L’inversion perverse entre victime et bourreau

/linversion-perverse-entre-victime-et-bo

  • L’inversion perverse entre victime et bourreau - INRER
    https://inrer.org/2021/03/linversion-perverse-entre-victime-et-bourreau

    Le renversement des victimes et des bourreaux est au cœur de tous les discours génocidaires ou racistes, rappelle Noémie Issan-Benchimol.

    Il arrive qu’au milieu du bruit de l’actualité, vidéos, tweets et articles en vrac, un moment se détache des autres et saisisse par son caractère inouï. Parmi les flots d’images qui nous parvenaient en temps réel du Capitole américain le 6 janvier dernier, toutes plus stupéfiantes les unes que les autres, stupéfiantes justement à cause de la fausse impression de carnaval qui s’en dégageait, une séquence vidéo appelait interprétation : ce moment où une foule serrée devant les portes du Capitole a scandé en rythme et pendant plusieurs secondes : I can’t breathe.

    I can’t breathe, c’est-à-dire, « je ne peux pas respirer ». I can’t breathe qui a la particularité d’être à la fois un cri d’agonie, les derniers mots de plusieurs victimes afro-américaines de violences policières, mais également d’être devenu un slogan politique, un cri d’identification du mouvement des Black Lives Matter pour signifier la condition noire aux États-Unis, l’indifférence qui entoure les crimes et bavures, le sentiment partagé que leur sang est hefker, pour employer ce terme du judaïsme rabbinique qui dit que personne, ni les institutions, ni les autres humains, ne répondent plus de leur vie.