Usbek & Rica - « Le premier des bullshit jobs, c’est d’être au chômage ! »

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  • Usbek & Rica - « Le premier des bullshit jobs, c’est d’être au chômage ! »
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    Usbek & Rica : Dans votre livre, on découvre une théorie aussi contestable que celle du « ruissellement » (Trickle down) mais beaucoup moins connue : le NAIRU, acronyme de « Non accelerating inflation rate of unemployement ». Des décideurs économiques pensent-ils sincèrement qu’un peu de chômage est bon pour lutter contre l’inflation et s’interdisent, pour cette même raison, d’oser vraiment le plein emploi  ?

    Pavlina Tcherneva : Cette théorie fumeuse est peu portée par les décideurs politiques durant les campagnes électorales, mais elle est très prégnante dans les milieux économiques, y compris les administrations fédérales, où l’on pense réellement qu’il y a un chômage positif. Leur postulat est si flou que le chiffre varie souvent – parfois c’est 3 %, à d’autres moments 5 % – mais l’idée est toujours que si le chômage descend en dessous de cette barre, l’inflation s’envole et la situation devient catastrophique. Cette barrière bouge beaucoup en fonction des contextes locaux. Le NAIRU existe aussi en Europe, où il est plutôt à 10 %, c’est de la folie  !

    En réalité, en créant des emplois décents en masse, on peut tout à fait lutter contre l’inflation. Ensuite, les personnes qui mesurent le chômage aux États-Unis et se permettent de parler de plein emploi quand nous avons 3 millions de chômeurs se trompent lourdement. En réalité, depuis la crise de 2008, nombre de personnes sont tellement éloignées de l’emploi qu’elles ne font même plus les démarches d’inscription. Ce très grand nombre de personnes sans emploi permet à des employeurs de proposer des jobs indignes, soit très mal payés à l’heure, soit avec un nombre d’heures insuffisant pour pouvoir bénéficier d’un revenu décent. Le NAIRU est une absurdité qui permet de maintenir beaucoup de travailleurs précaires sous tension pour survivre.