en Egypte, le combat de Laila Soueif pour les prisonniers politiques

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  • « Si je ne parle pas à voix haute, qui le fera ? » : en Egypte, le combat de Laila Soueif pour les prisonniers politiques
    Mère de deux militants emprisonnés, la « matriarche » du clan des militants politiques refuse de se résoudre au silence face à la répression.

    Par Laure Stephan(Le Caire, envoyée spéciale)
    Publié le 20 avril 2021 à 11h01, mis à jour à 08h08
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/04/20/en-egypte-le-combat-de-laila-soueif-pour-les-prisonniers-politiques_6077401_

    Laila Soueif est arrivée la première au rendez-vous fixé dans un grand hôtel du Caire. Elle fume une cigarette. Les conversations sont joyeuses alentour. Elle, la « matriarche » du clan des militants politiques, rit souvent, mais son propos est grave. Parmi les dissidents au pouvoir du président Abdel Fattah Al-Sissi, certains préfèrent, par prudence, la discrétion ou le silence. Elle, refuse de se taire.

    « C’est une question de responsabilité. Je suis connue. J’ai un immense soutien de ma famille élargie. Je sais pouvoir compter sur celui de tant d’avocats qui étaient proches de Seif [Ahmed Seif Al-Islam, son mari, avocat et pionnier de la lutte pour les droits de l’homme en Egypte, mort en 2014]. Cela me place dans une position très privilégiée. Si je ne parle pas à voix haute, qui le fera ? » Regard cerclé par des lunettes, Laila Soueif, 64 ans, interrompt souvent ses phrases. Une pause, avant de mieux préciser. « De quoi avoir peur ? J’ai deux enfants en prison », dit-elle avec un triste sourire.

    Alaa Abdel Fattah, l’aîné, 39 ans, développeur de logiciels et blogueur, l’un des visages de la révolution de 2011, est incarcéré à la prison de haute sécurité de Tora, en banlieue du Caire, en détention provisoire. Sous contrôle judiciaire, après cinq années en prison, il a été de nouveau arrêté à l’automne 2019 : à cette époque, un vaste coup de filet, visant protestataires ainsi qu’intellectuels, opposants de gauche ou libéraux, a suivi des manifestations inattendues contre le pouvoir.

    Sanaa Seif, la benjamine, 27 ans, monteuse de films, a, elle, été condamnée à dix-huit mois de prison en mars, notamment pour diffusion de « fausses informations » relatives au Covid-19. Elle avait été arrêtée à l’été 2020, après avoir manifesté avec sa mère et sa sœur devant la prison de Tora. (...)

    #Egypte