des militants d’extrême droite tentent de s’introduire au sein du Conseil régional…

/908172

  • L’Action française revendique l’intrusion violente au conseil régional d’Occitanie - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/250321/l-action-francaise-revendique-l-intrusion-violente-au-conseil-regional-d-o

    Un groupe de militants du mouvement d’extrême droite a tenté de pénétrer dans l’hémicycle régional ce jeudi en portant une banderole « Islamo-gauchistes traîtres à la nation ». À gauche, beaucoup dénoncent un climat haineux entretenu par un gouvernement pompier pyromane.

    À l’Hôtel de Région de Toulouse, l’émotion reste vive parmi les élus après l’intrusion violente de militants d’Action française en pleine assemblée plénière.

    Dans la soirée, Emmanuel Macron a apporté son soutien aux élus régionaux « qui ont défendu l’honneur de notre République ». « En envahissant le conseil régional d’Occitanie, l’extrême droite a une nouvelle fois montré son vrai visage : action violente, volonté de bâillonner la démocratie et de diviser les Français », a déclaré le président de la République selon l’AFP.

    Il est environ 13 h 30 ce jeudi 25 mars lorsque un petit groupe d’individus tente de pénétrer dans l’assemblée plénière d’Occitanie qui vient de commencer. « L’appel venait d’être fait quand on a entendu des cris, des hurlements. Il y a eu un petit moment de panique parce qu’on ne savait pas ce qui était en train de se passer », raconte la conseillère régionale Myriam Martin.

    Selon plusieurs témoignages recueillis par Mediapart, l’intrusion dans l’Hôtel de Région de Toulouse est brutale. Les portes du bas de la salle, celles qui donnent directement là où siège l’exécutif régional, sont forcées. Les individus, qui ont le temps de hurler quelques slogans comme « Action française » et « Mort aux islamo-gauchistes », sont repoussés par les agents de sécurité de la Région.

    Deux militants du groupuscule d’extrême droite sont ceinturés et six autres s’échappent dans les couloirs de l’Hôtel de Région.

    Une grande banderole sur laquelle on peut lire « Islamo-gauchistes traîtres à la France » et signée par l’Action française a été abandonnée sur le sol.

    La police, rapidement appelée sur place, était jeudi soir encore en train d’interroger les deux militants interpellés. Selon les informations communiquées aux élus, les six autres militants auraient réussi, peu après, à quitter le bâtiment.

    La présidente de la Région Carole Delga a immédiatement condamné ce coup de force et annoncé qu’elle allait porter plainte. « Face à l’extrême droite je ne lâcherai rien et ne céderai à aucune pression », a affirmé celle qui a récemment eu maille à partir avec les militants de Génération identitaire après leur action dans le col du Portillon (Pyrénées, Haute-Garonne) pour « stopper les migrants ». Elle avait été parmi les élus en première ligne pour demander la dissolution du groupuscule d’extrême droite, aujourd’hui dissous.

    Peu après 18 heures, l’Action française a revendiqué dans un communiqué très offensif l’action de ces militants. « Ce jeudi 25 mars, l’Action française a tenté de participer à la session du conseil régional d’Occitanie pour manifester notre opposition radicale à la politique régionale islamo-gauchiste qui dure depuis des années », affirme l’organisation royaliste.

    « Les universités ne sont pas les seules à être les cheval de Troie de l’islamisme et de l’immigration, pour paraphraser les propos de Mme Vidal », explique l’Action française qui prend donc soin de rappeler qu’elle s’inscrit dans un combat commun avec la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.

    Présentant, enfin, Mme Delga comme « vendue à l’islamisme », les adeptes de Charles Maurras terminent leur communiqué par une phrase lourde de sous-entendus menaçants : « Le mandat de Carole Delga arrivant à son terme, c’est l’occasion pour nous de lui souhaiter une bonne continuation au cimetière d’éléphants du PS. »

    Parmi les élus, sous le choc, le sentiment qu’un palier a aujourd’hui été franchi, après des mois d’un débat nauséabond sur « l’islamo-gauchisme », domine.

    Voilà le comportement et les agissements des groupes d’extrême-droite au sein de notre assemblée. Violence inouïe contre nos agents de sécurité et contre l’institution. Choquant de voir ces scènes de violence. Nous lâcherons rien
    @CaroleDelga
    @franceinter
    @France2tv
    @BFMTV
    pic.twitter.com/DpmgJqRoRV
    — Chibli Kamel (@kamelchibli)
    March 25, 2021

    © Chibli Kamel

    « C’est très symbolique car c’est une assemblée républicaine qui est attaquée », souligne Myriam Martin qui avait tweeté un peu plus tôt dans l’après-midi : « Merci à Macron, Darmanin et consort d’avoir mis une cible sur nos poitrines. »

    « Nous nous sentons, en tant qu’élus de La France insoumise, effectivement directement menacés, explique-t-elle à Mediapart. Lorsque je suis invitée dans les radios locales désormais, je suis systématiquement prise à partie sur “l’islamo-gauchisme”. Le gouvernement, et particulièrement Mme Vidal, M. Blanquer et M. Darmanin, ont leur responsabilité dans ce qui se passe aujourd’hui. Ils ont discrédité des militants antiracistes et les ont accusés de complicité avec un fanatisme et un obscurantisme que nous avons toujours combattus », poursuit-elle.

    Les réactions politiques ont été nombreuses ce jeudi pour dénoncer l’action des militants d’Action française. Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, soutenu à la fois par LR et par LREM aux dernières élections municipales, a fustigé un acte « inadmissible » commis par des « extrémistes ». Candidat RN pour les élections régionales en Occitanie, Jean-Paul Garraud a condamné la tentative d’intrusion : « L’islamisme doit se combattre dans les urnes », a-t-il indiqué sur Twitter. « Pour être cohérent, Jean-Paul Garaud et ses amis devrait fièrement expliquer qu’il ne s’est rien passé du tout et qu’il s’agissait d’une simple visite de courtoisie », a ironisé auprès de Mediapart Aurélien Pradié, candidat LR en Occitanie.

    En plus d’Emmanuel Macron, au sein de l’exécutif, Marlène Schiappa, qui dénonçait la veille sur CNews les prétendues collusions entre les écologistes d’EELV et les islamistes, a ainsi apporté son soutien à la présidente de Région, en dénonçant une « intrusion violente et abjecte émanant vraisemblablement de l’extrême droite ». « La violence et l’intimidation n’ont pas leur place en démocratie », a-t-elle ajouté sur son compte Twitter.

    Pour beaucoup à gauche, la responsabilité gouvernementale est pourtant une évidence. « Ces nervis ont attaqué un hémicycle régional avec une banderole sur laquelle ils avaient à peu près recopié vos propos du jour. Mais on dirait que la honte ne vous effraie pas », a rétorqué à la ministre déléguée auprès du ministre de l’intérieur le député européen de la FI Manuel Bompard. Pour Jean-Luc Mélenchon, l’intrusion de l’Action française dans l’Assemblée régionale est un acte « signé Macron, Darmanin, Schiappa, Olivier Faure et autres chasseurs d’islamo-gauchistes et “d’ambigus” », a-t-il déclaré sur Twitter.

    Comment ces militants d’extrême droite ont-ils pu parvenir jusqu’aux portes de l’assemblée régionale, l’accès au bâtiment nécessitant de passer des contrôles d’identité ou de disposer d’un badge régional ?

    Selon les premiers éléments de l’enquête, les militants d’Action française seraient passés par les sous-sols de l’établissement. « Ils devaient être très informés car notre bâtiment est très grand et c’est un vrai labyrinthe », indique Myriam Martin.

    Aucune effraction n’a été constatée. « Il y a forcément eu des complicités internes », indique la vice-présidente Nadia Pellefigue.

    L’attitude de l’élu d’extrême droite Emmanuel Crenne, ancien du RN aujourd’hui sans étiquette, royaliste revendiqué, qui a, après l’intrusion, interpellé Carole Delga sur son « islamo-gauchisme », souhaitant, selon les témoignages recueillis, ne plus la voir puisque son mandat arrive à son terme, intrigue.

    #extrême-droite #fascisme #violence