Mécontent de mes révélations sur le fonctionnement du média « Blast » et ses collusions avec le financier quasi-milliardaire Hervé Vinciguerra (proche d’Arnaud Montebourg et donateur anonyme de l’association Anticor), Denis Robert annonce qu’il engage des poursuites judiciaires contre moi. J’ai donc décidé de publier ci-dessous la preuve d’une entente de sa part avec Hervé Vinciguerra.
Dans les heures qui ont suivi la diffusion de mon communiqué du 11 mars, dans lequel j’exposais les raisons de mon départ du média « Blast », Denis Robert a nié un grand nombre des faits que j’alléguais.
Pour rappel, j’y indiquais que Denis Robert, président de « Blast », avait été présenté à Hervé Vinciguerra par Elise Van Beneden, présidente de l’association anticorruption « Anticor » et cofondatrice de « Blast ». Et qu’il avait accepté en échange du soutien financier que celui-ci promettait à « Blast », la réalisation d’enquêtes journalistiques sur des adversaires d’Arnaud Montebourg (notamment Anne Hidalgo et Patrick Drahi), ainsi qu’un compte-rendu privé et bimensuel concernant les enquêtes en cours du pôle investigation du média.
A la parution de mon communiqué, Denis Robert a formellement démenti avoir été mis en relation avec le financier Hervé Vinciguerra par Élise Van Beneden.
Au même moment, Hervé Vinciguerra, contacté par le site « Arrêt sur Images », prétendait ne pas me connaître. « Je ne connais pas Maxime Renahy et ne veux pas en parler » disait-il, un brin amnésique.
On l’aura compris, cette affaire était censée n’avoir jamais existé…
Si Denis Robert se souvient enfin de cette partie de l’histoire, il continue cependant à démentir toute entente avec un donateur susceptible de compromettre l’indépendance de « Blast ». « J’aurais accepté que [Hervé Vinciguerra] supervise le pôle enquête et commande des papiers contre des ennemis politiques. Il soutiendrait un des candidats à la présidentielle. Et nous roulerions donc pour celui-ci, ainsi qu’Anticor. », dit-il. « (…) La construction forcenée que tente Maxime est fausse et profondément diffamatoire. C’est un coup d’une bassesse inouïe. »
Pourtant, Denis Robert a bel et bien négocié un financement de « Blast » par M. Hervé Vinciguerra, en échange de contreparties. Le « deal » était clair : 100 000 euros à la création du média puis 20 000 euros par mois la première année. Ces sommes étaient destinées à payer les salaires. La contrepartie : des réunions bimensuelles permettant au financier de suivre les investigations du pôle.
A plusieurs reprises, j’ai demandé à Denis de renoncer à toute entente et à toute implication financière d’Hervé Vinciguerra. Mais en février, des premières sommes d’argent arrivaient dans le crowdfunding, tronçonnées à la demande de Denis.
Denis Robert me reproche dans le même texte d’avoir voulu « [me] servir des propos que nous avions eu dans notre échange avec cet homme d’affaires pour enquêter sur lui. » Quand Hervé Vinciguerra est venu nous expliquer ses desseins et l’origine (offshore) de ses fonds, j’ai en effet commencé à enquêter sur lui et ses réseaux. Peu importe qu’il nous ait livrés spontanément certains de ses secrets ; en tant que journaliste, j’avais le devoir d’enquêter sur cette affaire.
Rappelons qu’elle implique un richissime donateur dont les actifs sont dans les paradis fiscaux, affirmant ouvertement soutenir Arnaud Montebourg et avoir besoin du concours de la presse dans le cadre de l’élection présidentielle de 2022. Denis a estimé qu’en faisant cela, je rompais un « pacte de confiance ».
Ce type de montage va à l’encontre même de ce que doit être un média, c’est-à-dire un contre-pouvoir dans une démocratie. En agissant ainsi, le richissime Hervé Vinciguerra et le président de Blast Denis Robert, ont dévoyé le rôle de ce média et rompu le lien de confiance que celui-ci doit avoir avec le public.
Maxime Renahy
Le 16 mars 2021