• Dans les universités, la « baisse de niveau » se voit de plus en plus
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    Alors qu’on craignait un décrochage massif, les résultats des examens de premier semestre, encore parcellaires, indiquent que celui-ci n’a finalement pas eu lieu. Globalement, les étudiants ont répondu présent. Le taux de présence serait ainsi de « seulement 3 points en dessous » de celui de l’année précédente, selon la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Mais côté réussite, si les résultats connus à ce stade ont tendance à se maintenir dans la plupart des établissements − appelés à la clémence −, certains enseignants pointent une forme de déperdition des acquis académiques.

    « Une problématique de niveau va se poser », abonde Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille, où les taux de réussite ont été similaires aux autres années… mais avec des sujets qui ont été « adaptés », et des consignes de mansuétude passées aux enseignants. « Ce serait se raconter des histoires que de croire qu’autant de mois à distance n’ont eu aucun effet sur les apprentissages, fait-il valoir. Les conditions d’acquisition de connaissances et de compétences ont été dégradées, y compris quand le distanciel est robuste et de qualité. On sent les élèves moins à l’aise dans leurs savoirs, avec des exposés moins solides, des références plus incertaines. »

    La crise sanitaire a jeté une lumière crue sur les failles de l’enseignement tout distanciel, où l’attention se fait volatile et la transmission altérée. « Même ceux qui ont un bon niveau se retrouvent en difficulté, et je les comprends… Quatre heures de suite en visio, ce n’est pas tenable », remarque Nelly Ferreira, de l’université de Cergy.

    La fac hors les murs met aussi en péril la dynamique collective qui entoure le « métier » d’étudiant. « Etudier, ce n’est pas seulement s’asseoir et accueillir des connaissances, mais c’est aussi toute une socialisation, fondamentale dans l’engagement académique », observe Pierre Mathiot. Si bien que, après des mois passés devant un ordinateur, excepté une parenthèse de quelques semaines à la rentrée 2020, la période d’examens a laissé apparaître des étudiants « perdus ». « Ils ne parviennent plus à s’organiser, ont une perte de repères et de notion du temps », s’inquiète Eric Gayer, de l’Université de Paris.

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