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  • Stephanie Kelton : « Les déficits ne sont pas intrinsèquement dangereux » | Alternatives Economiques
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    Justement, vous dîtes que les Etats de la zone euro, dont la France, sont des utilisateurs de monnaie. Quand, en 2018, Emmanuel Macron avait répondu aux soignants demandant plus de moyens à l’hôpital : « Il n’y a pas d’argent magique », il n’avait donc pas tort ?

    S. K. : Je ne connaissais pas cette anecdote. Si Emmanuel Macron a voulu dire que les capacités budgétaires du gouvernement français ne sont plus ce qu’elles ont pu être, il n’a pas tort. Comme les autres Etats de la zone euro, la France a abandonné sa monnaie souveraine, elle n’est plus émettrice mais utilisatrice de monnaie, à l’image des Etats fédérés aux Etats-Unis. En tant que tel, le gouvernement français est effectivement dépendant des recettes fiscales ou de ce que les marchés financiers veulent bien lui prêter.

    Ce n’est pas le cas de l’émettrice : la Banque centrale européenne (BCE). Elle ne peut pas être à court d’euros. Il n’est pas nécessaire d’appeler cela de « l’argent magique », c’est puéril, car cela n’a rien de magique, c’est simplement la réalité. Est-ce que la BCE pourrait mettre à disposition des gouvernements français, italien ou allemand autant de monnaie qu’elle veut ? La réponse est oui.

    « Les gens ont traversé trop de choses difficiles l’année dernière : les pertes d’emploi, les décès de proches à cause du Covid, ils sont soumis à un maximum de stress. Ils n’accepteront pas une nouvelle troïka »

    Son programme d’urgence pandémie (PEPP) en est la preuve. En substance, la BCE dit aux Etats de la zone euro : « Faites ce que vous avez à faire pour lutter contre le Covid, votez vos budgets, faites du déficit, nous vous couvrons et ne laisserons pas les taux s’envoler. »

    Le tout est de savoir combien de temps la BCE maintiendra son soutien, à quel moment elle le retirera et demandera à l’Italie et aux autres gouvernements d’ajuster leur ratio dette/PIB en fonction des règles budgétaires européennes.