• Tchad : le président Déby a-t-il été tué par un de ses officiers ? - Mort du président tchadien Idriss Déby - Le Télégramme
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    Les circonstances de la mort du président tchadien, Idriss Déby Itno, la semaine dernière, demeurent mystérieuses. Mais les langues se délient. Un de ses officiers aurait tiré sur le maréchal.
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    Accompagné de son aide de camp Khoudar Mahamat Acyl, frère de la première dame, le Président Idriss Deby Itno arrive dans la zone de Nokou, dans la province du Kanem, le week-end du 17 avril. Il s’installe à son QG situé à une cinquantaine de kilomètres du front, où se déplacent des pick-ups rebelles lourdement armés, suivis par des aéronefs français qui communiquent leurs positions à l’état-major de Déby. Une aide indispensable dans la guerre du désert. Un opérateur des Forces spéciales françaises fait l’interface. Grâce à ses moyens techniques, il transmet les renseignements des capteurs français aux officiers tchadiens. La bataille, très mobile, a été engagée, sans que vraiment un camp l’emporte sur un autre.

    D’où la venue du « patron ». Idriss Déby convie plusieurs responsables militaires à une réunion sous sa tente. À la fin, serait arrivé un général, cousin de l’opposant Yaya Dillo, en fuite depuis que la police, équipée de blindés, a voulu l’arrêter, le 28 février, à son domicile. Sa mère et l’un de ses petits-fils ont été tués. Lui a été exfiltré par des fonctionnaires qui croyaient, dira l’opposant, intervenir sur des rebelles. Le général qui entre dans la tente de Déby, deux mois plus tard, est un parent de la défunte. Il arrive d’un poste avancé qui protège le QG du maréchal. « Eh rebelle, qu’est-ce que tu fais ici ? », lui aurait lancé Idriss Déby, pour qui le mot « rebelle » ne désigne pas l’ennemi venu de Libye. Il traduit le ressentiment qu’il a envers ce général, qui avait refusé de s’associer à l’attaque du domicile de l’opposant Yaya Dillo. « Vous devriez nous rendre le corps de notre tante que vous avez sauvagement assassinée et dont vous confisquez le corps jusqu’à présent… » Une parole de trop qui aurait mis le maréchal hors de lui.

    Idriss Déby aurait sorti son pistolet et abattu à bout portant l’officier. Dans la foulée, une rafale retentit. C’est le cousin du général abattu, le sous-lieutenant Umaru Dillo Djérou, qui aurait tiré sur le Président Déby. Suit une fusillade qui cause la mort de plusieurs militaires et en blesse d’autres, dont le général Taher Erda, le patron du renseignement, légèrement touché.

    Paris informé sur-le-champ
    Grâce à ses officiers de liaison, Paris est informé sur-le-champ de la mort du Président tchadien. Son fils, le général Mahamat « Kaka », qui se trouvait à l’extérieur, sur le champ de bataille, est joint en premier par les autorités françaises. Il aurait parlé avec Emmanuel Macron. Le chef d’état-major général des armées, le général Abdelkerim Daoud, est appelé à son tour. Il est alors convenu que le général Mahamat Idriss Déby à la tête du pays est la solution pour une transition, sans que les mystères qui entourent la mort de son père ne soient révélés.

  • Avec la mort de Déby, la France perd un allié aussi précieux qu’encombrant - Mort du président tchadien Idriss Déby - Le Télégramme
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    Saisissant raccourci. Quelques heures à peine séparent la confirmation du triomphe électoral d’Idriss Déby Itno, vainqueur, le 11 avril, d’un scrutin joué d’avance, de l’annonce de sa mort, des suites des blessures subies au combat le week-dernier, lors d’un accrochage survenu dans le nord du pays avec les insurgés du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), énième avatar d’une rébellion perpétuelle.
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    « Déby tient seul le gouvernail, confiait, voilà peu, un expert du renseignement français. Le jour où il disparaît, son pays risque de sombrer dans le chaos. Du fait, notamment, des rancœurs accumulées au fil des ans au sein de son propre clan. Il y a du vertige dans l’air ». « La guerre de succession sera féroce », prédit, quant à lui, l’universitaire Roland Marchal. N’anticipons pas. Dans l’immédiat, c’est à son fils Mahamat Idriss, un général 4-étoiles de 37 ans qu’échoit, à la tête d’un Conseil militaire, la conduite d’une transition de dix-huit mois. Et, dans l’immédiat, celle de la mise au pas du FACT.