constituant. Essai sur les alternatives de la modernité (PUF, 1997) ou Kairos, Alma Venus, multitude. Neuf leçons en forme d’exercices (Calmann-Lévy, 2000).
      Ce sont cependant les livres qu’il coécrit avec l’Américain Michael Hardt qui le font connaître dans le monde entier, et d’abord Empire (Exils, 2000), où les deux philosophes s’efforcent de poser les fondements d’une nouvelle pensée de l’émancipation dans le contexte créé par la mondialisation. Celle-ci, « transition capitale dans l’histoire contemporaine », fait émerger selon les auteurs un capitalisme « supranational, mondial, total », sans autres appartenances que celles issues des rapports de domination économique. Cette somme, comme la suivante, Multitude. Guerre et démocratie à l’époque de l’Empire (La Découverte, 2004), sera une des principales sources d’inspiration du mouvement altermondialiste, d’Occupy Wall Street au mouvement des Indignés, en Espagne.

      C’est ainsi que Toni Negri, de l’ébullition italienne qui a marqué sa jeunesse et décidé de sa vie aux embrasements et aux espoirs du début du XXIe siècle, a traversé son temps : en ne lâchant jamais le fil d’une action qui était, pour lui, une forme de pensée, et d’une pensée qui tentait d’agir au cœur même du monde.
      Florent Georgesco
      https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2023/12/16/le-philosophe-italien-toni-negri-est-mort_6206182_3382.html

      (article corrigé trois fois en 9 heures, un bel effort ! il faut continuer !)

    • Pouvoir ouvrier, l’équivalent italien de la Gauche prolétarienne

      Chapeau le Diplo, voilà qui est informé !
      En 1998, le journal avait titré sur un mode médiatico-policier (« Ce que furent les “années de plomb” en Italie »). La réédition dans un Manière de voir de 2021 (long purgatoire) permis un choix plus digne qui annonçait correctement cet article fort utile : Entre « compromis historique » et terrorisme. Retour sur l’Italie des années 1970.
      Diplo encore, l’iconographie choisit d’ouvrir l’oeil... sur le rétroviseur. J’identifie pas le leader PCI (ou CGIL) qui est à la tribune mais c’est évidement le Mouvement ouvrier institué et son rôle (historiquement compromis) d’encadrement de la classe ouvrière qui est mis en avant.

      #média #gauche #Italie #Histoire #Potere_operaio #PCI #lutte_armée #compromis_historique #terrorisme

      edit

      [Rome] Luciano Lama, gli scontri alla Sapienza e il movimento del ’77
      https://www.corriere.it/foto-gallery/cultura/17_febbraio_16/scontri-sapienza-lama-foto-6ad864d0-f428-11e6-a5e5-e33402030d6b.shtml

      «Il segretario della Cgil Luciano Lama si è salvato a stento dall’assalto degli autonomi, mentre tentava di parlare agli studenti che da parecchi giorni occupano la città universitaria. Il camion, trasformato in palco, dal quale il sindacalista ha preso la parola, è stato letteralmente sfasciato e l’autista è uscito dagli incidenti con la testa spaccata e varie ferite». E’ la cronaca degli scontri alla Sapienza riportata da Corriere il 18 febbraio del 1977, un giorno dopo la “cacciata” del leader della CGIL Luciano Lama dall’ateneo dove stava tenendo un comizio. Una giornata di violenza che diventerà il simbolo della rottura tra la sinistra istituzionale, rappresentata dal Pci e dal sindacato, e la sinistra dei movimenti studenteschi. Nella foto il camion utilizzato come palco da Luciano Lama preso d’assalto dai contestatori alla Sapienza (Ansa)

    • ENTRE ENGAGEMENT RÉVOLUTIONNAIRE ET PHILOSOPHIE
      Toni Negri (1933-2023), histoire d’un communiste
      https://www.revolutionpermanente.fr/Toni-Negri-1933-2023-histoire-d-un-communiste

      Sans doute est-il compliqué de s’imaginer, pour les plus jeunes, ce qu’a pu représenter Toni Negri pour différentes générations de militant.es. Ce qu’il a pu symboliser, des deux côtés des Alpes et au-delà, à différents moments de l’histoire turbulente du dernier tiers du XXème siècle, marqué par la dernière poussée révolutionnaire contemporaine – ce « long mois de mai » qui aura duré plus de dix ans, en Italie – suivie d’un reflux face auquel, loin de déposer les armes, Negri a choisi de résister en tentant de penser un arsenal conceptuel correspondant aux défis posés par le capitalisme contemporain. Tout en restant, jusqu’au bout, communiste. C’est ainsi qu’il se définissait.

    • À Toni Negri, camarade et militant infatigable
      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/181223/toni-negri-camarade-et-militant-infatigable

      Toni Negri nous a quittés. Pour certains d’entre nous, c’était un ami cher mais pour nous tous, il était le camarade qui s’était engagé dans le grand cycle des luttes politiques des années soixante et dans les mouvements révolutionnaires des années soixante-dix en Italie. Il fut l’un des fondateurs de l’opéraïsme et le penseur qui a donné une cohérence théorique aux luttes ouvrières et prolétariennes dans l’Occident capitaliste et aux transformations du Capital qui en ont résulté. C’est Toni qui a décrit la multitude comme une forme de subjectivité politique qui reflète la complexité et la diversité des nouvelles formes de travail et de résistance apparues dans la société post-industrielle. Sans la contribution théorique de Toni et de quelques autres théoriciens marxistes, aucune pratique n’aurait été adéquate pour le conflit de classes.
      Un Maître, ni bon ni mauvais : c’était notre tâche et notre privilège d’interpréter ou de réfuter ses analyses. C’était avant tout notre tâche, et nous l’avons assumée, de mettre en pratique la lutte dans notre sphère sociale, notre action dans le contexte politique de ces années-là. Nous n’étions ni ses disciples ni ses partisans et Toni n’aurait jamais voulu que nous le soyons. Nous étions des sujets politiques libres, qui décidaient de leur engagement politique, qui choisissaient leur voie militante et qui utilisaient également les outils critiques et théoriques fournis par Toni dans leur parcours.

    • Toni Negri, l’au-delà de Marx à l’épreuve de la politique, Yann Moulier Boutang
      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/toni-negri-lau-dela-de-marx-a-lepreuve-de-la-politique-20231217_Z5QALRLO7

      Il n’est guère de concepts hérités du marxisme qu’il n’ait renouvelés de fond en comble. Contentons-nous ici de quelques notions clés. La clé de l’évolution du capitalisme, ne se lit correctement que dans celle de la composition du travail productif structuré dans la classe ouvrière et son mouvement, puis dans les diverses formes de salariat. Le Marx le plus intéressant pour nous est celui des Grundrisse (cette esquisse du Capital). C’est le refus du travail dans les usines, qui pousse sans cesse le capitalisme, par l’introduction du progrès technique, puis par la mondialisation, à contourner la « forteresse ouvrière ». Composition de classe, décomposition, recomposition permettent de déterminer le sens des luttes sociales. Negri ajoute à ce fond commun à tous les operaïstes deux innovations : la méthode de la réalisation de la tendance, qui suppose que l’évolution à peine perceptible est déjà pleinement déployée, pour mieux saisir à l’avance les moments et les points où la faire bifurquer. Deuxième innovation : après l’ouvrier qualifié communiste, et l’ouvrier-masse (l’OS du taylorisme), le capitalisme des années 1975-1990 (celui de la délocalisation à l’échelle mondiale de la chaîne de la valeur) produit et affronte l’ouvrier-social.

      C’est sur ce passage obligé que l’idée révolutionnaire se renouvelle. L’enquête ouvrière doit se déplacer sur ce terrain de la production sociale. La question de l’organisation, de la dispersion et de l’éclatement remplace la figure de la classe ouvrière et de ses allié.e.s. L’ouvrier social des années 1975 devient la multitude. Cela paraît un diagramme abstrait. Pourtant les formes de lutte comme les objectifs retenus, les collectifs des travailleuses du soin, de chômeurs ou d’intérimaires, les grèves des Ubereat témoignent de l’actualité de cette perspective. Mais aussi de ses limites, rencontrées au moment de s’incarner politiquement. (1)

      https://justpaste.it/3t9h9

      edit « optimisme de la raison, pessimisme de la volonté », T.N.
      Ration indique des notes qui ne sont pas publiées...

      Balibar offre une toute autre lecture des apports de T.N. que celle du très recentré YMB
      https://seenthis.net/messages/1032920

      #marxisme #mouvements_sociaux #théorie #compostion_de_classe #refus_du_travail #luttes_sociales #analyse_de_la tendance #ouvrier_masse #ouvrier_social #enquête_ouvrière #production_sociale #multitude #puissance #pouvoir

    • Décider en Essaim, Toni Negri , 2004
      https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=pqBZJD5oFJY

      Toni Negri : pour la multitude, Michael Löwy
      https://www.en-attendant-nadeau.fr/2023/12/18/toni-negri

      Avec la disparition d’Antonio Negri – Toni pour les amis – la cause communiste perd un grand penseur et un combattant infatigable. Persécuté pour ses idées révolutionnaires, incarcéré en Italie pendant de longues années, Toni est devenu célèbre grâce à ses ouvrages qui se proposent, par une approche philosophique inspirée de #Spinoza et de #Marx, de contribuer à l’émancipation de la multitude

      .

    • Un congedo silenzioso, Paolo Virno
      https://ilmanifesto.it/un-congedo-silenzioso


      Toni Negri - Tano D’Amico /Archivio Manifesto

      Due anni fa, credo, telefona Toni. Sarebbe passato per Roma, mi chiede di vederci. Un’ora insieme, con Judith, in una casa vuota nei pressi di Campo de’ Fiori (un covo abbandonato, avrebbe pensato una canaglia dell’antico Pci). Non parliamo di niente o quasi, soltanto frasi che offrono un pretesto per tacere di nuovo, senza disagio.

      Ebbe luogo, in quella casa romana, un congedo puro e semplice, non dissimulato da nenie cerimoniose. Dopo anni di insulti pantagruelici e di fervorose congratulazioni per ogni tentativo di trovare la porta stretta attraverso cui potesse irrompere la lotta contro il lavoro salariato nell’epoca di un capitalismo finalmente maturo, un po’ di silenzio sbigottito non guastava. Anzi, affratellava.

      Ricordo Toni, ospite della cella 7 del reparto di massima sicurezza del carcere di Rebibbia, che piange senza ritegno perché le guardie stanno portando via in piena notte, con un «trasferimento a strappo», i suoi compagni di degnissima sventura. E lo ricordo ironico e spinoziano nel cortile del penitenziario di Palmi, durante la requisitoria cui lo sottopose un capo brigatista da operetta, che minacciava di farlo accoppare da futuri «collaboratori di giustizia» allora ancora bellicosi e intransigenti.

      Toni era un carcerato goffo, ingenuo, ignaro dei trucchi (e del cinismo) che il ruolo richiede. Fu calunniato e detestato come pochi altri nel Novecento italiano. Calunniato e detestato, in quanto marxista e comunista, dalla sinistra tutta, da riformatori e progressisti di ogni sottospecie.

      Eletto in parlamento nel 1983, chiese ai suoi colleghi deputati, in un discorso toccante, di autorizzare la prosecuzione del processo contro di lui: non voleva sottrarsi, ma confutare le accuse che gli erano state mosse dai giudici berlingueriani. Chiese anche, però, di continuare il processo a piede libero, giacché iniqua e scandalosa era diventata la carcerazione preventiva con le leggi speciali adottate negli anni precedenti.

      Inutile dire che il parlamento, aizzato dalla sinistra riformatrice, votò per il ritorno in carcere dell’imputato Negri. C’è ancora qualcuno che ha voglia di rifondare quella sinistra?

      Toni non ha mai avuto paura di strafare. Né quando intraprese un corpo a corpo con la filosofia materialista, includendo in essa più cose di quelle che sembrano stare tra cielo e terra, dal condizionale controfattuale («se tu volessi fare questo, allora le cose andrebbero altrimenti») alla segreta alleanza tra gioia e malinconia. Né quando (a metà degli anni Settanta) ritenne che l’area dell’autonomia dovesse sbrigarsi a organizzare il lavoro postfordista, imperniato sul sapere e il linguaggio, caparbiamente intermittente e flessibile.

      Il mio amico matto che voleva cambiare il mondo
      Toni non è mai stato oculato né morigerato. È stato spesso stonato, questo sì: come capita a chi accelera all’impazzata il ritmo della canzone che ha intonato, ibridandolo per giunta con il ritmo di molte altre canzoni appena orecchiate. Il suo luogo abituale sembrava a molti, anche ai più vicini, fuori luogo; per lui, il «momento giusto» (il kairòs degli antichi greci), se non aveva qualcosa di imprevedibile e di sorprendente, non era mai davvero giusto.

      Non si creda, però, che Negri fosse un bohèmien delle idee, un improvvisatore di azioni e pensieri. Rigore e metodo campeggiano nelle sue opere e nei suoi giorni. Ma in questione è il rigore con cui va soppesata l’eccezione; in questione è il metodo che si addice a tutto quel che è ma potrebbe non essere, e viceversa, a tutto quello che non è ma potrebbe essere.

      Insopportabile Toni, amico caro, non ho condiviso granché del tuo cammino. Ma non riesco a concepire l’epoca nostra, la sua ontologia o essenza direbbe Foucault, senza quel cammino, senza le deviazioni e le retromarce che l’hanno scandito. Ora un po’ di silenzio benefico, esente da qualsiasi imbarazzo, come in quella casa romana in cui andò in scena un sobrio congedo.

  • Un collectif de plus de 120 médecins généralistes dénonce des pressions de l’assurance maladie pour réduire les #arrêts_de_travail
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/arrets-de-travail-des-medecins-denoncent-des-pressions-de-lassurance-mala

    En cette fin 2023, des milliers de médecins traitants sont « priés » par l’Assurance maladie de prescrire moins d’arrêts de travail, sur ordre de Bercy. « Priés », ou, plus exactement menacés de sanctions s’ils n’appliquent pas les procédures de mises sous objectif (MSO), et de mises sous accord préalable (MSAP).

    La MSO consiste à faire signer au médecin un contrat avec l’#Assurance_maladie, l’engageant à baisser ses prescriptions d’arrêt de travail d’un certain pourcentage. Si le médecin n’y parvient pas, il est sanctionné par une #amende de 6 800 euros en moyenne, renouvelable après chaque période d’observation… S’il refuse la MSO, le médecin se voit imposer la MSAP, qui l’oblige, pour chaque prescription d’arrêt, à solliciter l’accord préalable du médecin-conseil de l’Assurance maladie. Il est en quelque sorte mis sous tutelle : à la fois infantilisé vis-à-vis de ses patients, et culpabilisé puisqu’il sera rendu responsable par la Sécurité sociale du retard de paiement des indemnités journalières que cela entraîne.

    Ces procédures sont appliquées tous les ans depuis 2004 à de nombreux médecins désignés « forts prescripteurs ». Mais en 2023, le nombre de médecins déclarés en excès statistique et donc inquiétés par la Sécurité sociale a explosé, touchant plusieurs milliers d’entre eux, soit environ un quart des médecins traitants.

    Dans le viseur de la Sécu

    Chaque médecin traitant est statistiquement comparé à un groupe de médecins estimé comparable, alors que cette comparaison repose presque exclusivement sur des critères socio-économiques de sa commune d’exercice, et non pas sur les pathologies de ses patients. Or, une patientèle peut être très différente d’un médecin à l’autre, et donc générer d’importants écarts de prescription.

    Par exemple, un médecin installé dans un quartier « populaire » risque d’avoir beaucoup de patients pratiquant des travaux manuels et pénibles, présentant des pathologies musculo-squelettiques, par exemple des tendinites, nécessitant souvent des arrêts de #travail.

    D’autres médecins traitants qui pratiquent la psychothérapie prennent en charge de nombreux patients fragiles au niveau psychiatrique, dont l’état de santé nécessite parfois des prescriptions d’arrêts longs ou répétés. Ces médecins se trouvent de facto dans le viseur de la Sécurité sociale.

    En outre, cette comparaison se base sur des indicateurs parfois inexacts : arrêts de travail prescrits par d’autres médecins imputés au médecin traitant, failles quotidiennes dans les logiciels de l’Assurance maladie. Il est fréquent que des médecins se voient attribuer certains actes techniques qu’ils ne pratiquent jamais !

    L’Assurance maladie ne semble plus s’intéresser à la #santé des #patients. Lors de nos convocations à la Sécurité sociale, nous devons nous justifier sans donner d’éléments médicaux. Quelles que soient nos explications, l’entretien se termine presque toujours par une menace de sanctions… Seuls les chiffres comptent, aux dépens de la santé du patient. C’est le #délit_statistique. Nous n’exerçons plus sereinement notre métier : dans notre esprit se télescopent l’intérêt du patient et le nôtre. Soit nous choisissons de prioriser la santé du patient et prescrivons l’arrêt qui nous met en danger statistique, soit nous priorisons notre sécurité statistique et mettons de côté la santé du patient, en contradiction avec notre éthique.

    Des symptômes de souffrance au travail

    Nous appréhendons à présent les consultations qui pourraient mener à la prescription d’un arrêt, perdant parfois l’empathie nécessaire pour nos patients et développons nous-mêmes des symptômes traduisant notre souffrance au travail. Le « #management » que l’Assurance maladie exerce sur nous a de sérieuses analogies avec le management funeste qui fut celui de grandes entreprises… et avec celui que subissent nombre de nos patients en burn-out.

    Par ailleurs, tenir pour seuls responsables les médecins traitants de la hausse du montant des #indemnités_journalières est injuste et contre-productif.

    Cette hausse a bien été expliquée par de nombreux économistes : hausse du nombre d’actifs, de leurs salaires et donc du montant des indemnités journalières, vieillissement des actifs, hausse des maladies de longue durée, des maladies mentales, les suites de Covid, etc. Sans oublier l’impact déprimant et angoissant du monde, entre pandémie, guerres, perte du pouvoir d’achat et bien sûr la question climatique… De plus, le manque global de toutes les spécialités médicales, dont les médecins du travail et de médecins-conseils de la Sécurité sociale chargés de favoriser le retour au travail des patients, ne fait que retarder leur prise en charge et leur retour au travail.

    Par ailleurs, trop de médecins d’autres spécialités délèguent au #médecin_traitant la prescription de l’arrêt de travail qu’ils pourraient rédiger eux-mêmes.

    La France manque cruellement de médecins traitants, avec une baisse des effectifs de plus de 10% depuis 2010. C’est une spécialité très exigeante et l’une des moins rémunérées.

    Laissez-nous soigner !

    Les pressions croissantes de l’Assurance maladie ne font qu’aggraver ce déficit : les jeunes ne veulent plus s’installer, et de nombreux médecins déjà installés se déconventionnent ou se désinstallent, blessés et épuisés.

    Nous acceptons bien entendu les contrôles de l’Assurance maladie, car il s’agit d’argent public, mais uniquement sur des critères médicaux, dossier par dossier. Nous refusons le contrôle statistique, déshumanisé, déconnecté des pathologies de nos patients. Ce ne sont ni des individus standards que nous recevons, ni des chiffres, ce sont des êtres humains, tous différents.

    Laissez-nous exercer notre métier sereinement, qui nous fait accompagner le patient de la naissance jusqu’à la mort, nous place en première ligne, et parfois en dernier rempart quand tout s’effondre.

    Laissez-nous soigner en toute humanité !

    Ni complaisants, ni délinquants. Soignants, tout simplement.

    #soins #maltraitance #médecine #médecine_générale

  • Dès lundi 6 novembre à 11h25, les #femmes françaises travaillent gratuitement : il est temps d’agir pour l’égalité salariale – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/des-lundi-6-novembre-a-11h25-les-femmes-francaises-travaillent-gratuiteme
    https://www.liberation.fr/resizer/Lyin3t3aivQvs305BmMCVe7QCp4=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/NWOCKHDRR5BR7BXOK5YTQYPL2U.jpg

    Ce lundi à partir de 11h25 (1), les femmes commencent à travailler gratuitement jusqu’à la fin de l’année. Pourquoi ? Parce qu’elles sont plus contraintes que les hommes dans leurs choix et la charge domestique, poursuivent davantage de carrières hachées, de temps partiels subis, de métiers précaires et ont de petites retraites. Parce qu’elles gagnent encore en moyenne près de 25 % de moins que les hommes. Pourtant, les solutions sont à portée de main. Il ne manque que la volonté politique au sommet de l’Etat.