• Le courant océanique Gulf Stream est au plus bas depuis mille ans
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    Un courant océanique, diverticule du Gulf Stream, dans le golfe du Mexique.
    FRED MULLER/BIOSPHOTO

    La circulation océanique atlantique, un des composants du Gulf Stream, a diminué de 15 % ces dernières décennies, probablement à cause du réchauffement climatique.

    Le Gulf Stream s’affaiblit d’année en année. Ce courant océanique qui traverse l’Atlantique et permet à l’Europe de bénéficier d’un climat doux en hiver, serait actuellement à son niveau le plus bas depuis un millénaire, selon une étude publiée fin février dans la revue Nature Geoscience.

    Pour en arriver à cette conclusion, des chercheurs irlandais, anglais et allemands ont étudié un des composants du Gulf Stream : la circulation méridienne de retournement Atlantique (AMOC). « Ce système fonctionne comme un tapis roulant géant, explique Stefan Rahmstorf, co-auteur de l’étude. L’eau chaude et salée se déplace du sud vers le nord où elle se refroidit et devient ainsi plus dense. Lorsqu’elle est suffisamment lourde, l’eau coule vers des couches océaniques plus profondes et retourne vers le sud. » Au total il déplace près de 20 millions de mètres cubes d’eau par seconde grâce à l’AMOC, soit près d’une centaine de fois le flux du fleuve Amazone.

    L’AMOC n’a commencé à être mesuré directement qu’en 2004. Avant cela, il existe très peu de données. Pour analyser précisément ce phénomène, les chercheurs ont donc dû observer des indicateurs indirects. « Nous avons examiné par exemple la taille des grains dans les carottes de sédiments océaniques, explique Levke Caesar, première autrice de l’étude. En effet, un courant plus rapide peut transporter de plus gros grains. Nous avons également examiné la composition des espèces de coraux, car ils se répartissent selon les différentes températures de l’eau, et enfin nous avons compilé des données historiques, par exemple à partir de journaux de bord. » Ensemble, ces indicateurs dressent un tableau de la façon dont la circulation a changé au fil des ans.

    Le mécanisme des courants perturbé par le réchauffement
    Et le constat est clair : « Nous avons vu que la circulation océanique est restée stable jusqu’à la fin du XIXe siècle, explique Stefan Rahmstorf. Avec la fin de la petite période glaciaire vers 1850, les courants océaniques ont commencé à diminuer, avant un deuxième déclin plus drastique à partir du milieu du XXe siècle. » Selon l’ensemble des données étudiées, le courant océanique aurait diminué d’environ 15 % depuis soixante-dix ans.

    Ce phénomène inquiète les chercheurs depuis quelques années. Un ralentissement de l’AMOC a longtemps été prédit par les modèles climatiques en réponse au réchauffement climatique. Selon un certain nombre d’études, c’est probablement la raison majeure de l’affaiblissement observé. Le réchauffement climatique perturbe en effet le mécanisme des courants. L’augmentation des précipitations et la fonte accrue de la calotte glaciaire du Groenland ajoutent de l’eau douce à la surface de l’océan ; de son coté le réchauffement climatique augmente la température de surface des océans. Cela réduit la salinité et donc la densité de l’eau, qui a moins tendance à plonger en profondeur. « Nous ne connaissons pas encore toutes les causes avec certitudes, explique Didier Swingedouw, chercheur au CNRS, qui n’a pas participé à ces travaux. Il existe cette hypothèse du changement climatique, mais des cycles naturels pourraient également entrer en jeu. »

  • Un dépistage du Covid-19 toutes les quarante-huit heures : en Moselle, les travailleurs transfrontaliers exaspérés par une nouvelle restriction sanitaire
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    Deux longues tonnelles blanches sont installées sur la frontière entre la France et l’Allemagne, au bord de la route entre Stiring-Wendel (Moselle) et Sarrebruck (Sarre, Allemagne). Le soleil vient à peine de se lever et une vingtaine de voitures défilent lentement devant deux agents du Technisches Hilfswerk, le service allemand de protection civile.Le département français a été classé comme « zone où circule le variant » sud-africain par l’institut de veille sanitaire allemand, et Berlin demande désormais un test PCR ou antigénique négatif de moins de quarante-huit heures à tout Mosellan souhaitant entrer dans le pays. Près de 500 travailleurs transfrontaliers ont été les premiers, mardi 2 mars, à venir dans ce centre de dépistage façon « drive », construit en quelques jours pour absorber l’augmentation de la demande de tests.
    Pour limiter les déplacements, le tram-train et le bus reliant Sarreguemines à Sarrebruck sont aussi mis à l’arrêt : tous les trains régionaux en direction de l’agglomération allemande marquent leur terminus à Forbach, où le TGV de Paris ne s’arrête plus sur sa route vers Francfort. « Nous n’avons pas le choix, il faut faire un effort pour que cela finisse par aller mieux », considère Elisa Oinfrilo au volant de sa voiture, quelques minutes avant de connaître les résultats de son test antigénique. De nationalité allemande mais habitante de Moselle, elle a déjà pris un autre rendez-vous pour mercredi matin, histoire de se couvrir pour une semaine : son poste dans une banque allemande l’oblige à se déplacer tous les jours. L’annonce de la mesure a provoqué une course aux tests dans l’est de la Moselle, malgré les vacances scolaires et l’ouverture du centre de dépistage. Anne-Laure Weber, pharmacienne de la rue Nationale de Forbach, ne proposait pas de tests antigéniques ; elle prévoit désormais d’en faire cent par jour. Deux personnes devront être embauchées pour tenir le rythme imposé. « Le “home office”, télétravail à l’allemande, n’est pas possible pour de nombreux métiers assurés par les gens d’ici », dit-elle. Ouvriers du bâtiment et de l’industrie, employés de commerce, soignants… Environ 16 000 résidents de l’est de la Moselle se rendent chaque jour dans le Land de la Sarre.
    Christophe, 52 ans, y est peintre en bâtiment pour une société de travail intérimaire. Habitué aux contrôles inopinés de l’autre côté de la frontière – une attestation de motif impérieux est déjà obligatoire depuis le printemps 2020 –, il est exaspéré par la mesure, décidée unilatéralement par l’Allemagne, mais se rend à l’évidence : « Sans dépistage, pas de travail. »

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