• Covid-19 et variants : les contrôles des passagers en provenance du Brésil sont-ils suffisants ? - Le Parisien
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    Les passagers en provenance d’un pays étranger doivent désormais justifier d’un motif impérieux de déplacement.
    LP/Olivier Corsan 

    Des scientifiques estiment que les mesures de quarantaine pour les passagers qui arrivent du pays sud-américain, où circulent plusieurs variants, sont trop légères. Le gouvernement met en avant le durcissement des mesures décidé fin janvier.

    La France se protège-t-elle assez du variant « brésilien » ? Non, estiment plusieurs médecins, inquiets que cette souche « P1 » ou « 20J/501Y.V3 » n’explose en France comme cela s’est produit au Brésil, où la situation sanitaire est jugée catastrophique. Elle serait de 40 % à 120 % plus transmissible que celle prédominante jusqu’au début de l’année, soit bien plus que le variant britannique (entre 36 et 75 %), d’après les premiers éléments rapportés par Santé publique France. Plus inquiétant sans doute, elle échapperait « potentiellement » en partie à l’immunité, acquise suite à une infection ou grâce au vaccin. Sans parler des 92 autres variants identifiés au Brésil.

    Dans le viseur de ces scientifiques, les contrôles à l’arrivée en France sont jugés trop souples. Depuis le 31 janvier, tout déplacement depuis un pays non européen (sauf l‘Australie, la Corée du Sud, Israël, le Japon, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et Singapour) est soumis à la présentation d’un motif impérieux. Quatorze raisons sont listées sur le formulaire téléchargeable sur le site du ministère de l’Intérieur, comme le fait d’avoir sa résidence en France ou de travailler dans le secteur du transport. Ce document doit s’accompagner d’un test PCR négatif réalisé « moins de 72 heures avant le départ » et d’une attestation sur l’honneur certifiant que l’on est ni symptomatique ni cas-contact.

    Un millier d’arrivées par semaine ?
    Le gouvernement vante régulièrement ce cadre durci. « On ne peut pas empêcher un Français de revenir sur le territoire national, et pour les autres il faut un motif impérieux et un test PCR, sinon vous n’embarquez pas. Et si des compagnies ne respectent pas les règles, on les suspend », a martelé ce dimanche le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Clément Beaune, sur RTL et LCI. À l’en croire, il y aurait aujourd’hui un millier d’arrivées en provenance du Brésil par semaine, « essentiellement des Français », contre 50 000 en temps normal. D’après le ministre délégué en charge des Transports Jean-Baptiste Djebbari, interrogé sur LCI ce lundi matin, ce serait même « 50 par jour ». Le site d’Aéroports de Paris, consulté ce lundi matin, fait état de l’arrivée de deux vols directs dans la journée à Roissy, l’un en provenance de Sao Paulo et l’autre de Rio de Janeiro.

    Ce dispositif durci comporte néanmoins toujours « des trous dans la raquette », estime Rémi Salomon, le président de la Commission médicale d’établissement de l’AP-HP. Premièrement, la règle des 72h pour le dépistage n’est pas infaillible. « Si vous vous contaminez la veille ou l’avant-veille du départ, vous serez en pleine période d’incubation donc asymptomatique et non détectable au test », juge le pédiatre de profession. « Les 72 heures sont la fameuse zone grise entre le moment où on est contaminé et le moment où on devient positif », complète Eric Billy. « 1 000 personnes par semaine, cela ferait 150 par jour. Je ne vois pas pourquoi on ne les dépisterait pas aussi tous à l’arrivée », estime ce chercheur en immuno-oncologie, ajoutant qu’une telle stratégie devrait s’appliquer à « tous les pays où des variants circulent fortement ».

    La préfecture de police assure ce mardi matin au Parisien que cela a été mis en place, dimanche 11 avril. Désormais, « les passagers des vols en provenance du Brésil sont systématiquement contrôlés par un test antigénique à l’arrivée ». Le site du ministère des Affaires étrangères indique simplement que tout voyageur doit « accepter qu’un test puisse être réalisé à son arrivée sur le territoire national », sans en préciser le caractère automatique.

    Quatorzaine à l’hôtel au Royaume-Uni
    Rémi Salomon plaide de son côté pour une quatorzaine véritablement contraignante, à l’image de ce qu’applique le Royaume-Uni. Toute personne arrivant de l’un des 28 pays placés sur « liste rouge » doit rester pendant 10 jours en quarantaine dans un hôtel. Les conditions sont draconiennes et bien éloignées de ce qui se fait en France. Les visites et les sorties de chambre sont notamment interdites (sauf dans quelques cas très limités, comme une convocation judiciaire, des funérailles, etc), tandis que les repas sont fournis par l’établissement. Et si les règles sont bafouées, la personne risque une amende de 10 000 livres, soit près de 12 000 €.

    À l’arrivée en France, toute personne doit s’engager à s’isoler pendant une semaine. Concernant les retours du Brésil, « les passagers positifs au test antigénique font l’objet d’un test PCR complémentaire et d’un arrêté de placement à l’isolement dans un lieu déterminé par le passager (domicile, hôtel, chez un tiers…) », assure la préfecture de police, reprenant une disposition rendue possible par un décret présenté en Conseil des ministres le 24 mars. Mais cela n’est donc pas le cas pour tous les passagers négatifs.

    Par ailleurs, une fois le pied posé au sol, cette mesure d’isolement (volontaire ou sur arrêté) ne fait pas l’objet de contrôles poussés de la part des autorités. « On peut trouver des faux certificats de tests négatifs sur Internet, et les attestations sur l’honneur valent ce qu’elles valent », grince le biologiste Claude-Alexandre Gustave. Une solution encore plus radicale serait de suspendre tous les vols avec le Brésil, comme l’a fait le Portugal et comme la France l’avait fait avec le Royaume-Uni pendant 48h fin décembre. Mais maintenir des lignes « est imposé par le droit », a justifié Jean-Baptiste Djebbari.

    « Les déplacements depuis l’étranger vers la France et de France vers l’étranger, même lorsqu’ils ne sont pas formellement interdits, restent strictement déconseillés jusqu’à nouvel ordre. L’engagement et la responsabilité de chacun sont nécessaires pour limiter la diffusion du virus en France et en Europe », se contente de rappeler une source diplomatique française.

    Pour l’heure, les variants « brésilien » et « sud-africain » ne représentent que 5 % des cas positifs passés au « criblage » en France (une mutation commune à ces deux souches est traquée). D’après les données de séquençage obtenues de la dernière enquête « Flash », « P1 » ne concerne même que 0,5 % des séquences interprétables.

    Mais cela ne signifie pas qu’il restera aussi minoritaire durant les prochaines semaines. « Dans cette compétition entre variants, P1 ne se diffuse pas massivement quand le britannique est prédominant. Mais il est arrivé dans un pays en plein été, de même que le sud-africain. Donc peut-être qu’il augmentera ici avec l’arrivée de la saison estivale », imagine Eric Billy. Contactés, ni Aéroports de Paris ni la préfecture de police n’ont répondu à nos questions à l’heure de publication de cet article.

    • Importer le variant brésilien ! Spoil sur le confinement de septembre

      Au fait, on a un département français avec 84,9% de #variantbrésilien. C’est la Guyane, qui est reliée à Orly par des vols quotidiens et qui possède 730km de frontière terrestre avec le Brésil, la plus longue du pays.

      Au #Brésil, l’hécatombe.
      « Le variant découvert à Manaus semble se propager à l’ensemble du Brésil. C’est particulièrement préoccupant parce qu’il peut bien évidemment se diffuser sur le reste de la planète » alerte Fabio Biolchini de @MSF_brasil

      Sauf en France !

    • Ah mais c’est que depuis tchernobyl on a une expertise internationalement reconnue en « stoppage de trucs à la frontière » sans même qu’on ait à faire quoi que ce soit : nuages, virus, y’a pas de limite !

    • AFP : Paris a décidé de suspendre « jusqu’à nouvel ordre » tous les vols entre le Brésil et la France en raison des inquiétudes autour du variant brésilien du Covid-19, a annoncé mardi le Premier ministre Jean Castex.

      c’est pas comme si nos voisins Italiens, Belges, Espagnols et Portugais étaient déjà pestiférés :-p Leurs virus s’arrêteront net à nos frontières, au pire à 10 km, sauf attestation professionnelle ; ça ne fait aucun doute.

    • Pour l’heure, les variants « brésilien » et « sud-africain » ne représentent que 5 % des cas positifs passés au « criblage » en France

      C’est exactement l’argument qu’on nous servait début janvier 2021 au sujet du variant anglais ! On connait la suite.

    • Noémie, qui souhaite garder l’anonymat, est positive à sa descente d’avion, arrivée du Brésil. Elle ne peut donc prendre son vol intérieur vers Marseille. Elle rejoindra Martigues… en TGV.

      Je suis un peu anxieux des conséquences possibles du thread, de la sur-réaction. Même si les données sont maintenant fiables, je repousse encore le moment de faire une estimation avec l’effet de la vaccination et de l’immunité croisée avec P.1.

      L’exécutif a ignoré les alertes sur la souche B1.1.7 condamnant des dizaines de milliers de personnes, détruisant des centaines de milliers de vies. Je voudrais être convaincu d’alerter à bon escient et je dois auto-modérer par principe de responsabilité.

      Suspension du thread.

      https://twitter.com/Pr_Logos/status/1382074768854245377