• Covid-19 : dans un lycée d’Uzès, le délicat exercice de communication autour des cas de variants
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    Une quinzaine de cas de Covid-19 ont été détectés au lycée Charles-Gide dans lequel était annoncée, dans le même temps, la reprise des cours en présentiel à 100 %. Une décision critiquée par enseignants, parents et élèves.

    Rien d’alarmant : tel était encore, mercredi 17 mars au matin, le mot d’ordre dans les rangs du lycée Charles-Gide, à Uzès (Gard), où plusieurs cas de variants anglais et sud-africain ont été détectés depuis le 10 mars. Au moins quinze cas ont été recensés chez des lycéens et des enseignants. Toutes les classes de 2de comme de terminale sont actuellement placées en isolement. Un enseignant est hospitalisé au CHU de Nîmes depuis le vendredi 12 mars. Il a été placé sous assistance respiratoire à la suite d’une aggravation de son état de santé.

    Cette situation a créé une certaine crispation dans cet établissement où un cluster s’est déjà déclaré fin janvier. Les parents d’élèves en ont pris connaissance par un message de la direction reçu le mardi 16 mars, évoquant pour la première fois la présence du « variant sud-africain ou britannique » pour justifier la fermeture du niveau de 2de. Pourtant, dès le 10 mars, quatre élèves et un enseignant avaient été diagnostiqués comme étant atteints par les variants sud-africain ou brésilien, comme le révèle un courrier de la direction transmis au personnel et que Le Monde s’est procuré.

    Dans ce lycée d’environ 1 200 élèves, l’équipe pédagogique déplore une situation anxiogène. L’annonce de la reprise des cours en présentiel alors que l’existence de cas de variants était connue a semé le trouble. Une enseignante, désirant rester anonyme, témoigne : « Quand nous avons eu l’apparition de cas variants, le proviseur nous a parlé de “nombreux cas”. Alors que cela était connu, il a voulu reprendre en présentiel pour tout le monde. Même s’il a finalement renoncé, ce n’est pas très rassurant ! L’hospitalisation de notre collègue, dans un état de santé très sérieux, nous bouleverse. »

    « Rétention d’informations »
    La rumeur autour de la multiplication des cas de variants a suscité l’interrogation et l’inquiétude de parents d’élèves. « Je n’y croyais pas mais lundi soir, j’ai été prévenue par texto que mon fils était cas contact d’un variant. Cela remonte à début mars puisqu’il n’avait pas cours la semaine dernière. Nous avons essayé de joindre le lycée dès le lendemain, personne ne nous a répondu, raconte Claire Rodriguez. On a le sentiment qu’on veut nous cacher des choses. »
    Côté élèves, un compte Instagram a vu le jour pour dénoncer l’absence de consultation.

    « Quand les élèves de terminale ont été mis en isolement le 11 mars, cela n’a pas été signalé aux autres familles, indique Léa. C’est étrange. Nous ne nous inquiétons pas spécialement pour nous, mais pour nos familles et nos proches. On sait que les variants sont plus dangereux. » Pour Juliette, élève de 1re, la situation est plutôt étonnante : « En fin de semaine, on nous disait qu’on allait tous reprendre en présentiel, et d’un seul coup, le lycée s’est vidé. De plus en plus de professeurs sont absents. Beaucoup d’élèves voudraient voir le lycée fermer. »