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  • On ne dissout pas un soulèvement. 40 voix pour les Soulèvements de la Terre

    On ne dissout pas un dérèglement planétaire. On n’efface pas par décret les constats scientifiques ni le refus d’un capitalisme radicalisé fonçant dans le mur. Loin des procès en « écoterrorisme », ce qui se joue autour des mouvements comme les Soulèvements de la Terren’est rien d’autre que la bataille de ce siècle.


    https://www.seuil.com/ouvrage/on-ne-dissout-pas-un-soulevement-40-voix-pour-les-soulevements-de-la-terre-collectif/9782021547269

    #livre #SdlT

    • Livre « Comment saboter un pipeline » : on ne dissout pas une pensée qui fâche, par les éditions La Fabrique

      Pour la maison d’édition qui a publié le livre d’Andreas Malm « Comment saboter un pipeline », présent dans le décret de dissolution des Soulèvements de la Terre, le gouvernement empêche un débat démocratique de la plus grande urgence sur l’utilisation des ressources communes dans l’intérêt général.

      Les idées deviennent des armes quand elles s’emparent des masses. On n’attendait pas pareille concession à l’adversaire de la part de Macron et de son ministre de l’Intérieur mais c’est bien cet indémodable adage de Marx qui semble aujourd’hui gouverner leur politique répressive. Las de chasser les manifestants dans les rues, poursuivons donc les idées avant qu’elles ne s’emparent des masses.

      Les idées, plus particulièrement celles qui contreviennent au capitalisme et à son monde, à l’air ambiant qu’il nous fait respirer, c’est un peu notre fonds de commerce à la Fabrique depuis vingt-cinq ans, comme à tous nos collègues qui font vivre avec leurs livres les pensées critiques et le débat démocratique.
      Un pouvoir qui a perdu la bataille des idées

      Mais les idées qui s’emparent des masses ne sortent pas de nulle part, elles émergent des contradictions du système, là où des mouvements lui résistent. Il se trouve qu’un mouvement de résistance a surgi de la catastrophe écologique en cours, un mouvement intelligent, puissant et déterminé : les Soulèvement de la Terre. Il se trouve aussi que nous avons échafaudé avec eux un projet de livre qui donnerait à voir tant la créativité pratique que l’élaboration théorique et politique des luttes écologistes contemporaines. A la suite de quelques actions spectaculaires, parmi tant d’autres initiatives de reprises de terres et d’expérimentations agroécologiques, on a voulu faire passer les Soulèvements pour une bande de saboteurs sans foi ni loi. Mais la centaine de milliers de personnes qui s’en revendiquent, chaque jour plus nombreuses, sont animées par une idée dont la justesse ne trouve déjà plus beaucoup de détracteurs honnêtes : nous allons dans le mur, propulsés par une clique irresponsable qui trouve encore son intérêt au désastre ; on ne peut pas les laisser faire.

      On comprend que ça ne plaise ni à Gérald Darmanin ni à la FNSEA. Dans un réflexe typique d’un pouvoir qui a perdu la bataille des idées, les apprentis chimistes du ministère de l’Intérieur se sont ainsi mis en tête de dissoudre cette pensée qui fâche.
      Mettre des livres à l’index

      Et voilà que ceux qu’on entend jurer par Voltaire et Camus veulent mettre des livres à l’index, non par les procédures légales qui encadrent la liberté d’expression, de la presse et de l’édition, mais par le coup de force et l’intimidation. Le décret de dissolution des Soulèvements de la Terre tourne à la paranoïa quand il croit trouver dans le livre d’un géographe suédois, Andreas Malm, publié à la Fabrique il y a plus de trois ans, le bréviaire d’un écoterrorisme fantasmé en France. Que dit ce livre ? Entre autres, que si les Etats persistent à laisser prospérer les activités industrielles qui menacent les conditions mêmes de la vie sur Terre, il faut s’attendre à ce que des mouvements de masse prennent le problème à bras-le-corps. C’est peu dire que le gouvernement actuel souffle sur les braises d’un scénario redoutable. L’acte de dissolution des Soulèvements de la Terre est injuste et sa justification effarante marque une escalade autoritaire particulièrement inquiétante. La répression tous azimuts des luttes écologistes, l’arrestation arbitraire de leurs militants avec les moyens de l’antiterrorisme, et maintenant la censure et la criminalisation des mots d’ordre, des prises de parole, des livres et de celles et ceux qui les lisent sont inacceptables.

      En adoptant une rhétorique méprisante et belliqueuse Pour connaître nos conseils et la marche à suivre, ainsi que l’adresse à laquelle nous envoyer vos propositions, rendez-vous dans la section « Proposer une tribune » en bas de cette page.de urgence sur l’utilisation des ressources communes dans l’intérêt général, et prépare un soulèvement d’une autre ampleur. Qui sait quelles idées pourraient s’emparer des générations qui voient leur avenir à ce point assombri ?

      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/on-ne-dissout-pas-une-pensee-qui-fache-par-les-editions-la-fabrique-20230

  • « Pour donner l’impression que Les Soulèvements de la Terre est en réalité un groupement de dangereux terroristes, l’Etat français a dû inventer un gourou », Andreas Malm, activiste et théoricien
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/06/22/andreas-malm-auteur-de-comment-saboter-un-pipeline-mon-propos-est-d-ouvrir-u

    Honnêtement, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer, ou les deux en même temps.
    Il apparaît qu’au milieu d’une vague de répression instiguée par l’Etat français à l’encontre des militants écologistes (qui s’inscrit dans une escalade autoritaire beaucoup plus vaste menée par le président Macron et ses alliés), mon livre Comment saboter un pipeline (La Fabrique, 2020) a été cité dans un décret de dissolution : il serait à l’origine de tous les « désordres » attribués aux luttes environnementales dans la période récente.

    Le gouvernement français veut dissoudre Les Soulèvements de la Terre, qui ont joué un rôle déterminant dans plusieurs grandes mobilisations écologistes ces dernières années, et tout dernièrement contre le projet insensé et funeste de mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), dans l’ouest de la France. Pour donner l’impression que ce réseau militant est en réalité un groupement de dangereux terroristes, l’Etat français a dû inventer un gourou, un maître à penser qui aurait par avance théorisé leur passage à l’acte. De façon flatteuse mais grotesque, il semblerait que le pouvoir ait jeté son dévolu sur un universitaire suédois qui, contrairement à Ted Kaczynski, ne vit pas dans une cabane isolée pour fabriquer des bombes artisanales. Voilà qui manque cruellement d’imagination…

    Tactique plus ambitieuse

    Tout observateur raisonnable pourra juger combien cette démarche est maladroite et grossière. Tout d’abord, mon livre a été publié en France il y a trois ans. Il a été traduit en dix langues et a récemment inspiré un thriller hollywoodien (Sabotage, par Daniel Goldhaber). Je suis venu à plusieurs reprises discuter du livre en France autour d’événements de lancement, d’interviews, etc. Dans cette période, ni moi ni mon éditeur n’avons été soupçonnés ou accusés de quoi que ce soit d’illégal. Si le livre était si provocateur et dangereux que le décret le laisse entendre, les services de police auraient donc mis trois ans pour lire et assimiler ses quelque 200 pages (en petit format) ?

    Par ailleurs, si je respecte et admire Les Soulèvements de la Terre – comme je respecte, par exemple, les militants allemands d’Ende Gelände –, nous ne sommes pas particulièrement liés et nous ne sommes même pas d’accord sur de nombreux points d’analyse ou de perspectives. Ces camarades seraient les premiers à dire qu’ils rejettent mon orientation trotskiste old school, mon étatisme, mon hostilité à l’anarchisme, et ainsi de suite. L’idée que mon livre serait une bible pour eux est donc, pour être très honnête, une ânerie et une marque de mépris.
    Comment saboter un pipeline est une contribution à un débat plus large au sein du mouvement écologiste, qui a été amené à se poser des questions difficiles sur ce qu’il est urgent de faire dans une situation où les effets du changement climatique s’intensifient et s’accélèrent, mais où les Etats hégémoniques sont déterminés à agir de façon minimale ou à ne pas agir du tout. Je fais valoir que tous les mouvements ayant provoqué des changements sociaux de grande ampleur – des suffragettes et des mouvements anticoloniaux jusqu’au mouvement des droits civiques dans les années 1960 et au-delà – ont, dans certaines circonstances, eu à mettre en place des tactiques plus ambitieuses, et que cela a souvent été couronné de succès.

    « Désarmer » le capitalisme fossile

    Mon propos est simplement d’ouvrir un débat exigeant sur la légitimité d’actions de désobéissance, notamment sur des sites-clés de l’infrastructure et de la logisitique du capitalisme fossile. Et soyons clairs ici, je parle de propriété, d’objets matériels, pas de personnes – je n’ai jamais prôné la violence contre des individus ou des groupes. On peut rejeter ou critiquer les raisonnements du livre, mais il est proprement stupéfiant que ces propositions relativement modestes soient maintenant qualifiées de « terrorisme intellectuel » ou d’« actions extrêmes allant jusqu’à la confrontation avec les forces de l’ordre » par le ministre français de l’intérieur, Gérald Darmanin.

    En réalité, le livre n’est pas très original : il existe aujourd’hui de très nombreux ouvrages qui analysent les catastrophes à venir liées au changement climatique et au désastre écologique. Dans ce contexte, je suis loin d’être le seul auteur à soutenir que nous devons désactiver rapidement et de manière décisive l’infrastructure des combustibles fossiles. Mais il est vrai que Comment saboter un pipeline met en évidence quelque chose qui glace le sang des tenants de l’ordre existant : s’ils entendent laisser intact le système en place, il y a toutes les raisons d’imaginer que les mouvements de masse prendront eux-mêmes en charge le « désarmement » du capitalisme fossile – ce qui n’est rien d’autre qu’un geste d’autopréservation de grande ampleur.

    Le capitalisme fossile nous conduit à toute vitesse vers le précipice. Quelqu’un doit tirer le frein d’urgence. Si les gouvernements ne le font pas, le reste d’entre nous le fera.

    Andreas Malm est maître de conférences en géographie humaine en Suède. Il est l’auteur, aux éditions La Fabrique, de L’Anthropocène contre l’histoire (2017), Comment saboter un pipeline (2020), La Chauve-Souris et le Capital (2020), Fascisme fossile (avec le Zetkin Collective, 2020) et Avis de tempête (à paraître en octobre).

  • Ceux qui pensent que l’avortement n’est pas menacé en France doivent ouvrir les yeux – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/ceux-qui-pensent-que-lavortement-nest-pas-menace-en-france-doivent-ouvrir
    https://www.liberation.fr/resizer/QvQPKbKC4-zIh-BCG2TBud5qWHk=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(2745x1575:2755x1585)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/JGSDE4KD4RHQRCMP6RX5YR6GX4.jpg

    L’action massive et coordonnée menée à Paris par des opposant·e·s au droit à l’avortement le 25 mai dernier vient nous rappeler l’urgence de l’inscription de ce droit dans la Constitution française. En effet, le droit à l’avortement serait ainsi érigé en droit fondamental, essentiel pour l’individu, concrétisation de l’égalité entre les sexes, ce qui constituerait une protection supplémentaire face aux remises en cause toujours possibles.

  • « Fluidifier le trafic » en construisant des routes : obsession du XXe siècle, fausse route du XXIe siècle - Le Temps
    https://www.letemps.ch/opinions/debats/fluidifier-trafic-construisant-routes-obsession-xxe-siecle-fausse-route-xxie

    A quelques jours d’intervalle, deux annonces ont fait couler beaucoup d’encre dans les médias suisses. Le Conseil fédéral a dit souhaiter l’élargissement de l’autoroute A1 à 6 voies, entre Genève et Lausanne et entre Berne et Zurich. Cette annonce s’ajoute à une autre très bonne nouvelle pour le trafic carboné : la suppression, par les CFF, de la ligne directe Genève-Neuchâtel, accompagnée de mesures dégradant la qualité de l’offre ferroviaire en Suisse romande. Tout cela alors que, pour réussir à atteindre le zéro carbone en 2050, nous sommes censés passer de 4,7 millions de voitures individuelles aujourd’hui à 3,6 millions en 2050.

    • En tant qu’historienne, je considère ces deux mesures comme tout à fait anachroniques.

      Car ce n’est plus l’apanage des écologistes que de tenter de réduire la dépendance automobile : il s’agit d’une tendance générale et essentielle face à l’enjeu du réchauffement climatique. Des villes, des Etats même, essaient de se défaire sinon de la « bagnole », du moins d’habitudes obsolètes du XXe siècle telles que le financement massif des autoroutes par les pouvoirs publics. Ce n’est pas chose aisée ! Comme l’analyse le chroniqueur québécois Stéphane Laporte au sujet de l’abandon du projet de tunnel entre Lévis et Québec (décidé par une ministre de centre droit) : « L’automobile est la cigarette de la prochaine décennie. On roule partout comme on fumait partout. Ça achève. Dans les villes, il y aura des sections autos, comme il y avait des sections fumeurs. Qui rétréciront jusqu’à disparaître. Pour le bien de tous. Il faut en faire notre deuil. [...] Ce ne sera pas facile, je sais. Notre char est beaucoup plus que notre char [...] Le char ne sera plus l’objet de nos désirs. Au contraire. Il sera l’objet de notre raison. »

      Certaines nations comme le Pays de Galles et les Pays-Bas ont récemment décidé le gel de tout (nouveau) projet de construction de route dédiée au transport motorisé pour soutenir le transfert modal et réduire les émissions de carbone. L’idée est simple et doit évidemment être accompagnée de mesures fortes en faveur des transports publics. Elle fait écho à un phénomène connu depuis les années 1960 : l’évaporation du trafic. Quand un axe est bloqué, parce qu’en travaux par exemple, les analystes de la mobilité constatent qu’un pourcentage important des déplacements réalisés en voiture « disparaît ». Une partie des pendulaires et des autres usagers de ces axes trouvent d’autres solutions (à la condition qu’elles existent !) : c’est le fameux report modal, si difficile à réaliser en temps normal. Certes, une partie des autos ont parfois sans doute pris une autre route, mais d’autres ont été tout bonnement laissées au garage. Récemment, la sociologue Pauline Hosotte mettait en évidence le grand potentiel de l’application de ce concept dans les politiques de mobilité et en faveur du transport modal. Ne pas planifier de nouvelles routes entre dans ce calcul pour autant, nous le répétons, que l’offre de transports en commun soit solide.

      Dans une démarche anachronique, en France et en Suisse, les pouvoirs publics soutiennent massivement des projets de construction d’autoroutes à rebours des objectifs climat. A69 Castres-Toulouse, A133-134 en Normandie, troisième voie sur l’A1 en Suisse : autant de projets d’un autre temps orientés vers la « solution » voiture. En France, plusieurs dizaines de groupes se battent contre des projets de routes inutiles et bien souvent « écocidaires ». « Inutiles » ? Oui, car ce n’est vraiment pas un scoop et on le sait depuis désormais depuis quelque cinquante ans : construire des routes ne « fluidifie » pas le trafic. Toutes les études le montrent : la disponibilité de nouvelles routes amène toujours plus de voitures qui surchargent à leur tour ces nouvelles voies. Un seul exemple parmi des milliers : l’autoroute de contournement de Genève devait décongestionner le pont du Mont-Blanc où passaient 60 000 voitures par jour en 1982. Aujourd’hui, on avoisine toujours les 60 000 passages par jour sur ce même pont.

      La Suisse, qui a déjà l’un des réseaux de routes et d’autoroutes les plus denses du monde, a annoncé le lancement d’extensions sur le réseau des routes nationales pour un montant avoisinant les 11,6 milliards de francs (!) d’ici à 2030. Dans un message qui s’apparente plus à un texte de 1963 que de 2023, le Conseil fédéral annonce qu’il entend ainsi « fluidifier le trafic » et dit souhaiter ainsi « accroître davantage la disponibilité et la sécurité des routes nationales ». Nous sommes en 2023, la maison brûle à cause du CO2. Sans même parler de toutes les autres nuisances liées à l’utilisation massive du transport motorisé individuel (qu’il soit à essence, hybride ou électrique) telles qu’embouteillages, consommation démesurée d’espace dans les villes, bruit, pollution atmosphérique, risques constants pour les piétons, etc., il est temps de se débarrasser des héritages néfastes du XXe siècle dont fait partie le financement massif des routes. Que la route semble longue.

      HISTORIENNE, SPÉCIALISTE DE L’HISTOIRE DE LA VOITURE, UNIDISTANCE SUISSE

    • L’automobile est la cigarette de la prochaine décennie. On roule partout comme on fumait partout. Ça achève. Dans les villes, il y aura des sections autos, comme il y avait des sections fumeurs. Qui rétréciront jusqu’à disparaître. Pour le bien de tous. Il faut en faire notre deuil.

    • On le sait depuis désormais quelque cinquante ans : construire des routes ne « fluidifie » pas le trafic. Toutes les études le montrent : la disponibilité de nouvelles routes amène toujours plus de voitures qui surchargent à leur tour ces nouvelles voies.

      Du coup, construire des routes, ça fluidifie le trafic d’argent vers les poches des vendeurs de voitures, de pétrole/gaz/électricité, d’accès aux autoroutes. Eux vont pas faire leur deuil de si tôt :-)

    • et donc, bien entendu, PAF, la même ou presque, tribune sur Libé :

      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/mettons-les-projets-routiers-en-deroute-20230523_TXJVIDESXJD4NMQ7ESWQBIWL

      Pour respecter ses engagements climatiques et garantir à tous des transports à faibles coûts, l’Etat français doit abandonner tout projet autoroutier et investir dans des mobilités vertes, alerte un collectif d’associations écologistes soutenu par des personnalités politiques et des chercheurs.

      ça prétend qu’il y a une pétition, avec 10 000 signatures, mais ça dit pas où.

  • « la réforme du lycée pro est pensée à l’unisson du monde social que les (il)libéraux construisent. Université, lycées, collèges : il s’agit de fabriquer du consentement et quand on n’y parvient pas, à l’acheter de la manière la plus vile, par l’argent. 50 euros la semaine de stage. »
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/non-a-linstrumentalisation-de-lenseignement-professionnel-20230507_DGR2JK

    En plein mouvement social, Emmanuel Macron lance sa dernière opération de com : les élèves des lycées pros seront rémunérés ! Mais derrière l’effet d’annonce, cette réforme entend surtout opérer un nouveau tri social et fournir aux entreprises une main-d’œuvre bon marché.

    Jeudi 4 mai à Saintes, Emmanuel Macron est venu déployer son nouvel étendard présidentiel : la réforme du lycée professionnel. En plein mouvement social, et tandis que la macronie vient de voler deux années de vie aux travailleuses et travailleurs de ce pays, le Président honni, toute honte bue, lance sa dernière opération de communication sur le dos de l’enseignement professionnel.

    Voilà des semaines que syndicats, collectifs, enseignantes et enseignants combattent point par point la réforme annoncée. Mais l’effet d’annonce doit l’emporter sur le reste. Pour tourner la page catastrophique des retraites, Emmanuel Macron a besoin d’un « coup politique », le voici tout trouvé : les élèves seront rémunérés par l’Etat durant leur stage !

    On comprend naturellement qu’au premier abord, il soit difficile de s’y opposer. Tout travail ne mérite-t-il pas salaire ?

    Mais celles et ceux qui s’intéressent réellement au lycée professionnel depuis longtemps, et qui en connaissent les rouages, savent très bien où se situent les entourloupes, et pourquoi il faut s’opposer fermement à cette nouvelle décision.

    https://twitter.com/Affordanceinfo2/status/1655158874880585728

    • Lycée professionnel : réaction des chercheurs
      https://www.cafepedagogique.net/2023/05/09/lycee-professionnel-reaction-de-chercheurs

      « Une réforme d’une absurdité invraisemblable »

      Fabienne Maillard est beaucoup plus radicale. « C’est une politique rétrograde. Elle rappelle exactement ce qui s’est passé au XIXème siècle et ce contre quoi les politiques publiques se sont battues car cela ne fonctionnait pas. L’apprentissage n’est pas la bonne solution si on veut favoriser la polyvalence, l’adaptabilité, l’économie des connaissances. Si on veut faire en sorte que les compétences soient transférables » explique-t-elle en faisant le lien avec un apprentissage, « très coûteux pour l’État, donc nous, puisque France compétence affiche un déficit qui se calcule en milliard d’euros ». Selon la gratification est une façon « d’appâter » les élèves. « C’est une conception de la formation des jeunes qui est d’une absurdité invraisemblable ». « On paie la politique d’apprentissage, on va payer la gratification d’élèves pour qu’ils travaillent ! On permet aux entreprises d’avoir des travailleurs que l’on paie nous, c’est n’importe quoi » s’emporte Fabienne Maillard. Pour la chercheuse, il suffirait de généraliser le système de bourse déjà existant si l’enjeu est de permettre à des jeunes en grande difficulté sociale de poursuivre leur scolarité sereinement.

      Sur le terme « excellence » beaucoup utilisé par les équipes de l’Élysée et le Président lorsqu’ils évoquent la voie professionnelle, elle ironise. « Quand ils ont rénové le CAP en 2002, ils évoquaient déjà l’excellence en l’associant aux jeunes en difficulté scolaire. La manière dont la voie professionnelle est traitée et cette réforme n’ont rien à voir avec une politique qui la valoriserait dans la hiérarchie scolaire. Il y a une méconnaissance totale de ce qu’est la voie professionnelle, de ce que sont les élèves et de ce qu’est le marché du travail. Je me méfie donc de l’emploi de ce qualificatif ».

      Et pour le localisme, c’est pareil. « C’est le retour à avant la seconde guerre mondiale. Si on a arrêté, c’est parce que le diplôme n’était pas reconnu ailleurs que dans les entreprises locales. S’il n’y a plus de CAP départementaux, ce n’est tout de même pas par hasard… ».

    • APHG : réforme du lycée professionnel, un grand bond en arrière
      https://www.cafepedagogique.net/2023/05/10/aphg-reforme-du-lycee-professionnel-un-grand-bond-en-arriere

      La réforme du lycée professionnel fait l’unanimité… contre elle. C’est au tour de l’APHG – Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie – de dénoncer une réformé qualifiée de « fabrique du paternalisme à l’ancienne ». L’association qui ambitionne un lycée professionnel comme « outil d’émancipation intellectuelle pour un tiers » des futurs citoyens, s’inquiète fortement des « orientations voulues pour le devenir des élèves de la voie professionnelle ». Elle regrette aussi l’absence totale de référence à l’enseignement de l’Histoire-Géographie « déjà réduite à sa portion congrue ».

    • Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, nous avait pourtant prévenus, par une de ces stupéfiantes inversions du sens des mots auxquelles la macronie nous a habitués : ce qui menace la démocratie dans ce pays, ce ne sont pas les 49.3 à répétition, les lois de surveillance liberticides ni les assauts de la Brav-M contre les manifestations, c’est le « terrorisme intellectuel »de l’extrême gauche. Or ce « terrorisme intellectuel », qui consiste apparemment en un ensemble d’idées variées qui ont en commun de ne pas plaire Place Beauvau, n’ayant pas pignon sur rue, ne disposant pas des puissants relais d’un empire médiatique ni des milliards des milliardaires, se présente bien souvent sous la forme modeste de livres, brochures ou fascicules qu’on appelle dans le jargon « essais ». Et c’est à nous, libraires, qu’il revient bien souvent d’en assurer la diffusion et même, n’ayons pas peur des mots, la promotion. Si terrorisme intellectuel il y a, nous en sommes par nature les porte-voix.

      L’arrestation à Londres , sans aucun motif, du responsable des droits étrangers des éditions La fabrique alors qu’il se rendait à la foire internationale du livre, et l’invraisemblable interrogatoire qu’il a subi portant sur l’activité éditoriale de cette maison, nous oblige donc à laisser un moment l’apparente quiétude des étagères de livres, pour lui affirmer notre indéfectible solidarité.

      Détermination et enthousiasme

      Il faut d’abord dire un mot de l’heureux compagnonnage qui nous lie depuis des années à cet éditeur et à son fondateur Eric Hazan, qui a publié des livres de Jacques Rancière, André Schiffrin, Kristin Ross, Alain Badiou, Judith Butler, Grégoire Chamayou, Angela Davis, Nathalie Quintane, Enzo Traverso, Zygmunt Bauman, Françoise Vergès, Raymond Depardon, Frédéric Lordon, mais aussi Walter Benjamin, Antonio Gramsci, Victor Hugo, Auguste Blanqui et tant d’autres. Nous avons ensemble déjà traversé quelques tempêtes, comme au moment de l’affaire Tarnac en 2008 (qui a donné lieu à une relaxe collective), et nous sommes plus que jamais déterminé.es et enthousiastes à l’idée de diffuser leurs livres, avec ceux d’une cohorte d’éditeurs indépendants nés depuis deux décennies dans le sillage de La fabrique et quelques autres.

      Mais cette affaire rappelle plus généralement que le commerce de livres est une activité surveillée. Depuis l’invention de Gutenberg, les pouvoirs successifs ont censuré des écrits, embastillé leurs auteurs, saisi des imprimeries, attaqué en justice des éditeurs et, quand ça ne suffisait pas, envoyé leurs nervis saccager des librairies. Et c’est une activité d’autant plus surveillée et réprimée que le régime en place traverse une crise politique et idéologique : ce fut le cas pendant la guerre d’Algérie, quand on interdisait La question, comme dans les dernières décennies du tsarisme en Russie ou de la monarchie absolue en France. La scandaleuse arrestation du collaborateur d’une maison d’édition française en Grande-Bretagne - et notamment les curieuses questions auxquelles il a dû répondre qui laissent supposer un service rendu aux autorités françaises par les britanniques - est un signe de plus de la grave dérive autoritaire d’un gouvernement aux abois qui traite sa population en ennemi et les oppositions en criminel. C’est enfin une odieuse tentative d’intimidation envers toutes celles et ceux qui participent à la production et à la diffusion des pensées critiques, auxquelles nous, libraires, continuerons d’apporter notre concours résolu sous le manteau protecteur de nos subversives boutiques.

    • « Foire de Londres : abandon des poursuites contre un éditeur » - Marie Dosé (Avocate - Paris) & Richard Parry (Sollicitor - Londres), Communiqué de presse 27 juin 2023

      Notre client Ernest M. a été interpellé à Londres le 17 avril en vertu du Schedule 7 du Terrorism Act 2000, alors qu’il se rendait à la London Book Fair (Foire internationale du livre à Londres) pour représenter ses employeurs les Éditions La Fabrique & les Éditions La Volte. Il a été arrêté en raison de son refus de donner accès à son ordinateur portable professionnel et à son téléphone portable, placé en garde à vue puis libéré sous caution.

      Il constate avec satisfaction que le Crown Prosecution Service a, à juste titre, décidé de ne pas donner suite à cette affaire et ordonné la restitution de son ordinateur portable et de son téléphone mobile le vendredi 23 juin.

      Interpellé sans raison valable et ciblé par une procédure britannique aussi inattendue qu’injustifiée, notre client a adopté une position de principe en défendant son droit fondamental à la vie privée.
      Aujourd’hui, 27 juin 2023, des policiers se sont rendus au bureau de son avocat à Londres pour lui rendre son ordinateur portable et son téléphone mobile. Un officier du Counter Terrorism Command a assuré que ni les données de l’ordinateur portable ni celle du téléphone portable n’ont été téléchargés, seulement la carte SIM, dont le contenu n’a pas été examiné par l’équipe d’enquête du CTC. À nos yeux, l’exploitation, la conservation ou la transmission de ces données sont susceptibles d’être entachées d’illégalité au vu de l’absence d’éléments retenu à son encontre.
      Des interrogations persistent sur le rôle des autorités françaises jouées dans cette affaire, compte tenu notamment des questions exclusivement centrées sur la politique française posées à notre client durant ses interrogatoires.

      Force est de constater que malgré la mobilisation et la vague de soutien en sa faveur, les autorités françaises s’enferrent dans un silence difficilement compréhensible.

      Nous prendrons connaissance le moment venu des conclusions du rapport de l’« Observateur indépendant de la législation du terrorisme à l’Angleterre ». Notre client examinera attentivement, les mesures à prendre alors.

      En attendant, nous restons vigilants quant à l’utilisation qui pourrait être faite, en France, des éventuelles exploitations du matériel informatique et téléphonique de notre client en Angleterre.

    • malgré la mobilisation et la vague de soutien en sa faveur, les autorités françaises s’enferrent dans un silence difficilement compréhensible.

      Je ne le trouve pas si difficilement compréhensible ce silence ; c’est le silence du « circulez y a rien à voir », et en même temps celui du « j’y suis pour rien, prouvez le contraire ». Ceinture et bretelles.

      Les autorités en question, elle craignent dégun ; et elles ont atteint leur objectif : accrocher un ou deux boulets, pendant deux mois minimum, pour l’exemple, aux basques du séparatiste islamo-gauchisme chantre du terrorisme intellectuel ; légal ou pas, injuste ou abject - ou pas - OSBLC, le fait accompli fait son office.

      Au final, bien sûr, TG ; limite « sois déjà content qu’on t’ait rendu ton ordi et ton slip » ; et c’est même pas intôlérable, puis que c’est manifestement toléré, de fait :-). Eh bien, continuons.

  • Dans ces conditions, à quoi bon une Constitution ? | Lauréline Fontaine | 04.05.23

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/une-constitution-pour-quoi-faire-20230504_65XNCUQFWNBXVNVVWYOKR52NBQ

    1./ Le Conseil constitutionnel exerce sa mission dans des conditions indignes d’une justice d’un État de droit démocratique,

    2./ en raison de la situation de partialité dans laquelle il juge, des situations de dépendance dans lesquelles il se trouve, d’absence de déontologie, mais aussi des décisions qu’il rend qui ne contiennent pas d’argumentation à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’une cour de justice,

    3./ et qui fait « son marché » dans la Constitution en ignorant les dispositions et les principes qui ne lui conviennent apparemment pas.

    Ce sont ces conditions qui déterminent la « justice » qu’il rend. Il appartient au corps politique et social d’évaluer si ces conditions sont conformes à ce qu’il attend de la justice constitutionnelle, à savoir opposer à l’exercice du pouvoir les limites qu’il estime souhaitables pour la société.

    Cette idée emporte exigence, et notamment pour celui dont la mission est de vérifier que l’exercice effectif du pouvoir reste bien dans le cadre de ces limites. C’est bien parce qu’il est apparu que confier la garde de la Constitution au chef de l’Etat, comme le souhaitait Carl Schmitt, avait des conséquences dévastatrices sur les hommes, que le principe de l’instauration d’une cour constitutionnelle a fait florès en Europe, et surtout au sortir du second conflit mondial. Les cours constitutionnelles ont donc la tâche délicate de dire les limites.

    Poser des limites à l’exercice du pouvoir [ou pas] [pas, donc]

    Malgré les apparences, les limites ne sont pas que de forme. Elles sont presque toujours le résultat d’un processus historique qui a fait émerger certaines règles, principes ou valeurs, comme les plus à même de garantir l’exercice d’un pouvoir souhaitable.

    Si, par exemple, la procédure législative ordinaire repose sur des règles qui font la part belle à l’idée de temps nécessaire pour délibérer, ce n’est pas sans convoquer toute une série de réflexions sur cette question qui ont habité les hommes qui ont pensé le pouvoir depuis plusieurs siècles. Confrontée à une entorse à la procédure, une cour constitutionnelle doit donc interroger en même temps les principes qui la fondent, les faire évoluer éventuellement, en fonction des réflexions nouvelles qui traversent le corps politique et social. Confronté à une demande de référendum qui, selon l’article 11 de la Constitution, doit porter « sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent », le moins que l’on puisse attendre d’une cour constitutionnelle est qu’elle explicite, de manière argumentée et en cohérence avec l’ensemble des principes et valeurs constitutionnelles historiquement formés, en quoi une proposition de changement de l’état du droit constitue ou non une « réforme », qui plus est « relative à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent ». Mais c’est pourtant ce que le Conseil constitutionnel a fait, dans sa première comme dans sa seconde décision RIP des 14 avril et 3 mai. Il n’a pas argumenté et il a prétendu dire le droit de la Constitution.

    S’en tenir à la lettre même des énoncés, sans aucune argumentation, est une manière de ne pas opposer le droit à l’exercice du pouvoir politique et donc de participer à la dévitalisation des principes constitutionnels et de leur histoire. En disant déjà le 14 avril que, parce que les procédures existent dans la Constitution, il n’est pas inconstitutionnel de s’en servir, sans rechercher la raison d’être de ces procédures (décision n° 2023-849 DC sur les retraites), le Conseil constitutionnel définit le rapport entre le droit constitutionnel et les institutions politiques de la République selon une mesure qui contrarie l’idée au fondement du constitutionnalisme, poser des limites à l’exercice du pouvoir.

    Depuis le mois de janvier, de nombreux juristes ont avancé des arguments de droit permettant de juger de la constitutionnalité ou de l’inconstitutionnalité de la réforme des retraites et des moyens qui ont été utilisés pour y parvenir, ainsi que pour la validation ou l’invalidation de la demande de RIP. Cette course à l’argument, saine dans un pays démocratique, apparaît donc vaine. Le prétendu gardien de la Constitution en a remis les clés à ceux à qui il est censé l’opposer, à savoir le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Dans ces conditions, à quoi bon une Constitution, si ce n’est, par l’imaginaire « aimable » qu’elle véhicule, entretenir l’idée discutable que l’exercice du pouvoir est, en France, limité par elle ?

  • Une Constitution, pour quoi faire ? – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/une-constitution-pour-quoi-faire-20230504_65XNCUQFWNBXVNVVWYOKR52NBQ
    https://www.liberation.fr/resizer/hzFC8byl1cM3QLUwOGsokx8U9Ow=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(2497x458:2507x468)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/J5ST7JZJPVGDPFLL63VJYWPF6E.jpg

    Le Conseil constitutionnel exerce sa mission dans des conditions indignes d’une justice d’un Etat de droit démocratique, en raison de la situation de partialité dans laquelle il juge, des situations de dépendance dans lesquelles il se trouve, d’absence de déontologie, mais aussi des décisions qu’il rend qui ne contiennent pas d’argumentation à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’une cour de justice, et qui fait « son marché » dans la Constitution en ignorant les dispositions et les principes qui ne lui conviennent apparemment pas. Ce sont ces conditions qui déterminent la « justice » qu’il rend. Il appartient au corps politique et social d’évaluer si ces conditions sont conformes à ce qu’il attend de la justice constitutionnelle, à savoir opposer à l’exercice du pouvoir les limites qu’il estime souhaitables pour la société.

  • « Il est décidément des signes qui ne trompent pas » | #Jean-François_Bayart | 28.04.23

    https://blogs.mediapart.fr/jean-francois-bayart/blog/280423/cet-enfant-est-dangereux

    L’exercice du pouvoir d’Emmanuel Macron est celui d’un enfant immature, narcissique, arrogant, sourd à autrui, plutôt incompétent, notamment sur le plan diplomatique, dont les caprices ont force de loi au mépris de la Loi ou des réalités internationales, et qu’encourage un entourage servile, soucieux de cajoler un Prince colérique pour éviter la disgrâce. Ce pourrait être drôle si précisément ce n’était pas dangereux. [...] la macronie n’aime pas les pauvres. Elle n’a plus d’autre réponse que la criminalisation des revendications ou des protestations. Dans cette fuite en avant d’Emmanuel Macron un pas décisif a été franchi lorsque son ministre de l’Intérieur, puis sa Première ministre, s’en sont pris à la Ligue des droits de l’Homme. Ce faisant, la macronie s’est de son propre chef placée en dehors de l’ « arc républicain » tant cette association, née, faut-il le rappeler, de l’affaire Dreyfus, est indissociable de l’idée républicaine elle-même, de ses idéaux, de ses libertés. Comme l’a dit son président, seul le régime de Pétain avait osé l’attaquer. Et de fait, pour le politiste que je suis, il est décidément des signes qui ne trompent pas.

    Sur la planète ce sont les Poutine et les Orbán, les Erdoğan et les Modi, les Ben Ali et les Kaïs Saïed ou les Xi Jinping qui tiennent des propos de ce genre. Oui, ce Président-enfant est dangereux.

    [...]

    le lancement par le chef de l’Etat de campagnes de rectification idéologique contre le « wokisme », la « théorie du genre », les études postcoloniales, l’ « islamo-gauchisme », l’ « écoterrorisme » ou l’ « ultra gauche », l’opération de « déguerpissement » à Mayotte sont autant de petits indices, parmi beaucoup d’autres, qui ne trompent pas le spécialiste des régimes autoritaires que je suis.

    La France est bel et bien en train de rejoindre le camp des démocraties dites « illibérales », au même titre que la Hongrie, la Pologne, Israël, l’Inde et bien d’autres pays, et cela était inscrit dans l’équation même du macronisme.

    Au demeurant, la notion d’ « illibéralisme » est floue. Emmanuel Macron se réclame de l’extrême centre qu’incarnèrent successivement, dans l’histoire française, le Directoire, le Premier empire qu’il porta sur les fonts baptismaux, le Second Empire saint-simonien et différents courants technocratiques du même acabit. Il est le dernier avatar en date de ce que l’historien Pierre Serna nomme le « poison français », la propension au réformisme étatique et anti-démocratique par la voie de l’exercice caméral du pouvoir.

    La dérive d’Emmanuel Macron se situe aussi quelque part entre le « libéralisme autoritaire » d’un Carl Schmitt, en 1932, et la « révolution conservatrice » que véhiculent aujourd’hui la Russie de Poutine, la Turquie d’Erdoğan ou l’Inde de Modi.

    D’aucuns crieront à l’exagération polémique. Je leur demande, avec quelque solennité, d’y regarder à deux fois en ayant à l’esprit, d’une part, l’érosion systématique des libertés publiques, au nom de la lutte contre le terrorisme et l’immigration, depuis au moins trois décennies, d’autre part, les dangers que revêtent de ce point de vue les innovations technologiques en matière de contrôle politique et l’imminence de l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national auquel les gouvernements successifs auront fourbi un arsenal répressif qui lui épargnera le vote de nouvelles lois liberticides.

    Il n’est donc pas question, ici, de « bonnes » ou de « mauvaises » intentions de la part du chef de l’Etat, mais d’une logique de situation à laquelle se prête et que favorise un Président-enfant sans nécessairement la comprendre. Reprenons les choses par le début.

  • Rosa-Parks ou Angela-Davis ? #Valérie_Pécresse et #Pap_Ndiaye se querellent sur le nom d’un #lycée à #Saint-Denis

    Face à un début de polémique, la présidente du conseil régional d’Ile-de-France a saisi le ministre de l’Education sur le choix du nom d’un lycée à Saint-Denis. Dans un courrier, consulté par « le Monde », Pap Ndiaye refuse d’y répondre, avançant des arguments historiques.

    L’affaire est partie d’une décision du conseil régional d’Ile-de-France : celle de changer le nom d’un lycée de Saint-Denis. Face à une polémique naissante, la présidente LR de la région, Valérie Pécresse, a demandé au ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, de se déterminer sur ce changement de dénomination, indique le Monde dans un article paru mardi 18 avril. La réponse du ministre de l’Education nationale ne s’est pas fait attendre. Dans un courrier, consulté par le quotidien du soir, l’ancien universitaire a adressé « une fin de non-recevoir » à Pécresse. Une décision en partie fondée sur une « question de droit », mais surtout sur des considérations historiques.

    Au cœur de cette polémique : le lycée polyvalent de la Plaine, à Saint-Denis. Inauguré il y a six ans, l’établissement scolaire de 1 200 élèves « n’a toujours pas de nom officiel », rappelle l’article. Depuis son ouverture pourtant, élèves, enseignants et habitants, « tout comme le site de l’Education nationale », « le désignent du nom de l’écrivaine et militante américaine Angela Davis ». Une dénomination non prise en compte par la région Ile-de-France, seule autorité à pouvoir décider du nom officiel de l’établissement selon le code de l’éducation.

    Une figure « trop conflictuelle »

    Fin mars, Valérie Pécresse a alors relancé le débat. Elle a proposé de baptiser l’établissement du nom de Rosa Parks, une autre figure du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Une personnalité, selon elle, « plus consensuelle », écrit le Monde. « Le conseil d’administration du lycée avait pourtant validé le nom d’Angela Davis dès mai 2018, soutenu par le maire de Saint-Denis de l’époque », développe le quotidien. La proposition a fait réagir les enseignants de l’établissement, « choqués » de ne pas y avoir été associés. Face à ce début de controverse, l’ancienne candidate à la présidentielle a saisi le ministre de l’Education nationale et le préfet de la région pour trancher.

    Dans une lettre du 31 mars destinée à Pap Ndiaye, Valérie Pécresse avance notamment la « radicalité d’ex-Black Panthers » d’Angela Davis pour justifier son choix. Les prises de position de la militante sont, d’après l’élue, trop « conflictuelle[s] pour incarner la sérénité qui doit prévaloir dans un établissement scolaire ». Des arguments balayés par Pap Ndiaye dans sa réponse. Semblant « délaisser sa casquette de ministre pour reprendre celle de l’universitaire », note le Monde, le spécialiste de l’histoire sociale des Etats-Unis et des minorités estime que l’opposition suggérée entre Rosa Parks et Angela Davis est « trop simple ». Il rappelle aussi que de nombreux établissements scolaires puisent leur nom dans des références « qui ne font pas nécessairement consensus ».

    Une réponse loin de satisfaire la présidente du conseil régional d’Ile-de-France. Interrogée par le Monde, Valérie Pécresse a affirmé donner deux mois à la communauté éducative du lycée de Saint-Denis pour lui soumettre un nouveau nom. Faute de quoi, celui de Rosa Parks sera gardé.

    https://www.liberation.fr/societe/education/rosa-parks-ou-angela-davis-valerie-pecresse-et-pap-ndiaye-se-querellent-s
    #toponymie #toponymie_politique #dénomination #Rosa_Parks #Angela_Davis

    • Ile-de-France : sur l’impulsion de #Pécresse, la région débaptise le lycée Angela-Davis de Saint-Denis

      Malgré la demande de la région de changer de nom, le conseil d’administration de l’établissement avait conforté le 21 juin celui d’Angela-Davis. Puisque la région a autorité sur les lycées, la majorité de droite a voté ce mercredi 5 juillet : Angela-Davis sera remplacée par Rosa-Parks.

      Epilogue d’une polémique insensée. Le changement de nom d’un lycée de Saint-Denis avait fait du bruit dans la presse il y a déjà quelques mois. Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, s’opposait à la décision du conseil régional d’entériner le nom de l’établissement scolaire en hommage à Angela Davis, pourtant choisi depuis 2018. La région a enterré le débat en débaptisant le lycée ce mercredi 5 juillet. La majorité de droite a en effet voté en commission permanente pour que le nom d’Angela-Davis soit plutôt remplacé par celui de Rosa-Parks.

      En guise de justification, l’ex-candidate LR à la présidentielle avait déjà donné le ton fin mars lorsqu’elle avait refusé une première fois d’entériner le nom de la militante, pourtant choisi dès 2018 par le conseil d’administration du lycée et validé par le maire de l’époque. En résumé : pas question pour elle qu’un lycée prenne le nom d’Angela Davis, dont elle fustige les positions « contraires aux lois de la République ». Il est notamment reproché à l’universitaire, aujourd’hui âgée de 79 ans, une tribune cosignée en 2021 dans laquelle elle déplorait la « mentalité coloniale [qui] se manifeste dans les structures de gouvernance de la France, en particulier vis-à-vis des citoyens et des immigrés racisés ».
      « Course à l’échalote »

      Saisi par Valérie Pécresse à ce sujet, le ministre de l’Education Pap Ndiaye a estimé en avril qu’il n’était « pas opportun de changer le nom du lycée Angela-Davis », une « grande figure du mouvement pour les droits civiques, dont personne n’est obligé de partager tous les points de vue, mais qui peut cependant figurer sur les frontons de nos écoles ». « De très nombreuses écoles et établissements portent déjà le nom d’Angela-Davis », avait ajouté Pap Ndiaye pour qui « le nom de l’établissement » de Saint-Denis est aussi « entré dans l’usage » depuis son ouverture en 2017.

      Qu’importe : la région Ile-de-France a décidé de n’en faire qu’à sa tête, jugeant que le ministre « a détourné les yeux de cette question et s’en est remis au choix de la région ». Et ajoute que le conseil d’administration du lycée a conforté le 21 juin le nom Angela-Davis. « Faute d’avoir reçu une nouvelle proposition », la région, qui a autorité sur les lycées, choisit donc de le nommer Rosa-Parks, « figure emblématique de la lutte contre la ségrégation aux Etats-Unis, qui faisait également partie de la présélection du lycée ». L’opposition communiste a dénoncé dans un communiqué une « nouvelle démonstration de la course à l’échalote qu’une partie de la droite se livre avec l’extrême droite dans la quête de marqueurs identitaires et réactionnaires ».

      https://www.liberation.fr/societe/education/la-region-ile-de-france-change-le-nom-du-lycee-angela-davis-de-saint-deni

    • Au nom de la « #laïcité » et contre l’avis de Pap Ndiaye, Valérie Pécresse débaptise le lycée Angela-Davis

      Le conseil régional d’Île-de-France a voté, mercredi, pour débaptiser le lycée Angela-Davis, en Seine-Saint-Denis, et le renommer Rosa-Parks, malgré l’avis contraire émis par le ministre de l’éducation nationale.

      LaLa région Île-de-France, dirigée par Valérie Pécresse, a finalement baptisé Rosa-Parks le lycée de Saint-Denis qui avait choisi le nom d’Angela Davis, à l’occasion d’un vote en commission permanente, mercredi 5 juillet. Le motif de cette décision : les positions de l’universitaire américaine, jugées « contraires aux lois de la République », à cause notamment d’une tribune de 2021 dans laquelle Angela Davis fustigeait la « mentalité coloniale [qui] se manifeste dans les structures de gouvernance de la France, en particulier vis-à-vis des citoyens et des immigrés racisés ».

      Devant la bronca de l’opposition, la majorité de droite avait, dans un premier temps, suspendu le processus et annoncé, en mars dernier, saisir au préalable le ministère de l’éducation nationale. En avril, Pap Ndiaye a estimé qu’il n’était « pas opportun de changer le nom du lycée Angela-Davis », une « grande figure du mouvement pour les droits civiques, dont personne n’est obligé de partager tous les points de vue, mais qui peut cependant figurer sur les frontons de nos écoles ». Le 21 juin dernier, de nouveau, le conseil d’administration du lycée a appuyé le choix de nommer le lycée Angela-Davis.

      Mais Valérie Pécresse et sa majorité estiment aujourd’hui que, « faute d’avoir reçu une nouvelle proposition » de l’établissement et puisque la région a autorité sur les lycées, le nom Rosa-Parks, « figure emblématique de la lutte contre la ségrégation aux États-Unis », doit être entériné.

      L’opposition communiste a aussitôt fustigé dans un communiqué une « nouvelle démonstration de la course à l’échalote qu’une partie de la droite se livre avec l’extrême droite dans la quête de marqueurs identitaires et réactionnaires ».

      Nous republions notre article du 28 mars 2023, intitulé « Au nom de la “laïcité ”, Valérie Pécresse veut débaptiser le lycée Angela-Davis ».

      *

      Valérie Pécresse a fait marche arrière. Mercredi 29 mars, la présidente du conseil régional d’Île-de-France a finalement renoncé à soumettre au vote une délibération relative aux lycées franciliens. Sur le bâti scolaire, dont l’état est calamiteux par endroits ? Sur les agents techniques, en sous-effectif constant ? Sur les neuf lycées parisiens qui doivent fermer à la rentrée de septembre ? Rien de tout cela. Il s’agissait de changer le nom du lycée Angela-Davis de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), inauguré en 2017 et dont le titre n’avait jamais été entériné par la collectivité régionale.

      Devant l’indignation de l’opposition, Valérie Pécresse a annoncé vouloir d’abord saisir le ministère de l’éducation nationale et la préfecture « au titre du contrôle de légalité ». Ils devront déterminer si le nom d’Angela Davis répond à toutes les exigences d’une circulaire de 1988 « sur la dénomination des établissements » et à la jurisprudence administrative (notamment sur le trouble à l’ordre public).

      Voilà pourtant presque cinq ans que le conseil d’administration de l’établissement a voté cette dénomination à une très large majorité et que le nom d’Angela-Davis figure sur tous les documents du lycée, de la Région et de l’Éducation nationale.

      Mais pourquoi Angela Davis dérange-t-elle autant la présidente LR de la Région ? L’amendement préparé par le groupe majoritaire, essentiellement composé d’élu·es Les Républicains (LR), listait la « défense de la laïcité » et des « valeurs républicaines » ainsi que de la lutte contre « l’obscurantisme ».

      Dans l’exposé des motifs de cet amendement, la droite régionale détaille ses griefs à l’encontre de la militante américaine, figure de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. Elle se voit reprocher d’avoir signé une tribune en 2013 contre l’interdiction du voile dans les crèches associatives ou d’avoir déclaré qu’une femme voilée pouvait être « plus féministe » qu’une femme qui ne l’est pas.

      « On considère qu’un certain nombre de ses prises de position ne sont pas acceptables, pointe l’entourage de Valérie Pécresse. Dans un lycée, on doit essayer de rassembler les élèves. » « Dans un lycée français, on doit apprendre à aimer la France », a expliqué mercredi la présidente.

      Vincent Jeanbrun, le président du groupe majoritaire au conseil régional, avance aussi auprès de Mediapart : « On peut retenir énormément de choses positives sur le parcours d’Angela Davis mais il y a aussi quelques zones d’ombre. On était loin d’un engagement universaliste dans la deuxième partie de sa vie. Elle a aussi été très proche des dictatures en URSS et à Cuba. »

      À la place, Valérie Pécresse et ses soutiens proposent d’attribuer au lycée le nom de Rosa Parks, une autre figure de la lutte contre la ségrégation aux États-Unis. « Elle incarne tout aussi bien le combat contre la ségrégation raciale et elle s’est battue toute sa vie pour les droits de la femme et l’universalisme », justifie Vincent Jeanbrun. À l’inverse, conserver le nom d’Angela Davis – qui est toujours en vie – enverrait « un message désastreux à notre jeunesse et particulièrement aux jeunes femmes », estime-t-il dans l’amendement déposé.

      La position de la droite régionale est d’autant plus surprenante que depuis cinq ans, elle n’a pas exprimé la moindre réticence à l’égard du nom choisi par la communauté éducative du lycée. Début mars 2020, elle en avait même soumis l’approbation à l’assemblée régionale. Avant de retirer le rapport de l’ordre du jour, invoquant de simples vérifications administratives. « Pour moi, il n’y a aucun sujet, assurait Valérie Pécresse face aux inquiétudes des groupes de gauche. Le lycée s’appelle Angela-Davis, il a été nommé Angela-Davis, il n’y a pas de sujet. »

      En septembre 2019, l’ancienne ministre allait même plus loin. Interpellée à ce sujet par l’écologiste Bénédicte Monville, elle affirmait : « À aucun moment nous n’avons refusé d’entériner le nom d’une personnalité donnée à un lycée et cela ne nous viendrait pas à l’esprit, sauf si on appelait un lycée Adolf-Hitler. Là, nous aurions un droit de réserve et une opposition à formuler. » Et Valérie Pécresse de conclure : « Dites au proviseur du lycée de nous en saisir et nous entérinerons ces noms [sic]. »

      Trois ans plus tard, les promesses ont fait long feu. Valérie Pécresse a visiblement changé d’avis, même si son entourage assure qu’elle « donnera sa position demain [mercredi] après avoir écouté les arguments de chacun ». Alors que le code de l’éducation impose de recueillir leur avis, la droite régionale n’a averti ni la communauté éducative du lycée ni le maire de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, qui s’en est vivement ému sur Twitter.
      Le corps enseignant « profondément choqué »

      L’indignation est plus grande encore parmi les enseignant·es mobilisé·es, qui se sont dit « profondément choqué·es » dans un communiqué. « Quelle vision des responsabilités et du fonctionnement démocratique peut découler d’une décision qui passe outre les engagements pris, les procédures officielles et l’expression collective et souveraine d’un vote ? », pointe le texte, cosigné par les sections Snes-FSU, Sud Éducation et CGT de l’établissement, qui dénonce par ailleurs les « incohérences » et le « jeu politique » d’une « droite en quête de symboles ».

      « Pour tenter d’exister politiquement, la droite régionale joue la diversion, commente Céline Malaisé, présidente du groupe communiste au conseil régional. Elle provoque une énième panique identitaire et attise la concurrence mémorielle entre deux femmes combattantes contre la discrimination raciale aux États-Unis. Cet amendement inacceptable et honteux doit être retiré. Ce lycée s’appelle Angela-Davis, c’est un état de fait, il est temps que la droite l’accepte. »

      À l’unisson, le conseiller régional socialiste Yannick Trigance dénonce un choix « absolument scandaleux » et « extrêmement choquant ». « Que le Rassemblement national se prononce contre la dénomination en hommage à Angela Davis, ça ne nous surprend pas, pointe le secrétaire national du PS sur les questions d’éducation. Mais que la droite se rallie à cette position… Ça traduit une dérive de la droite vers la radicalité et l’extrémisme et Valérie Pécresse n’y échappe pas. »

      Et Pap Ndiaye, qu’en pense-t-il ? Le ministre de l’éducation nationale connaît le sujet de près, lui qui a écrit Les Noirs américains : en marche pour l’égalité en 2009 et travaillé depuis trente ans sur la condition noire aux États-Unis et en France et la lutte contre les discriminations raciales. Contacté par Mediapart, il n’avait pas donné suite à l’heure où cet article a été publié. C’est maintenant à lui de se prononcer.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/050723/au-nom-de-la-laicite-et-contre-l-avis-de-pap-ndiaye-valerie-pecresse-debap

    • La région Ile-de-France change le nom du lycée Angela-Davis en raison des critiques de l’icône des droits civiques contre la France

      Valérie Pécresse a refusé d’entériner ce nom en pointant des prises de position des positions « contraires aux lois de la République ». Pap Ndiaye avait défendu une « grande figure du mouvement pour les droits civiques, dont personne n’est obligé de partager tous les points de vue ».

      La région Ile-de-France dirigée par Valérie Pécresse a baptisé mercredi 5 juillet Rosa-Parks le lycée de Saint-Denis qui avait lui-même choisi le nom d’Angela Davis, en raison des positions de cette dernière, jugées « contraires aux lois de la République ». La majorité de droite a voté en commission permanente cette dénomination officielle, « faute d’avoir reçu une nouvelle proposition » de la part de la communauté éducative du lycée, explique l’exécutif régional dans l’amendement adopté.

      A la fin de mars, la candidate LR à la présidentielle avait refusé d’entériner le nom d’Angela Davis, pourtant choisi dès 2018 par le conseil d’administration du lycée et validé par le maire de l’époque, en raison de prises de position critiques vis-à-vis de la France. En cause notamment, une tribune cosignée en 2021 par l’universitaire, aujourd’hui âgée de 79 ans, dans laquelle elle fustigeait la « mentalité coloniale [qui] se manifeste dans les structures de gouvernance de la France, en particulier vis-à-vis des citoyens et des immigrés racisés ».

      Saisi par Mme Pécresse à ce sujet, le ministre de l’éducation, Pap Ndiaye, avait estimé en avril qu’il n’était « pas opportun de changer le nom du lycée Angela-Davis », une « grande figure du mouvement pour les droits civiques, dont personne n’est obligé de partager tous les points de vue, mais qui peut cependant figurer sur les frontons de nos écoles ». « De très nombreuses écoles et établissements portent déjà le nom d’Angela Davis », avait ajouté M. Ndiaye, pour qui « le nom de l’établissement » de Saint-Denis est aussi « entré dans l’usage » depuis son ouverture, en 2017.

      Le ministre « a détourné les yeux de cette question et s’en est remis au choix de la région », estime cette dernière, qui annonce que le conseil d’administration du lycée a conforté le 21 juin le nom Angela-Davis. « Faute d’avoir reçu une nouvelle proposition », la région, qui a autorité sur les lycées, choisit donc de le nommer Rosa-Parks, « figure emblématique de la lutte contre la ségrégation aux Etats-Unis, qui faisait également partie de la présélection du lycée ».

      L’opposition communiste a fustigé dans un communiqué une « nouvelle démonstration de la course à l’échalote qu’une partie de la droite se livre avec l’extrême droite dans la quête de marqueurs identitaires et réactionnaires ».

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/07/05/la-region-ile-de-france-change-le-nom-du-lycee-angela-davis-de-saint-denis_6

    • Lycée Angela-Davis : les enseignants dénoncent un « coup de force nauséabond »

      La région Ile-de-France a voté pour rebaptiser un lycée « Rosa-Parks » contre l’avis du conseil d’administration de l’établissement. Une cinquantaine d’enseignants dénonce une instrumentalisation politique de Valérie Pécresse et demande aux intellectuels et aux citoyens un soutien massif.

      C’est par voie de communiqué que nous avons appris, le mercredi 5 juillet, la décision de la majorité de droite de la région Ile-de-France de renommer le lycée Angela-Davis en lycée Rosa-Parks, justifiée dans un amendement invoquant la « défense de la laïcité », des « valeurs républicaines » ainsi que de la lutte contre « l’obscurantisme ».

      Le 21 juin, le conseil d’administration de l’établissement avait pourtant bien, suivant les prérogatives transmises directement par le rectorat et le ministère, répondu à l’ultimatum posé par Valérie Pécresse. A la question de savoir si nous souhaitons que notre lycée se nomme « Angela-Davis » ou « Rosa-Parks », l’écrasante majorité des élu·e·s du personnel, des parents et des élèves a répondu « Angela-Davis ». Pour la deuxième fois, dans une sorte de sentiment d’absurdité, nous avons réaffirmé notre nom. Ce que la majorité régionale nomme une « absence de réponse » est en réalité une réponse qu’elle ignore volontairement.

      Lors de ce même conseil d’administration, et comme c’est le cas depuis maintenant près de cinq ans, aucun·e représentant·e de la région n’était présent·e. Or nous pouvions légitimement attendre des explications d’un membre de cette institution devant la représentation élue du lycée.

      Nous aurions aussi saisi cette occasion pour ré-alerter la région, parmi tant d’autres choses, sur l’état de délabrement des toilettes de notre établissement, qui, mal construites, sont constamment inutilisables pour les élèves, et ce depuis l’ouverture du lycée. Ou le niveau d’effondrement de la structure de notre lycée fleuron, dont certaines poutres tombent déjà au milieu des élèves. Si la majorité régionale souhaite tant nous aider dans nos missions, qu’elle commence par répondre à nos courriers et à nos multiples appels à l’aide sur ce délabrement de l’établissement.
      De l’instrumentalisation du lycée

      Ce changement de nom est le signe d’une priorité politique qui nous dépassent et nous consternent, mais ne nous laissent pas dupes : les enjeux éducatifs sont secondaires, Valérie Pécresse qui fustige les positions « contraires aux lois de la République » d’Angela Davis, instrumentalise notre lycée pour donner des gages à son électorat dans la course à la surenchère avec l’extrême droite. En rejetant cette icône, il s’agit ici de répondre au « wokisme » présumé d’un nom en le remplaçant par un autre jugé plus consensuel.

      Au-delà de l’absurdité historique et politique qui consiste à opposer Angela Davis à Rosa Parks, deux femmes noires féministes et antiracistes, nous refusons de défendre une vision tronquée des valeurs de la République qui opère un tri partisan parmi les figures de l’histoire et ignore ouvertement l’expression démocratique des élèves, des parents et des enseignant·e·s.

      Nous refusons cette décision justifiée comme souvent par la droite au nom d’une défense d’une conception dévoyée de la laïcité. Nous refusons d’être les victimes de cette basse manœuvre politique, et nous refusons que les quartiers populaires soient, d’autant plus dans le contexte actuel de mobilisation de la jeunesse après la mort du jeune Nahel de la main de la police à Nanterre, à nouveau stigmatisés et instrumentalisés par cette droite bourgeoise et conservatrice.

      Encore une fois, c’est la voix de notre jeunesse qui est ignorée : alors que les élèves, avec les parents et l’entière communauté éducative, avaient voté pour Angela Davis, on piétine leur expression comme si elle n’était rien. Alors que les élèves ont choisi une figure militante noire et féministe pour représenter leur lycée, on leur oppose l’argument odieux que leur choix n’est pas assez « français » ou « républicain ». En imposant une décision autoritaire et absurde à la jeunesse du quartier de La Plaine Saint-Denis, madame Pécresse ne fait que jeter de l’huile sur le feu et affiche clairement son mépris pour nous, nos élèves, et leurs familles.

      Nous sollicitons donc l’intervention de notre ministre Pap Ndiaye, garant des libertés démocratiques de notre communauté éducative, qui s’est déjà exprimé en avril en faveur du nom Angela Davis, pour s’opposer à ce coup de force nauséabond. Nous appelons également les intellectuel·le·s et citoyen·ne·s à exprimer publiquement leur opposition à ce qui pourrait constituer un dangereux précédent, qui dit quelque chose de la droitisation extrême d’une partie de notre société.

      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/lycee-angela-davis-les-enseignants-denoncent-un-coup-de-force-nauseabond-

    • Lycée Angela Davis débaptisé : sur France Inter, la militante américaine tacle Valérie Pécresse

      Durant l’été, Valérie Pécresse avait demandé de changer le nom d’un lycée de La Plaine Saint-Denis car des déclarations d’Angela Davis avaient été jugées « contraires aux lois de la République ».

      Une intervention inattendue, mais salutaire. Invitée de la matinale de France Inter ce lundi 20 novembre, l’activiste américaine et universitaire Angela Davis n’a pas manqué d’égratigner la présidente Les Républicains de la Région Île-de-France lors de ce passage en France.

      Il faut dire que la militante aujourd’hui âgée de 79 ans s’était bien malgré elle retrouvée au cœur d’une polémique politique durant l’été lorsque Valérie Pécresse avait refusé que le nom d’Angela Davis soit associé à un lycée de La Plaine Saint-Denis à cause de positions de cette dernière jugées « contraires aux lois de la République ».

      La décision avait alors été prise de remplacer le nom d’Angela Davis par celui de Rosa Parks, autre grande figure marquante de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. Interrogée par Sonia Devillers ce lundi sur cette décision votée en commission permanente par la majorité de droite, Angela Davis a taclé poliment la droite française et Valérie Pécresse.

      « Je ne peux pas dire que le lycée ne doit pas être nommée Rosa Parks », a-t-elle d’abord expliquée après avoir rappelé que Rosa Parks « a participé à la campagne pour (s)a liberté » et qu’elle a fait « beaucoup plus que refuser de céder sa place dans un bus » en tant que « militante et progressiste ».

      « Pourquoi Rosa Parks convient à la droite française, mais pas Angela Davis ? », lui demande alors la journaliste. « Parce que la droite française ne sait pas qui est Rosa Parks », glisse alors Angela Davis en souriant.

      « C’est au fond lui donner raison »

      Une pique délicate mais qui a le mérite de mettre l’élue des Républicains face à l’absurdité de sa décision. En effet, le 5 juillet, Valérie Pécresse avait motivé cette décision en condamnant des déclarations d’Angela Davis sur la France. « Dans ces conditions et compte tenu du fait qu’Angela Davis est toujours vivante et qu’elle peut continuer de s’exprimer de manière très positive sur l’État français (...) Je crois qu’il est nécessaire que nous rejetions la dénomination du lycée Angela Davis », avait ironisé la présidente de région.

      À la place, Valérie Pécresse avait proposé le nom de Rosa Parks, « figure emblématique de la ségrégation aux États-Unis, qui faisait partie de la présélection » pour renommer le lycée.

      Parmi les propos relevés par Valérie Pécresse pour échanger le nom d’Angela Davis : « le racisme systémique de l’État français » dénoncé par la militante. Une phrase extraite d’une tribune cosignée par Angela Davis en 2021 sur la « mentalité coloniale dans les structures de gouvernance de la France ».

      Le changement de nom avait toutefois été épinglé par Éric Coquerel, député LFI de la circonscription du lycée. « Débaptiser le lycée Angela-Davis à Saint-Denis, dans ma circonscription, parce que cette grande figure de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis aurait dénoncé une certaine forme de racisme en France, c’est au fond lui donner raison », s’était-il permis de souligner.

      Tout comme l’opposition communiste au sein de la région Île-de-France, qui avait déploré dans un communiqué cette « nouvelle démonstration de la course à l’échalote qu’une partie de la droite se livre avec l’extrême droite dans la quête de marqueurs identitaires et réactionnaires ».

      Le ministre de l’Éducation au moment de la polémique, Pap Ndiaye, avait lui même jugé inopportun de procéder à un changement de nom de l’établissement quelques mois plus tôt et alors que le lycée porte ce nom depuis 2017.

      https://www.huffingtonpost.fr/france/article/lycee-angela-davis-debaptise-sur-france-inter-la-militante-americaine

  • La semaine de 4 jours : les GB ont testé - et approuvé | Libé | 16.04.23

    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/semaine-de-quatre-jours-les-anglais-ont-teste-et-approuve-20230416_INSZAR

    L’expérimentation du dispositif réalisée en Angleterre prouve qu’une réduction du temps de travail sans perte de salaire rend les salariés plus heureux et plus productifs, explique Jack Kellam, chercheur au think tank britannique Autonomy.

    En France, l’Urssaf de Picardie et la Cnav expérimentent la possibilité de travailler quatre jours par semaine sans réduction du temps de travail.
    [...]
    Entre juin et décembre 2022, dans le cadre de la plus grande étude pilote à ce jour, près de 3 000 travailleurs de secteurs de l’économie britannique ont testé une semaine de travail plus courte sans perte de salaire. L’essai a été un succès retentissant : les travailleurs étaient moins stressés, avaient moins de problèmes de sommeil et une plus grande satisfaction de vivre. Les entreprises, quant à elles, ont vu leurs revenus augmenter et ont moins de personnel quittant leurs entreprises. Sans surprise, suite à des résultats « gagnant-gagnant », 56 des 61 organisations participantes ont choisi de conserver la semaine de quatre jours à la fin de l’essai.

    • Au cours de la période d’essai, des organisations allant des cabinets de conseil aux entreprises de gestion de logements sociaux, en passant par les brasseries et les entreprises de robotique, ont opté pour des horaires plus courts sans aucune perte de leur salaire. Alors que la structure de leur semaine de quatre jours variait – certains optaient pour une « journée de congé » complète, d’autres 32 heures sur cinq jours, etc. – leurs résultats avaient beaucoup en commun.

      Les niveaux d’épuisement professionnel des travailleurs ont diminué de 71 % ; 39 % étaient moins stressés ; 60 % ont trouvé plus facile de concilier travail et responsabilités familiales, et la satisfaction globale à l’égard de la vie s’est améliorée de 13 %. Parallèlement, le chiffre d’affaires des entreprises a augmenté de 35 % en moyenne par rapport à une période de comparaison, et la rotation du personnel a chuté de 57 %.

  • #Handicap : donnons à l’école les moyens d’être réellement inclusive
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/handicap-donnons-a-lecole-les-moyens-detre-reellement-inclusive-20230408_

    Les conditions de la mise en œuvre à marche forcée de l’inclusion scolaire des élèves en situation de handicap du précédent quinquennat ont généré des situations de plus en plus difficiles voire le plus souvent ingérables en milieu scolaire : c’est une réalité. Le ministère de l’Education nationale et de celui de l’Agriculture pour l’enseignement agricole doivent le reconnaître et ne plus se cacher derrière des chiffres pour évoquer l’inclusion. Il est plus qu’urgent que soient considérées les difficultés croissantes vécues dans les établissements scolaires, que ce soit pour les élèves ou les équipes éducatives. De plus, les listes d’attente pour les prises en charge dans le secteur médico-social sont inacceptables et parfois maltraitantes pour les élèves et leurs familles.

    Trop d’enfants scolarisés sont en attente de soins qui peuvent être de nature diverse : ergothérapie, orthophonie, psychomotricité, soutien éducatif et /ou psychologique, psychiatrique, etc. De nombreux territoires sont touchés par une pénurie de soignant·es dans toutes leurs spécialités. Au sein du système scolaire, les personnels de santé et du social sont en nombre bien insuffisant pour apporter rapidement leur expertise, en soutien aux équipes. Quelle que soit la formation des enseignant·es, y compris quand elle intègre le principe d’inclusion, ce qui est loin d’être toujours le cas, un·e professeur·e ne peut être considéré·e comme un·e soignant·e

    Le renforcement de la coopération avec le secteur médico-social est crucial pour l’avenir de l’école inclusive. Une coopération interministérielle est urgente sur ce sujet. Le cloisonnement actuel entre d’une part le ministère de la Santé qui impose la régulation de ses budgets via les agences régionales de santé (ARS) et d’autre part la rédaction de textes réglementaires qui engagent l’#Education nationale, établis sans concertation, doit prendre fin. Le respect des missions de chacun·es, soignant·es, éducateurs, éducatrices et enseignant·es doit être assuré.

    Dans un second temps, l’augmentation sans fin d’une aide humaine, essentiellement assurée par les accompagnant·es d’élèves en situation de handicap (#AESH), doit être analysée lucidement. C’est trop souvent une solution par défaut, non adaptée. Les demandes sont en augmentation constante mais ces emplois ne suffisent pas à compenser la complexité de l’inclusion en milieu scolaire. Pourtant, ces personnels s’impliquent de leur mieux, avec abnégation, dans des emplois très contraignants, peu reconnus, peu formés, peu rémunérés, et qui, logiquement, peinent à fidéliser les personnes qui les occupent.

    L’Ecole est un lieu collectif de socialisation, indéniablement, mais aussi d’apprentissage. Sans l’octroi de moyens (humains et matériels ; internes et externes) adaptés à leurs besoins, comment permettre un déroulement serein des apprentissages quand certains élèves sont en souffrance et l’expriment parfois violemment ? Les adultes présents peuvent contenir des crises, tant bien que mal, au détriment du bien-être au travail, mais ne peuvent en traiter les causes.

    La réussite de l’inclusion scolaire doit passer par un renforcement des coopérations, avec la prise en charge réelle des enfants par les différent·es professionnel·les du secteur médico-social qui interviendraient auprès des enfants. Des dispositifs existent, il faut les renforcer. La complémentarité des structures Ecole-médico-social peut permettre des scolarisations à temps partiel et /ou des interventions dans l’école, au collège ou au lycée, dans le respect des missions et compétences de chacun.

    L’acte II de l’école inclusive est très attendu et la conférence nationale du handicap prévue au printemps 2023 doit en fixer les objectifs. Il nécessitera des moyens financiers et humains importants et devra impérativement apporter des réponses concrètes. Elles ne devront pas masquer ces difficultés ou se substituer au secteur médico-social. Le « 100 % #école_inclusive » n’est pas un objectif réaliste, en l’état actuel de l’Ecole. Un choix politique, lucide et responsable, est nécessaire pour que la société soit véritablement inclusive.

  • Maladies professionnelles, #retraites : le déni répété des maux du travail
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/maladies-professionnelles-retraites-le-deni-repete-des-maux-du-travail-20

    Au début du mois de mars, la reconnaissance d’un #cancer du sein comme #maladie_professionnelle pour une infirmière ayant travaillé de nuit environ une fois par semaine pendant vingt-huit ans a constitué une première en France. Issue de deux ans de procédures et d’une enquête lancée par la CFDT en 2018, cette décision est une victoire pour les défenseurs de la #santé des travailleurs. Cependant, elle ne doit pas faire oublier qu’il existe aujourd’hui une sous-reconnaissance massive des maux du travail en France, comme le montre le cas des cancers professionnels. Alors qu’au moins 15 000 cancers par an sont estimés causés par des expositions à des risques du travail, moins de 2 000 d’entre eux sont reconnus comme étant d’origine professionnelle. Et encore, parmi ces derniers, la plupart sont liés à des expositions à l’amiante, mieux reconnues que les autres cancérogènes.

    https://justpaste.it/61qj3

  • Réforme des bourses : la jeunesse ne se laissera pas acheter ! (Ah... c’est pour ça que le PS avait interdit le RMI au moins de 25 ans)
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/reforme-des-bourses-la-jeunesse-ne-se-laissera-pas-acheter-20230401_SU3GO
    https://www.liberation.fr/resizer/zFOzCe471v41-ZNGr7Q0fJzIqck=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(1575x1005:1585x1015)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/ITX4SID6HVHVXOYE3BQEYOAIAY.jpg

    Sans repas à un euro pour tous, sans allocation d’autonomie, sans minimum jeunesse, sans gratuité des transports, le gouvernement malgré l’augmentation des bourses de 37 euros n’apaisera pas les inquiétudes de la jeunesse pour son avenir, estiment des membres du Parti socialiste.

  • Pourquoi je suis contre le #RSA sous condition, par Stéphane Troussel – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/pourquoi-je-suis-contre-le-rsa-sous-condition-par-stephane-troussel-20230

    « Plutôt que de distribuer gratuitement des pommes de terre aux indigents, on exigea d’eux un #travail pour y avoir droit. On n’en trouva pas. Alors, on leur fit construire des tours en rase campagne. Ces tours inutiles furent appelées “Tours de la famine”. Et comme les Tours de la famine furent debout avant que la famine cessât, on chargea les chômeurs de les démolir. » Cet épisode célèbre des grandes famines en Irlande, relaté par Robert Castel dans les Métamorphoses de la question sociale , n’est pas sans résonance avec l’actualité.

  • Hommage à Claude Lorius, géant des glaces
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/hommage-a-claude-lorius-geant-des-glaces-20230325_I7GMLYFFQBACPLQBLE5XTH6

    Le glaciologue charismatique participa à reconstituer l’histoire de la composition de l’atmosphère. Sa force de persuasion lui permit d’accéder, en pleine guerre froide, à des carottes de glace obtenues par les Soviétiques, se souvient Jérôme Chappellaz, qui travailla avec le chercheur, mort mardi.

    Claude Lorius nous a quittés mardi, au lendemain de la synthèse du 6e rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec). Troublante coïncidence. De fait, par ses recherches durant près de quarante ans, #Claude_Lorius fut l’un des artisans majeurs de cette prise de conscience planétaire que l’activité humaine est en train de modifier profondément le climat planétaire, appelant à la mise en place urgente de politiques internationales ambitieuses pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

    Tout avait commencé en 1957 pour Claude Lorius alors qu’il avait 25 ans : une année entière passée avec deux de ses collègues totalement isolés du reste du monde, au sein d’un tout petit refuge enfoui sous la neige à 300 kilomètres de la côte en terre Adélie (Antarctique). Il y conduisait les toutes premières observations des propriétés physiques des grains de neige au fur et à mesure que la température chutait, atteignant parfois -60°C. En participant ensuite en 1959 à une expédition américaine en terre Victoria, toujours en #Antarctique, parcourant 2 500 kilomètres en territoires inconnus, Claude Lorius put démontrer pour la première fois que la proportion d’atome lourd de l’hydrogène (le deutérium) de la neige tombée en surface reflétait la température à laquelle la neige s’était formée. C’était la naissance du fameux « thermomètre isotopique », utilisé depuis par tous les glaciologues pour reconstituer la température dans le passé grâce à des carottages en profondeur dans les glaciers.

    En 1965, alors qu’il dirigeait l’équipe d’hivernage à la station française Dumont d’Urville en terre Adélie, glissant dans son verre de #whisky un morceau de glace issu d’un carottage conduit dans le glacier voisin, il vit la glace libérer de l’air sous pression provenant des petites bulles qu’elle contenait. Ce fut une véritable révélation pour Claude : ces petites bulles pourraient peut-être permettre de reconstituer la composition chimique de l’atmosphère lorsqu’elles s’étaient formées il y a des milliers d’années.

    En 1970, Claude Lorius alors installé à Paris comme chercheur au CNRS rejoignait à Grenoble un autre illustre glaciologue français : le professeur Louis Lliboutry, au sein de ce qui allait devenir le fameux Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement. Il dirigea ce laboratoire de 1984 à 1989, avant ensuite de prendre la présidence du tout nouvel Institut polaire français (devenu Ipev depuis) mis en place grâce à lui mais aussi à Paul-Emile Victor, fidèle complice et véritable moteur des expéditions françaises aux pôles.

    Il aura fallu près de vingt ans d’efforts à Claude Lorius et à ses équipes pour aboutir à des méthodes fiables permettant de reconstituer la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à partir du contenu des petites bulles d’air dans la glace. Ce fut tout d’abord le gaz carbonique. Après les travaux analytiques pionniers de Robert Delmas au sein de son équipe, utilisant un carottage français conduit au dôme C en Antarctique, Claude Lorius profita de sa force de persuasion pour accéder à plus de 2 kilomètres de carottes de glace tout juste obtenues par les Soviétiques à la station Vostok au cœur du continent blanc. Il s’y rendit en janvier 1985 alors que la guerre froide régnait encore, transporté par un avion américain avec ses deux collègues Jean-Robert Petit et Michel Creseveur. Tout un symbole de l’incroyable capacité qu’avait Claude de nouer des amitiés transcendant les frontières et les conflits afin d’atteindre ses objectifs.

    Il en résulta l’un des résultats scientifiques les plus marquants du siècle dernier pour les sciences de la planète : avec ses collègues Jean Jouzel, Dominique Raynaud et Jean-Marc Barnola, Claude Lorius publiait en octobre 1987 trois articles conjoints dans la prestigieuse revue scientifique Nature. Ils décrivaient pour la première fois et en grand détail l’évolution climatique au cours des derniers 160 000 ans, et en parallèle celle de la quantité de gaz carbonique dans l’atmosphère. Une remarquable corrélation était observée : plus de gaz carbonique durant les périodes chaudes qu’avait connu la Terre, moins de gaz carbonique durant les périodes froides. Ils montraient également que les quantités de gaz carbonique dans l’atmosphère d’aujourd’hui n’avaient pas d’équivalent sur la période étudiée. Ces résultats firent l’effet d’une bombe. Le climatologue américain de la Nasa James Hansen s’appuya dessus lors de son audition par le Congrès américain en juin 1988, contribuant à la mise en place du Giec en 1990.

    J’ai personnellement eu la chance inouïe de contribuer à ces avancées scientifiques en rejoignant l’équipe de Claude Lorius en 1986, afin d’utiliser les carottes de glace soviétiques de Vostok pour reconstituer l’évolution d’un autre gaz à effet de serre : le méthane. Là encore, nos observations corroboraient le lien étroit existant entre l’évolution du climat et celle de ce gaz à effet de serre. Je me souviens de ces moments d’excitation lorsqu’avec Jean-Marc et Dominique, semaine après semaine, nous retrouvions Claude Lorius dans son bureau pour montrer les nouveaux résultats obtenus dans le laboratoire. Les courbes se dessinaient petit à petit. Un jour, Claude tiendra ces propos prémonitoires : « Ça va faire mal ! »

    La vie de Claude Lorius fit l’objet d’un magnifique long-métrage : la Glace et le Ciel, sous la houlette du réalisateur oscarisé Luc Jacquet. En mai 2015, il était projeté en clôture du festival de Cannes. Quel souvenir alors de cette extraordinaire « standing ovation » en l’honneur de Claude, debout et en larmes au milieu des spectateurs. Un juste hommage à un meneur d’hommes extraordinairement charismatique, au destin exceptionnel, qui aura marqué la science et l’histoire. Mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.

    #climat #recherche #ice_core_science

  • Democracia, Emmanuel Macron la habrá negado tres veces
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/la-democratie-emmanuel-macron-laura-reniee-trois-fois-20230322_7TM3VZ7CZ5
    Al negar el carácter popular de la movilización contra la reforma de las pensiones que se basa en la unanimidad de los sindicatos legítimamente elegidos, el Presidente no puede entender que enfrenta un desafío democrático, analiza el politólogo Samuel Hayat

  • « Si la “foule” n’a pas de légitimité quand elle s’appuie sur l’une des plus grandes manifestations d’opposition de l’histoire de la Ve… c’est donc qu’il n’y a aucun moyen pour un mouvement social d’être reconnu comme l’expression du peuple » SamuelHayat
    La démocratie, Emmanuel Macron l’aura reniée trois fois
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/la-democratie-emmanuel-macron-laura-reniee-trois-fois-20230322_7TM3VZ7CZ5

    En niant le caractère populaire de la mobilisation contre la réforme des retraites qui s’appuie sur l’unanimité de syndicats légitimement élus, le Président est incapable de comprendre qu’il a face à lui une contestation démocratique, analyse le politologue Samuel Hayat.

    Face à la contestation, il n’y a rien qui ressemble plus au discours d’un dirigeant politique en difficulté que le discours d’un autre dirigeant politique en difficulté. Qu’il ait été élu ou qu’il ait pris le pouvoir de force, tout gouvernant dans cette situation dit à peu près la même chose : moi seul suis légitime, moi seul défends l’intérêt général, moi seul représente le vrai peuple. Des millions de personnes sont dans la rue ? C’est simplement « la foule » et « l’émeute » pour reprendre les termes d’Emmanuel Macron le 21 mars 2023, « des factieux et des factions », comme il le dit le lendemain durant le JT de 13 heures. Ils ne peuvent vouloir que « le chaos, le désordre », comme le disait quelques jours auparavant Elisabeth Borne, après avoir décidé de faire passer sa réforme des retraites sans vote parlementaire.

    C’est parler le langage de l’incarnation

    Rien de neuf dans ce discours, qui commet l’erreur de résumer la démocratie, le pouvoir du peuple, aux seules décisions des élus. Face au soulèvement populaire de juin 1848 pour le droit au travail, le président de l’Assemblée nationale Jules Senard, un bon républicain, déclarait déjà des « insurgés » qu’ils voulaient « l’anarchie, l’incendie, le pillage ». Le même jour, il faisait voter les pleins pouvoirs au général Cavaignac, conquérant sanglant de l’Algérie dont la répression allait faire des milliers de morts dans les rues parisiennes. C’étaient les chefs légitimes d’une assemblée républicaine, élue au suffrage dit universel – en fait masculin.

    Quand Emmanuel Macron dit le 21 mars que « la foule, quelle qu’elle soit, n’a pas de légitimité face au peuple qui s’exprime souverain à travers ses élus », il renie trois fois la démocratie. D’abord, il nie a priori tout caractère populaire aux mobilisations, quelles qu’elles soient ; car si la foule n’a pas de légitimité quand elle est appuyée sur les syndicats unanimes, sur l’une des plus grandes manifestations d’opposition de l’histoire de la Ve République et sur un soutien très largement majoritaire dans la société, et encore plus parmi les actifs… c’est donc qu’il n’y a aucun moyen pour un mouvement social d’être reconnu comme l’expression du peuple.

    Cela veut dire symétriquement, deuxième manière de nier la démocratie, que quelle que soit l’action du gouvernement, même si elle est violemment opposée aux intérêts et à la volonté de la majorité, elle est a priori démocratiquement légitime. Les décisions de Macron seraient quoi qu’il arrive l’expression du peuple souverain ? C’est là parler le langage de l’incarnation, pas de la représentation démocratique. C’est transformer le vote d’avril 2022 en réponse à une sorte de plébiscite tel que celui proposé par Louis-Napoléon Bonaparte après le coup d’Etat du 2 décembre 1851 : « Le Peuple français veut le maintien de l’autorité de Louis Napoléon Bonaparte. » Or quand un gouvernement agit contre la volonté et l’intérêt du peuple, même s’il a été élu, il gouverne contre la démocratie.

    Le peuple s’exprime aussi par les syndicats

    Enfin, et de manière plus insidieuse, cette opposition entre « la foule » et « le peuple qui s’exprime souverain à travers ses élus » nie un pan entier de la démocratie, ce qu’on appelle la démocratie sociale, qui organise l’expression du peuple comme ensemble des travailleurs. Car Macron et les députés qui le suivent ne sont pas les seuls à tenir leur légitimité de l’élection, c’est aussi le cas des syndicats. En effet, ce qui rend un syndicat représentatif, en France, c’est d’obtenir une partie significative des voix aux élections professionnelles. Des millions de voix se sont portées sur les élus syndicaux, et ces voix les légitiment autant, dans le monde du travail, que les députés dans la sphère parlementaire.

    Si le peuple s’exprime, ce n’est donc pas seulement par les députés, mais bien aussi par les syndicats. Certes, Emmanuel Macron a bien consenti, le 22 mars, à reconnaître la légitimité des syndicats à « défendre leur point de vue » ; mais ceux-ci n’expriment pas un point de vue parmi d’autres – ils sont bien des représentants du peuple. Et en l’occurrence, alors que la loi de réforme des retraites n’a même pas obtenu de majorité à l’Assemblée nationale, elle fait, en revanche, l’unanimité contre elle du côté des élus des travailleurs.

    En se montrant incapable de comprendre qu’il a face à lui une contestation démocratique, c’est-à-dire l’expression de la volonté et de l’intérêt du peuple, et en particulier des travailleurs, Macron renie la démocratie qu’il est censé servir. Il reproduit en cela l’erreur qu’il avait faite face aux gilets jaunes : se présenter en dirigeant qui daigne tout au plus écouter la rue, mais qui ne lui doit aucun compte. Le 22 mars, il s’est à nouveau posé en seul interprète autorisé de l’intérêt général, qui, certes, reconnaît qu’« une démocratie doit entendre la colère légitime qui s’exprime dans un cadre républicain », mais qui au lieu d’y répondre par le retrait de sa loi ne fait que dérouler, comme si de rien n’était, un programme qu’il entend faire passer « à marche forcée ». Cette posture banale de dirigeant autoritaire semble en tel décalage avec la puissance et la détermination du mouvement populaire qu’elle ne peut que contribuer à en renforcer encore la légitimité démocratique.

  • Pour une Association de journalistes antiracistes et racisé.e.s
    par Un collectif de journalistes et de photographes - publié le 20 mars 2023 à 7h35 (mis à jour le 21 mars 2023 à 7h00) – Libération
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/contre-le-racisme-decomplexe-dans-les-medias-20230320_T7T3OGAG75EFNIYNBFM
    https://www.liberation.fr/resizer/nWymiwEwtDxEzNU6Vfflzaq7nx4=/1200x630/filters:format(jpg):quality(70):focal(2018x708:2028x718)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/F5OK6LTRVBGKTJ5WLZSENOBOKY.jpg

    Nous sommes journalistes de presse écrite, web, radio, télévision et photographes. Nous sommes, par nos histoires, nos origines ethniques, nos couleurs de peau, nos religions, concerné·e·s par le racisme dans la société française, y compris dans les médias. Nous avons décidé de créer l’Association des journalistes antiracistes et racisé·e·s (AJAR) pour s’attaquer au racisme dans le journalisme.

    Les rédactions, de gauche comme de droite, restent en grande majorité blanches, notamment aux postes à responsabilités. Il y a urgence à nous y faire une place.

    Nous voulons soutenir nos consœurs et confrères discriminé·e·s, exploité·e·s et marginalisé·e·s en école, en recherche d’emploi, en situation de précarité et en rédaction. Inspiré·e·s par les initiatives de l’Association des journalistes LGBTI (AJLGBTI) et de Prenons la une créée par des femmes journalistes, nous nous sommes réuni·e·s afin d’agir ensemble. (...)