• #Covid-19 : « Bamlanivimab », un traitement qui enthousiasme Véran mais divise les experts – Libération
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    Le principe du bamlanivimab, qui doit être administré par perfusion durant soixante minutes, est de fonctionner comme un neutralisant : en imitant l’action des anticorps naturels que notre corps fabriquerait en cas d’infection, ses molécules vont se fixer sur la protéine S (la couronne à la surface du Sars-CoV-2) et pouvoir ainsi empêcher la pénétration du virus dans les cellules. Problème : les données cliniques actuellement disponibles sont très préliminaires et ne dépassent pas les résultats d’essai de phase 2. Surtout, elles ne sont pas encore probantes quant à la véritable efficacité du bamlanivimab chez les patients infectés.

    Une étude randomisée en double-aveugle (1), baptisée « BLAZE-1 » et menée chez 577 patients ayant une forme légère à modérée de Covid-19, a comparé l’effet avec trois dosages différents de bamlanivimab (700 mg comme autorisé par l’ANSM, mais aussi 2 800 mg et 7 000 mg) sur la décroissance virale. Publiés le 21 janvier dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), les résultats définitifs de cet essai en phase 2 indiquent qu’il n’y a « aucune différence significative dans le changement de la charge virale avec les trois doses différentes de monothérapie de bamlanivimab comparées au placebo ».

    Dans un communiqué publié lundi, la Société française de pharmacologie et de thérapeutique s’alarme du choix de la France d’utiliser « un traitement dont le bénéfice n’est pas connu ». Le professeur Mathieu Molimard, membre de cette société savante, ne décolère pas : « Ce qui m’embête beaucoup, c’est qu’on a l’impression d’assister à la mort de l’évaluation clinique. Le politique demande ce traitement, donc go, on y va, sans qu’aucune démonstration clinique ne le justifie et sans attendre les résultats de phase 3. Je comprends l’urgence, mais ce n’est scientifiquement pas sérieux. »

    Tous et toutes ne s’alignent pas sur cette position. Brigitte Autran, experte en immunologie et responsable du groupe #anticorps_monoclonaux à la nouvelle Agence des maladies infectieuses émergentes (ARNS), reconnaît que le bamlanivimab « n’a pas fait la preuve totale de son efficacité » mais rappelle que l’autorisation temporaire d’utilisation « reste un cadre très strict » et ne doit pas être confondue avec une autorisation de mise sur le marché. « C’est comme une sorte de prolongement de l’essai clinique, explique-t-elle. On peut se le permettre car on sait que les anticorps monoclonaux sont bien tolérés. Il n’y a pas d’effets secondaires. Le pire qu’il puisse arriver, c’est que ça ne marche pas. Pour des patients vulnérables, à qui on ne proposait rien jusqu’alors pour leur éviter une forme grave, le rapport bénéfice /risque est en faveur du bamlanivimab. » L’efficacité du traitement n’étant pas du tout démontrée contre les variants de type sud-africains et brésiliens, son utilisation géographique est quoi qu’il en soit déjà limitée.