• BLOG FLORAISONS : LE PROCÈS DE MAYA FORSTATER ET LA CRITIQUE DU GENRE
    "Le patriarcat est une société où l’oppression des femmes « fait système » (Delphy, 1981) ; les discriminations que subissent les femmes sont alors loin d’être naturelles ou individuelles mais sont globales et systémiques. Le patriarcat est donc une organisation politique où les hommes sont totalement bénéficiaires de l’oppression des femmes. Il s’agit donc d’une société construite par les hommes et pour les hommes et qui structure toutes les sphères de la société.
    On observe que ce système repose sur une différentiation des rôles sexués : les personnes catégorisées mâles sont socialisées pour devenir des hommes, et les personnes catégorisées femelles sont socialisées pour devenir des femmes. Ces stéréotypes, ces rôles inégalitaires construisent des réalités sociales que l’on nomme la « construction genrée ».
    Le genre est une catégorisation sociale qui a pour fonction d’établir des hiérarchies et des inégalités. C’est pourquoi certaines féministes cherchent à abolir le genre. La question du genre est un sujet sur lequel convergent et s’opposent le féminisme radical et la théorie queer comme le présente un article de Debbie Cameron et Joan Scanlon, paru dans Nouvelles Questions Féministes (et traduit par la collective TRADFEM, « Convergences et divergences entre le féminisme radical et la théorie queer »).
    Le féminisme radical ne peut pas faire l’économie de la critique du genre et le genre ne peut échapper à la critique féministe radicale. Être féministe radicale, c’est entre autres être critique de la construction du genre. Dans cette perspective, le procès de Maya Forstater, qui s’apparente au procès de la critique du genre, nous paraît intéressant.
    Nous ne partageons pas forcément tous les points de vue de Maya Forstater, mais l’expression de la critique du genre est menacée d’être considérée comme n’étant pas une croyance philosophique protégée par le droit du travail, ce qui veut dire qu’une personne peut être légalement licenciée pour avoir exprimé des critiques : ici, celle de l’identité de genre. Cela a plusieurs conséquences, notamment le fait que les féministes radicales pourront perdre leur emploi du simple fait de leur engagement politique. Les femmes, déjà assignées à des tâches subalternes dans la division du travail et/ou moins rémunérées que les hommes, seront, une fois de plus, intimées de se taire pour ne pas voir leur situation empirer. Cette insécurité économique un peu plus forte sur les militantes les plus critiques serait désastreuse pour l’émancipation des femmes. (...)"

    https://tradfem.wordpress.com/2021/04/29/le-proces-de-maya-forstater-et-la-critique-du-genre-floraisons-bl
    #idéologietransgenriste #censuredesfemmes #genre #mayaforstater #blogFloraisons #Orwellv

  • Aimer pour survivre
    https://tradfem.wordpress.com/2021/04/24/aimer-pour-survivre


    Résumé du livre
    Dee Graham reprend les conditions dans lesquelles le syndrome de Stockholm se développe (rapport otage, les femmes – ravisseur, les hommes). Elle propose une thèse sur la dimension sociale de ce syndrome qui caractériserait les relations homme/femme. Elle montre notamment comment l’amour, l’hétéronormativité, la féminité patriarcale, le refus des liens amicaux entre femmes constituent une stratégie afin de rester proche de celui qui détient le pouvoir de vie ou de mort sur soi. Celui qui a le pouvoir de nommer, pouvoir de vivre, de valider, de reconnaître, d’honorer, d’aimer.

    Les conséquences de la violence (physique et psychologique) des hommes à l’encontre des femmes impactent la psychologie de ces dernières (voir les travaux de Muriel Salmona), sur ce qu’elles vont mettre en place (gestes, attitudes, espoirs) afin de survivre. Cette psychologie n’est pas naturelle mais elle est devenue génétique quand l’histoire des femmes n’a été que celle de la captivité et de la colonisation (sous diverses formes). Dee Graham parle d’une psychologie de « réponse ». Les femmes ont répondu à la violence masculine par l’amour et l’adaptation. D’où le titre de son livre « aimer pour survivre ». La féminité, la sexualité se sont distordues en pratiques adaptatives cad comme des stratégie de survie (dans un calcul permanent du moins pire).

    Dans la violence physique, ce sont les répercussions psychologiques qui sont les plus difficiles à traiter, à comprendre et à guérir. Le syndrome de Stockholm peut tout à fait naître dans la menace implicite, dans une culture qui fait la promotion permanente de l’usage qui est fait des femmes (pornographie, culture du viol au cinéma et dans la musique, injonction au couple, etc.). Le menace apparaît par indices, par strates et c’est suffisant pour que derrière les femmes mettent tout en œuvre pour enrober, accepter, adoucir la menace afin qu’elle ne devienne jamais effective. Et elle peut ne jamais se réaliser. Le menace psychologique suffit. Surtout que dans le syndrome de Stockholm ce qui est important c’est l’effet d’espoir : tant qu’il n’y a pas violence alors l’amour qui est donné fait dire que les choses peuvent changer. La violence non-réalisée c’est aussi ce qui explique que certaines femmes aillent au-devant de la violence (comportements à risques) afin justement de voir la violence réalisée, comme pour se débarrasser du poids de la menace qui est juste une torture permanente. Les abus émotionnels sont une menace à la survie physique des femmes.

    original : https://zintv.org/aimer-pour-survivre

  • Les accusations de « transphobie » lancées contre l’écrivaine #J.K._Rowling n’ont aucun fondement.
    https://tradfem.wordpress.com/2021/04/19/les-accusations-de-transphobie-lancees-contre-lecrivaine-j-k-rowl

    Avertissement : Ce texte contient des passages inappropriés pour les enfants.

    Pour des raisons que je m’apprête à évoquer, la rédaction de cet article ne me fut pas facile. Mais je sais qu’il est temps que je m’explique sur ce sujet empreint de toxicité. Ce que j’écris, je ne l’écris aucunement dans l’intention d’en rajouter.

    À ceux qui ne sont pas au courant : en décembre dernier, j’exprimai sur Twitter mon soutien à Maya Forstater, une fiscaliste qui venait de perdre son emploi en raison de tweets jugés « transphobes ». Ayant porté son affaire devant un tribunal du travail, elle demanda au juge de déterminer si la conviction philosophique selon laquelle le sexe est déterminé par la biologie était, ou non, protégée par le droit du travail. Le juge Tayler estima que tel n’était pas le cas.

    Ma préoccupation vis-à-vis des questions liées au transgenrisme est antérieure à l’affaire de Maya. Je m’intéressais déjà au concept de l’identité de genre depuis deux ans lorsque l’affaire débuta. J’ai rencontré des personnes trans, lu divers livres, blogs et articles rédigés par des personnes trans, des spécialistes du genre, des personnes intersexuées, des psychologues, des experts en matière de protection de l’enfance, des travailleurs sociaux et des médecins, et suivi le sujet à la fois en ligne et dans les médias traditionnels. Mon intérêt pour cette question est pour partie d’ordre professionnel : j’écris une série policière dont l’action se déroule de nos jours, et ma détective fictive est en âge de s’intéresser à ces questions et d’en être affectée. Cependant, il est aussi très personnel, comme vous allez pouvoir le constater.

    Pendant toute la durée de mes recherches et de mon apprentissage, des accusations et des menaces formulées par des militants pour les droits des trans [dans les milieux féministes critiques du genre, on parle aussi de « transactivistes », NdT] affluèrent sur ma « ligne de temps » (timeline) Twitter. Tout cela à cause d’un « j’aime ». Lorsque je commençai à m’intéresser à l’identité de genre et aux questions transgenres, j’entrepris de faire des captures d’écran des commentaires qui m’intéressaient, afin de me souvenir de sujets ou thèmes à creuser ultérieurement. À une occasion, sous une publication, je cliquai étourdiment sur « j’aime » au lieu de faire une capture d’écran. Ce seul « j’aime », considéré comme la preuve d’une erreur de jugement, engendra, à mon encontre, un léger mais constant harcèlement.

    Version originale : https://www.jkrowling.com/opinions/j-k-rowling-writes-about-her-reasons-for-speaking-out-on-sex-and-gender-i
    Traduction : Nicolas CASAUX

  • #Debra_M._Haak : Le Canada est-il constitutionnellement tenu d’autoriser un marché commercial pour le sexe ?
    https://tradfem.wordpress.com/2021/04/16/debra-m-haak-le-canada-est-il-constitutionnellement-tenu-dautoris

    Ce texte est proposé en réponse à l’article d’opinion publié dans l’Ottawa Citizen du 8 avril « Sex workers’ rights aren’t yet protected under law“.

    La Canadian Alliance for Sex Work Law Reform, ainsi que six individus, ont entamé une procédure de contestation de la constitutionnalité des lois canadiennes sur la prostitution criminelle.
    Trois contestations constitutionnelles de trois de ces lois ont déjà fait l’objet de décisions en Ontario. Dans la première, les infractions contestées ont été jugées constitutionnelles. Dans les deux autres, les infractions ont été jugées inconstitutionnelles.
    Cette affaire est différente. Dans ce recours, ce sont toutes les infractions pénales visant la prostitution adulte qui ont été contestées. Si elle est acceptée, cette affaire a le potentiel de décriminaliser complètement l’échange commercial de sexe au Canada.
    Mais le Canada est-il constitutionnellement tenu d’avoir un marché légal du sexe ?
    Lorsqu’il a adopté la Loi sur la protection des communautés et des personnes exploitées en 2014, le Parlement a rendu la prostitution illégale pour la première fois au Canada. L’obtention de services sexuels contre rémunération constitue désormais une infraction. Des infractions supplémentaires ont été adoptées pour empêcher les personnes de développer un intérêt économique dans la prostitution d’autrui.

    Version originale : https://ottawacitizen.com/opinion/haak-is-canada-constitutionally-required-to-allow-a-commercial-market
    Tous droits réservés à Debra M. Haak, 2021.
    Traduction : TRADFEM

  • #Meghan_Murphy : « L’identité de genre invisibilise le patriarcat » suivi d’une : Tribune collective sur les agressions contre des lesbiennes
    https://tradfem.wordpress.com/2021/04/18/meghan-murphy-lidentite-de-genre-invisibilise-le-patriarcat-aussi

    Un problème majeur avec ce projet de loi est qu’il propose de modifier quelque chose d’aussi important que la Loi canadienne sur les droits de la personne et le Code criminel pour inclure quelque chose qui n’est même pas définissable.

    Selon le ministère de la justice canadien et le Code des droits de la personne de l’Ontario, « l’identité de genre » est définie comme « l’expérience intérieure et personnelle que chaque personne a de son genre ».

    Mais cette définition n’appréhende pas correctement ce qu’est le genre. Le genre ne se réfère pas à une expérience intérieure ou personnelle – c’est une construction sociale. Il est le moyen de renforcer les stéréotypes et l’oppression des hommes sur les femmes. Les stéréotypes de genre n’ont rien à voir avec le sexe biologique mais plutôt avec la définition de la masculinité et de la féminité.

    Il y a un siècle, le système de genre dictait que les femmes ne devaient pas voter ou être considérées comme des personnes à part entière selon la loi canadienne. Il stipule que les hommes seraient intrinsèquement violents, agressifs, indépendants, affirmés et rationnels alors que les femmes seraient intrinsèquement passives, délicates, maternelles, irrationnelles et émotives. Ces idées ont été réfutées, grâce en grande partie au mouvement féministe. Cependant, aujourd’hui, en créant et défendant l’idée que l’on peut avoir une « identité de genre » personnelle, nous régressons. Personne ne nait avec un « genre ». Nous naissons avec un sexe biologique masculin ou féminin et le genre nous est imposé par la socialisation. Les femmes ne se reconnaissent pas en tant que telles parce qu’elles portent des hauts-talons ou qu’elles aiment le rose, elles se reconnaissent en tant que femmes parce qu’elles sont de sexe biologique féminin.

    Traiter le genre comme s’il s’agissait d’un choix intérieur ou individuel est dangereux car cela occulte complètement comment et pourquoi les femmes sont opprimées, en tant que classe, sous le patriarcat.

    Traduction française par Céline Piques, relecture par Claire Bouet.
    [1Centre de soutien et d’hébergement pour les victimes de viols.
    http://feministoclic.olf.site/lidentite-de-genre-invisibilise-patriarcat-meghan-murphy

  • Debra M. Haak : Le Canada est-il constitutionnellement tenu d’autoriser un marché commercial pour le sexe ?

    publié sur TRADFEM / Il y a 5 minutes

    Jusqu’à présent, les tribunaux canadiens ont été réticents à reconnaître aux personnes un droit systématique à s’engager dans l’activité commerciale ou économique de leur choix.

    Autrice : Debra M. Haak

    Publié en anglais dans The Ottawa Citizen : le 15 avril 2021

    Ce texte est proposé en réponse à l’article d’opinion publié dans l’Ottawa Citizen du 8 avril « Sex workers’ rights aren’t yet protected under law“.

    La Canadian Alliance for Sex Work Law Reform, ainsi que six individus, ont entamé une procédure de contestation de la constitutionnalité des lois canadiennes sur la prostitution criminelle.

    Trois contestations constitutionnelles de trois de ces lois ont déjà fait l’objet de décisions en Ontario. Dans la première, les infractions contestées ont été jugées constitutionnelles. Dans les deux autres, les infractions ont été jugées inconstitutionnelles.

    Cette affaire est différente. Dans ce recours, ce sont toutes les infractions pénales visant la prostitution adulte qui ont été contestées. Si elle est acceptée, cette affaire a le potentiel de décriminaliser complètement l’échange commercial de sexe au Canada.

    Mais le Canada est-il constitutionnellement tenu d’avoir un marché légal du sexe ? (...)
    https://tradfem.wordpress.com/2021/04/16/debra-m-haak-le-canada-est-il-constitutionnellement-tenu-dautoris

    #prostitution #lobbydel'industriedusexe #Canada

  • #Keira_Bell : « Mon corps n’était pas le problème »
    https://tradfem.wordpress.com/2021/04/13/keira-bell-mon-corps-netait-pas-le-probleme

    ENTRETIEN AVEC KEIRA BELL

    Raquel Rosario Sánchez : Vous êtes une ancienne patiente du service de développement de l’identité de genre (GIDS) de Tavistock pour les moins de 18 ans. Qu’est-ce qui vous a amené à franchir les portes de Tavistock à l’âge de 16 ans ?

    Keira Bell : Durant les deux années qui avaient précédé, je souffrais d’une grave dépression et d’anxiété. Je ne me sentais pas du tout à ma place dans le monde. J’avais de sérieuses difficultés avec la puberté et ma sexualité, sans personne à qui en parler. Je m’identifiais surtout aux lesbiennes butch, et dans un premier temps je pensais avoir trouvé ma tribu.

    Cependant, les femmes que je voyais sur Internet semblaient à l’aise avec leur corps, et avaient des relations sexuelles. J’ai donc commencé à douter de moi, et à me dire qu’il y avait sûrement autre chose. Quand j’ai découvert le transsexualisme, c’était tout à fait moi – j’étais faite pour être un garçon. Cela me semblait parfaitement logique, et je me sentais très proche de ces femmes [sur Internet] qui avaient entamé une transition médicale. J’avais l’impression que pour atteindre le bonheur, je devais commencer une transition médicale le plus rapidement possible.

    Source : Keira Bell: “There was nothing wrong with my body” – Woman’s Place UK .

  • #SARAH_DITUM : La prostitution est une violence faite aux femmes, infligée par des hommes. (traduit par #ressources_prostitution)
    https://tradfem.wordpress.com/2021/04/06/la-prostitution-est-une-violence-faite-aux-femmes-infligee-par-de

    Existe-t-il un « bon endroit » où être prostituée ? En 2006, Steve Wright a assassiné cinq femmes dans la petite ville d’Ipswich, au Royaume-Uni. Toutes les cinq étaient toxicomanes, et toutes étaient dans la prostitution pour financer leur dépendance. Wright était un prostitueur – un habitué, pas évidemment plus violent que n’importe quel des hommes qui ramassaient des femmes dans les rues d’Ipswich. Même lorsque les femmes craignaient pour leur vie, elles n’avaient pas peur de Wright. « Il était toujours un des derniers à se manifester, il faisait quelques tours en voiture autour du pâté de maisons, puis choisissait la fille qu’il voulait », a déclaré Tracey Russell au journal The Guardian (son amie Annette Nicholls avait été la quatrième victime de Wright). « Nous appelions ces hommes-là les ‘lèche-vitrines’ s’ils hésitaient longtemps. Il était l’un d’entre eux. Nous ne le soupçonnions pas. »

    À l’époque, une opinion répandue sur ces meurtres était que les cinq femmes étaient mortes parce qu’elles s’étaient trouvées au mauvais endroit – et que c’était la criminalisation de la prostitution qui les avait mises là. Dans un article publié en 2007 dans le New Statesman[1], le English Collective of Prostitutes (ECP) a blâmé la loi sur la prostitution, affirmant que « les femmes sont poussées au trottoir par des raids pratiqués dans des locaux où il est beaucoup plus sûr de travailler ». À l’époque, j’étais persuadée que les cinq victimes auraient été encore en vie sous des lois différentes. Mais en revenant sur cette affaire, je constate que les faits ne correspondent pas tout à fait à l’argument de l’ECP. Bien que l’une des victimes de Wright, Tania Nicol, ait été forcée de quitter les salons de massage et de faire le trottoir, elle ne l’avait pas fait à cause de raids policiers : selon le gérant de l’un des salons, on lui avait demandé de partir à cause de sa consommation de drogue.

    Original : http://www.newstatesman.com/politics/2015/02/if-you-think-decriminalisation-will-make-prostitution-safe-look-german