La rémunération du droit de présentation publique

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  • Vous ai-je déjà fait part de mon aversion pour La Fontaine et ses fables à la morale paternaliste ?
    https://dl.dropbox.com/s/zxz8ws3d1uizj1v/2021-03-30%2019.51.36.jpg?dl=0

    S’il y a une fable qui m’agace particulièrement, c’est celle de la cigale et la fourmi. Pourquoi ? Mais parce que c’est un conte contre les artistes ! Et j’ai parfois le sentiment qu’en France le statut d’artiste souffre de ce regard que La Fontaine a jeté sur lui.

    Bon voilà, je suis un peu agacée, j’ai reçu aujourd’hui un courriel (auquel je n’ai pas encore répondu) d’une asso qui vient de découvrir mon « passionnant » travail publié sur le site Visionscarto et qui me propose de... donner un peu de mon travail pour un fonds qui veut allier art et agriculture, un fonds constitué d‘œuvres données par des artistes.

    L’asso est co-fondée, si j’ai bien compris, par une prof d’art plastiques et une éleveuse de brebis... des personnes qui ont des REVENUS.

    Pendant ce temps, moi qui ne vis que de mes droits d’autrices, percevant des revenus sous le seuil de pauvreté selon les critères de l’insee, avec zéro projet de commande rémunéré avant août, qui a mis sur Visionscarto le fruit d’un travail énorme en accès libre, on me demande encore de donner... Art et agriculture, me prendrait-on pour une vache à lait ?

    • Aux Beaux-Arts à Paris, années 90, de grosses boites organisaient des expos ou des concours dont les artistes étudiants ne voyaient finalement jamais la couleur. Mais elles se constituaient ainsi leur fond de spéculation gratuit avec le travail des artistes en considérant qu’elles n’avaient pas à rendre les œuvres.
      Attendre quelques dizaines d’années, et parier que sur 300 artiste·s un ou deux émergent sur le #marché_de_l'art et sortent des conditions de misère dans lesquelles sont tenus les artistes françaises. (quand ielles ne sont pas filles ou fils de bourges)

    • J’ai répondu hier

      Chère N,

      j’ai hésité à vous répondre tant votre message m’a mise mal à l’aise.

      Alors voilà : je suis artiste plasticienne et en tant que telle, mes revenus sont uniquement issus de travaux de commande carto ou arts graphiques, de droits d’autrice sur mes cartes à qui souhaite les reproduire et de vente d’œuvres originales.

      Les travaux que vous avez découverts sur le site de visionscarto (auquel je suis contributrice) et que vous trouvez passionnants sont des gros projets de conception fond/forme et de réalisation pour lesquels je ne suis pas rémunérée. Tous ces travaux sont en accès libre. Le don et le bénévolat, je connais, je pratique. Et je vis sous le seuil de pauvreté.

      Alors quand vous me dites que mes travaux sont passionnants, je pouvais m’attendre à un soutien concret à cette œuvre en construction en m’achetant une peinture ou les droits de reproduction d’une planche carto, au lieu de quoi, je devrais donner encore et encore, toujours plus que ce que je donne déjà. Comprenez que je puisse trouver de l’indécence à cela.

      L’automne dernier, avec une agence d’archi du Mans nous avons monté une expo monographique composée de 16 planches cartographiques, une Géopoétiques des terres, et de la série Dépaysages, des peintures de plantations.

      Il y a un mois, une asso fondée par un prof et un avocat m’ont proposé de « louer » la Géopoétique des terres 200 euros quand 100 euros est la valeur en droit d’autrice de chaque planche. Je veux bien négocier mais il y a des limites. J’ai donc expliqué en quoi ce n’était pas possible et décliné. Je n’ai pas été comprise, j’aurai du me réjouir d’une aussi piètre proposition.

      Par ailleurs, à propos de l’école des beaux-arts, je les ai contacté il y a deux trois ans pour proposer d’animer des ateliers de cartographie politique et art mais on ne m’a jamais répondu.

      Maintenant, je ne suis pas opposée à une rencontre à l’école pour discuter d’une éventuelle collaboration avec votre asso ou l’école ou les deux mais j’y mets au moins une condition, c’est que je m’y retrouve quelque part, notamment par une rémunération digne de ce nom.

      Bonne chance pour votre projet.
      Bien à vous
      Agnès Stienne

      Reçu ce matin la réponse de N me proposant que l’on se rencontre pour voir comment on peut organiser un workshop l’année prochaine.

      #vie_d'artiste

    • “Et pourtant, sans ambiguïté, créer est aussi un travail”, Samantha Bailly
      https://actualitte.com/article/99332/politique-publique/et-pourtant-sans-ambiguite-creer-est-aussi-un-travail-samantha-bailly

      Suite aux annonces de la ministre Roselyne Bachelot qui enterre les mesures du Rapport Racine, après 3 années intenses d’engagement, Samantha Bailly, actuellement présidente de la Ligue des auteurs professionnels, annonce cesser tous ses mandats. « Un tel mépris pour la parole des auteurs et autrices eux-mêmes et pour le dialogue social défie l’imagination », explique-t-elle dans une tribune diffusée ici dans son intégralité.